Free a glissé un « VPN » dans ses forfaits mobiles, promettant une protection clé en main. Utile pour un usage ponctuel, il reste toutefois loin des services conçus pour offrir un contrôle fin et une réelle discrétion en ligne.

Depuis le 16 septembre 2025, Free propose mVPN, un VPN directement intégré à son réseau mobile et inclus sans surcoût dans les forfaits Free 5G et Série Free. L’activation s’effectue depuis l’espace abonné ou l’application Free Mobile, par sessions de douze heures, après quoi la connexion repasse automatiquement sur le réseau classique. Le service couvre aussi les appareils connectés en partage, n’impose aucun quota supplémentaire et reste limité à la France hexagonale, tout en suspendant l’envoi de MMS pendant son utilisation.
Le tunnel est intégralement géré par l’opérateur, du protocole aux sorties réseau qui passent aujourd’hui par l’Italie ou les Pays-Bas, avec la promesse de pouvoir choisir un pays plus tard. Free complète enfin l’offre par un filtrage destiné à bloquer certains liens malveillants. Sur le papier, l’ensemble coche les cases d’une protection mobile clé en main… mais la réalité est un peu moins flatteuse.
Confidentialité toute relative et tunnel sous contrôle de l’opérateur
Car la vraie question n’est pas de savoir si mVPN mérite son nom, mais qui tient l’extrémité du tunnel. Un VPN sert souvent à soustraire son trafic au regard de son FAI. Or, ici, c’est l’opérateur qui orchestre le chiffrement depuis l’appareil mobile de l’abonné, puis le déchiffrement sur ses propres serveurs. En clair, même si les données sont protégées entre votre téléphone et l’infrastructure de Free, l’opérateur peut techniquement associer chaque session à votre ligne mobile, observer les métadonnées de vos connexions (adresses IP de destination, noms de domaine via SNI, volumes échangés…), et ne fournit aucune forme de confidentialité forte vis-à-vis de lui-même.
À cela s’ajoute un flou complet sur la technologie employée. Free parle de chiffrement de bout en bout, mais ne précise ni le protocole utilisé ni les algorithmes retenus. On ignore s’il s’agit d’un standard du marché comme IPsec, WireGuard ou OpenVPN, ou d’une implémentation propriétaire reposant sur TLS ou un proxy HTTPS. Le seul élément a priori certain, c’est que le trafic est chiffré jusqu’aux serveurs de l’opérateur, puis déchiffré pour être envoyé vers Internet.
C’est aussi à ce niveau que s’opère le filtrage anti-malware vanté par Free. Destiné à bloquer les liens piégés envoyés par SMS ou par mail, il repose sur un traitement côté réseau et sur des listes maintenues par l’opérateur. Une idée rassurante pour beaucoup, mais qui s’éloigne déjà de l’idée du vrai tunnel chiffré et neutre que recherchent celles et ceux qui privilégient la confidentialité.

Un service limité et calibré pour d’autres usages
On pourrait même s’avancer à dire que le périmètre fonctionnel semble avant tout répondre à une logique interne d’opérateur plutôt qu’à celle d’un VPN complet. Sans application dédiée, il n’existe aucun réglage fin ; pas de kill switch paramétrable, pas d’alerte en cas de décrochage du tunnel, pas de split tunneling permettant de choisir quelles applis passent ou non par le réseau privé virtuel. L’outil se limite au réseau mobile en France hexagonale et nécessite un renouvellement périodique de la connexion. Il n’est pas non plus possible de sélectionner librement un pays de sortie pour contourner une géorestriction particulière, les flux passant aujourd’hui par l’Italie ou les Pays-Bas, via des infrastructures appartenant au moins en partie à l'opérateur selon les vérifications de Next.
Pour la résolution des noms de domaine, Free s’appuie, toujours selon Next, sur les résolveurs DNS mis à disposition par l’Union européenne dans le cadre du projet DNS4EU, et a retenu le profil axé sur la protection contre les contenus frauduleux et malveillants plutôt que celui intégrant un blocage des sites pour adultes. Si l’on était mauvaise langue, on pourrait presque moins y voir la volonté d’offrir un outil de confidentialité avancée qu’un service tombant à pic, au moment même où la France serre la vis concernant la vérification de majorité sur les sites porno. Une lecture que Xavier Niel a d’ailleurs partiellement assumée sur X, lâchant un « Oui » laconique à l'internaute qui lui demandait si mVPN permettait bien de contourner ces restrictions. Le sujet a d’ailleurs déjà atterri sur le bureau de l’ARCOM, saisie par un député pour examiner cette fonctionnalité.
