Et le train siffle une quatrième fois ?
Pourtant les choses débutent de manière on ne peut plus classique pour un tycoon. À la tête d'une somme d'argent qui dépend du niveau de difficulté choisi, le joueur doit effectivement s'imposer au cours du siècle du chemin de fer. Pour y parvenir, il doit bien sûr établir un puissant réseau ferroviaire, mais il peut également compter sur une certaine diversification en faisant l'acquisition de nombreuses industries « annexes ». Mais commençons par le commencement et, dans le cas présent, par le choix du scénario. En mode simple joueur, il est effectivement possible, et ce, dès la première partie, de choisir parmi 12 scénarios qui proposent autant de cadres géographiques et chronologiques différents. Ici, il faudra se faire une place au soleil de l'ouest américain dans la seconde moitié du XIXe siècle alors que là, c'est l'Angleterre du début de la Révolution industrielle qui nous tend les bras.Plutôt vide en début de partie, la carte ne tarde pas à se remplir
Cette variété relative des scénarios ne change pas grand-chose à l'affaire puisqu'en dehors de quelques éléments graphiques, de la monnaie utilisée et des locomotives / industries disponibles, le jeu reste identique. En début de partie, la carte est « vierge » de toute voie ferrée et le joueur se voit confier une première gare dans l'une des nombreuses villes. À partir de celle-ci, il faut analyser la région afin de repérer les zones de production (fermes, mines, scieries...), les différentes industries (aciéries, fromageries, abattoirs...) et les lieux de consommation (villes et villages). Sur le papier, l'objectif est ensuite simple : relier de la manière la plus profitable qui soit ces zones. Durant les premières minutes de jeu, les transports de passagers et de courriers sont en général privilégiés puisqu'il ne nécessitent aucune étape intermédiaire, mais les marchandises manufacturées sont plus rentables et plus la transformation demande d'étapes, plus le profit sera élevé.
Le train-train de la gestion
Ces progrès techniques apparaissent de manière très ponctuelle et donne un avantage de dix ans à celui qui s'en porte acquéreur au terme d'une petite vente aux enchères qui peut l'opposer aux autres investisseurs. Jusqu'à trois adversaires peuvent ainsi être sélectionnés en début de partie et leur objectif est exactement le même que celui du joueur. Du coup, en plus d'élaborer le réseau le plus rentable possible, il faut aussi le faire vite, histoire de ne pas se faire couper l'herbe sous le pied. Une véritable course s'engage alors entre les différentes compagnies pour s'approprier une matière première, pour acheter une usine spécifique ou pour desservir telle ville qui vient d'accorder une prime à la livraison d'une marchandise donnée. Cette compétition est amusante, mais on regrette tout de même très vite le manque de vigueur de l'intelligence artificielle et même au niveau le plus élevé, celle-ci est très loin d'égaler les joueurs humains (le mode réseau permet de jouer jusqu'à quatre).Si les ponts / tunnels sont parfois la seule solution, il faut faire attention à ne pas se ruiner en infrastructures
En mode solo, il n'existe pas de réelle campagne comme on peut en avoir l'habitude et les scénarios, indépendants les uns des autres, ne proposent que quelques objectifs sans grand intérêt qui poussent par exemple le joueur à relier Paris à Marseille sur la carte 'France'. Le principal défi que le joueur aura à relever sera cependant identique à celui rencontré en multijoueur : prendre l'ascendant sur le réseau ferré de ses concurrents. Pour avoir une meilleure idée de la situation, les développeurs ont d'ailleurs intégré divers outils permettant notamment d'avoir quelques informations sur la santé financière de l'entreprise ou bien de voir qui domine chaque industrie (passagers, armes, médicaments...). Un autre tableau permet d'ailleurs de comparer nos résultats à ceux des trois concurrents voire de tenter une OPA pour prendre le contrôle de leur réseau. Hélas, ces petites manigances ne sont vraiment efficaces qu'en multijoueur, l'intelligence artificielle étant particulière passive.
Alors que le jeu est doté d'une réalisation graphique très efficace, que l'ambiance sonore est de qualité et que la prise en main est excellente, ce problème de durée de vie est l'un des gros défauts de Sid Meier's Railroards!. Même si le jeu est proposé à moins de quarante euros, la moindre des choses aurait bien sûr été de proposer un générateur de cartes aléatoires plus conséquent (paramétrable un minimum) ainsi qu'un petit éditeur que la communauté puisse au moins combler cette lacune. Second problème du jeu, le manque de profondeur de la partie gestion risque de décevoir les amateurs de la série Railroad Tycoon. Nous l'avons dit en début d'article, il n'était pas question pour Firaxis de réaliser un quatrième opus à cette série, mais les amateurs seront sans doute inconsolables. Enfin et là nous espérons qu'une mise à jour permette de corriger tout cela, mais le jeu souffre en l'état actuel des choses d'une certaine instabilité, de quelques bugs et de problèmes de connexion en multijoueur.
Conclusion
Loin d'être un mauvais jeu, Sid Meier's Railroads! ne doit cependant pas être pris pour ce qu'il n'est pas, c'est à dire le quatrième opus de la fameuse série Railroad Tycoon. Si Firaxis, pas très honnête pour le coup, joue sur le flou artistique que laisse planer le titre du jeu, sa nouvelle production ne s'adresse pas aux vieux routards de la gestion assistée par ordinateur. Ces derniers regretteront l'aspect superficiel des choses avec une gestion plutôt approximative de la théorie de l'offre et de la demande. Ils regretteront également le niveau de difficulté un peu faiblard, le manque de combativité de l'intelligence artificielle et la petitesse des scénarios. Destiné à des joueurs moins exigeants, plus jeunes ou occasionnels, Sid Meier's Railroads! dispose heureusement de nombreux atouts parmi lesquels on peut citer la réalisation graphique (d'inspiration « circuit ferroviaire de notre enfance »), l'excellente prise en main et les parties multijoueurs particulièrement nerveuses. S'il ne révolutionnera pas le genre et risque même de décevoir ceux qui attendaient un Railroad Tycoon IV, Sid Meier's Railroads! représente donc une très sympathique idée cadeau alors que les fêtes de fin d'année approchent... une idée cadeau dont on risque, hélas, de faire rapidement le tour.Ce jeu vous intéresse ? Retrouvez-le dans le
Pour finir et « récompenser » ceux qui regardent l'article jusqu'au bout, voici un aperçu de ce que donne Sid Meier's Railroads! en bi-écran : pas très jouable, mais plutôt joli !