Le Parrain : pas de birdie pour EA ?

Nerces
Spécialiste Hardware et Gaming
05 avril 2006 à 15h30
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Numéro un du secteur oblige, lorsque Electronic Arts décide de faire un clone de Grand Theft Auto, il n'y va pas avec le dos de la cuillère. Le géant américain a donc décidé de s'associer à la Paramount pour nous proposer une adaptation vidéoludique de la trilogie à succès signée Francis Ford Coppola, Le Parrain. Musique, acteurs, doubleurs, décors, bande-son, ambiance, Electronic Arts n'a pour ainsi dire rien oublié pour que la plongée dans la saga de la famille Corleone soit la plus convaincante possible... Mais cette débauche de moyens financiers et d'éléments techniques est-elle suffisante pour nous offrir un titre de la trempe des jeux Rockstar ? Rien n'est moins sûr.

EA s'offre Brando, mais pas encore Léone

Si l'on excepte la longue installation sur le disque dur, lorsque l'on joue sur PC, le jeu démarre de manière sensiblement identique quelle que soit la plateforme concernée (PC, Playstation 2 ou Xbox) : quelques secondes de chargement et l'introduction s'ouvre sur le meurtre d'un membre du clan Corleone. Coincé dans une ruelle par un gang rival, celui-ci est d'abord tabassé avant d'être achevé à la sulfateuse. Une partie de la scène se déroule sous les yeux de son fils de neuf ans. Bref écran noir puis nous nous retrouvons dans la seconde moitié des années quarante. Le gamin a grandi, mais il tourne plutôt mal ; en mémoire du dévouement de son mari, sa mère se rapproche de Don Corleone pour lui demander de l'aide. C'est ainsi que débute réellement Le Parrain façon Electronic Arts, au moment où Lucas Brasi est envoyé remettre le fiston dans le « droit chemin ».

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Une introduction parfaitement dans le ton des films, cela ne va hélas pas durer bien longtemps !

Bien sûr, nous avons été choisis pour le rôle du fiston, mais avant de prendre en main le personnage, un petit écran de personnalisation est proposé. Plutôt sympathique, ce passage obligé offre pas mal d'options pour que le héros ressemble vraiment à ce que l'on souhaite. On ne peut cependant s'empêcher de regretter la relative simplification opérée par Electronic Arts : dans mon cas précis, il a par exemple été impossible de faire porter à mon avatar le traditionnel béret qui coiffe pourtant la tête de tous mes golfeurs EA Sports ! Qu'à cela ne tienne, même sans béret, mon nouveau meilleur ami est bien décidé à imposer sa loi dans les rues de San Francisco New York. Il lui faut tout d'abord apprendre les rudiments du métier et Luca Brasi est là pour ça. Les deux premières missions constituent en fait un didacticiel destiné à nous permettre de maîtriser le jeu.

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Combat à mains nues, course-poursuite en tuture, extorsion de fonds, maniement des armes à feu et négociation musclée sont autant de « techniques » que l'on doit apprendre sur le tas et je ne dis pas ça simplement parce que Lucas Brasi a un léger problème de surcharge pondérale. Non, c'est véritablement en situation que l'exécuteur des Corleone nous apprend les bases du métier. Ainsi, le tabassage de la fille du croque-mort par quelques étudiants demeurés est l'occasion de remettre au « poing » les bases de la boxe anglaise. De la même manière, Luca Brasi nous explique les principes régissant la « protection » offerte par le clan Corleone aux différentes boutiques de la ville. Il nous explique également comment convaincre les commerçants réfractaires et nous apprend par la même occasion à manier quelques armes à feu.

C'est ainsi, en alternant moments forts des films et séquences plus quelconques, que se déroule la très grande majorité du jeu. Sur la carte de la ville de New York, de gros points bleus figurent la prochaine mission destinée à progresser dans le scénario ; mais dans le même temps, beaucoup d'autres possibilités s'offrent à nous. En réalité et à la manière de Grand Theft Auto, il est vivement conseillé au joueur de se promener dans cette ville de New York. De nombreux personnages peuvent nous proposer diverses missions et il faut, pour asseoir la domination des Corleone sur la ville, convaincre tous les petits commerces de rejoindre la cause. On court alors dans les rues de la ville en quête de missions qui ne s'avèrent hélas pas vraiment convaincantes. La persuasion des négociants fonctionne toujours de la même manière et on se lasse vite de ces boutiques qui se ressemblent toutes.

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Les premières missions sont simplement là pour nous familiariser avec les contrôles et sur PC, il y en a vraiment besoin !


Le Parrain : un don du ciel quand on manque d'inspiration ?

