The Saboteur : quand Pandemic occupe Paris

Nerces
Spécialiste Hardware et Gaming
07 décembre 2009 à 05h00
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Le monde du jeu vidéo et la Seconde Guerre Mondiale vivent une grande histoire d'amour, mais jamais un studio n'avait décidé d'aborder les choses à la manière d'un Grand Theft Auto. Ainsi, pour son dernier projet, Pandemic s'est mis en tête de nous faire endosser le costume crasseux d'un mécano / pilote reconverti en spécialiste es démolition dans le Paris occupé. Ce changement de perspective associé à l'habituelle désinvolture des productions Pandemic (Destroy All Humans, Mercenaries) nous fera-t-il regretter la disparition du studio ?

Sean sait rien, mais je dirai tout...

Histoire de sortir des sentiers battus, The Saboteur se propose donc de nous faire revivre la Seconde Guerre Mondiale, du côté des civils et de la Résistance plutôt que sur le Front de l'Est, les plages de Normandie ou les îles du Pacifique. De prime abord, on ne pas refuser un peu d'originalité à ce niveau d'autant que le jeu de Pandemic nous propose - sur le papier - un monde relativement ouvert dans lequel il est possible d'arpenter les rues de Paris à sa guise... et c'est là que les problèmes commencent en fait, mais replaçons les choses dans leur contexte.


Nous incarnons donc un certain Sean Devlin. Irlandais de naissance, mais franco-italien d'adoption, le bougre a tenté un Paris sur l'avenir en rejoignant la capitale française et l'écurie automobile de Vittore Morini. Simple mécanicien, il est même devenu le pilote officiel de l'équipe et le jeu débute alors qu'il vient de se faire voler la victoire au grand prix de Sarrebrück par Kurt Dierker, un allemand prétentieux, mais au bras diablement long comme vont l'apprendre rapidement notre pauvre Sean et son infortuné meilleur ami, Jules Rousseau, en détruisant la voiture du vil teuton.

Infortuné, car le Français est torturé à mort par Dierker et sa troupe de méchants - nazis bien sûr - qui le prennent pour un espion anglais. Si Sean parvient à leur fausser compagnie, c'est pour se retrouver au milieu de l'invasion de la France par les troupes allemandes et il trouve finalement refuge - avec Vittore et Véronique, la sœur de Jules - chez les parents de cette dernière, au cabaret Le Belle à Paris. Trois mois s'écoulent et du fait d'un savant mélange entre coup du sort et goût pour les emmerdes, le brave Sean est embrigadé dans la Résistance parisienne qui s'organise.

Luc Gaudin, figure emblématique de cette Résistance, lui confie des missions de plus en plus importantes et c'est bien sûr à nous qu'il revient de les exécuter. Vous trouvez le scénario un brin « capilotracté » ? N'ayez crainte, c'est normal. De même qu'il est normal de ne voir dans cette peinture de la France qu'une série de clichés grotesques et n'essayez pas de trouver le moindre élément un tant soit peu réaliste / véridique : dans The Saboteur, il ne faut pas plus de deux minutes pour rejoindre Le Havre en partant de la Bastille, la pénicilline est monnaie-courante et les Libyens envoient des ambassadeurs à Paris...

Des exemples de ce type, on en trouve très régulièrement et la notion du temps semble avoir complètement échappé à nos sympathiques développeurs qui parlent déjà de soldats revenant du front de l'est. Il est donc clair qu'il ne faut pas être très à cheval sur les principes pour apprécier The Saboteur. Il ne faut d'ailleurs pas être très à cheval sur la crédibilité du scénario non plus puisque notre brave Sean devient très vite l'homme à tout faire d'une Résistance parisienne bien passive à ses côtés, mais faisons fi de cela et focalisons-nous sur le jeu.

Dans la peau de Devlin, nous devons réaliser pas mal de petits boulots pour le compte de la Résistance en général, mais aussi et surtout des résistants en particulier qui n'hésitent pas à nous confier leurs basses besognes en échange d'un ou deux petits services. De la même manière, il faut travailler avec les responsables du marché noir, faire copain-copain avec les services secrets de la couronne britannique et tout cela alors que Devlin ne cherche qu'une seule et unique chose : retrouver Dierker pour venger ce brave Jules.

