La fondation au renard roux tente d'éteindre l'incendie qu'elle a elle-même allumé en voulant transformer son navigateur en usine à algorithmes. Après avoir essuyé une tempête de critiques, elle promet désormais un interrupteur total pour renvoyer ces fonctions au placard.

Ce rétropédalage en règle ressemble à une opération de sauvetage pour un logiciel qui cherche désespérément son second souffle face aux géants du secteur. © Shutterstock
Ce rétropédalage en règle ressemble à une opération de sauvetage pour un logiciel qui cherche désespérément son second souffle face aux géants du secteur. © Shutterstock

À peine installé dans son fauteuil de direction en décembre 2025, Anthony Enzor-DeMeo a cru bon de brusquer les habitudes d'une communauté déjà passablement échaudée. En annonçant un virage forcé vers l'intelligence artificielle, l'entreprise a surtout réussi à faire chauffer les processeurs et la colère de ses plus vieux compagnons de route.

Pourquoi le renard roux s'est brûlé les moustaches avec l'IA

Vouloir suivre la mode à tout prix finit souvent par coûter cher, surtout quand on oublie de demander l'avis des principaux intéressés. La vision d'un futur radieux bercé par les modèles de langage a rapidement tourné au vinaigre sur les forums spécialisés où les internautes ont crié au scandale. Pour beaucoup, Firefox représentait le dernier bastion de la sobriété numérique face aux mastodontes californiens avides de données personnelles.

Mozilla Firefox
  • 100 % développé en interne
  • Fiable, efficace et stable
  • Fonctionnalités d'optimisation de l'interface et de l'expérience utilisateur
8.7 / 10

L'incompréhension a atteint son paroxysme avec le départ fracassant de certains projets dérivés, à l'image du Navigateur Tor, qui ont préféré amputer le code source plutôt que de subir cette greffe logicielle. Les fidèles du renard n'ont pas simplement boudé la nouveauté, ils ont perçu cette orientation comme une trahison pure et simple des valeurs fondatrices de transparence. On ne transforme pas une boussole de la vie privée en panneau publicitaire pour algorithmes sans s'attendre à quelques égratignures en retour.​

Face à ce désaveu cinglant, la direction a dû ravaler sa superbe en moins de trois jours pour éviter un exode massif vers la concurrence. Jake Archibald, porte-parole improvisé de cette retraite, a dû jurer sur les réseaux sociaux que l'utilisateur garderait la main sur la manette des gaz. Cette promesse d'un dispositif de désactivation totale, prévu pour le début de l'année 2026, sonne comme un aveu de faiblesse autant qu'un acte de contrition nécessaire.

Des ventilateurs qui hurlent et une batterie qui fond au soleil

Au-delà des principes éthiques, c'est la réalité physique des machines qui a rappelé Mozilla à l'ordre de manière assez brutale. La version 141 du logiciel, censée faciliter la vie avec son rangement automatique des onglets, s'est transformée en véritable radiateur pour ordinateurs portables. Les témoignages d'internautes désemparés ont inondé la toile, racontant comment leur processeur s'emballait sans raison apparente à la moindre petite requête.​

L'intégration de ces technologies gourmandes a alourdi un logiciel déjà passablement encombré par des années de rajouts successifs et de services facultatifs. On appelle cela de l'encombrement logiciel, un mal qui ronge Firefox et fait regretter la légèreté d'antan aux puristes de la navigation fluide. En choisissant des formats de calcul peu optimisés pour l'économie d'énergie, les ingénieurs ont surtout réussi à transformer une idée séduisante en fardeau technologique pour les batteries.​

La fondation promet désormais que ce fameux bouton d'arrêt d'urgence nettoiera l'interface de fond en comble pour redonner au navigateur son allure de jeunesse. Il ne s'agira pas d'une simple option cachée dans les méandres des réglages, mais d'une véritable barrière de sécurité pour ceux qui refusent le bruit numérique. Reste à savoir si cette promesse suffira à effacer le souvenir d'une tentative de passage en force qui a laissé des traces dans la confiance des utilisateurs.

Source : Mozilla