Qwant : changement de direction... vers la monétisation

Benjamin Bruel
Publié le 16 janvier 2020 à 15h30
Qwant

Le moteur de recherche français change de direction. Depuis ce mercredi 15 janvier, Eric Léandri, co-fondateur et président de Qwant, a quitté son poste remplacé par Jean-Claude Ghinozzi. Avec un objectif : arriver à obtenir 12 à 13 millions de visiteurs uniques mensuels pour devenir bénéficiaire.

Nos confrères de Siècle Digital ont pu s'entretenir longuement avec les deux hommes, évoquant à la fois la situation présente de Qwant et sa stratégie pour les années à venir. Et, surtout, sa politique de monétisation qui peine à décoller.

Après les administrations françaises, devenir le premier moteur de recherche européen

Dès les premiers mots de Jean-Claude Ghinozzi, qui occupait auparavant le poste de directeur adjoint, l'ambition de Qwant au travers de ce changement est lâchée. Il faut « mettre l'entreprise en condition pour réussir ce projet européen de devenir rapidement une icône de la tech basée sur la souveraineté numérique ».

Après avoir ouvert des filiales en Allemagne, en Italie ou au Luxembourg, Qwant a été annoncé en ce début d'année 2020, comme le nouveau moteur de recherche officiel de l'ensemble l'administration française. La société compte sur ses acquis auprès de l'administration et une prochaine augmentation de capital pour se stabiliser à l'international.

« Notre intention est d'augmenter la base d'utilisateurs en Allemagne et en Italie et espérons avoir d'ici 2021 d'autres perspectives de développement européen, sous-entendu une présence locale et une implication plus forte dans le système économique, dans la présence sur le territoire », explique le nouveau directeur.


Jean-Claude Ghinozzi souligne aussi à Siècle Digital que l'entreprise a établi un plan stratégique sur cinq ans avec la Banque européenne d'investissement pour « devenir un moteur de recherche de référence à échelle européenne », en se laissant trois ans pour développer sa présence locale et s'ancrer définitivement dans le paysage numérique du Vieux Continent.

Monétiser Qwant de manière pérenne

Cette stratégie européenne est le miroir de la volonté de monétisation de Qwant. Le moteur de recherche veut mener une politique plus agressive à ce niveau pour passer des 5 millions de visiteurs uniques actuels à 12 à 13 millions et ainsi, devenir bénéficiaire.

Pour parvenir à ce Graal de l'équilibre financier, les deux hommes expliquent à nos confrères vouloir continuer à faire «de la vente de mots-clés », comme c'est le cas depuis 2014, mais aussi développer les autres potentialités de Qwant comme la partie shopping et les partenariats avec des sites marchands, en France comme à l'international. « Le point d'inflexion sera atteint le jour où nous aurons suffisamment d'utilisateurs récurrents capables de cliquer sur nos liens payants, ou des mots-clés : quand on aura 12 ou 13 millions de visiteurs uniques par mois, je pense qu'on pourra être entièrement profitables », affirme Jean-Claude Ghinozzi.

D'un point de vu stratégique, Jean-Claude Ghinozzi a expliqué se démarquer des choix effectués par le passé en se recentrant sur le produit Search pour booster cette monétisation : « Là où la stratégie risque d'être désormais différente, c'est que jusqu'ici, pour développer le moteur, de nombreux tests ont été faits en périphérie. On a édité un certain nombre de produits comme Qwant Music, on a annoncé des projets sur la santé et autres, aujourd'hui l'évolution fait que nous avons choisi de nous recentrer sur le produit qu'est le Search et les éléments de l'écosystème Search, pour pouvoir proposer une meilleure carte, de meilleurs itinéraires ».


Pour le moment, Qwant s'appuie sur ses investisseurs. Notamment la Caisse des dépôts, qui « aura plus de 20 % du capital de l'entreprise » au terme de la prochaine augmentation de capital, mais aussi le groupe Axel Springer - qui pourrait investir plus de 10 millions d'euros dans l'entreprise lors du prochain tour de table.

