BloodRayne 2 : singin' in the rayne

Depuis quelques jours des individus mystérieux rôdent dans les villes, aiment se faire oublier la journée pour mieux ressortir la nuit, et nous déposséder de notre sang. Des rires malsains, des crocs acérés... pas de doute les vampires reviennent en force en ce début d'année et avec eux, la sulfureuse Blood Rayne.

Enfin le règne de Rayne

Mais qu'est-ce qui m'a pris ? Qu'est-ce qui m'a pris de vouloir retrouver la trace de Rayne, l'héroïne de BloodRayne, un jeu sorti en mai 2003 sur PC, PS2 et Xbox. Dans cette aventure qui ne fut pourtant pas inoubliable, j'ai fait la connaissance de cette jeune femme dont toute la famille a été décimée par le démoniaque Kagan. Mi-humaine mi-vampire, elle préfère s'abreuver du sang de ses ennemis à crocs, plutôt que de nuire à de pauvres et innocents homo Sapiens. Voilà pourquoi elle a décidé de se joindre à la société secrète Brimstone, sous le nom de code « Blood Rayne ». Dans le premier volet de son épopée, je l'ai vu mettre à jour puis démanteler un complot orchestré par Kagan (le roi des vampires et accessoirement le père biologique de Rayne) et Hitler (qu'on ne présente plus). Soixante ans après ces événements, le calme semblait acquis pour toujours, lorsque notre héroïne tombe sur un des fils de Kagan, un certain Dariel Zerenski. Elle va ainsi retrouver un à un ses frères et sœurs vampires, pour essayer de mettre fin, une bonne fois pour toute, à cette descendance maléfique.

Un sang-piternel recommencement

Après avoir recentré l'intrigue de ce BloodRayne 2, je suis donc prêt à me lancer dans l'aventure. Pourtant, dès la première cinématique, je commence à hésiter. D'une qualité très moyenne, cette introduction ne me met pas franchement en appétit. La faute à des personnages assez polygonaux, au rendu de peau proche du plastique (essayez de dire ce petit bout de phrase très vite dix fois de suite !) et aux animations à la limite de la caricature... les artistes auraient-ils abusé des Sims ? La synchronisation labiale est quasi inexistante et les voix sont en anglais sous-titrés français. La vidéo paraît d'ailleurs un peu plus compressée pour les versions consoles. Bon, ce n'est pas grave, je vais essayer de fermer les yeux pour cette fois. Tiens, je peux désormais contrôler la charismatique et charmante Rayne ! Enfin, charmante, il faut le dire vite. Car une fois la traditionnelle, mais efficace phase de tutoriel terminée, je me rends vite compte que Rayne n'a rien perdu de son agressivité, bien au contraire. Armée de ses deux puissantes lames, elle ne fait pas dans le détail. J'en arriverais même à plaindre les ennemis, qui sont cette fois des punks-voyous et non plus des soldats nazis. En effet, ils peuvent perdre un bras, la tête ou pire, être découpés en deux ! Le sang gicle donc à foison et ce n'est pas pour déplaire à notre héroïne. Si elle prend trop de coups, notre nettoyeuse de choc pourra tout simplement sauter à la gorge de ses assaillants et reprendre de la vie en s'abreuvant de leur sang. Sans avoir l'espoir mal tourné, on note quand même que ces prises pourraient soulever certains sous-entendus. Une raison de plus qui justifie pleinement le « 18 ans et plus » de la jaquette.

En revenant aux capacités de notre personnage principal, il faut ajouter que ces dernières sont assez variées. Pour le combat, Rayne pourra également compter sur deux pistolets (se rechargeant également avec du sang). Plus originale, mais déjà présente dans le premier opus, une sorte de chaîne permet d'agripper un adversaire ou un objet et de le lancer sur un autre individu ou sur un élément du décor (dans le feu d'une cheminée ou bien sur le pic d'une statue par exemple). Cette chaîne sera essentielle pour résoudre certaines énigmes. Pas d'affolement, rien de bien complexe. Une entrée est bloquée par un camion-poubelle ? Aucun souci, j'envoie (grâce à ma chaîne) trois ou quatre ennemis dans le broyeur de détritus ; cela suffira à faire exploser le camion et hop, je peux passer tranquillement ! Les coups de pieds répondent aussi à l'appel et sont très utiles pour déposséder les assaillants de leurs armes. Ensuite, Rayne dispose de quelques pouvoirs surnaturels tels que la rage sanguinaire (accroît l'attaque et la défense), l'aura (permet de trouver les passages invisibles ainsi que les auras des ennemis) ou la perception dilatée (ralentit le temps). Néanmoins, je me retrouve contraint la plupart du temps à répéter les mêmes combinaisons de coups, notamment à cause de la résistance toute relative des ennemis (qui partent parfois en plein combat et reviennent cinq secondes plus tard, sans pourtant avoir appelé du renfort). Je veux tellement combattre un ennemi à ma hauteur (en gros, les boss) que je me débarrasse au plus vite du menu fretin, en utilisant les mêmes combinaisons de coups, afin d'arriver à des scènes au gameplay différent.

