Dark Project : Deadly Shadows

Nerces
Spécialiste Hardware et Gaming
21 juin 2004 à 16h20
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Véritable icône de l'action / infiltration sur PC, le Sam Fisher d'UbiSoft (NDLR : héros de Splinter Cell) n'est pourtant pas l'initiateur de ce genre actuellement très à la mode. En réalité, si pionnier il y a, c'est plutôt du côté de feu Looking Glass Studios qu'il faut le chercher. En effet et alors qu'il était en plein travail sur System Shock 2, le développeur texan, en partenariat avec Eidos, sortait en 1998 le premier volet de la saga Thief connu en France sous le nom de Dark Project : La Guilde Des Voleurs.

Le mélange action / infiltration prenait visiblement très bien et le succès fût si largement au rendez-vous que Looking Glass s'attela à la conception d'une suite sous-titrée L'Age De Métal. Ce second volet restera toutefois comme le dernier titre de la société et, pour les fans, une longue attente commençait. En l'absence de Looking Glass, Eidos, détenteur des droits, n'avait semble-t-il pas les moyens de proposer une troisième aventure. C'est finalement Ion Storm qui hérita du bébé et après quatre longues années, l'inquiétant Garrett pouvait enfin revenir sur le devant de la scène...


Thief ? Dark Project ?

Avant d'entrer dans le vif du sujet, une petite mise au point s'impose tant le nom de cette série semble poser problème à de nombreux lecteurs. Précisons-le donc une bonne fois pour toutes : Thief et Dark Project ne font qu'un, il s'agit d'un seul et même jeu. Nous l'avons d'ailleurs déjà évoqué en introduction, au moment de sa sortie en France, Thief : The Dark Project fût rebaptisé Dark Project : La Guilde Des Voleurs. Du coup et par souci de continuité dans la série, Eidos a par la suite été contraint de conserver le nom de Dark Project qui a systématiquement remplacé celui de Thief. C'est donc tout naturellement que ce troisième volet de la saga porte le nom de Thief : Deadly Shadows aux Etats-Unis et celui de Dark Project : Deadly Shadows en France. Cette mise au point effectuée, je peux laisser quelques instants mon traitement de texte et me saisir de la jolie galette envoyée par Eidos. A ce propos, il me faut préciser une chose d'importance pour les possesseurs de lecteurs CD : Dark Project n'est disponible qu'au format DVD et il vous faudra donc investir pour en profiter ! Il est de ce fait tout naturel de ne trouver qu'un seul disque dans la boîte mais un disque qui viendra tout de même copier la bagatelle de 2.2 Go de données au cours de la phase d'installation. Alors que la mode est aux protections "casse-tête", celle de Dark Project est plutôt une bonne surprise puisque je n'ai pas rencontré le moindre problème au démarrage du jeu et ce malgré des tests sur de nombreuses configurations. Après une séquence d'introduction relativement sommaire et surtout un peu trop floue à mon goût, il est enfin possible de débuter l'aventure en commençant bien sûr par la mission d'entraînement destinée à nous familiariser avec les différentes commandes. Les habitués regretteront sans doute de ne pouvoir passer ce didacticiel mais il rendra de fiers services aux débutants tant il s'avère bien conçu.

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L'introduction est à l'image des autres cinématiques : recouverte d'un "flou", un petit peu gênant

On y apprend à déplacer Garrett, notre héros, à le faire longer les murs, grimper à différents éléments du décor, utiliser quelques accessoires comme les flèches à eau mais surtout, on y apprend à rester le plus discret possible. Il n'y a rien de vraiment neuf ici pour les habitués mais les nouveaux venus doivent trouver les choses moins claires à moins de connaître l'anglais. Dark Project nous place en effet dans la peau de Garrett un "spécialiste es délestage de bourse" (un thief, voleur, quoi !). Ce dernier passe le plus clair de son temps dans de superbes demeures à dérober des objets de valeur et dans cette branche il vaut mieux savoir être discret pour rester en vie. Garrett apprécie donc tout particulièrement l'obscurité, il est encore plus silencieux qu'un chat et évite bien sûr tout contact avec les hôtes des lieux visités ! C'est ainsi qu'au cours de cette première mission, Garrett devra faire bien attention à ne pas se faire repérer par les différents gardes en faction. Son objectif est de récolter des informations à propos d'un certain Lord Julian et de l'opale qu'il convoite. Comme vous pouvez le voir sur les captures d'écrans, tout est fait dans cette mission pour que le joueur assimile bien les principes du jeu : gestion des zones d'ombre et de lumière, extinction des torches ou bougies pour rester dans l'obscurité, dissimulation des gardes mis hors d'état de nuire... Tout y est expliqué en détail et de manière à ce que le joueur puisse ensuite se débrouiller par lui-même ce qui ne tarde d'ailleurs pas à se produire la première mission étant en fait relativement courte. Le jeu devient alors beaucoup plus difficile dans la mesure où il faut trouver soit-même son chemin, décider de la meilleure action à accomplir pour finalement obtenir cette opale. Le jeu peut alors véritablement commencer et Garrett doit aller voir Perry, son receleur attitré, afin que celui-ci lui prenne la pierre. Le point de départ est alors la maison de Garrett qui se trouve dans les Quartiers Sud de la ville, libre ensuite au joueur de remplir bien soigneusement les objectifs consignés dans son livre de quêtes ou bien au contraire de se lancer à la découverte de cette grande cité.

