Hearts Of Iron III : la Seconde Guerre Mondiale n'aura pas lieu ?

Nerces
Spécialiste Hardware et Gaming
12 septembre 2009 à 10h15
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Qualifié de marché de « niche », la grand strategy profite heureusement du soutien sans faille des Suédois de Paradox Interactive. Avec des jeux comme Crusader Kings, Victoria ou plus récemment Europa Universalis III, le studio s'est fait une spécialité des titres de gestion / stratégie les plus touffus. Cette orientation « élitiste » du développeur est aujourd'hui encore accentuée par la sortie d'Hearts Of Iron III, un jeu qui, Ô surprise, nous permet de revisiter la Seconde Guerre Mondiale comme jamais.

« I believe it is peace for our time »

Le cadre historique d'Hearts Of Iron III reste donc sensiblement identique à celui proposé par les précédents opus : la Seconde Guerre Mondiale de 1936 à 1948 avec diverses options pour débuter la partie plus tardivement (avant l'attaque sur Pearl Harbor ou l'Opération Barberousse). Un cadre qui manque d'originalité, mais qui reste le meilleur choix pour un jeu de cette envergure. Hearts Of Iron est effectivement connu pour la richesse de son concept qui mêle la profondeur de gestion des autres séries Paradox à une stratégie militaire pointue.


Ainsi, dans Hearts Of Iron, le joueur se voit confier la direction d'une nation durant les années les plus sombres du XXe siècle. S'il est possible de choisir absolument n'importe quelle nation, pour chacun des points de départ proposés une sélection a été faite par Paradox. En effet, il faut savoir que par rapport à Europa Universalis, les nations intéressantes sont moins nombreuses. Des pays à l'époque au second plan peuvent être amusants (Afrique du Sud, Brésil), mais il est plus indiqué de se limiter aux « majeurs », et encore pas n'importe quand.

Si la Pologne en 1936 représente un défi intéressant, jouer les États-Unis à la même date revient à s'imposer de longues périodes à se tourner les pouces. Jusqu'ici, les différences avec les deux précédents opus sont pour ainsi dire nulles, mais pourtant, au premier coup d'œil, l'habitué aura perçu deux changements majeurs. Le moteur graphique est celui d'Europa Universalis III avec la fraîcheur, mais aussi les exigences que cela suppose et Hearts Of Iron III est nettement plus gourmand (Core 2 Duo 2,4 GHz avec 2 Go de mémoire) que son ancêtre.

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Cela dit, le moteur graphique n'est pas le seul responsable de cette gourmandise, car pour Hearts Of Iron III, Paradox a souhaité repenser le fonctionnement des combats. Cela passe d'abord par une refonte de la carte du monde qui compte maintenant un total de 14 000 provinces ! Les régions sont plus précises et un tel luxe permet des offensives plus variées, plus stratégiques. On regrettera en revanche les inexactitudes géographiques qui situent par exemple Quimper à la place de Brest et qui n'ont pas toutes été corrigées par le patch v1.2.

Nous reviendrons un peu plus tard sur les changements apportés par cette mise à jour qui est la raison pour laquelle nous avons reporté ce test. Avant cela, il convient de faire le point sur les principaux mécanismes et les améliorations apportées au concept même d'Hearts Of Iron. Ainsi, une partie se déroule presque intégralement sur la carte du monde que vous pouvez voir un peu partout sur nos captures. C'est par exemple à partir de là que le joueur planifie l'amélioration des infrastructures de son pays et détermine les mouvements de troupes.

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La carte du monde permet également de jouer avec divers « filtres » afin d'avoir des précisions sur les conditions météorologiques, sur la puissance des unités ennemies « à portée », sur les ressources naturelles et bien d'autres choses encore. Mais la carte n'est pas le seul outil à disposition du joueur qui peut compter sur cinq fenêtres : diplomatie, production, technologie, politiques et renseignements. Chacune d'entre elles donne accès à une multitude d'options permettant de gérer les différents domaines d'activité.

