Tony Tough And The Night Of Roasted Moths

Nerces
Spécialiste Hardware et Gaming
18 août 2003 à 18h20
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Après le succès retentissant de Runaway en France et à peu près partout où le jeu est sorti plusieurs éditeurs semblent se rendre compte que le genre du "point & click" a encore de l'avenir. Focus n'entend toutefois pas se laisser voler la vedette aussi facilement et alors que LucasArts annonce tout juste l'annulation de Full Throttle 2, l'éditeur français nous propose les aventures d'un petit détective rondouillard dénommé Tough, Tony Tough !

Certains se demanderont évidemment comment Focus a fait pour sortir un nouveau jeu d'aventure en si peu de temps. Runaway est disponible depuis seulement quatre mois et même si le succès fut immédiat, on voit mal comment un développement sérieux peut se faire en à peine plus de 16 semaines. La réponse est en fait toute simple : Prograph a terminé Tony Tough il y a déjà de nombreux mois, pour ne pas dire de nombreuses années. Dans leur langue d'origine, l'italien, les aventures de Tony Tough sont ainsi disponibles depuis Février 2000 ! Il aura toutefois fallu attendre mi-2002 pour le voir débarquer au Royaume-Uni et encore un an de plus pour la France et l'Allemagne.


Un héros pour le moins charismatique !

Il va falloir être fort car pour sa seconde aventure "point & click" de l'année, Focus ne nous a pas gâté. Il est en effet question d'incarner un personnage certes haut en couleur, mais qui ne risque pas de gonfler notre ego. Tony Tough est un petit (mais alors tout petit) détective joufflu et pourvu de lunettes gigantesques. (mal) Vêtu d'un imperméable jaune qu'il a du voler au célèbre Dick tracy, le petit gars travaille pour le cabinet de détectives Wallen & Wallen et se trouve empêtré dans la même affaire depuis maintenant dix ans : une sordide histoire de vols de bonbons à chaque Halloween par un drôle de personnage "coiffé" d'une citrouille. Notre aventure débute de manière tout à fait classique dans le bureau de votre dévoué Tony Tough. Ce dernier est persuadé d'avoir les indices nécessaires pour boucler son enquête dans la journée. Journée qui s'avère bien sûr être celle d'Halloween et où les événements vont se précipiter quelque peu avec l'enlèvement de son fidèle assistant : Pantagruel, le chien (ou tapir) domestique et violet de Tony. L'enlèvement se produit dans les locaux mêmes de Wallen & Wallen et sert en fait d'introduction au jeu, le but étant de parvenir à sortir de l'agence et à entrer dans le parc d'attraction où pourra véritablement commencer l'aventure.

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Petit, attifé comme un premier de la classe et déformé par ses immenses lunettes, Tony Tough a tout du super-héros !

Tony Tough entre dans le parc afin de sauver son fidèle compagnon mais ne se doute évidemment pas une seule seconde que par la même occasion, il élucidera le mystère qui l'occupe depuis dix ans. Le déroulement de l'enquête se fait dans le plus pur style des aventures "point & click" les plus célèbres et ressemble donc également à ce que proposait plus récemment Runaway. Il faut se promener dans les différents lieux accessibles afin de découvrir de nouveaux personnages à interroger et surtout de nouvelles énigmes à élucider. La plupart du temps ces dernières seront relativement simples, ne nécessitant que l'emploi d'un objet trouvé un peu plus tôt, mais de temps à autres, il faudra faire fonctionner ses méninges pour en résoudre de plus complexes. Certains objets peuvent ainsi être combinés et les personnages non-joueurs, en vous empêchant de faire telle ou telle action, vous donnerons des informations vitales pour la poursuite de votre enquête.

