Le moteur de recherche français change de direction. Depuis ce mercredi 15 janvier, Eric Léandri, co-fondateur et président de Qwant, a quitté son poste remplacé par Jean-Claude Ghinozzi. Avec un objectif : arriver à obtenir 12 à 13 millions de visiteurs uniques mensuels pour devenir bénéficiaire.
Nos confrères de Siècle Digital ont pu s'entretenir longuement avec les deux hommes, évoquant à la fois la situation présente de Qwant et sa stratégie pour les années à venir. Et, surtout, sa politique de monétisation qui peine à décoller.
Après les administrations françaises, devenir le premier moteur de recherche européen
Dès les premiers mots de Jean-Claude Ghinozzi, qui occupait auparavant le poste de directeur adjoint, l'ambition de Qwant au travers de ce changement est lâchée. Il faut « mettre l'entreprise en condition pour réussir ce projet européen de devenir rapidement une icône de la tech basée sur la souveraineté numérique ».Après avoir ouvert des filiales en Allemagne, en Italie ou au Luxembourg, Qwant a été annoncé en ce début d'année 2020, comme le nouveau moteur de recherche officiel de l'ensemble l'administration française. La société compte sur ses acquis auprès de l'administration et une prochaine augmentation de capital pour se stabiliser à l'international.
« Notre intention est d'augmenter la base d'utilisateurs en Allemagne et en Italie et espérons avoir d'ici 2021 d'autres perspectives de développement européen, sous-entendu une présence locale et une implication plus forte dans le système économique, dans la présence sur le territoire », explique le nouveau directeur.
Jean-Claude Ghinozzi souligne aussi à Siècle Digital que l'entreprise a établi un plan stratégique sur cinq ans avec la Banque européenne d'investissement pour « devenir un moteur de recherche de référence à échelle européenne », en se laissant trois ans pour développer sa présence locale et s'ancrer définitivement dans le paysage numérique du Vieux Continent.
Monétiser Qwant de manière pérenne
Cette stratégie européenne est le miroir de la volonté de monétisation de Qwant. Le moteur de recherche veut mener une politique plus agressive à ce niveau pour passer des 5 millions de visiteurs uniques actuels à 12 à 13 millions et ainsi, devenir bénéficiaire.Pour parvenir à ce Graal de l'équilibre financier, les deux hommes expliquent à nos confrères vouloir continuer à faire «de la vente de mots-clés », comme c'est le cas depuis 2014, mais aussi développer les autres potentialités de Qwant comme la partie shopping et les partenariats avec des sites marchands, en France comme à l'international. « Le point d'inflexion sera atteint le jour où nous aurons suffisamment d'utilisateurs récurrents capables de cliquer sur nos liens payants, ou des mots-clés : quand on aura 12 ou 13 millions de visiteurs uniques par mois, je pense qu'on pourra être entièrement profitables », affirme Jean-Claude Ghinozzi.
D'un point de vu stratégique, Jean-Claude Ghinozzi a expliqué se démarquer des choix effectués par le passé en se recentrant sur le produit Search pour booster cette monétisation : « Là où la stratégie risque d'être désormais différente, c'est que jusqu'ici, pour développer le moteur, de nombreux tests ont été faits en périphérie. On a édité un certain nombre de produits comme Qwant Music, on a annoncé des projets sur la santé et autres, aujourd'hui l'évolution fait que nous avons choisi de nous recentrer sur le produit qu'est le Search et les éléments de l'écosystème Search, pour pouvoir proposer une meilleure carte, de meilleurs itinéraires ».
Pour le moment, Qwant s'appuie sur ses investisseurs. Notamment la Caisse des dépôts, qui « aura plus de 20 % du capital de l'entreprise » au terme de la prochaine augmentation de capital, mais aussi le groupe Axel Springer - qui pourrait investir plus de 10 millions d'euros dans l'entreprise lors du prochain tour de table.
Durant l'entretien, Eric Léandri et Jean-Claude Ghinozzi sont également revenus sur l'indépendance de Qwant, vis-à-vis de l'État français ou de Microsoft, entre autres sujets.
Source : Siècle Digital