The Movies : un Spielberg ou du Uwe Boll ?

Nerces
Spécialiste Hardware et Gaming
18 novembre 2005 à 18h00
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Depuis la sortie en 1989 de Populous, Peter Molyneux et ses différentes sociétés (Bullfrog, Lionhead) sont toujours parvenus à faire de leurs développements de véritables événements. Les plus anciens d'entre vous se souviennent sans doute du battage médiatique précédant la sortie de Syndicate ou de Dungeon Keeper, alors que même les plus jeunes ne peuvent pas avoir échappé à la folie Black & White. La raison de cette surmédiatisation tient évidemment à la personnalité du bonhomme, mais aussi et surtout à l'originalité quasi systématique des thèmes abordés. Et ce n'est pas la dernière production de Lionhead, The Movies, qui nous fera mentir... Êtes-vous prêts à revivre 70 ans de cinéma ? Moteur !

Quand Molyneux fait son cinéma !

Avant toute chose, mettons de côté les diverses annonces marketing ayant émaillé le développement de The Movies. Laissons aux vestiaires les grandes phrases vantant les mérites de tel ou tel aspect révolutionnaire, et concentrons-nous pour ce test sur ce qui finalement est le plus important, le jeu. Au premier contact, The Movies se présente donc comme un classique « tycoon ». En-dehors du classique mode « bac à sable » qui permet de jouer plus librement, The Movies nous propose un unique mode de jeu baptisé « solo ». Celui-ci nous place en 1920, alors qu'Hollywood n'existait encore dans les rêves les plus fous de quelques promoteurs immobiliers. Le joueur se voit confier un petit capital de départ et un espace à aménager en studio de cinéma. Peter Molyneux et son équipe ont décidé de nous faire débuter très tôt, car cela leur permet de nous apprendre très progressivement les choses. En 1920, le cinéma était effectivement beaucoup plus simple qu'aujourd'hui, ce que reflètent les options de jeu.

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Des débuts tout en douceur où le jeu prend des airs de didacticiels et nous explique les bâtiments un par un.

Le début de partie commence donc par l'installation de quelques bâtiments majeurs. L'école d'art dramatique nous permet de recruter de futurs acteurs, réalisateurs et figurants. Le bureau d'équipe sert pour sa part à réunir les petites mains qui travaillent en coulisse pour gérer les caméras, la prise du son... Le bureau de script est la seconde maison des scénaristes du studio. Ils y rédigent les prochaines productions avant qu'elles ne soient envoyées au bureau de casting. Lorsqu'un script est terminé, et si la qualité est jugée suffisante, il est envoyé dans ce bureau. Ici, le joueur réunit toute l'équipe afin de donner au film les meilleures chances de succès. S'il s'agit d'un film d'action, il vaudrait mieux que le rôle principal soit tenu par un clone de Schwarzenegger plutôt que par un Woody Allen en puissance. Enfin, dernier bâtiment de base, le bureau de production est le centre du studio. C'est à partir de ce bureau que l'on fixe les salaires ou que l'on décide de commercialiser un film.

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À côté de ces quelques bâtiments principaux, gravitent toujours plus de structures à mesure que le temps passe. Il y a les différents plateaux qui servent de décor aux films et vont de la petite cave humide à la grande rue, en passant par le vaisseau spatial, la forêt ou bien encore la salle de bain. On trouve également quelques bâtiments de détente (bar, restaurant) pour que les employés de studio puissent décompresser entre deux sorties. Enfin, on trouve aussi tout un tas de bâtiments spécialisés parmi lesquels on peut citer le centre de relookage pour que les stars aient une meilleure image d'elles, le laboratoire où des scientifiques mettent au point les accessoires de demain et le centre de chirurgie esthétique pour se refaire une beauté. Enfin, pour compléter le tableau et obtenir un studio hollywoodien digne de ce nom, il ne faut pas oublier les ornements qui permettent aux employés de se sentir bien, mais qui, surtout, améliorent le prestige de la société.

L'invention lumineuse des frères, euh ben Lumière justement

La création du studio et l'organisation de ces différents bâtiments sont extrêmement classiques et l'interface choisie par Lionhead ressemble beaucoup à celle des Sims 2 de Maxis / Electronic Arts. Une simple icône en bas à gauche de l'écran permet d'appeler trois sous-menus de construction qui invitent à choisir entre bâtiments, plateaux de tournage et ornements. Ensuite, à l'aide de la souris, on définit simplement la position de telle ou telle structure. Bien sûr, tout cela ne doit pas être fait au hasard et il faut ainsi éviter de placer les plateaux de tournage aux quatre coins du domaine : lorsqu'un film a recours à des décors distants, tout le monde doit se déplacer et les stars sont des petites bêtes fragiles qu'il faut ménager. Vous remarquez au passage l'astucieuse transition qui me permet maintenant d'aborder une seconde caractéristique du jeu : la gestion du caractère et des compétences des employés les plus importants dans le jeu, les stars (acteurs ou réalisateurs).

