Runaway : A Road Adventure

Nerces
Spécialiste Hardware et Gaming
26 mars 2003 à 13h39
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Enorme succès en Allemagne et en Espagne, le jeu développé par les Ibères de Pendulo Studios débarque maintenant en France sous la houlette de Focus Home Interactive sans que nous sachions très bien à quoi nous attendre. Car si le succès a bel et bien été au rendez-vous chez nos voisins européens, il faut avouer que le jeu semble pour le moins anachronique avec son style de jeu plutôt passé de mode et ses graphismes proches de certains classiques du jeu d'aventure.

Malgré le désintérêt des autres éditeurs pour ce genre, les développeurs de Pendulo Studios ont en effet choisi de développer une aventure que l'on résume en trois mots : "point and click". Trois mots certainement très obscurs pour une majorité de joueurs mais qui feront ressurgir d'incroyables souvenirs aux fans de Bernard Bernouilli, aux amoureux d'Elaine Marley... Aux vieux de la vieille en somme, ceux qui ont découvert le jeu d'aventure avec les titres du LucasArts du début des années 90.


Retour aux sources ?

Pendulo Studios n'est pas une équipe très connue et pour acquérir une renommée ces développeurs n'ont apparemment pas choisi la voie la plus simple. Le jeu d'aventure tel qu'ils l'imaginent prend sa sources dans les titres les plus en vue du début des années 90. Le sacro-saint triptyque RTS / FPS / RPG n'écrasait pas encore le marché du jeu vidéo et l'aventure "à la Lucas" occupait une bonne partie des rayonnages des revendeurs. Des titres comme Sam & Max, Legend Of Kyrandia ou Secret Of The Monkey Island étaient en tête des ventes et des milliers de joueurs se souviennent encore des heures passées sur ces titres qui disposaient d'une profondeur bien réelle.

Hélas, ce genre ne faisait semble-t-il plus assez recette ou bien alors était-il trop lourd en développement. Toujours est-il que depuis quelques années, les amateurs n'avaient pas grand chose à se mettre sous la dent. Des jeux comme The Longest Journey (déjà vieux de trois ans) ou Syberia, malgré leurs qualités, ne peuvent prétendre aux mêmes délires ou à la même complexité que les aventures d'un Guybrush Threepwood par exemple.


L'étudiant et la strip-teaseuse...

L'histoire de Runaway est en fait celle de deux personnages que bien évidemment tout oppose. Brian Basco est étudiant et vient tout juste d'être accepté dans la prestigieuse université de Berkeley en Californie. Alors qu'il est sur le point de s'y rendre en voiture, son chemin, ou plutôt celui de son "bolide", croise celui d'une femme, forcément sublime. Cette femme c'est Gina Timmins, strip-teaseuse de son état, que Brian manque de tuer dès le début de l'aventure. Runaway se présente sous la forme d'un gigantesque FlashBack au cours duquel nous revenons de temps à autres au présent afin que Brian fasse le point sur les événements. Ce type de récit n'est pas vraiment nouveau et donne au jeu un petit côté cinématographique bien agréable que l'on retrouve d'ailleurs à d'autres moments.

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On ne pouvait rêver un meilleur commencement !

Gina est donc renversée par la voiture de Brian et cela alors qu'elle tentait d'échapper aux assassins de son père. Ce dernier vient en effet d'être tué par les hommes de main des frères Sandretti et la jeune femme est le seul témoin. Tout au long de l'histoire nous n'incarnerons que le personnage de Brian, qui se sent évidemment un peu responsable de Gina maintenant qu'il a failli mettre un terme à son existence. Bien qu'il ait un peu de mal à croire à son histoire, Brian décide de la protéger pendant son court séjour à l'hôpital. C'est de manière un peu pixellisée mais avec une musique très sympathique que la longue séquence d'introduction relate tout ces faits.


Prise en main simplissime !

La séquence achevée, le premier chapitre de l'aventure commence et vous prenez le contrôle de Brian alors qu'il se trouve devant le lit d'hôpital de Gina. Avec les moyens du bord, il faudra assurer la protection de la belle endormie avant de fuir aussi vite que possible. Ce premier chapitre (l'histoire en compte six) est une sorte d'introduction aux jeux d'aventure. Les habitués le termineront en un gros quart d'heure, mais il permet aux nouveaux venus de découvrir le fonctionnement du jeu tout en douceur en commençant par l'interface, d'une simplicité enfantine.

