Titan Quest : le Blizzard souffle sur l'Olympe

Nerces
Spécialiste Hardware et Gaming
27 juin 2006 à 14h30
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Si je vous dis hack and slash, deux possibilités : ou bien vous me regardez avec des yeux ronds comme des billes et l'impression que je viens de la planète Mars, ou bien vous me répondez avec un assurance certaine, Diablo II tant il est vrai que depuis sa sortie à l'été 2000, le titre de Blizzard est resté la référence absolue en la matière. Il y a bien eu quelques tentatives pour détrôner le roi du genre, mais malgré certaines qualités, ce ne sont pas des titres comme Dungeon Siege ou Sacred qui avaient la moindre chance de concurrencer le vénérable ancêtre, encore très joué plusieurs années après sa sortie. Depuis peu, la concurrence semble toutefois plus décidée : en attendant les Loki et autres Silverfall, c'est Iron Lore qui nous propose de jouer les héros mythologiques avec son Titan Quest.

De l'art du plagiat

Quatre mondes distincts, huit domaines de compétences pour un personnage capable d'évoluer sur 65 niveaux, des milliers d'objets différents et des créatures par dizaines : une chose est sûre, sur le plan comptable, Titan Quest n'est pas le dernier de la classe. Si vous avez parcouru la preview que nous avons réalisée en début de mois, vous le savez sans doute déjà, le titre d'Iron Lore est une sorte de clone de Diablo II et, alors que Dungeon Siege ou Sacred tentaient d'innover à leur manière, Titan Quest reprend vraiment à la lettre le concept imaginé par Blizzard et la seule véritable entorse à ce plagiat concerne la création du héros. En début de partie, Iron Lore ne nous laisse effectivement que le choix du nom, du sexe et d'une vague couleur destinée à le personnaliser un peu... pour la classe de personnage, nous verrons cela un peu plus tard.

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Présenté en introduction, le méchant de l'histoire n'a vraiment pas une « gueule de porte-bonheur » !

Ces maigres choix effectués, je peux lancer l'aventure qui débute aux abords d'un petit village de Grèce antique. Un paysan se précipite vers mon noble héros et lui demande de l'aide pour chasser de ses champs de drôles de boucs juchés sur leurs pattes postérieures. D'entrée de jeu, on sent l'influence énorme de Diablo puisque du style graphique, en passant par les créatures et jusqu'à l'intervention des personnages non joueur, tout rappelle le titre de Blizzard. Souris en main, je n'écoute que mon courage et si, pour l'instant, il n'est question que d'empêcher le piétinement des récoltes, le défi va bien vite prendre de l'ampleur et, sans déflorer un scénario un peu primaire, disons qu'il va (encore) falloir sauver une Humanité qui s'est (encore) fourrée dans de beaux draps : une sombre histoire de vilain méchant pas beau qui souhaite libérer un puissant Titan et ainsi menacer l'ordre établi... j'en tremble d'avance !

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À la rigueur, ce prétexte n'a de toute façon guère d'importance. Il s'agit surtout de nous faire voir du pays, découvrir de nouveaux décors, estourbir de nouvelles créatures et récupérer un maximum d'objets / expérience afin que notre nouveau meilleur ami puisse monter rapidement en puissance. Après quelques toutes petites minutes de jeu, cette montée en puissance se traduit, bien raisonnablement, par le passage du premier niveau et avec lui le choix de la spécialisation. Si Titan Quest ne propose pas de classe de personnage, il dispose de huit domaines de compétences qui s'en rapprochent énormément. Ainsi, le domaine guerre permet de créer, je vous le donne en mille, un guerrier alors que le domaine nature fait davantage penser à un druide. Les autres domaines concernent la maîtrise de la tempête, de la terre, de l'esprit, de la défense, de la chasse et de la ruse. Au premier passage de niveau, il convient donc de faire un choix.

Heureusement, dès lors que l'on atteint le niveau huit, on peut opter pour une seconde maîtrise afin d'avoir un personnage un peu plus polyvalent. Ensuite, ces maîtrises fonctionnent exactement comme sur Diablo II à ceci près qu'il faut en plus faire monter un niveau général de compétence qui permet de débloquer les pouvoirs supérieurs. Ainsi, à chaque passage de niveau, le héros récupère deux points à répartir dans les caractéristiques de bases (force, intelligence, dextérité, vie, mana) et trois points à distribuer dans les maîtrises. Ces trois points permettent de monter le niveau de maîtrise et d'augmenter la puissance de chaque pouvoir déjà débloqué... Après, c'est au joueur de choisir s'il préfère se spécialiser dans quelques pouvoirs ou, au contraire, varier les plaisirs en touchant un peu à tout. Si je puis cependant me permettre un conseil : ne vous dispersez tout de même pas trop.