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Faire avec le caractère de cochon des ces stars surpayées est le lot quotidien du directeur de studio... le votre en somme !

Pour la plupart des employés du studio, seule une barre verte est présente pour indiquer simplement quels sont les meilleurs éléments. Les stars ont en revanche droit à une véritable fiche que l'on rapprochera là encore de ce que l'on retrouve dans Les Sims 2. Une jauge récapitulative de leur humeur permet d'avoir en un seul coup d'oeil un résumé de la situation, mais pour résoudre les divers problèmes qui ne manqueront pas de poser, il faut creuser cette fiche. On y découvre ainsi quelques caractéristiques de base (âge, physique, branchitude) et des domaines de compétences qui regroupent en fait les types de films qu'il est possible de réaliser (action, comédie, science-fiction, horreur, amour). Ensuite, quatre catégories rassemblent les données qui influent sur le moral de la star : statut (son salaire, son image dans la presse...), relations (ses relations avec les autres stars du studio), travail (son stress et son ennui) et dépendances (à l'alcool, à la nourriture).

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Ces nombreuses données sont autant de facteurs de crises potentielles. Prenons l'exemple d'une star talentueuse et très en vue. Le studio aura bien sûr tendance à la faire régulièrement travailler, mais il risque en contre-partie de la stresser davantage et de la pousser vers la dépression nerveuse. Au contraire, un acteur trop longtemps laissé sur le carreau finit par s'ennuyer et pourrait bien faire une bonne grosse déprime. À côté de cela, il faut également gérer les animosités qui peuvent exister entre les différentes stars, leurs problèmes d'ego (« machin il a une caravane plus mieux que la mienne », ben oui une formation de charpentier ou de vendeur de cassettes vidéos ça n'enrichie pas le vocabulaire !) ou tout simplement leur inaptitude face à tel ou tel genre de film. Pour ce dernier cas, le meilleur remède est encore de les faire répéter sur des plateaux lorsque ceux-ci ne sont pas occupés par un tournage. Contrairement à ce que l'on pouvait craindre, cet aspect Sims 2 des choses n'est pas trop présent. Il est répétitif et tourne toujours autour des mêmes problèmes à résoudre, mais il ne monopolise heureusement pas l'attention du joueur.

« Tirez les ficelles ! »

Si assurer le confort de tout ce petit monde est indispensable à la bonne marche du studio, le joueur a tout de même le temps de s'occuper du plus important : la production de films. Là encore, en début de partie, les choses sont assez simples. Les limitations en termes de moyens, de structures et d'employés ne permettent pas vraiment de faire de l'ombre à Cecil B. DeMille. Les productions sont alors de « petits tournages entre amis » qui ne monopolisent jamais plus de trois personnes sur les plateaux. Avec le temps cependant, la concurrence devient de plus en plus féroce et il faut alors passer la vitesse supérieure. D'un seul tournage, on peut rapidement passer à deux voire trois films en même temps et les choses deviennent tout de suite plus délicates à gérer. Il faut se souvenir des meilleurs dans chaque genre, recruter régulièrement de nouveaux figurants, car les films deviennent de plus en plus ambitieux et bien sûr faire tout ceci en maintenant à flot les finances du studio.

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Après de timides débuts, Boucherie Production prend de l'envergure et « Golgotha Est En Vie » va faire un carton.

Tous les cinq ans, les professionnels du milieu se réunissent pour une cérémonie qui ressemble évidemment beaucoup aux Oscars. Quelques grandes récompenses sont décernées au meilleur acteur ou au réalisateur le plus doué, mais aussi au studio le plus inventif. Remporter des prix au cours de ces événements offre quelques bonus permettant ensuite une gestion un peu plus facile de son studio : ainsi, l'un des bonus supprime par exemple toutes les dépendances de ses protégés. D'autres bonus apparaissent au cours de la partie lorsque quelques conditions très précises sont remplies. Ces bonus-ci seront par exemple l'occasion d'acquérir de nouveaux bâtiments comme le très important bureau d'édition des scripts. Jusqu'à présent, nous n'avons parlé que de gestion, mais The Movies ne s'arrête pas là puisqu'il permet sur le papier de réaliser ses propres films. S'il est toujours possible de faire confiance aux scénaristes embauchés pour l'occasion, nous avons également la possibilité de nous occuper de tout.

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Bien sûr, cela débute par le choix du nom et du genre. Ensuite, une liste d'actions permet de définir ce que feront les personnages, scène par scène. Les noms des actions disponibles sont assez explicites, mais malgré quelques filtres et autres catégories de recherche, il n'est pas toujours évident de trouver tout de suite ce que l'on veut, surtout que les listes ne montrent que six éléments à la fois. À la manière d'un logiciel de montage plus classique, The Movies permet ensuite de placer les différentes scènes sélectionnées sur une timeline qui accueillera en plus une piste pour d'éventuels sous-titres, une piste pour la ou les musiques puis une piste pour l'enregistrement des voix. D'autres options, comme le jeu des acteurs et la position des caméras, sont également réglables, mais on regrette malgré tout le manque de variété dans les scènes et surtout l'absence manifeste de transitions. Cela ne pose pas de problème pour les films destinés au jeu, mais pour les réalisateurs en herbe, il est beaucoup plus difficile d'avoir un résultat final de qualité.