Durant l'entretien, Eric Léandri et Jean-Claude Ghinozzi sont également revenus sur l'indépendance de Qwant, vis-à-vis de l'État français ou de Microsoft, entre autres sujets.

Source : Siècle Digital
Benjamin Bruel
Par Benjamin Bruel

Journaliste spécialisé dans le numérique, l'espace, la technologie et l'innovation, je me passionne par tout ce qui a trait au futur et à la compréhension du monde de demain. J'exerce ce métier depuis quatre ans, souvent devant mon ordinateur et parfois en vadrouille entre deux pays d'Asie. Amateur de bande dessinées, de paranormal et de dark tourism, je voue aussi un culte aux œuvres de Philip Pullman et de Yoko Taro.

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herulezeus

Tu ne dois pas être au courant que Qwant permet aussi de soutenir des associations via leur système Qoz. Pour une fois qu’un projet européen fonctionne faut pas s’en priver

notolik

En théorie Qwant le fait aussi…

Tu peux y activer les Qoz (ou non) qui rapportent alors (ou non) de l’argent à des associations (soit une par défaut, soit une de ton choix)…

https://www.qwant.com/causes

J’ai écrit en « théorie » parce que je ne sais absolument pas si l’argent est vraiment versé…

K4minoU

« Le point d’inflexion sera atteint le jour où nous aurons suffisamment d’utilisateurs récurrents capables de cliquer sur nos liens payants, ou des mots-clés : quand on aura 12 ou 13 millions de visiteurs uniques par mois, je pense qu’on pourra être entièrement profitables » au moins il le reconnait de lui même… =)

ce qui serait intéressant est de comprendre comment sont ciblés les mots clés… et je peine à croire que cela puisse se faire sans profilage, en protégeant la vie privée et tutti quanti ; fer de lance actuellement du moteur de recherche…

xryl

Faites un test tout simple: Rechercher quelque chose sous Bing, Qwant et DDG. Vous aurez exactement les mêmes résultats (assez moyens d’ailleurs), à la limite dans un ordre légèrement différent.

Tous ces « moteurs » ne sont que des skins de Bing.

Je suis quand même sur Qwant pour les soutenir, mais honnêtement, je dois refaire très souvent ma recherche sous Google pour avoir des résultats pertinents (et contrairement à Cliqz, il n’y a pas un bouton « ressayer sur Google » dans leurs résultats pour me faciliter la vie)

Pour moi, pour avoir plus d’utilisateurs, il faut vraiment qu’ils améliorent leur moteur propre et leur page ranking. Tant que ça ne sera pas fait, je ne les conseillerais pas à mes connaissances.

leibide

Grace aux commentaires, j’ai pris connaissance de Lilo et de Cliqz :slight_smile:

Popoulo

Etant donné qu’ils perdent des millions et des millions par année, je doute qu’ils soutiennent quoi que se soit. Projet européen qui fonctionne lol… A l’image de l’Europe certes.

walligator

En général les mots-clés sont achetés aux enchères par les annonceurs et montrés aux utilisateurs qui les recherchent. Il n’y a pas forcément besoin de profilage

K4minoU

bizarrement, je ne suis pas trop fan du terme « en général » ici =)

en tous les cas, si on admet qu’ils achètent les mots clés, j’ai une question, à quoi sert leur moteur de recherche? car c’est précisément la principale raison d’être un moteur de recherche… pouvoir qualifier la pertinence de mots selon des critères spécifiques.

et plus on veut que la pertinence soit aiguisée et plus on doit connaître la personne derrière l’écran…

par ailleurs, s’ils achètent des mots clés, quelque part, ils sont malhonnêtes ; le profilage se fait ailleurs et eux s’en servent en se disant être blanc comme neige… ^^

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