En terme de gameplay, ces missions se télescopent au travers d'un monde plus ou moins ouvert dans la veine d'un Grand Theft Auto. Une carte de Paris / Province est (moyennement) accessible au travers du menu et là, on voit l'emplacement de nos contacts et des objectifs qu'ils nous confient. Selon le cas, il peut s'agir de dynamiter un réservoir de carburant, de faire sauter un pont, de voler la voiture d'un dignitaire nazi, de libérer des prisonniers, de voler une espèce d'Arche d'Alliance du pauvre, de fouiller les catacombes et même de voyager en zeppelin.

Monde ouvert ne veut toutefois pas dire que l'on a accès à tout, tout de suite. À la manière de Grand Theft Auto, les zones de Paris se débloquent petit à petit, au fil du scénario principal et occupation allemande oblige, Sean n'est pas libre de faire ce qu'il veut. Dans certains cas, il sera préférable de se la jouer infiltration, voire même de voler / enfiler un uniforme allemand pour se faire plus discret. Il s'agira alors d'éviter d'attirer l'attention en portant une arme en vue, en courant ou en escaladant la Kommodantur !

« The Saboteur n'exploite pas assez l'idée de monde ouvert et les missions secondaires disponibles ne sont ni assez nombreuses ni assez intéressantes »

Plutôt agréable à arpenter, la ville de Paris dispose d'un charme indéniable, même si les développeurs ne se sont pas cassé la tête à essayer de la modéliser correctement. Il n'est donc là encore pas question du moindre réalisme, mais l'utilisation du noir et blanc pour dépeindre la tristesse des zones occupées produit son petit effet... et ce d'autant plus qu'une fois les missions les plus importantes réussies, Devlin redonne véritablement des couleurs au monde qui l'entoure ! Il n'en faut évidemment pas plus pour se faire des amis.


Si les croix gammées sont définitivement absentes, un filtre nudité permet de faire apparaître des tétons (image de gauche / de droite)

Il s'agit ici de donner quelques options supplémentaires afin de renouveler le gameplay d'un jeu qui se veut aussi varié que possible. Ainsi, la Résistance peut-être appelée au secours lorsqu'une mission tourne mal et il est même possible de siffler un véhicule de fuite afin de se sortir du guêpier. Puisque nous parlons véhicules, précisons que les engins sont très nombreux dans The Saboteur et qu'ils vont de l'horrible tacot à la voiture de course en passant par différentes tractions et véhicules allemands allant jusqu'au char d'assaut !

Dans le même ordre d'idées, l'arsenal à la disposition de Devlin évolue lui aussi au fil de la partie. Les progrès dans le scénario principal permettent de débloquer de nouveaux équipements chez les fournisseurs, mais il faut toujours disposer de points de contrebande pour se les payer. Ces points sont la monnaie du jeu et ils s'obtiennent en cassant du boche : détruire les installations allemandes un peu partout dans la capitale est un excellent point de départ, même si les missions principales du jeu suffisent pour se faire un bon stock de points de contrebande.

Nous touchons ici au problème de fond du jeu et nous allons donc bien au-delà des seuls soucis d'exactitude ou de véracité historique. En effet, The Saboteur n'exploite pas assez l'idée de monde ouvert et les missions secondaires disponibles ne sont ni assez nombreuses ni assez intéressantes pour inciter le joueur à découvrir Paris. Une capitale qui n'est de fait pas assez vivante, pas assez riche. C'est d'autant plus dommage que le scénario n'est pas formidablement long et qu'en une douzaine d'heures, de nombreux joueurs en auront déjà fait le tour.