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Après quelques minutes « didacticielles », la sainte trinité du hack and slash reprend le dessus : quête / monstre / trésor

L'aspect narcissique du jeu détaillé, il est plus que temps de voir ce que les concepteurs de niveaux nous ont préparé et là encore, pas de souci, l'habitué de Diablo II est en terrain connu. Pas question d'originalité pour Brian Sullivan et son équipe qui sont restés sur le sempiternel schéma quête / monstre / trésor, pour le plus grand bonheur des joueurs un peu lobotomisés que nous sommes. Ici, l'aspect aventure est réduit à sa plus simple expression et c'est tout juste s'il est nécessaire d'écouter ce que les personnages non joueurs nous racontent. Un petit journal fait de toute façon le résumé des quêtes en cours et comme les niveaux sont d'une linéarité absolue, il suffit dans 90 % des cas de foncer tout droit pour comprendre l'origine des troubles de la population et y mettre un terme à grands coups de « guerre psychologique » façon Savancosinus (cf. Astérix : en gros, à l'aide d'un gourdin).

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Le joueur progresse pour ainsi dire en ligne droite tout au long de la partie et découvre ainsi diverses contrées de Grèce. Un système de portails, lui aussi complètement pompé sur Diablo II, permet de relier les différentes zones entre elles afin de ne pas avoir à se farcir toute la route en sens inverse et l'indispensable sort « portail de ville » est encore simplifié puisque le héros possède une sorte de pierre activable à volonté. Après une douzaine d'heures de jeu et la rencontre d'un large bestiaire composé de créatures plus ou moins mythologiques, le joueur débarque en Égypte pour un nouveau périple qui le conduira cette fois le long de la vallée du Nil au travers de quelques-uns des plus grands monuments jamais érigés. Ensuite, c'est un très rapide crochet vers Babylone qui attend le joueur avant une dernière étape en Chine. Cette relative variété des niveaux cache hélas de grandes différences de traitement.

Remember The Titans

Très classique, la partie grecque sert clairement de mise en route, mais se trouve du coup un peu mollassonne. Hormis quelques boss, le niveau de difficulté y est faible et la progression du héros un peu lente. Le dernier niveau, en Crète, est déjà plus intéressant et préfigure ce que seront les niveaux suivants en Égypte et en Chine. Ici, le rythme est nettement plus soutenu, les vagues de monstres plus nombreuses et un peu plus délicates à manoeuvrer. Hélas, durant les dernières heures de l'aventure, Iron Lore tombe dans un autre travers : « la fin qui n'en finit plus de finir ». Les vagues de monstres se succèdent sans réel lien et c'est un peu comme si on se refaisait tout le bestiaire du jeu. Disons qu'Iron Lore a clairement cherché à allonger la sauce et si les combats contre les boss sont réussis, leurs gardes rapprochées sont nettement moins réjouissantes.

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L'interface aux petits oignons permet une prise en main très rapide même lorsqu'on ne connaît pas le genre

Ne boudons toutefois pas notre plaisir, car même si quelques séquences déçoivent, l'ensemble est de bon niveau avec un rythme bien pensé et une interface tout simplement remarquable. On aurait bien aimé qu'elle prenne encore un peu moins de place à l'écran ou qu'une fonction de rotation soit présente dans certains cas très particuliers, mais de manière générale, c'est un modèle du genre. Le bouton gauche de la souris sert à lancer l'attaque principale et peut être maintenu enfoncé pour enchaîner les coups alors que le bouton droit est généralement attribué à une attaque spéciale (tout cela est paramétrable). Enfin, dix touches de raccourcis permettent d'appeler un objet ou un sort lui aussi à définir selon les compétences de son héros et ses affinités. Certains joueurs se plaindront sans doute de la trop grande passivité de certaines maîtrises (nature ou défense en particulier).

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D'autres joueurs critiqueront le niveau de zoom : réglable, celui-ci ne permet cependant pas de beaucoup s'éloigner de l'action et empêche d'utiliser une créature invoquée comme éclaireur. Parmi les autres reproches que l'on peut formuler, citons l'absence de rangement automatique de l'inventaire et l'absence de fonction de ramassage. Trois touches permettent de faire apparaître le nom des objets au sol suivant leur degré d'importance, mais on aurait préféré que cela ramasse automatiquement lesdits objets afin de retrouver dans notre inventaire ces fameux objets verts ou bleus. Cela aurait été plus pratique, car à la manière de Diablo II, on peut dire que les monstres en lâchent du matériel ! Après quelques heures à tout ramasser, on finit par faire son choix et ne plus s'intéresser qu'à certaines couleurs synonymes de rareté et encore une fois comme dans Diablo II, la course à l'article le plus précieux va occuper bon nombre de joueurs.

Ces objets, innombrables, utilisent un système de dénomination qui n'est pas sans rappeler Diablo II et peuvent eux aussi être améliorés. Pas question de gemmes cependant, ici il faut récolter des morceaux de reliques. Un seul type de relique peut être enchâssé dans une arme / armure / bijou, mais chaque relique est composée de trois ou cinq morceaux. Plus on a de morceaux, plus la relique est puissante et un bonus est alloué lorsqu'elle est entière. On regrettera que seuls les objets basiques puissent être améliorés et comme on trouve rapidement des objets verts ou bleus plus puissants, on oublie finalement ces reliques. De toute façon et là encore comme dans Diablo II, c'est avec les niveaux de difficulté supérieurs que l'on trouve les meilleurs objets. Pour sa première partie, le joueur doit sélectionner le mode normal, mais une fois l'aventure terminée, il débloque le mode épique et celui-ci achevé, c'est le mode légendaire qui s'offre à lui.