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Le parc d'attraction est relativement grand et si les habitués de ce genre de jeux n'en auront pas vraiment besoin, Tony Tough dessine au fur et à mesure de sa progression un petit plan qui permettra aux nouveaux venus de repérer plus facilement l'agencement des lieux. Du Bateau Pirate au Tunnel des Amoureux en passant par la Femme à Barbe ou bien encore Lorentz le Medium, on peut dire qu'il y a largement de quoi faire et contrairement à Runaway qui semblait parfois un peu trop linéaire, on se retrouve ici à résoudre plusieurs énigmes à la fois. Les décors sont évidemment moins variés que dans Runaway, mais l'aventure y gagne nettement en rythme. Ainsi et même si l'on reste encore très loin de la variété proposée par Day Of The Tentacle par exemple, on ne pourra qu'apprécier l'effort scénaristique réalisé par les développeurs pour que toutes ces "quêtes" s'entrecroisent sans anicroche. Ces mêmes développeurs n'ont d'ailleurs pas ménagé leur peine pour nous amuser avec des blagues pas toujours très fines mais souvent employées à bon escient. Les références sont un énormes (ils ont même repris la fameuse faute de genre de Day Of The Tentacle) mais font toujours mouche et cet esprit décalé manque singulièrement au monde du jeu vidéo par trop sérieux ces derniers temps.


Une réalisation en forme d'hommage !

Les aventures de Tony Tough sont très plaisantes et on ne peut pas dire que l'on s'ennuie une seule seconde tant il y a de choses à faire. Hélas si les développeurs de Prograph ont plus que satisfait aux exigences scénaristiques d'une telle aventure, on ne peut pas en dire autant de l'aspect technique du jeu. Tony Tough And The Night Of Roasted Moths est, nous l'avons déjà dit, une fausse nouveauté en ce sens qu'il est déjà sorti depuis trois longues années en Italie. Il ne faut donc pas s'étonner de trouver une réalisation graphique en-deçà des standards actuels et évidemment loin de ce que proposait Runaway. Tony Tough n'est pas vraiment moche mais il accuse tout simplement trois ans de retard sur les jeux actuels. Pour prendre ça sur un ton plus léger, on pourrait dire que sa réalisation graphique est elle aussi un hommage aux anciennes productions LucasArts ! Ne soyons pas trop méchant car le petit Tony ne le mérite pas mais le blocage de la résolution au seul 640x480 ne permet évidemment pas de faire des prouesses. Un filtre peut être activé afin de lisser les décors qui apparaissent alors moins pixélisés mais restent malgré tout assez pauvres. Les détails ne sont pas leur point fort et si certaines planches sont nettement plus réussies (le bureau de Tony, la fusée...), ce n'est dans l'ensemble pas très efficace.

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Malgré quelques belles planches, la réalisation graphique n'est pas le point fort du jeu

Etrangement d'ailleurs, l'activation du filtre n'a pas lissé les personnages qui sont restés tout carrés tout au long de mon aventure. Comme ils sont souvent en mouvement cela ne s'avère pas gênant mais le contraste entre le pointeur de la souris et notre petit Tony reste saisissant ! Si les animations des personnages, quoique réduites à leur plus simple expression, sont nettement plus efficaces et traduisent assez bien l'aspect cartoon que les développeurs ont voulu donner à l'aventure, c'est toutefois du côté de la bande son qu'il faut chercher pour trouver matière à satisfaction. Les voix (intégralement en anglais) sont globalement excellentes et on ne peut donc pas reprocher à Focus de s'être contenté d'une traduction "textuelle" (sous forme de sous-titres). La voix de Tony (plus ou moins proche du Droopy de Tex Avery) mérite d'ailleurs toutes les éloges tant elle accompagne parfaitement les actions du petit gars ! Les autres personnages ne sont toutefois pas oubliés et qu'il s'agisse de la "Bête", de la Gouvernante ou de Cornelius le Pirate, on n'est jamais déçu ! Il n'est pas contre pas possible d'en dire autant à propos de la traduction. Je vous rassure tout reste parfaitement compréhensible mais alors qu'il n'y avait "que" la partie texte à retravailler nous aurions tout de même bien aimé retrouver un travail parfait.