Puisque nous parlons gros défauts, il faut également citer le manque de difficulté généralement constaté tout au long des missions. Cela ne gênera pas tout le monde, mais les habitués en seront pour leurs frais : Devlin est un McClane en puissance - un increvable - qui n'a besoin que de quelques secondes au calme pour se remettre des pires blessures... En un sens heureusement d'ailleurs car la maniabilité (meilleure sur PC) n'est pas toujours exempte de tout reproche : on peine par exemple à viser les ennemis et on tire donc un peu au « petit bonheur la chance ».

L'aspect technique est d'ailleurs l'autre point noir d'un jeu sacrément limité sur le plan graphique. Nous avons parlé de la patte artistique réussie, mais il faut reconnaître qu'à côté de ça, les textures sont pour le moins rudimentaires, la profondeur de champ est faible alors que la végétation surgit au fur et à mesure que l'on avance (à pied ou en voiture). Pire, sur Playstation 3, les textures ont parfois tendance à « disparaître » et sur PC, les joueurs ATI avec Windows Vista / 7 ont toutes les chances de ne pas pouvoir lancer le jeu !

Mais ce n'est pas tout et il faut également faire avec une synchronisation labiale complètement aux fraises, de brusques sautes dans le niveau sonore des discussions et des animations parfois archaïques. Bien que la gestion de la physique soit assez basique, les bugs existent là aussi et il nous a été donné de constater qu'un tank ne roule pas bien sur sa tourelle ou que les half-track tressautent à la traversée d'un ruisseau. Enfin, comme pour couronner le tout, il faut faire avec une écriture pour le moins sommaire.

Il y a bien de temps à autres quelques phrases qui font mouche, mais il faut bien reconnaître que de manière générale, les dialogues ne sont pas folichons. On peut d'ailleurs en dire autant pour le scénario qui propose quelques « morceaux de bravoure », mais qui progresse surtout de manière on ne peut plus poussive. On ne voit d'ailleurs pas toujours le lien entre deux missions et on aimerait - comme aux spectacles de Guignol de notre folle jeunesse - pouvoir dire aux héros « attention, il est là ! »... À ce propos, votre humble serviteur cherche toujours à comprendre ce qui est arrivé à l'accorte Franziska.



Conclusion

Loin d'être foncièrement mauvais, The Saboteur accumule tout de même les défauts et ses développeurs les maladresses. Le manque évident de finition sur la version PC plaide en faveur d'un studio auquel on n'a pas laissé assez de temps, mais le fait est qu'il est parfois pénible d'évoluer dans ce Paris « abracadabrantesque ». Les contrôles manquent de précision, les personnages sont fades et la réalisation d'ensemble est parfois à la rue. Pour ne rien arranger, il faut faire avec des ennemis abrutis au possible et des situations à la limite du ridicule. Reste un concept de base plutôt bien fichu et surtout une ambiance très sympa qui change radicalement de ce qu'on a l'habitude de voir. En définitive, nous avons là un titre qui s'adresse aux fans du style Grand Theft Auto capables de passer outre ses multiples défauts et qui prendront alors un malin plaisir à massacrer, des heures durant, de vilains nazis et ça, on a beau dire, ça fait toujours du bien !

The Saboteur

4

Les plus

  • Paris sous l'occupation allemande
  • Mélange noir & blanc / couleurs
  • De l'action à la manière d'Hollywood
  • Surface de jeu, nombreux véhicules / armes

Les moins

  • Une finition à la truelle
  • Grosses lacunes techniques
  • Scénario parfois vraiment à l'ouest
  • Intelligence artificielle, économie

0

Réalisation6

Prise en main7

Durée de vie7


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Tombé dans le jeu vidéo à une époque où il fallait une belle imagination pour voir ici un match de foot, là un combat de tanks dans ces quelques barres représentées à l'écran, j'ai suivi toutes les évolutions depuis quarante ans. Fidèle du PC, mais adepte de tous les genres, je n'ai du mal qu'avec les JRPG. Sinon, de la stratégie tour par tour la plus aride au FPS le plus spectaculaire en passant par les simulations sportives ou les jeux musicaux, je me fais à tout... avec une préférence pour la gestion et les jeux combinant plusieurs styles. Mon panthéon du jeu vidéo se composerait de trois séries : Elite, Civilization et Max Payne.

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