Platoon

Nerces
Par Nerces, Spécialiste PC & Gaming.
Publié le 12 décembre 2002 à 13h10
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   La Guerre du Vietnam... Cette formidable aventure humaine qui conduisit à l'utilisation innocente de joyeusetés telles que le Napalm. Ces magnifiques camps de vacances et leurs incroyables séances d'éveil à la nature et ses mystères. Cet échange culturel entre Occident mâcheur de chewing-gum et traditions orientales millénaires... C'est tout ceci et un peu plus encore que nous propose Digital Reality dans sa dernière production : que du bonheur !

Je tiens tout d'abord à préciser que tout ou partie du paragraphe précédent est bien sûr à prendre au second degré (Non, c'est vrai ?). Digital Reality est décidément très productif en ce moment et à peine venons-nous de boucler Haegemonia qu'il faut maintenant se lancer dans un autre jeu de stratégie développé par nos Hongrois préféré : Platoon. Un titre et donc une licence pareille ne manqueront pas de faire réagir les amateurs de cinéma et en particulier ceux d'Oliver Stone. Le problème c'est qu'en matière de jeux vidéos, licences et titres de qualité font rarement bon ménage...


Direction le Mékong !

   Vietnam oblige, le jeu débute par une séquence d'introduction destinée à nous plonger dans la jungle du sud-est asiatique. Elle se termine par la mort d'un G.I. et cette fameuse image qui a servi d'affiche au film : un soldat américain tombant sous le feu Viet Cong les deux bras levés très haut dans le ciel. C'est exactement ce qu'il fallait afin que le climat si particulier de la guerre moderne puisse s'installer.

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L'introduction plante simplement mais efficacement le décor.

Un menu des plus sobres s'ouvre alors. Les choix n'y sont pas très nombreux et témoignent, comme ce fût le cas pour Haegemonia, de l'orientation grand public voulue par les développeurs. Le joueur débutant devra évidemment faire ses premières armes en passant par le didacticiel et étant donné la difficulté générale du jeu, Il ne paraît pas stupide que tout le monde commence par cette étape. Un petit peu long, il permet toutefois de bien prendre en main les mouvements de caméras qui seront si importants par la suite.

Les autres choix possibles concernent bien sûr la campagne solo et le petit nombre de missions qu'elle propose (douze seulement), mais aussi les autres modes de jeu : missions libres et multijoueurs. Platoon a visiblement été mis au point avec l'idée de faire un titre simple-joueur et ce dernier mode de jeu est là pour le prouver : il n'est vraiment pas très intéressant. On regrettera également que le jeu soit dans l'ensemble relativement court. Certes les missions sont vraiment difficile mais cela reste insuffisant pour proposer une durée de vie vraiment conséquente.


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Lionsdale au rapport

   Le gros du jeu se résume donc à la campagne solo et à ses douze missions de longueur et difficulté variables. On commencera évidemment petit et n'importe qui devrait pouvoir se tirer assez facilement de la première étape. Ensuite cela se corse rapidement mais surtout selon votre façon de jouer, vous verrez que les missions sont de difficulté inégale et pas forcément aussi progressive qu'on pourrait le croire. Notez au passage qu'il n'est pas possible de sauvegarder en plein milieu d'une mission !

Platoon se présente sous la forme d'un jeu se stratégie temps réel relativement classique mais que l'on aurait tronqué de sa partie gestion de ressources. Il reste donc "simplement" la manipulation des troupes et la tactique militaire pour combler les joueurs. Pas de gestion de ressources signifie également qu'il faudra faire avec les forces que l'Etat-Major aura jugé bon de vous accorder : pas de caserne pour en produire d'autres et pas non plus de renforts pour vous épauler. Dans de telles conditions on se doute que Platoon ne sera pas un jeu favorisant le "rentre-dedans". Il faudra jouer du neurone pour se sortir des missions proposées et par certains côtés, on se rapprocherait même d'un titre comme Commandos.