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La première mission sert de didacticiel : on y apprend tout ce qu'il faut savoir pour mener à bien l'aventure !


Garrett ta frime !

De manière générale, c'est cette relative liberté d'action qui a toujours fait la différence entre les précédents épisodes de Dark Project et la concurrence : on reste ainsi assez loin du modèle ultra-linéaire d'un Splinter Cell par exemple et même pour le plus petit des objectifs, il existe plusieurs moyens de réussir. La liberté d'action participe évidemment à l'ambiance du jeu finalement beaucoup plus stressante que celle de Metal Gear Solid et le peu d'informations données à chaque mission n'y est pas étranger non plus. C'est ainsi que les Gardiens vous demanderont par exemple très rapidement de leur trouver la "Patte du Jacknall". Si on sait que ce sont les Païens qui l'ont en leur possession, on ne sait pas quoi à elle ressemble et c'est tout juste si les Gardiens nous précisent qu'elle se trouve dans les tunnels des Quartiers Sud : plutôt maigre ! Il faut alors "enquêter", aller sur les lieux pour se rendre compte des dangers potentiels, tenter de dénicher une carte qui bien qu'imprécise permettra tout de même de clarifier certaines choses et écouter (en version originale sous-titrée) les "autochtones" afin de dégoter quelques informations... Tout cela bien sûr sans que les adversaires potentiels (milice et brigands entre autres) ne vous remarquent ! A la manière des autres jeux du genre, on trouve dans le bas de l'écran un indicateur censé représenter votre discrétion. Il prend ici la forme d'une pierre dont la couleur vire au jaune dès lors que vous êtes repérable. Il faut alors rapidement se mettre à couvert sous peine d'être pris en chasse par des ennemis souvent beaucoup mieux armés que vous. Globalement il y a presque toujours un petit délai entre le moment où ils vous aperçoivent et le moment où ils se décident à vous attaquer. Selon le niveau de difficulté choisi, les gardes sont d'ailleurs plus ou moins nombreux, plus ou moins costauds et plus ou moins stupides. Le niveau de difficulté influe également sur les objectifs de chaque mission. Garrett n'étant pas à proprement parler le plus désintéressé des héros de jeux vidéos, vous aurez toujours des objectifs secondaires à accomplir à chaque quête. Au niveau le plus simple ce n'est généralement qu'un peu de butin à récolter sous la forme de quelques pierres précieuses, quelques pièces de monnaie ou bien de l'argenterie.

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Dark Project : entre vue à la troisième personne, gestion de l'inventaire et recèle d'objets "dénichés" chez les notables du coin

Au niveau le plus dur, il faudra par contre rafler pratiquement tout ce qui a la moindre valeur, trouver des objets dits "d'exception" et surtout ne tuer absolument personne au cours de vos multiples pérégrinations ! Je ne saurais d'ailleurs trop vous conseiller de monter un peu la difficulté tant les deux premiers niveaux sont clairement destinés aux débutants. De manière générale, on ne peut pas dire que ce Dark Project innove particulièrement par rapport aux précédents opus et on pourrait même dire que Ion Storm s'est parfois contenté du minimum syndical. Si Garrett a toujours à sa disposition ces flèches aux propriétés si particulières (bruyante, à tête large, à eau, à feu, à mousse ou à gaz), on regrettera la disparition des flèches corde pourtant si pratiques. On regrettera également quelques écarts au niveau de l'intelligence artificielle. Globalement, les gardes ont un comportement assez logique (ils enquêtent au moindre bruit, examinent les lieux pour voir un intrus et n'hésitent pas aller chercher du renfort), mais quelques erreurs grossières subsistent comme par exemple le fait qu'un garde sur ses... euh gardes justement, sera moins sensible à la douleur. Ce n'est plus une mais quatre flèches qu'il faudra alors décocher pour le descendre et la matraque n'aura plus le moindre effet sur son crâne sans doute immunisé contre le "coup de gourdin" grâce à la sécrétion d'adrénaline. Plus gênant encore, le découpage des niveaux en zones de plus petite taille. Est-ce là une influence du développement conjoint Xbox / PC ou simplement un manque de savoir-faire des programmeurs ? Une chose est cependant sure, ce découpage est assez pénible par les chargements un peu trop fréquents qu'il engendre. Pour en finir avec les reproches, on peut également critiquer l'absence de mode multi-joueurs, la fluidité pas toujours parfaite même sur une grosse machine ou bien encore un bug de sauvegarde heureusement corrigé par une mise à jour disponible depuis quelques jours. S'arrêter sur ces quelques reproches serait cependant bien ingrat, car malgré d'évidentes lacunes, Dark Project : Deadly Shadows est un très bon titre. L'intégration d'une vue à la troisième personne (NDA : merci la Xbox) n'apporte pour ainsi dire rien à l'affaire, mais qu'importe puisque le jeu est tout simplement passionnant en vue subjective !

