Une nouvelle technique de fusion nucléaire à gain élevé pourrait produire de l’énergie à très bas coût. Elle pourrait alimenter des villes entières grâce à des réacteurs compatibles avec les infrastructures existantes et validés par des physiciens renommés.

La société britannique First Light Fusion pourrait signer les débuts concrets de la fusion nucléaire commerciale. Son concept FLARE, pour Fusion via Low-power Assembly and Rapid Excitation, sépare la compression et l’allumage du combustible. Cette méthode pourrait atteindre un gain énergétique jusqu’à 1 000, loin devant le record actuel de 4 au National Ignition Facility aux États-Unis.
Le livre blanc publié par l’entreprise détaille la technologie d’amplification et l’approche d’une centrale électrique adaptée aux systèmes existants, un modèle déjà soutenu par des physiciens de renom comme Jeremy Chittenden de l’Imperial College de Londres. Mark Thomas, PDG de First Light Fusion, explique : « Avec l’approche FLARE, nous avons défini la première voie commercialement viable et compatible avec les réacteurs au monde vers la fusion inertielle à haut gain, fondée sur la science, des technologies éprouvées et une ingénierie pratique ».
La fusion à gain élevé pourrait transformer la production d’énergie
Le gain énergétique mesure le rapport entre l’énergie produite par la réaction et l’énergie injectée dans le combustible. Jusqu’ici, les installations comme le NIF atteignent un gain de 4. FLARE vise un gain jusqu’à 1 000. Un tel niveau ouvre la possibilité de produire de l’électricité à un coût très inférieur aux centrales traditionnelles. Selon le livre blanc, un gain d’au moins 200 serait nécessaire pour rendre la fusion compétitive, tandis que 1 000 permettrait une énergie quasi illimitée et bon marché.
La technologie de First Light sépare la compression et l’allumage du combustible. D’abord, le combustible se comprime de manière contrôlée. Ensuite, un procédé distinct déclenche l’allumage rapide, générant un surplus d’énergie. Cette méthode utilise une puissance inférieure aux systèmes classiques d’énergie de fusion inertielle et réduit considérablement le coût des installations expérimentales. « Un gain de 1 000 % nous place bien au-delà du seuil où la fusion devient économiquement transformatrice », souligne Mark Thomas.
Pour s'assurer du bienfondé du projet, le soutien scientifique est important. Jeremy Chittenden note : « FLARE combine plusieurs concepts bien établis. L’adaptation de la technologie d’amplification aux implosions cylindriques permet d’obtenir les conditions de fusion grâce à une puissance pulsée basse tension, réduisant ainsi considérablement le coût du pilote et des cibles de fusion ».

Des réacteurs moins coûteux et compatibles avec les infrastructures existantes
FLARE a également cherché à limiter les coûts d’investissement et d’exploitation. Selon le livre blanc, une installation expérimentale pourrait coûter 1/20e du NIF, qui a nécessité 5,3 milliards de dollars. Les composants clés, comme le système de distribution d’énergie, coûteraient 1/10e des systèmes d’allumage rapide précédents. Les réacteurs commerciaux pourraient utiliser des systèmes de faible puissance déjà disponibles et produire de l’électricité flexible pour les réseaux modernes.
Cette technologie pourrait alimenter une ville comme Coventry, soit environ 345 000 habitants, et s’adapter aux besoins des centres de données d’IA, très consommateurs d’électricité de base. Le développement repose sur les chaînes d’approvisionnement existantes et pourrait réduire le temps nécessaire aux approbations et au raccordement au réseau. Robert Trezona, d’IP Group, souligne : « Le concept FLARE et son développement constituent des preuves marquantes du modèle économique allégé de First Light, ouvrant la voie, grâce à des partenariats, à une fusion nucléaire commercialement viable – une source d’énergie propre et quasi infinie ».
Le projet offre aussi un avantage stratégique sur le tritium, isotope rare nécessaire à la fusion, et pourrait positionner le Royaume-Uni en tête du développement de réacteurs à échelle commerciale. Lord David Willetts ajoute : « First Light Fusion a désormais montré une voie crédible vers une fusion commerciale viable. Le défi consiste désormais à faire en sorte que le Royaume-Uni soit à la pointe du développement rapide de cette technologie ».
First Light prévoit de démontrer la faisabilité commerciale de FLARE d’ici le milieu des années 2030 avec une installation de 100 à 200 millions de dollars. Pour comparaison, des projets similaires comme le NIF ont coûté plus de 5 milliards de dollars, tandis que l’installation pulsée équivalente à haute intensité coûterait entre 300 et 600 millions de dollars. Selon Goldman Sachs, le marché mondial de la fusion pourrait atteindre 1 000 milliards de dollars par an d’ici 2050.
Source : First Light Fusion