Faut-il bannir Kaspersky de votre ordinateur comme le recommande l'Allemagne ?

Mathilde Rochefort
Publié le 16 mars 2022 à 14h00
© Mika Baumeister / Unsplash
© Mika Baumeister / Unsplash

L’Office fédéral de la sécurité des technologies de l’information (BSI), organisme chargé de la cybersécurité en Allemagne, conseille de retirer Kaspersky de son ordinateur et de trouver une alternative à l’antivirus russe. 

Selon les autorités allemandes, le Kremlin pourrait utiliser la plateforme pour mener à bien des cyberattaques, alors que les combats en Ukraine sont de plus en plus virulents. 

Un risque de cyberattaques russes très élevé

Dans sa déclaration, la BSI explique que la guerre en Ukraine entraîne un risque accru de cyberattaques russes et selon elle, Kaspersky « peut mener des opérations offensives, être contraint d'attaquer des systèmes cibles contre son gré, ou être espionné à son insu en tant que victime d'une cyber-opération, ou encore être utilisé abusivement comme outil d'attaque contre ses propres clients ». 

L’avertissement des autorités allemandes s’adresse en particulier aux entités « stratégiques ». Elles citent notamment les « institutions étatiques, les infrastructures critiques, les entreprises d'intérêt public particulier, l'industrie manufacturière et les domaines importants de la société », qui pourraient être des cibles privilégiées par des hackers russes. 

De leur côté, les autorités françaises ont également émis des allégations dans ce sens, en restant tout de même plus prudentes : « Dans le contexte actuel, l’utilisation de certains outils numériques, notamment les outils de la société Kaspersky, peut être questionnée du fait de leur lien avec la Russie. À ce stade, aucun élément objectif ne justifie de faire évoluer l’évaluation du niveau de qualité des produits et services fournis ». 

Kaspersky a déjà été accusé d'instrumentalisation par le Kremlin

« Cette décision n'est pas basée sur une évaluation technique des produits Kaspersky – que nous avons continuellement défendue avec le BSI et à travers l'Europe – mais plutôt sur des raisons politiques », déclare Kaspersky. L’entreprise précise par ailleurs que son infrastructure de traitement des données a été délocalisée en Suisse en 2018, et que les fichiers partagés par les utilisateurs allemands de ses produits sont spécifiquement traités par deux centres de données à Zurich. « Kaspersky est une entreprise privée de cybersécurité mondiale et, en tant qu'entreprise privée, elle n'a aucun lien avec le gouvernement russe ou tout autre gouvernement », affirme la société.

Néanmoins, le siège social de Kaspersky est bel et bien situé à Moscou, et les inquiétudes de la BSI viennent notamment du fait que l’antivirus, à l’instar de ses homologues, a accès aux parties les plus sensibles des ordinateurs pour pouvoir fonctionner, ce qui pourrait en faire un produit de choix pour les autorités russes. Par ailleurs, l’autorité allemande explique que ce type de logiciel communique très fréquemment avec ses serveurs, notamment pour les mises à jour. 

La décision de la BSI n’est pas sans fondement. En 2017, les États-Unis ont annoncé l'interdiction de l'utilisation des produits Kaspersky dans tous leurs systèmes gouvernementaux, après que plusieurs rapports ont affirmé que le Kremlin utilisait l’antivirus pour espionner le pays. 

Compte tenu du contexte géopolitique très tendu entre la Russie et l’Occident, on peut imaginer Moscou exploiter Kaspersky pour mener des cyberattaques. Toutefois, ses victimes potentielles seraient probablement des infrastructures clé, comme l’assure la BSI. Pour ce qui est des particuliers, il en revient donc à tout un chacun de prendre une décision pour son propre appareil, bien que les avertissements des autorités ne doivent pas être pris à la légère. 