Cette similitude se ressent bien sûr au niveau du graphisme, nous aurons l'occasion d'y revenir, mais également au niveau même de la conception des missions. On entre dans une boutique pour discuter avec le commerçant, celui-ci refuse souvent la « protection » des Corleone et tente, à l'aide de sbires plus ou moins nombreux, de nous faire la peau. On doit alors user de différents moyens de « persuasion » pour d'abord massacrer les ennemis et ensuite convaincre le responsable de l'échoppe, en faisant attention à ne pas le tuer. Plus tard dans le jeu, il sera question de prendre le contrôle des entrepôts, plus ardus du fait du nombre d'ennemis présents sur place, mais dans l'ensemble toute la partie domination de la ville est terriblement répétitive. Il s'agit cependant d'un passage obligé puisque c'est le moyen de se faire de l'argent rapidement et qui dit argent dit nouvelles fringues, mais surtout nouvelles armes.

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Sur ces deux points, Le Parrain ne fait d'ailleurs pas dans la surenchère, ce serait plutôt le contraire. Quelques flingues, un fusil, de la dynamite, des cocktails Molotov, une batte et une corde à piano constituent l'arsenal de notre Corleone en devenir. Du côté de la garde-robe c'est un peu plus consistant, mais ça n'a qu'une faible influence sur la partie : il s'agit surtout de se faire plaisir en changeant un peu la trogne de notre personnage. La prise de contrôle des différentes boutiques des trois autres familles présentes en ville permet également de progresser dans la « carrière ». Il s'agit ici de monter un à un les échelons de la hiérarchie familiale jusqu'à devenir le Don de New York. Bien sûr, si les quêtes secondaires permettent d'affirmer sa position, c'est surtout le scénario principal qui permet à notre héros de prendre de l'importance.

En fait de scénario principal, il s'agissait surtout pour les développeurs de nous proposer différentes séquences du film. Si quelques cinématiques agrémentent un peu le jeu, il faut cependant connaître le long métrage pour vraiment tout comprendre : les explications sont sommaires, les scènes souvent sans réels liens et on saute parfois du coq à l'âne en seulement quelques minutes de jeu. L'exemple de la relation avec Frankie est intéressant : d'abord juste entre aperçue, elle est tout de suite beaucoup plus proche durant l'attaque de l'hôpital et, quelques missions plus tard, elle emménage avec notre héros qui ne l'avait pourtant pas recroisée une seule fois ! Dans le même ordre d'idée, on ne comprend pas toujours très bien le pourquoi du comment des règlements de compte et le joueur se contente bien souvent de suivre bêtement les objectifs.

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Plus ou moins éloignées du film, les missions proposées par les membres de la famille n'ont pas toujours de liens entre elles

Alors que l'histoire du film aurait sans doute permis de réaliser un splendide clone de Mafia, on voit clairement que ce n'était pas assez pour Electronic Arts qui voulait son clone de Grand Theft Auto. Du coup, on se retrouve avec des quêtes secondaires ennuyeuses comme jamais et un scénario principal un peu plus soigné certes, mais bien trop schématique pour être vraiment convaincant. Même si la mise en scène les rend parfois entraînantes, les séquences d'action ne parviennent pas à faire passer la pilule. Un système baptisé la « Main noire » nous permet de contrôler directement les bras du héros durant les combats à mains nues. Sur PS2 et Xbox, ce système met à contribution les sticks et si le résultat n'est déjà pas très subtil, c'est encore pire sur un PC sans manette : le clavier transforme ces phases en séquences de bourrinage absolu.

Eh Don ! T'as tagué l'IA ?

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Lorsque sont utilisées les armes à feu, les combats sont un peu plus intéressants, mais cette fois, c'est la caméra et l'intelligence artificielle qui posent problème. Dans le premier cas, on maudit en particulier les séquences à l'intérieur des bâtiments où les caméras masquent une partie de l'action et où les coins fournissent une protection infaillible aux adversaires. Des adversaires qui d'ailleurs font preuve d'une incroyable bêtise : ils se planquent remarquablement mal, ne prêtent pas main forte à leurs partenaires en difficulté, tirent n'importe comment, tournent comme des andouilles au milieu des pièces... j'en passe et des meilleures ! Ces problèmes d'IA sont tels qu'ils parviennent à gâcher même les séquences reprises des films. La mise en scène de ces passages est pourtant intéressante et on a parfois vraiment l'impression de revivre la saga des Corleone.