Les choses débutent généralement avec le menu production qui permet de répartir l'ensemble des ressources produites par le pays. Il s'agit de bien gérer ces données en fonction des impératifs de notre politique extérieure, mais également en fonction des besoins de la population afin de ne pas pousser le peuple à la révolte. Pour bien gérer la situation intérieure, un tour du côté du menu politique n'est pas inutile. Sans doute le moins riche des menus, il permet malgré tout de devancer certains problèmes.

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Plus intéressant, l'écran de recherche technologique est aussi celui qui a été le plus largement modifié par rapport à Heart Of Iron II. L'arbre des technologies est à la fois plus riche et plus logique, rendant son utilisation plus simple. En outre, la recherche passe maintenant par l'attribution de points de leadership à répartir entre les scientifiques, les diplomates, les espions et les officiers : mettre l'accent sur un des secteurs implique de réduire les points alloués aux autres, et donc leur efficacité.

« I shall not be interested in the Czech State any more, and I can guarantee it »

Ces « autres » sont pourtant indispensables et c'est la diplomatie qui permettra par exemple de situer son pays parmi le concert des nations du monde. Trois grandes factions se partagent les faveurs de tous les pays : les Alliés, l'Axe et le Komintern. Chaque faction est dirigée par un pays majeur (Royaume-Uni, Allemagne, URSS) et ces pays doivent tout mettre en œuvre pour rallier un maximum de partisans. De leur côté, les « mineurs » tentent d'orienter leur diplomatie afin de rallier un camp ou un autre, voire de rester neutre.

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Invasion de la Hongrie, débarquement de Normandie et alliance contre-nature peuvent être au programme

Enfin, l'écran d'espionnage est le pendant indispensable du menu diplomatique. Il s'agit cette fois d'obtenir un maximum d'informations sur nos voisins ou les pays avec lesquels nous en sommes en guerre. Il s'agit également de tenter quelques opérations de sabotage / déstabilisation et, bien sûr, d'organiser le contre-espionnage afin de tromper l'ennemi... Ces menus sont généralement bien conçus et par rapport aux précédents opus de la série, Hearts Of Iron III ne pose guère de problème d'interface, à condition de s'investir.

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En effet, il ne faut pas se cacher qu'un jeu comme Hearts Of Iron III est d'un apprentissage très complexe. Il ne se destine pas à tous les joueurs et malgré les efforts réalisés par Paradox afin de proposer un didacticiel, c'est par la pratique et les erreurs que l'on apprend à diriger son pays. C'est d'autant plus vrai avec ce troisième opus puisque Paradox a très largement enrichi certains éléments comme la gestion des troupes, avec la mise en place de la double notion de théâtre d'opération et de « divisions ».

La seconde notion, celle des « divisions », est une excellente idée. Elle demande encore pas mal d'ajustements de la part de Paradox afin d'être parfaitement gérée, mais en l'état, elle reste malgré tout une très bonne chose qui permet de gérer beaucoup plus finement ses troupes et de préparer la guerre de manière plus efficace qu'auparavant. Nous sommes en revanche plus mitigés en ce qui concerne les théâtres d'opération. Du côté du joueur, cette structure de commandement est incroyablement rigide et l'habitué aura tôt fait de la désactiver.

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Non, son intérêt est à voir du côté de l'intelligence artificielle, car aussi anachronique soit-elle pour de nombreuses nations du jeu, cette notion permet de beaucoup mieux gérer les mouvements des pays contrôlés par l'ordinateur. Ce faisant, nous obtenons des résultats plus logiques lorsque nous assistons, dans le rôle de la Suisse par exemple, à l'invasion de la France par les troupes allemandes. Il en va de même du côté de l'Opération Barberousse ou du Débarquement de Normandie : Hearts Of Iron III est à ce titre étonnamment réaliste.