Sources : Le Monde, Vice 

Mathilde Rochefort
Par Mathilde Rochefort

Avide de nouvelles technologies et particulièrement férue de la marque à la pomme, j’en fais mon métier depuis près d’une décennie. Réseaux sociaux, IA et autres applications… Je partage mon expertise quotidiennement sur le World Wide Web.

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Commentaires (10)
erdolo

Petit hack par CSS, trop fort

cooper

C’est surtout une façon de dire qu’il faut arrêter d’acheter Russes… Le risque est tellement minime pour un particulier.

Popoulo

On nage dans le grand n’importe quoi.

Kratof_Muller

Si les américains le disent … c’est que c’est vrai, ils sont tellement un modèle en la matière.

phoenix2

Kaspersky et le meilleur, pi il n’ont rien a voir avec la guerre, c’est quoi cet amalgame, euh, j’ai un problème avec quelqu’un je vais pas m’en prendre à toute sa famille, mdr quand meme.

MisterDams

On apprend surtout de nos erreurs, après avoir eu des gros soupçons sur cette méthode utilisée en Chine avec Huawei qui commençait à dominer le marché…
Exploiter des entreprises locales légitimes comme cheval de Troie quand elles sont soumises à ton autorité, c’est une stratégie comme une autre pour obtenir de l’information ou faire une cyberattaque.

On a déjà un contexte juridique qui interdit en Russie d’utiliser certains mots jugés « mensongers » par l’Etat, qui impacte les entreprises de médias, et on n’a pas le droit de consulter certains sites depuis l’internet russe, qui impacte donc les entreprises qui fournissent des accès Internet ou des VPN… quelle est la prochaine étape ?

C’est triste pour Kaspersky qui n’a a priori rien demandé à personne et édite une solution certainement sans risque, à date, mais ça me choque pas outre mesure de prendre des mesures en ce sens, notamment sur les appareils gouvernementaux.

cirdan

C’est sûr, c’est pas comme s’ils avaient été quasiment les seuls à alerter sur l’invasion de l’Ukraine par l’armée russe.

SplendoRage

Pour notre part, on continue d’équiper et d’utiliser Kaspersky sur plus de 240 000 postes de travails et laptops, ainsi que sur nos serveurs … Et …
Non … Tout fonctionne niquel !

Après … On va pas se mentir … L’Allemagne et la Russie, sur le plan géopolitique, ca n’a JAMAIS été une grande histoire d’amour et ça, depuis des siècles … Alors un peu plus ou un peu moins de propagande et de désinformation … Surtout venant de la part d’un organe étatique qui n’a jamais rien BITER à l’IT et à la cybersécurité … !¨
(L’espionnage des membres de l’UE par la NSA … On en parle plus hein …)

Etrangement, quand la BSI recommande quelque chose, nous on fait le contraire, et on a BEAUCOUP moins d’emmerdes à notre antenne munichoise que quand on les écoute ! Comme quoi …
En gros, quand la BSI dit un truc, faites le contraire … !!!

barjy

Ben voyons, la Bundesamt für Sicherheit in der Informationstechnik n’a rien bité à la sécurité des systèmes d’informations… après tu va nous dire aussi que son homologue français, l’ANSSI, n’en à aussi n’en a rien à carer de la sécurité…

Quant à « Pour notre part, on continue d’équiper et d’utiliser Kaspersky sur plus de 240 000 postes de travails et laptops, ainsi que sur nos serveurs … Et …
Non … Tout fonctionne niquel ! »…

Bon, déjà, va falloir nous dire pour qui tu bosses car ça m’étonnerais qu’une entrprise ayant auant de machines dans son parc (on parle dune société de la taille de la poste là quand même hein!) se contente d’un p’tit « Tout fonctionne niquel » :clown_face:

sokka75

Eugène KASPERSKY est un oligarque russe et pote de Vladimir.
Il n’a pas dénoncé l’invasion de l’Ukraine (il aurait trop à y perdre).
Pour ces raisons, j’ai désinstallé son produit de mon PC et je suis passé à la concurrence.