Votre avatar n'est autre que le héros du film signé Oliver Stone : Martin Lionsdale. S'il meurt au cours d'une mission celle-ci est ratée, mais au contraire de Commandos, la plupart des autres personnage pourra mourir. En fait seuls les "héros" doivent survivre. Ces personnages particuliers ont des compétences spéciales qui s'avèreront parfois indispensables comme la pose de mines Claymore, spécialité de Mitchells. Le reste de vos troupes est constituée d'unités plus dispensables mais souvent bien pratiques. Unités du génie, lance-roquettes, fantassins de base, ils ont tous des atouts bien sympathiques qui vous permettront de progresser dans votre mission.

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Menu principal, didacticiel et choix de scénarios : tout est simple d'accès.

Cette progression se fera le plus souvent à pas feutrés. La jungle vietnamienne est pleine de piège et le Viet Cong est partout. Il faut d'autant plus faire attention que le jeu se veut réaliste. De ce fait vos personnages ont une portée de feu limitée, ne voit pas au travers des arbres et surtout ne peuvent repérer des ennemis qui sont dans leur dos. Les concepteurs ont heureusement introduit deux petites astuces qui rendent bien des services. Le premier est un indicateur tout simple matérialisé par une flèche. Elle indique la provenance du tir et permet de réagir rapidement aux attaques. L'autre astuce liste dans le coin supérieur gauche les ennemis repérés par vos unités... Cela permet de s'y retrouver plus facilement (dans la jungle ce n'est pas toujours simple) et cela compense une gestion de caméra pas toujours évidente.


De la gestion de ses troupes

   La caméra se manipule relativement simplement et les commandes bien explicitées par le didacticiel s'assimilent vite. Le problème vient des limitations mises en place par les développeurs. Le phénomène est perceptible dans la plupart des jeux (Dungeon Siege ou Warcraft III par exemple) mais est ici encore plus notable. Les mouvements automatiques de caméra nous obligent ainsi très souvent à suivre l'action selon un point de vue unique... Pas toujours le plus pratique !

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Ce défaut relativement gênant au départ, devient finalement secondaire après quelques heures de jeu. Secondaire, car il peut être compensé par le mode caméra libre (nettement moins beau mais plus pratique) et que la plupart des joueurs parviendront à s'y faire pour se concentrer sur le jeu en lui-même et sur les missions. Celles-ci s'enchaînent sans qu'il n'existe de véritable lien entre la plupart d'entre elles. Ce sont des opérations militaires qu'il faut mener à leur terme et les objectifs sont assez variés : récupération d'un équipage crashé, déminage d'une route, attaque d'un camp... Au cours d'une mission, les objectifs pourront d'ailleurs changer et offrir quelques surprises aux joueurs mais la manière de mener à bien ces ordres est toujours à peu près la même. Il faut avancer progressivement, se servir des différentes caractéristiques de son escouade (certains soldats voient beaucoup plus loin) et bien regarder la configuration du terrain pour tirer le meilleur parti du relief ou de la végétation. Un soldat planqué dans un buisson est mieux protégé qu'au milieu de la route et de la même manière il sera préférable de se trouver au sommet d'une colline que dans son contrebas !

Le moment crucial d'une mission est évidemment l'affrontement. Même en étant un as de l'infiltration, on ne peut y couper et il faudra alors savoir manier ses troupes avec brio (Avec qui ? ... Désolé !). Très proche d'un RTS classique cette phase est un peu décevante dans la mesure où le jeu s'avère relativement limitée. On ne peut définir de formations personnalisées et certains types de soldats ne peuvent être sélectionnés qu'en groupe. Dès lors il est par exemple difficile de les mettre tous à couvert ou de les utiliser pour protéger les unités plus vulnérables (génie, médecin).


C'est beau mais c'est long... Mais c'est beau...

   Malgré de nombreuses qualités et un style de jeu plus original que le "simple" RTS des familles, Platoon souffre de quelques tares plus importantes que les seuls problèmes de caméras et qui risquent d'en énerver plus d'un. Tout d'abord il faut savoir qu'en réalité la guerre c'est chiant (Ah bon ?). Nos joyeux drilles en kaki n'ont pas de missions héroïques à faire tous les jours et les objectifs auraient plutôt tendance à se suivre et à se ressembler. Platoon aurait de ce point de vue tendance à être un peu trop réaliste même ! Je suis prêt à parier que de nombreux joueurs le trouveront rapidement rébarbatif en particulier chez les amateurs de Warcraft 3 !