Sang contrefaçon, je suis une vampire

Parmi elles, les phases de saut, tout droit inspirées de la série des Prince Of Persia. Tel un prince de Perse dans ses plus mauvaises heures, je dois jouer de la barre fixe, escalader des tuyaux pour atteindre des lieux qui paraissaient inaccessibles. Mais le prince peut continuer à dormir sur ses deux oreilles, car les animations et la maniabilité lors des figures sont d'une qualité bien inférieure à l'original. Autre source d'inspiration : Tony Hawk ! Aussi surprenant que cela puisse paraître, Rayne pourra « grinder » sur certains éléments et utiliser ses armes en même temps. Encore une fois, l'ensemble est limité et assez peu précis, ce qui pourra énerver les plus malchanceux ou impatients d'entre vous. Malgré tout, ces phases offrent un peu de souffle à l'aventure, en entrecoupant les phases d'action. Côté technique, BloodRayne 2 est graphiquement dans la norme, sans être exceptionnel. Les zones à visiter et les personnages sont assez bien modélisés, la plupart des éléments sont destructibles et les couleurs correspondent bien à l'univers. Les ennemis sont malheureusement peu variés (ou alors ils sont tous sosies !), les bugs de collisions sont légion et les aires de jeu paraissent souvent bien vides. L'ensemble est agréable (reflets, effets de lumière notamment) même si inférieur à la plupart des superproductions actuelles... portage quand tu nous tiens !

Au niveau de la maniabilité, le constat est moins clément. En première ligne la caméra assez dérangeante. Que ce soit avec le stick analogique droit ou avec la souris, il n'est pas rare de reconfigurer manuellement la caméra pendant un combat ou une phase de saut. Du coup, jouer à BloodRayne sur PC devient une réelle gymnastique, qui ne satisfera pas tous les joueurs. J'en profite pour conseiller très fortement l'usage d'une manette, essentielle à mon goût pour profiter de cette jouabilité très « console ». À noter également, un certain nombre d'options bien utiles comme l'inversion horizontale ou verticale de la vue, le réglage de la luminosité, le mode de visée automatique, etc. Les animations des différents protagonistes sont, elles, très moyennes, voire même ridicules pour les phases de saut de Rayne. La bande-son laisse franchement à désirer (bruits des coups et des lames exagérés), sûrement pour faire oublier les thèmes musicaux peu nombreux, répétés à outrance et pas vraiment transcendants.

Au pire, je suis une vampire

Je vais maintenant me focaliser sur la durée de vie du titre et sa difficulté. Pourquoi cela ? Tout simplement parce qu'il y a au moins deux manières de percevoir BloodRayne 2. Soit vous serez rebuté par ses défauts de maniabilité, son relatif manque d'innovation et sa répétitivité ; soit au contraire, vous vous laisserez porter par l'aventure de Rayne et son scénario omniprésent (pas étonnant qu'un film Bloody Rayne ait débarqué le 6 janvier dernier dans les cinémas américains). Ce scénario est renforcé par un nombre important de cinématiques (bizarrement pas toutes aussi faiblardes que celle de l'introduction). Assurément un des meilleurs points du titre. Ainsi, vous pourrez comme moi enchaîner les niveaux, environ une trentaine (ce qui est dans la bonne moyenne), avec l'envie d'en savoir plus sur l'aboutissement des projets de notre belle héroïne. Enfin, « l'aboutissement », rien n'est moins sûr, puisque le titre s'autorise même grandement la possibilité d'une suite... je ne dis que ça ! En ce qui concerne la difficulté, le jeu est encore une fois assez inégal. La plupart des ennemis ont autant de Q.I. qu'un hamster saoul et ne vous poseront vraiment de problèmes que lorsqu'ils sont en groupe et armés. Dans le cas contraire, il suffit de leur sauter à la gorge (ce qui en plus accroît votre santé) pour les tuer sans effort. Les boss sont eux bien plus coriaces, notamment le tout premier (étonnant !) et les deux derniers. BloodRayne reste malgré tout un jeu facile, qui se terminera en 8 à 12 heures suivant votre niveau.

Les sauvegardes sont nettement insuffisantes pour peu que l'on joue par successions de courtes périodes, même s'il faut noter la présence de la sauvegarde rapide (qui vous remettent au début de la zone explorée et non au début du niveau). Si vous décidez d'abandonner en cours de niveau, il faudra forcément recommencer du point de départ. Énervant, surtout quand ce niveau comporte des phases de gymnastique à la Prince Of Persia, où les ennemis vous tirent en plus dessus ! Mais le vrai talon d'Achille de BloodRayne 2 est ailleurs. Le réel problème est que le jeu arrive difficilement à se diversifier et, finalement, tourne en boucle : « Je tape quelques ennemis, je prends un peu de sang pour ne jamais succomber ; je fais quelques acrobaties histoire d'arriver jusqu'au boss, et si je tombe sur une énigme, j'utilise ma chaîne. » Voilà en substance, ce qui vous attendra dans Blood Rayne 2. Quant à moi, après avoir poliment reçu une petite bise de Rayne, je pose mes crocs en plastique et prépare ma serpillière : maintenant il faut que je nettoie le carrelage... C'est ça aussi le deuxième effet BloodRayne 2 !

Conclusion

Mis en scène par une héroïne attrayante, avec un petit quelque chose de Joanna dans Perfect Dark (qui a copié sur l'autre ?), mais aussi par un scénario et des cinématiques qui articulent l'intrigue, BloodRayne 2 n'est ni original ni vraiment novateur. Il reprend çà et là des idées, tantôt au Prince de Perse, tantôt à Tony Hawk, tantôt au premier volet, et arrive difficilement à nous garder en haleine. Pas forcément mauvais, pas franchement bon, c'est un titre inégal qui pourra peut-être ravir les vampires en herbe, vraiment en manque d'hémoglobine. Les autres passeront tout simplement leur chemin.


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