Hélas, et nous touchons maintenant aux nombreux défauts du jeu, toutes les situations ne profitent pas du tout du même niveau de réalisme. Ainsi, nombre de joueurs ont pu remarquer un comportement à la limite du « ridicule » sur le long terme. Entre le Japon qui n'arrive pas à prendre pied en Chine en laissant de multiples divisions en garnison à Tokyo ou l'Australie qui débarque en pleine mer Baltique, les incohérences sont légions et nous ne parlons même pas de la dérive de toutes les nations neutres comme la Suisse ou la Suède vers les Alliés.

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On s'éloigne ici très franchement de la véracité du conflit sans toutefois permettre aux amateurs d'uchronies de se faire plaisir. Le carcan des trois factions limite beaucoup trop le joueur qui devra de gré ou de force rejoindre l'une d'elles et dépendre ainsi directement du « majeur » de sa faction. Autre regret, les événements historiques inscrits « en dur » dans le jeu manquent souvent de subtilité et sans faire une liste de ce qui ne va pas, on aurait aimé plus de souplesse à ce niveau afin que le jeu reconnaisse les nouvelles réalités du monde sur des parties bien avancées.

Ceci nous conduit maintenant à parler du suivi du jeu, car si Paradox a l'habitude de sortir des jeux manquant de finition, le développeur a toujours mis un point d'honneur à corriger les choses le plus vite possible. C'est ce qui arrive en ce moment même avec Hearts Of Iron III. Ainsi, la mise à jour v1.2 disponible depuis peu revient sur certains gros problèmes comme la vitesse de traitement, mais rend l'intelligence artificielle peut-être encore moins efficace. Du coup, nous ne pouvons être aussi enthousiastes que nous l'aurions voulu et alors qu'il a le potentiel pour devenir un très grand jeu, Hearts Of Iron III n'est pour l'heure qu'un « bon » titre.

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Imprécisions, gestion délicate du ravitaillement et bugs dans le comportement de l'IA gâche encore trop les parties


Conclusion

En nous proposant de prendre le contrôle de n'importe quelle nation à l'aube du plus grand conflit mondial, Hearts Of Iron III poursuit la longue tradition de jeux aussi riches qu'exigeants en provenance de chez Paradox. Gestion diplomatique, organisation des recherches et véritable stratégie militaire sont au programme d'un des titres les plus ambitieux, mais aussi les plus complexes du genre. Un titre qui demande un investissement important de la part du joueur, mais qui souffre encore de trop nombreux bugs et autres problèmes pour être la franche réussite que nous appelions de tous nos vœux. Le potentiel est là, il ne tient plus qu'à Paradox de transformer l'essai en assurant un suivi digne de ce nom, mais en l'état actuel des choses, il faut être un acharné pour prendre un réel plaisir à des parties aux évolutions souvent déroutantes.

Hearts Of Iron III

6

Les plus

  • Profondeur de jeu inimaginable
  • Stratégie militaire évoluée
  • Système de commandement intéressant...

Les moins

  • ... Mais difficilement exploitable
  • Beaucoup trop de bugs divers et variés
  • Complexe et délicat à prendre en mains

0

Réalisation5

Prise en main5

Durée de vie solo10

Durée de vie multi9




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Nerces

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Tombé dans le jeu vidéo à une époque où il fallait une belle imagination pour voir ici un match de foot, là un combat de tanks dans ces quelques barres représentées à l'écran, j'ai suivi toutes les évolutions depuis quarante ans. Fidèle du PC, mais adepte de tous les genres, je n'ai du mal qu'avec les JRPG. Sinon, de la stratégie tour par tour la plus aride au FPS le plus spectaculaire en passant par les simulations sportives ou les jeux musicaux, je me fais à tout... avec une préférence pour la gestion et les jeux combinant plusieurs styles. Mon panthéon du jeu vidéo se composerait de trois séries : Elite, Civilization et Max Payne.

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