mVPN pour dépanner, pas pour maîtriser sa vie privée
Au final, mVPN s’apparente davantage à un service d’acheminement sécurisé qu’à un véritable outil de confidentialité. Il chiffre le trafic mobile jusqu’aux infrastructures de Free, bloque certains liens malveillants et peut suffire pour un usage ponctuel : ajouter une couche de protection à son trafic mobile avant qu’il ne sorte du réseau, masquer provisoirement son adresse IP publique ou partager la connexion vers un autre appareil sans installer d’outil supplémentaire. Mais il ne protège pas votre activité de l’opérateur lui-même, n’offre aucun réglage avancé et ne remplace pas un VPN complet pour qui cherche à maîtriser sa confidentialité et bénéficier de fonctions plus poussées.
Pour aller plus loin : notre sélection de VPN testés et approuvés
Chez Clubic, nous évaluons chaque année des dizaines de services VPN de façon 100 % indépendante. Nos tests portent sur la protection de la vie privée, la sécurité des données, les performances et le rapport qualité-prix. À l’issue de ces essais, voici ceux qui se démarquent par leur fiabilité et leur capacité à protéger efficacement la navigation.
CyberGhost : un vaste réseau pour tous les usages
Basé en Roumanie, CyberGhost exploite plus de 11 000 serveurs dans 100 pays. Il prend en charge WireGuard et OpenVPN, avec chiffrement AES-256 et compatibilité PolyChaCha. Le service, régulièrement audité, met l’accent sur la confidentialité tout en restant simple à utiliser.
- storage11000 serveurs
- language100 pays couverts
- lan7 connexions simultanées
- moodEssai gratuit 45 jours
- thumb_upAvantage : le moins cher
- Interface graphique fluide
- Performances et rapport qualité-prix
- Serveurs optimisés pour le streaming et le P2P
- Couverture multiplateforme
- Tarif du forfait mensuel élevé
- Application iOS un peu pauvre en fonctionnalités
Proton VPN : confidentialité suisse et serveurs renforcés
Développé en Suisse, Proton VPN s’appuie sur près de 15 000 serveurs dans 122 pays. Il propose WireGuard, OpenVPN et son protocole obfusqué Stealth, ainsi que les serveurs SecureCore pour renforcer la protection. Très axé vie privée, il bénéficie d’une juridiction stricte et d’audits fréquents.
- storage14990 serveurs
- language122 pays couverts
- lan10 connexions simultanées
- moodEssai gratuit 30 jours
- thumb_upAvantage : le plus sécurisé
- Le plus haut niveau de sécurité
- Interface moderne et intuitive
- Serveurs dédiés au streaming/P2P
- Protocole Stealth (fonctionne en Russie)
- Vitesse de connexion optimisée
- Pas de possibilité d'ajouter rapidement des serveurs en favoris
ExpressVPN : vitesse, sécurité et audits réguliers
Domicilié aux îles Vierges britanniques, ExpressVPN couvre 105 pays avec plus de 3 000 serveurs. Il propose Lightway, WireGuard avec chiffrement post-quantique, et OpenVPN. Rapide, fiable et audité régulièrement, il mise sur la sécurité sans sacrifier les performances.
- storage3000 serveurs
- language105 pays couverts
- lan8 connexions simultanées
- moodEssai gratuit 30 jours
- thumb_upAvantage : Gest. mots de passe
- Vitesses de connexion très élevées et linéaires
- Vaste couverture géographique
- Débloque les catalogues étrangers de streaming dont Netflix US et Amazon Prime Video
- Interface soignée et accessible à tous
- Prix plus élevés que d'autres solutions VPN équivalentes
NordVPN : performance et outils de protection avancés
Installé au Panama, NordVPN dispose d’environ 8 000 serveurs répartis dans 126 pays. Il prend en charge NordLynx, OpenVPN, ainsi que NordWhisper pour l’obfuscation. Onion over VPN est disponible pour les connexions renforcées. Le service est réputé pour sa confidentialité, sa vitesse et ses audits réguliers.
- storage8000 serveurs
- language126 pays couverts
- lan10 connexions simultanées
- moodEssai gratuit 30 jours
- thumb_upAvantage : le réseau Mesh
- Bonnes performances avec NordLynx
- Streaming (dont Netflix US) et accès TV très efficaces
- Très grand nombre de serveurs
- Serveurs RAM colocalisés infogérés
- Réactivité du support client
- Configuration routeur complexe
- Pas d'infos sur l'état de charge des serveurs
- Performances OpenVPN décevantes