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Si la réalisation est globalement de bonne facture, les extérieurs paraissent plus aboutis que les intérieurs


Conclusion

Malgré quelques bons titres, Ion Storm n'est assurément pas le développeur le plus populaire du milieu et son association avec Eidos n'a pas toujours été couronné de succès. C'est toutefois avec la sortie, il y a quelques mois, de Deus Ex : Invisible War que les critiques ont été les plus vives. De très nombreux aficionados du premier volet se sont senti trahis et c'est bien sûr à ce ratage auquel on pense avant même de commencer l'installation de Dark Project : Deadly Shadows. Il faut pourtant bien vite se rendre à l'évidence : Ion Storm a cette fois fait du bon boulot... Du très bon boulot même. Evidemment, les esprits chagrins auront vite fait de pointer du doigt le manque d'originalité, les chargements à répétition, l'intelligence artificielle parfois bien bancale ou bien encore la configuration requise plutôt costaud. Tout à fait justifiées, ces critiques ne doivent cependant pas faire oublier le plus important : Dark Project est un titre extrêmement prenant. S'il n'est pas exempt de défauts et qu'on aurait par exemple bien aimé ne pas avoir à le patcher à peine 24 heures après sa sortie en France, Dark Project procure une expérience de jeu à nulle autre pareille.

Avec Dark Project : Deadly Shadows les développeurs de Ion Storm ont parfaitement reproduit le schéma de la série. Les habitués apprécieront de reprendre leur personnage favori pour de nouvelles aventures où la liberté d'action n'est pas un vain mot. Si le scénario est relativement sommaire, il ne nous force que très rarement la main : les quêtes peuvent être remplies dans un peu n'importe quel ordre et les niveaux permettent toujours d'aborder le problème sous différents angles : on joue à cache-cache avec les gardes, on détourne leur attention au moyen de flèches bruyantes, on expérimente différentes façons de se débarrasser d'eux... S'il n'a pas l'originalité d'un Splinter Cell et risque de décevoir les amateurs de jeux en réseau, Dark Project : Deadly Shadows est, en définitive, un très bon jeu d'action / infiltration simple joueur qui prouve que Garrett n'a rien à envier à Sam Fisher !


Dark Project : Deadly Shadows

8

Les plus

  • Ambiance remarquable
  • Grande liberté d'action
  • Moteur graphique tout à fait convaincant
  • Intelligence artificielle globalement réussie

Les moins

  • Quelques éléments du 2 ont disparu
  • Chargement un peu fréquents
  • Quelques petits bugs / lacunes

Note globale8

Réalisation8

Prise en main10

Durée de vie8


A noter que la plupart des captures d'écrans ont été réalisées alors que le pack de textures de John P. avait été appliqué. Ce pack est disponible ici et améliore grandement certains détails graphiques.

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Tombé dans le jeu vidéo à une époque où il fallait une belle imagination pour voir ici un match de foot, là un combat de tanks dans ces quelques barres représentées à l'écran, j'ai suivi toutes les évolutions depuis quarante ans. Fidèle du PC, mais adepte de tous les genres, je n'ai du mal qu'avec les JRPG. Sinon, de la stratégie tour par tour la plus aride au FPS le plus spectaculaire en passant par les simulations sportives ou les jeux musicaux, je me fais à tout... avec une préférence pour la gestion et les jeux combinant plusieurs styles. Mon panthéon du jeu vidéo se composerait de trois séries : Elite, Civilization et Max Payne.

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