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Pas question ici de séries de verbes sur la partie inférieure de l'écran, tout s'effectue à la souris. Par défaut, le pointeur de notre mulot préféré actionne la fonction "regarder" mais un simple clic sur le bouton droit et c'est l'action la plus logique qui est automatiquement sélectionnée : "ouvrir" pour une porte, "parler" pour un personnage... Difficile de faire plus simple ! Cette simplicité se retrouve d'ailleurs dans les options du jeu puisque la résolution est par exemple bloquée au 1024x768 et que l'écran des paramètres est on ne peut plus clair. On regrettera simplement qu'aucun raccourcis clavier n'ait été prévu pour accéder directement à l'inventaire ou à l'écran de sauvegarde, mais il s'agit d'un détail.


Un scénario "hollywoodien"

Après leur escapade à l'hôpital et la tentative d'assassinat sur Gina, Brian est bien obligé de la croire. Mais s'il accepte de décaler pour un temps son départ vers la Californie, ce n'est bien sûr pas du fait des formes plus qu'avantageuses de la belle : la curiosité scientifique avant tout ! Les voilà donc tout deux sur la route afin de semer les tueurs des frères Sandretti et dans le même temps, de découvrir ce que cache le crucifix que le père de Gina a eu le temps de lui transmettre avant d'être tué.

Leur cavale les mène tout d'abord à Chicago où il rencontre au cours du second chapitre de l'aventure, un ami de Brian, le directeur du musée municipal. Cette seconde partie est déjà plus délicate et les amateurs seront heureux d'apprendre que l'on y retrouve bien vite nos vieilles habitudes de fouilles minutieuses. Plus ardue que la précédente cette partie reste encore assez simple par rapport aux chapitres qui suivent et c'est là un point très positif du jeu. Même si le niveau de difficulté est assez élevé pour les débutants, la progression est dosée comme rarement dans un jeu vidéo et on sent bien que les développeurs ont tenu à rendre leur jeu accessible à tous.

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Tous les ingrédients sont réunis pour un scénario plein de rebondissements

Les autres parties de l'aventure conduiront bien sûr nos deux héros à découvrir d'autres paysages et surtout d'autres personnages. La galerie de portraits est assez impressionnantes et tous les classiques du genre sont représentés. En plus du jeune héros un peu maladroit mais plein de charme et de la femme fatale, on retrouve donc les deux mafieux sans scrupules, leurs hommes de mains aussi brutaux qu'imbéciles, mais également la scientifique stressée, le gros balourd doux comme un agneau, la vieille femme aux pouvoirs étranges, l'allumé décidé à communiquer avec les extra-terrestre, la génie de l'informatique, j'en passe et des meilleurs !


Drôle et attachant

Ces personnages sont le plus souvent là pour vous aider même si ce sera parfois à "l'insu de leur plein gré". Le déroulement général de l'aventure fonctionne de la manière suivante. Suite à un événement, vous vous retrouverez dans une situation plus ou moins fâcheuse et il faudra bien sûr trouver un moyen de vous en sortir. Il faudra alors élaborer une sorte de plan avec ce que vous aurez sous la main et ce n'est bien sûr pas toujours évident. Certains objets se ramassent tout simplement sur le sol mais pour obtenir d'autres éléments clefs il sera nécessaire de se creuser la tête et surtout de faire intervenir les autres personnages. La plupart des énigmes proposées se résolvent de manière logique mais il faut bien reconnaître que cette logique n'est pas toujours évidente à suivre. Il faut aussi admettre que c'est ce qui fait le charme de ces jeux : il est nécessaire de savoir faire fonctionner ses méninges pour s'en sortir !

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Sachez toutefois que dans le pire des cas, il y a toujours la solution un peu "bourrin" du "j'essaye tout pour voir ce qui se passe". C'est long et fastidieux mais ça a déjà débloqué plus d'un aventurier. Heureusement, la carotte est bien présente et les situations les plus complexes à démêler sont aussi celles qui donnent lieu aux scènes les plus amusantes comme le super plan d'évasion concocté par Brian en plein désert : il vous obligera à transformer du rouge à lèvre en projectile assassin, à exploiter la force destructrice de centaines de fourmis ou bien encore à découvrir les vertus calorifères de notre bon vieux soleil.

Les références des auteurs sont très variées et sont toujours l'occasion de gags bien sentis. On regrettera évidemment que le jeu ne soit pas plus délirant (on reste encore un cran en-dessous d'un Day Of The Tentacle), mais il ne faut pas non plus bouder son plaisir et cela faisait bien longtemps qu'un jeu ne nous avait pas autant amusé d'autant que je suis bien sûr d'avoir raté plusieurs référence au cours de ma partie... Sans doute une occasion de le refaire même si la durée de vie reste très correcte. Un bon joueur sera certes un peu déçu d'en venir à bout en une petite quinzaine d'heures mais il faudra bien en compter une moyenne de trente voire plus pour les nouveaux venus. Un petit reproche par contre en ce qui concerne la nature de ces références car les développeurs sont très clairement des amateurs de cinéma et même si les films choisi sont tous très connus, il se peut que des joueurs peu intéressés par le grand écran passent à côté des clins d'oeil à Rencontre Du Troisième Type, à La Petite Boutique Des Horreurs ou bien encore à Priscilla, Folle Du Désert pour prendre les plus évidentes.