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De nombreuses petites fautes émaillent ainsi les dialogues sans toutefois (c'est heureux !) les rendre abscons ! Non, après la réalisation, le véritable défaut de Tony Tough est sans nul doute sa durée de vie en particulier si l'on tient compte du fait qu'il s'adresse à des amateurs éclairés. C'est ainsi que même au niveau difficile et en prenant soin de faire les différentes énigmes "bonus", le joueur expérimenté n'en aura pas pour plus de 10-12 heures de jeu : c'est toujours mieux qu'avec Unreal 2, mais encore trop peu ! Le débutant n'aura lui aucune crainte à avoir car les énigmes devraient largement le tenir en haleine pendant 25 heures ! Ce défaut est donc tout à fait relatif et à vrai dire propre à toutes ces productions plus grand public qui ont du mal à jouer sur le niveau de difficulté pour apporter une meilleure durée de vie aux vieux de la vieille ! Pour finir sur un point plus positif et là encore du fait de ses quelques trois ans d'âge, Tony Tough s'avère extrêmement léger. Un simple processeur à 300 MHz équipé de 128 Mo de mémoire est suffisant pour jouer convenablement et à partir des 500 MHz vous pourrez jouer en toute tranquillité.



Conclusion

Runaway fut pour Focus l'occasion de renouer avec l'aventure "point & click" des années 90 et après avoir remis au goût du jour ce style de jeu quelque peu dépassé, l'éditeur français a fort brillamment enfoncé le clou avec ce Tony Tough And The Night Of Roasted Moths. L'hommage est ici plus direct, plus évident et partout on sent que ce sont des jeux comme Day Of The Tentacle ou Sam & Max qui ont servi de référence : le personnage de Tony Tough est d'ailleurs à mi-chemin entre ce bon vieux Bernard Bernouilli et l'impayable Larry Laffer ! L'aspect humoristique du jeu de Prograph est indiscutablement plus réussi que celui de Runaway. Alors que ce dernier était plus "propre" et plus "sérieux", Tony Tough se montre plus déjanté et plus débile. Sans toutefois atteindre les sommets des grands classiques, on retrouve tout de même les situations cocasses d'un Zack McKracken ou les dialogues sans queue ni tête d'un Monkey Island.

Mais malgré ces qualités "scénaristiques" qui auraient tendance à le placer devant Runaway, Tony Tough souffre de deux défauts qu'on ne peut évidemment passer sous silence : sa durée de vie et sa réalisation technique. Tony Tough n'est pas moche, mais certains décors manquent clairement de détails et le graphisme dans son ensemble accuse très nettement ses trois ans d'âges. Cela donne toutefois un petit côté rétro qui fera son effet auprès des habitués de Guybrush Threepwood. Plus gênant, Tony Tough est relativement court. C'est un défaut que nous avions relevé lors du test de Runaway mais il est ici d'autant plus perceptible que le jeu a un rythme indiscutablement plus élevé que son prédécesseur. Les vieux routards ne devraient pas en avoir pour plus de 10-12 heures même au niveau difficile et en ayant découvert les niveaux "bonus". Reconnaissons toutefois que les débutants s'arracheront certainement les cheveux sur plusieurs énigmes !

En définitive, Tony Tough est un bon jeu. Il reste encore assez loin de l'excellence d'un Day Of The Tentacle mais confirme avec brio que les jeux drôles ont encore leur place sur le marché actuel et l'on espère en voir encore beaucoup d'autres de ce type. Sa durée et sa réalisation graphique ne doivent pas empêcher les joueurs de (re)-découvrir les jeux d'aventure "point & click" d'autant que Focus a consenti un effort (normal vu l'âge réel du soft mais toujours appréciable) sur le prix de vente : 35€.


Tony Tough And The Night Of Roasted Moths

6

Les plus

  • Humour omniprésent
  • Tony Tough est un héros bien sympatique
  • Voix (en anglais) de qualité
  • Petit prix

Les moins

  • Aventure de courte durée
  • Réalisation graphique en demi-teinte

Note globale7

Réalisation5

Prise en main10

Durée de vie6

Nerces

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Tombé dans le jeu vidéo à une époque où il fallait une belle imagination pour voir ici un match de foot, là un combat de tanks dans ces quelques barres représentées à l'écran, j'ai suivi toutes les évolutions depuis quarante ans. Fidèle du PC, mais adepte de tous les genres, je n'ai du mal qu'avec les JRPG. Sinon, de la stratégie tour par tour la plus aride au FPS le plus spectaculaire en passant par les simulations sportives ou les jeux musicaux, je me fais à tout... avec une préférence pour la gestion et les jeux combinant plusieurs styles. Mon panthéon du jeu vidéo se composerait de trois séries : Elite, Civilization et Max Payne.

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