Que les amateurs de gros robots qui cassent se réjouissent. Après deux extensions pour le moins délicates à dénicher sous nos latitudes, il est enfin possible de se replonger dans le monde des MechWarriors. Microsoft s'est en effet décidé à distribuer Mercenaries ailleurs qu'aux Etats-Unis. Cette ultime extension au quatrième volet de la série s'annonce explosive, MechWarrior 2 Mercenaries restant l'un des épisodes préféré des fans.
Cette extension présente tout d'abord une originalité puisqu'elle ne nécessite pas de posséder le jeu de base. Dans le jargon du jeu vidéo, nous appelons ça un "standalone" et cela permet évidemment aux joueurs les moins fortunés de se faire plaisir sans se ruiner ! Pour les possesseurs de MechWarrior 4, pas de soucis : cela ne change strictement rien à l'affaire.
Kesako MechWarrior ?
Malgré un succès qui ne se dément pas au fil des versions, le monde des MechWarriors reste encore un mystère pour de nombreux joueurs. Il s'agit à la base d'un jeu de plateau avec les classiques figurines, les feuilles de "personnage" et les sempiternels dés à faces multiples. Ce jeu permet aux participants de prendre les commandes de gigantesques robots que l'on appelle les BattleMechs. Dotés d'une puissance de feu dévastatrice, ils prennent part à d'impressionnants affrontements qu'un jeu de plateau ne peut évidemment rendre de manière aussi spectaculaire qu'un jeu vidéo.Et hop, ni vu, ni connu, je vous place une subtile transition vers l'adaptation... Comment ça aussi subtile qu'un brontosaure dans un magasin de porcelaine ? Pffff... De toute façon vous n'êtes pas capable d'apprécier mes acrobaties littéraires, béotiens que vous êtes ! Je disais donc, que l'univers des BattleMechs avait été adapté au jeu vidéo. Cela remonte même à un certain temps puisque Activision sorti la première version en 1989. Aujourd'hui c'est toutefois Microsoft qui s'occupe du bébé et qui s'est donc attelé à l'amortissement de la licence.
Il y a 18 mois sortait sous la bannière de la compagnie de Redmond, le quatrième volet de la série. Sous-titré Vengeance, cet opus tranchait par son aspect action nettement plus prononcé et par une réalisation graphique remise au goût du jour. Nous lui avions d'ailleurs trouvé de nombreux atouts comme vous pouvez le voir dans le test que nous lui avions consacré. Veangeance était pour Microsoft une tentative d'élargissement du public cible : plus d'action et moins de simulation permettant évidemment d'intéresser plus de joueurs. Technique couronnée par le succès du jeu puis par celui, outre-Atlantique, des deux extensions qui ont suivi... Jusqu'à ce Mercenaries qui nous préoccupe aujourd'hui.
En gros, il y a des méchants, vous avez des armes : tuez-les avant qu'ils ne vous tuent !
Pourquoi Mercenaries ?
C'est une bonne question et je vous remercie de me l'avoir posée ! C'est vrai quoi, MechWarrior 4 vengeance parlait de Ian Dresari. Héritier d'une des familles les plus importantes de l'Univers, ce pauvre jeune homme avait perdu famille, trône et empire et ne cherchait qu'une seule chose... La vengeance justement, d'où le sous-titre fort à propos. Je repose donc la question : pourquoi Mercenaries ? En fait c'est encore plus simple que précédemment. Les développeurs ne voulaient pas se prendre la tête à nous préparer un scénario que de toute façon nous nous serions empressés de massacrer. Ils ont donc préféré nous filer le rôle d'un bon vieux mercenaire sans le moindre scrupule, offrant ses services (en tout bien tout honneur bien sûr) au plus riche client.L'aspect financier devient de fait beaucoup plus important que dans l'épisode précédent. Le nerf de la guerre est ici au coeur de toutes les missions. Le jeu débute par le choix de votre mécène. Il s'agit en quelque sorte de votre clan, votre équipe, mais comme cela n'a pas vraiment d'importance sur le déroulement du jeu, on ne va pas s'éterniser ! Ce choix effectué, vous avez accès à différentes missions plus ou moins rémunératrices. Les missions les plus profitables sont bien sûr les plus délicates et pourraient nécessiter l'achat de pièces d'équipement supplémentaires. Sachant qu'en plus un voyage d'une destination à une autre n'est pas gratuit (et oui, l'univers est vaste) : il faut parvenir à déterminer si la prime de réussite est suffisante pour couvrir les risques et les dépenses.