Une bien belle réalisation

Graphiquement, nous l'avons dit, Runaway est limité au seul 1024x768. Ce n'est toutefois pas gênant dans ce genre de jeux et cela n'a pas empêché les développeurs de réaliser un petit bijou technique. Certes les vidéos ne sont pas des plus réussies avec leur pixellisation excessive et les mouvements un peu "robots" de certaines personnages, mais cela ne concerne finalement qu'une petite partie du jeu. Pour le reste c'est vraiment du très très bon boulot ! Les jeux d'aventures se déroulent en règle générale sur des planches statiques. Il y a bien quelques petites animations ça et là mais ce n'est vraiment pas grand chose.

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Les références sont innombrables et souvent très amusantes !

Ces planches, donc, sont très finement représentées et même sur un écran 21" on ne peut pas dire que la pixellisation soit vraiment perceptible. Les animations des personnages qui se promènent sur ces planches ne sont pas les plus léchées qui soient mais elles renforcent le caractère cartoon du jeu. Enfin, il n'est pas possible de passer sous silence l'ambiance sonore qui est d'une très grande importance pour un jeu misant autant sur l'humour de ses situations et de ses dialogues. Nous l'avions annoncé il y a quelques temps, Focus a fait confiance à une société reconnue pour son excellent travail, Words Of Magic, et le moins que l'on puisse dire, c'est que le résultat est à la hauteur.

Pour les besoins de la traduction, il y a bien évidemment quelques gags qui ont été modifiés par rapport à la version originale mais d'autres ayant été ajoutés, le joueur n'est pas lésé le moins du monde. Les doubleurs sont tous de grands professionnels du métier et les voix se prêtent très bien aux personnages. Les cinéphiles reconnaîtront d'ailleurs les doubleurs "officiels" de Cameron Diaz, Laurence Fishburne, Tom Cruise ou bien encore Kiefer Sutherland. Ils sont évidemment toujours dans le ton et participent de ce fait beaucoup au plaisir de jeu. On remarquera même une petite séquence très drôle où Gina a toutes les peines du monde à jouer la comédie pour les besoins d'un enregistrement.


Conclusion

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Runaway est un retour aux sources que l'on peut en définitive qualifier de salvateur ! Pendulo Studios démontre avec brio que le genre du "point and click" est loin d'être mort et mérite donc toutes nos louanges. L'aventure que nous proposent nos amis espagnols est remarquable de bout en bout et devrait combler nombre de joueurs. La réalisation, perfectible par endroits, est dans l'ensemble de très bon niveau. Les énigmes, bien que parfois un chouia tordues, sont le plus souvent logiques et la localisation est pour ainsi dire parfaite !

Il sera bien sûr possible de lui reprocher son côté "adulte" qui limitera un peu son public, on peut également émettre quelques réserves du fait des références peut-être un peu trop "cinéma" mais ce serait vraiment chercher des poux à ces développeurs qui ont eu l'énorme mérite d'aller contre la tendance actuelle. Cet anti-conformisme est si rare à une époque où tous les jeux se ressemblent qu'on peut bien leur pardonner ces minuscules défauts. En effet, si Runaway n'est pas encore tout à fait au niveau des incontournables du genre que sont les deux premiers Monkey Island, Sam & Max ou l'incroyable Day Of The Tentacle, il n'en demeure pas moins un excellent jeu d'aventure et pas seulement parce que le genre se fait rare... Vivement que Pendulo se remette au travail !


Runaway : A Road Adventure

8

Les plus

  • Système de jeu parfaitement au point
  • Humour très présent
  • Personnages hauts en couleurs
  • Excellente version française

Les moins

  • Une aventure trop courte
  • Des vidéos moins réussies

0

Réalisation8

Prise en main10

Durée de vie5

Nerces

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Tombé dans le jeu vidéo à une époque où il fallait une belle imagination pour voir ici un match de foot, là un combat de tanks dans ces quelques barres représentées à l'écran, j'ai suivi toutes les évolutions depuis quarante ans. Fidèle du PC, mais adepte de tous les genres, je n'ai du mal qu'avec les JRPG. Sinon, de la stratégie tour par tour la plus aride au FPS le plus spectaculaire en passant par les simulations sportives ou les jeux musicaux, je me fais à tout... avec une préférence pour la gestion et les jeux combinant plusieurs styles. Mon panthéon du jeu vidéo se composerait de trois séries : Elite, Civilization et Max Payne.

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