Parfois seulement, car il faut bien avouer que l'aventure ressemble plus à du GTA mal fichu et habillé façon années 50. Il est d'ailleurs étonnant de voir combien Electronic Arts s'est éloigné de l'esprit du film en nous proposant de participer à des missions où les massacres succèdent aux massacres sans la moindre réflexion. On se souviendra du sauvetage de Rosa : la dernière partie de la mission pousse le joueur à maquiller la mort d'un policier en faisant croire à une chute du toit alors que quelques secondes plus tôt, six ou sept flics étaient tués sans que personne ne s'en émeuve ! Du coup, même en faisant abstraction de problèmes comme les caméras pénibles, les contrôles moyens ou les quêtes répétitives, on ne parvient pas à entrer dans le jeu : ce n'est que lors de quelques brèves séquences qu'on se met à vibrer davantage... merci au passage à la musique !

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La pose de bombes : sans doute les missions les plus originales, c'est dire !

Cette musique qui arriverait presque à nous coller la chair de poule est du reste le seul élément vraiment positif d'une réalisation technique en dents de scie. Niveau graphique tout d'abord, le bon (modélisation des personnages, beaucoup de gens en ville) côtoie souvent le passable (ciel, voitures, intérieurs) et de manière générale, ce Parrain est un peu décevant : sur certains aspects, il n'est pas beaucoup plus beau que Mafia pourtant vieux de quatre ans ! Les animations ne sont guère plus convaincantes et qu'il s'agisse des mouvements de notre héros ou de ceux des ennemis, on sent qu'il manque des transitions et l'ensemble n'est pas toujours très fluide sur PC et sur PS2. Enfin et alors qu'Electronic Arts s'est embêté à soigner le doublage, les voix ne sont pas synchronisées avec les lèvres (en version française) : là encore, c'est l'ambiance qui en prend un coup.

Conclusion

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Ni une bonne adaptation de la trilogie de Francis Ford Coppola, ni un bon clone de Grand Theft Auto, ce Parrain est clairement perdu entre ces deux influences. En essayant coûte que coûte de marier les deux monuments, Electronic Arts ne parvient qu'à se prendre les pieds dans le tapis et à nous proposer une sorte de True Crime au pays de Mafia, un mélange pas complètement immonde, mais franchement indigeste qui ne devrait pas convaincre beaucoup de joueurs. Pourquoi en effet s'orienter vers ce jeu alors que Grand Theft Auto développé sur les mêmes plateformes fait mieux à tout point de vue ? Pourquoi d'ailleurs s'embêter à acheter un jeu qui ne parvient qu'au niveau du très moyen True Crime et qui ne fait pas vraiment honneur à ses références cinématographiques ?

Si les plus grandes scènes du premier film sont reprises avec une certaine habileté, le reste de l'aventure n'est pas au diapason. Pire, les cinéphiles seront sans doute d'accord pour dire que le jeu trahit l'oeuvre de Coppola. Alors que les Corleone avaient une certaine conscience et évitaient autant que possible les bains de sang, il semble que la consigne n'ait pas été passée jusqu'aux développeurs. En réalité et même si l'idée d'avoir un Parrain en jeu vidéo était séduisante, il semble clair que le parti pris d'en faire un clone de Grand Theft Auto n'était pas du meilleur goût. En dehors de toute considération technique (contrôles mal fichus, réalisation parfois simpliste) et ludique (missions trop répétitives, aventure qui manque de souffle), ce Parrain ne peut que décevoir les amateurs des films sans parvenir à contenter les fans de GTA... Un coup d'épée dans l'eau en somme !

Le Parrain

4

Les plus

  • Revivre certaines grandes scènes du film
  • Taille de la ville, sans chargement
  • Beaucoup de choses à faire...

Les moins

  • ... Missions annexes trop répétitives
  • Ambiance pas souvent au rendez-vous
  • Réalisation trop inégale
  • Combats brouillons, contrôles PC affreux

0

Réalisation6

Prise en main7

Durée de vie7


N'oubliez pas de jeter un oeil à nos trois vidéos exclusives pour découvrir quelques-uns des moments forts du début de partie : la mort de Luca Brasi, l'attaque de Don Corleone et l'arrivée à l'hôpital.


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Comparer les prix du Parrain sur PC
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Comparer les prix du Parrain sur Playstation 2
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Comparer les prix du Parrain sur Xbox

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Nerces

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Tombé dans le jeu vidéo à une époque où il fallait une belle imagination pour voir ici un match de foot, là un combat de tanks dans ces quelques barres représentées à l'écran, j'ai suivi toutes les évolutions depuis quarante ans. Fidèle du PC, mais adepte de tous les genres, je n'ai du mal qu'avec les JRPG. Sinon, de la stratégie tour par tour la plus aride au FPS le plus spectaculaire en passant par les simulations sportives ou les jeux musicaux, je me fais à tout... avec une préférence pour la gestion et les jeux combinant plusieurs styles. Mon panthéon du jeu vidéo se composerait de trois séries : Elite, Civilization et Max Payne.

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