Pour ces derniers, qui visent bien sûr à diffuser leurs oeuvres, Activision a mis en place un site très sympathique sur lequel on retrouve déjà quelques productions plutôt amusantes. Le temps nous dira si certains petits malins parviennent à trouver un moyen de contourner les limitations dont nous parlions précédemment, mais à l'heure actuelle, elles sont très visibles. On regrettera aussi qu'il soit impossible de mettre au point des scènes grandioses comme des batailles ou des mouvements de foule. L'ensemble des productions déjà disponible sur le site d'Activison a ce côté « intimiste » qui limite grandement la portée de The Movies. Du point de vue technique aussi, le jeu de Peter Molyneux montre ses limites. Si l'aspect gestion ne souffre que de l'absence d'un zoom arrière ou d'une mini-carte cliquable, les films réalisés ne sont pas très jolis avec des animations un peu brutales et une pixellisation trop prononcée. Saluons par contre l'interface générale qui permet de passer sans aucun problème du mode gestion « classique » à l'édition de films : du très bon boulot.

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Entre l'outil de création de stars et le studio de montage, The Movies offre de jolies possibilités de réalisation.


Oscar ou Golden Turkey ?

Sur le papier, The Movies était un nouveau titre particulièrement original à mettre à l'actif de Peter Molyneux et de son équipe. Dans les faits, cette originalité repose dans un premier temps sur le thème abordé, le monde du cinéma. Plutôt oublié par les développeurs de « tycoon » ce thème est ici remarquablement traité et même si le fonctionnement du jeu reste conforme aux canons du genre, l'amateur ne trouvera pas le temps de s'ennuyer... au moins durant les premières parties. Ensuite, la question de la répétitivité risque de se poser comme pour n'importe quel autre titre du genre. Est-ce qu'il y a encore un intérêt à jouer une fois que toutes les découvertes techniques ont été faites par trois fois ? Est-ce que le jeu est encore amusant lorsque le joueur a déjà fait monter une demi-douzaine de studios sur la première marche du podium ? Autant de questions auxquelles nous ne pouvons hélas pas répondre, mais qui ne sont pas spécifiques à The Movies.

Disons qu'en proposant une réalisation de qualité, une interface aussi intuitive qu'agréable et un concept de jeu accrocheur, Lionhead a parfaitement rempli son contrat en ce qui concerne l'aspect gestion. Pour le côté réalisation de films, le bilan est un peu plus mitigé compte tenu des limitations imposées aux joueurs. Malgré mon manque d'expérience en la matière, le nombre d'actions disponibles m'est apparu faible et les mouvements des acteurs trop stéréotypés. De la même manière, les scènes paraissent très ressemblantes et il est donc difficile de percevoir les possibilités créatrices de la chose. Pour s'en faire une idée toujours plus précise, le meilleur moyen semble encore de suivre l'évolution du site officiel sur lequel il est possible de télécharger les créations des joueurs, sachant bien sûr qu'il faudra attendre encore un moment avant que les joueurs ne maîtrisent tous les outils mis à leur disposition.

En définitive, The Movies s'avère être un bon jeu, sans doute pas aussi révolutionnaire que certains l'espéraient, mais à trop attendre d'un titre, on est forcément déçu. Son aspect gestion est conforme à ce que le genre propose de plus abouti et on découvre avec plaisir que la réalisation des films est plus qu'un accessoire destiné à appâter le chaland.

The Movies

6

Les plus

  • Originalité du thème abordé
  • Mécanismes « gestion » bien rodés
  • Outils de scripts réussis
  • Interface de qualité

Les moins

  • Mode gestion classique et un peu répétitif
  • Limitations au niveau création de films
  • Films politiquement corrects

0

Réalisation7

Prise en main8

Durée de vie8



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Nerces

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Tombé dans le jeu vidéo à une époque où il fallait une belle imagination pour voir ici un match de foot, là un combat de tanks dans ces quelques barres représentées à l'écran, j'ai suivi toutes les évolutions depuis quarante ans. Fidèle du PC, mais adepte de tous les genres, je n'ai du mal qu'avec les JRPG. Sinon, de la stratégie tour par tour la plus aride au FPS le plus spectaculaire en passant par les simulations sportives ou les jeux musicaux, je me fais à tout... avec une préférence pour la gestion et les jeux combinant plusieurs styles. Mon panthéon du jeu vidéo se composerait de trois séries : Elite, Civilization et Max Payne.

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