Pour chacune des 40 missions qui composent le jeu, il faudra donc au préalable en passer par cette étape de gestion. On choisit les Mechs à envoyer au feu et les pilotes les plus à même de les contrôler. Il faut ensuite comme dans tout MechWarrior qui se respecte choisir l'équipement le plus approprié. Chaque robot dispose d'un capacité d'emport maximale que l'on ne peut évidemment pas dépasser. Mais si on souhaite un Mech plus rapide, on peut rester loin de cette limite. Si l'équipement est toujours aussi varié, on ne pourra que déplorer le manque d'imagination des développeurs dans ce domaine : rien de neuf par rapport à MechWarrior 4 Vengeance. Les robots sont par contre plus nombreux et sur le total de 35 mécaniques accessibles, 10 sont inédites !
A la guerre comme à la guerre.
Une fois la mission démarrée, il n'y a pratiquement plus aucune différence entre notre prétendant du jour et son illustre prédécesseur. C'est un peu dommage car cela veut dire que les défauts précédemment relevés sont encore une fois au rendez-vous, mais d'un autre côté cela veut aussi dire que l'efficace mélange contrôle du Mech / baston générale est lui aussi présent. De fait, les habitués du premier volet trouveront leurs marques en quelques secondes. Le temps de configurer les nombreuses touches de contrôle et le tour est joué, on peut partir casser du Mech !Les nouveaux venus risquent par contre de patauger un petit peu au début comme cela était d'ailleurs le cas avec MechWarrior 4 Vengeance. Un petit tour par le didacticiel sera une étape indispensable à la réussite des missions futures. Heureusement ce dernier relativement bien fait, met rapidement le joueur dans le bain. En quelques minutes, on parvient à bien dissocier les déplacements du robot et les mouvements de la partie supérieure. On arrive assez vite à suivre "du regard" un adversaire en se déplaçant tout autour de lui : tout l'art d'être un bon MechWarrior !
Les missions sont dans l'ensemble plutôt intéressantes et le fait qu'il y en ait 40 permet une durée de vie conséquente. Si les objectifs restent classiques et peu originaux, ce n'est pas très important dans la mesure ou l'objectif du jeu est atteint : offrir des missions intense où le joueur doit s'activer pour remplir les objectifs. On regrettera par contre que le joueur justement soit bien souvent trop seul à s'activer. L'intelligence artificielle est toujours aussi faible que dans le jeu précédent et il faudra encore trop souvent se méfier au moins autant de ses amis que de ses ennemis. Vos coéquipiers auront par exemple toutes les peines du monde à comprendre des ordres aussi simples que "protéger le convoi" : résultat un bon coup de missile pour éliminer l'ennemi mais hélas la moitié du convoi avec ! Quand il n'écrase tout simplement pas les jolis petits camions que l'on devait escorter... Non, je vous jure des fois, c'est à se taper la tête contre les murs !
Le moteur graphique n'est pas laid mais accuse sérieusement son âge.
C'est pas joli, joli !