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Ombres, détails, couleurs : Titan Quest est vraiment splendide... et encore, vous ne voyez pas les brins d'herbe bouger au passage du héros !

Ces deux niveaux supplémentaires seront d'ailleurs les bienvenus pour nous offrir un défi plus consistant, car si l'aventure solo est relativement longue en mode normal (comptez 30 à 40 heures), la difficulté reste faible. Le héros monte très vite en puissance, de nombreuses maîtrises permettent d'invoquer de puissants compagnons (qu'on ne dirige cependant pas) et il est généralement assez simple de s'éloigner de créatures trop puissantes le temps de recharger les Batteries. Notons également une intelligence artificielle très limitée (mais c'est le genre qui veut ça) et quelques petits bugs qui peuvent (rarement, ouf) bloquer certains monstres dans le décor. Puisque nous parlons des bugs, autant embrayer sur l'aspect technique des choses, car s'il est un domaine dans lequel Diablo II a vieilli c'est bien celui de la réalisation graphique, et ce, malgré tout le talent des graphistes de Blizzard.

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Autant le dire tout de suite, Titan Quest est une merveille. Les héros, les créatures et les décors possèdent un luxe de détails simplement bluffant et les effets graphiques (lumière, fumée...) sont splendides. Mention particulière pour les ombres que l'on peut voir s'étirer en fonction des sources lumineuses ou de la hauteur du soleil. Tout à fait accessoire, Titan Quest gère effectivement les cycles jour / nuit pour une immersion un peu plus réussie. La bande-son participe à cette immersion et avec des cris assez classiques pour les monstres, mais de très belles musiques. Cette réalisation vraiment somptueuse a cependant une contrepartie : il faut faire avec d'étonnants ralentissements même sur une machine puissante. Globalement, ça tourne sur un PC équipé d'un Athlon XP 3000+, 1 Go de mémoire avec carte graphique 6600GT, mais en entrant / sortant des grottes par exemple, de grosses saccades se font parfois sentir.

Conclusion

Des qualités, Titan Quest n'en manque pas comme vous avez pu vous en rendre compte avec ce test. Le ramage se rapporte ici au plumage et pour son premier jeu, Iron Lore n'est pas loin d'égaler le maître absolu en la matière, Blizzard. Hélas, et je n'en ai pas encore parlé volontairement, il se loupe un peu avec le mode multijoueur. Titan Quest est jouable en coopératif à six maximum ce qui est plutôt sympa, mais le stockage des personnages se fait sur votre ordinateur. Nous n'avons donc pas l'équivalent d'un Battle.net et on risque donc de se retrouver avec des personnages « kités de partout » d'ici quelques jours... Du coup, les « honnêtes gens » n'auront d'autre choix que de jouer avec des personnes « de confiance ».

Heureusement, pour compenser cette lacune, Iron Lore propose un large éventail d'outils d'édition. Si le succès est au rendez-vous, nous devrions donc très bientôt pouvoir compter sur une communauté très active. Celle-ci nous proposera sans doute tout un tas de nouveautés pour relancer continuellement l'intérêt d'un jeu qui, certes, n'innove en rien, mais parvient à reproduire avec un certain brio le concept qui a fait le succès de Diablo II. Les amateurs cherchaient depuis très longtemps un successeur au vénérable ancêtre : sans mode « à la Battle.net », Titan Quest aura vraisemblablement du mal à convaincre les plus acharnés, mais nul doute qu'il devrait contenter une très large majorité d'entre nous.

Titan Quest

6

Les plus

  • Du rythme et de l'action
  • Des sensations « diablesques »
  • Campagne solo de bonne durée
  • Réalisation de toute beauté

Les moins

  • Globalement trop facile et trop linéaire
  • Des ralentissements et de légers bugs
  • Multijoueur un peu décevant

0

Réalisation9

Prise en main9

Durée de vie8


Découvrez les différentes destinations de notre preux héros, quelques-uns des sorts les plus puissants de la maîtrise de la terre de nombreuses créatures au travers de notre vidéo exclusive qui, bien sûr, fait la part belle aux combats.
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Tombé dans le jeu vidéo à une époque où il fallait une belle imagination pour voir ici un match de foot, là un combat de tanks dans ces quelques barres représentées à l'écran, j'ai suivi toutes les évolutions depuis quarante ans. Fidèle du PC, mais adepte de tous les genres, je n'ai du mal qu'avec les JRPG. Sinon, de la stratégie tour par tour la plus aride au FPS le plus spectaculaire en passant par les simulations sportives ou les jeux musicaux, je me fais à tout... avec une préférence pour la gestion et les jeux combinant plusieurs styles. Mon panthéon du jeu vidéo se composerait de trois séries : Elite, Civilization et Max Payne.

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