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Mitchells est un "héros" : il dispose en ce sens de talents bien utiles !

Nous l'avons déjà signalé, les objectifs sont de prime abord plutôt variés et laissent donc imaginer un renouvellement régulier du jeu. Hélas le déroulement d'une mission n'est pas à l'image de cette variété. Les combats se déroulent tous de la même manière et à ces échauffourées répétitives suivent de trop longues séances d'exploration de cartes où la sauvegarder joue un rôle fondamental pour ne pas tout reprendre à zéro à la moindre boulette ! Si à la décharge des développeurs il faut reconnaître qu'il n'y a pas 150 méthodes pour mener combat dans la jungle, le joueur, lui, pourrait rapidement en avoir plein le c.. !

Ces défauts principaux sont heureusement compensé par une réalisation et une histoire plutôt bien maîtrisées. Le scénario propose une campagne intéressante et contrairement à ce qu'ils nous avaient pondus avec Haegemonia, les gars de Digital Reality ont cette fois imaginé une trame qui se tient très bien. Pour ne rien gâcher, ils confirment leur talent technique avec une réalisation relativement efficace. On est bien sûr assez loin de la débauche visuelle de leur précédent titre, mais l'ensemble est très propre, très clair et fluide sur la plupart des configurations du moment. Pourvu que vous disposiez d'un processeur à 800 MHz, de 192 Mo de mémoire et d'un carte graphique dotée de 16 Mo, le jeu sera impeccable.

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Mon dernier commentaire concernera la bande son et la traduction. Le jeu est entièrement en français sauf en ce qui concerne les voix où la version originale a été conservée. Il faut hélas bien avouer que les intonations des acteurs (?) embauchés pour l'occasion sont complètement ratées sans parler des accents pour le moins ridicules dont sont affublés les personnages. La traduction n'est pas non plus parfaite et quelques petites erreurs sont à signaler. Mais et pour finir sur une notre positive, la musique est très efficace. Elle soutient parfaitement l'action et convient merveilleusement au style... Une réussite peu commune !


Debriefing

   Nous le disions en introduction, licence officielle et jeux vidéos n'ont en général produit que des "étrons vidéoludesques" à peine capables d'intéresser le joueur occasionnel pendant une fraction de seconde. Pourtant Platoon est de ce point de vue là une bonne, voire une très bonne surprise. Sans être le jeu de l'année, le titre de Digital Reality offre un jeu bien construit et dans l'ensemble très agréable. Il faut dire que l'aficionados d'Oliver Stone pourra toujours chercher le moindre rapport avec le film culte... Ah, si ! Ca se passe dans la jungle et des types avec des chapeaux ridicules vous cherchent des noises !

S'il est possible de considérer qu'il y a tromperie sur la marchandise, cela permet aussi de se retrouver avec un titre tout à fait acceptable. A mi-chemin entre le Commandos et les jeux de stratégie temps réel, Platoon est à n'en pas douter un jeu difficile voire très difficile. Ce niveau très élevé ne manquera pas d'énerver les joueurs les moins patients d'autant que l'action est souvent très répétitive et que l'on peut relever quelques défauts plutôt gênants (Intelligence Artificielle de nos troupes limitée et gestion pas toujours parfaite du décor).

En définitive, Platoon est un soft qui ne s'adresse clairement pas à tous les joueurs. Malgré la présence de cette licence qui risque d'éveiller la curiosité de tous, il ne faut pas s'y tromper et seuls les plus persévérants, les plus patients des amateurs de stratégie temps réel y trouveront leur compte...


Platoon

4

Les plus

  • Concept de base intéressant
  • Excellente musique
  • Relativement peu gourmand

Les moins

  • Missions trop répétitives
  • Stratégie trop limitée

Note globale6

Réalisation7

Prise en main8

Durée de vie6

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