Non, ce n'est pas bien joli tout ça et c'est le moins que l'on puisse dire ! En fait, Mercenaries reprend pratiquement à l'identique la réalisation de MerchWarrior 4 Vengeance... On ne change pas une équipe qui gagne à ce qu'il paraît ! Enfin, sauf que l'équipe en question n'a plus ses jambes de 20 ans et le moteur graphique en plus de ne pas être particulièrement fin est on ne peut plus dépouillé : ce qui passait sans trop de problème en janvier 2001 a forcément plus de mal à passer quelques 18 mois plus tard. Surtout qu'entre temps plusieurs des grosses mécaniques du FPS (jeu d'action à la première personne) sont sortis : No One Lives Forever 2 ou Unreal Tournament 2003 offre certes un champs de vision un peu plus restreint (et encore cela dépend des cartes), mais la quantité de détails présents à l'écran est sans commune mesure !Les cockpits de Mercenaries constituent un des exemples les plus caractéristiques de ce manque de détails : ils sont identiques d'un Mech à un autre et ne brillent franchement pas par leur beauté ou leur originalité ! Je m'emporte, je m'emporte et tout le monde va finir par croire que Mercenaries est tout juste digne de ma vieille console Vectrex. Evidemment ce n'est pas le cas et MerchWarrior 4 Mercenaries reste tout à fait regardable. Mention spéciale bien sûr pour les héros de nos aventures : les Mechs. Ils sont très bien modélisés, de bonne taille et dotés d'animations très complètes. Les décors malgré leur aspect un peu désertique sont assez variés (du désert au montagnes en passant par des villes ou des îles tropicales) et finalement une certaine ambiance parvient à s'installer.
Cet aspect relativement faible de la réalisation est heureusement compensé par une bande son efficace. Les bruitages collent comme de coutume parfaitement à l'action, les déplacements de nos tas de ferailles sont bien rendus et les parasites dans les communications en ajoutent à l'ambiance générale. Les musiques sont par contre relativement insignifiantes. Les possesseurs de configurations moyennes regretteront enfin qu'aucun effort n'ait été effectué pour optimiser le moteur du jeu. MechWarrior 4 était en son temps considéré comme un jeu gourmand et ce n'est pas avec cette extension que les choses s'arrangent : pourtant on est loin de l'éblouissement graphique ! Il faudra donc compter avec un processeur à 1 GHz et 256 Mo pour faire tourner le bébé correctement sous Windows XP. Du côté de la carte graphique, il sera nécessaire de posséder une jolie Radeon 7500 ou une GeForce MX440 pour en profiter convenablement en 800x600 ou 1024x768 selon les détails choisis.
Conclusion
Enième variation sur le même thème, ce Mercenaries risque de décevoir le puriste, l'amateur fan du jeu de plateau et qui collectionne depuis de nombreuses années maintenant les différentes moutures du jeu vidéo. Il faut en effet reconnaître que les développeurs ne se sont pas vraiment cassé la tête pour nous pondre ce MechWarrior et c'est au niveau de la réalisation que tout cela est le plus frappant.En effet, comment pourrait-on admettre que la réalisation n'ait pratiquement pas été améliorée alors que 18 mois séparent la sortie de MechWarrior 4 Vengeance de celle de Mercenaries ? Comment pourrait-on admettre de telles approximations graphiques (les cockpits des Mechs, tous pareils) alors que les simulateurs de vol nous ont habitué à beaucoup mieux depuis bien longtemps ? Comment enfin pourrait-on admettre une telle simplicité des décors quand le jeu demande une configuration plus que correcte pour tourner convenablement ?
Avec autant de défauts, on ne peut évidemment qu'être déçu par la réalisation technique du jeu, d'autant que l'intelligence artificielle n'est pas non plus au rendez-vous, ou plutôt qu'elle n'a pas été améliorée d'un milli-poil depuis la sortie de Vengeance ! Pourtant et malgré cela Mercenaries parvient tout de même à remplir, au moins pour partie donc, son contrat : les missions sont rythmées et entraînantes, le jeu est plaisant et l'ambiance Mechwarrior est au rendez-vous.
Les habitués continueront donc à regretter le travail d'Activision, à l'origine de MechWarrior 2 Mercenaries, mais ne pourront sans doute s'empêcher de jouer au nouveau venu. Ils seront déçu de voir que la qualité ne rejoint pas celle du jeu fétiche mais prendront malgré tout beaucoup de plaisir ! Les nouveaux venus pour leur part devraient découvrir un jeu qui change un peu des classiques boum-boum en offrant un univers de monstres mécaniques fort sympathique !