Entretien avec Opera Software

Guillaume Belfiore
Par Guillaume Belfiore, Rédacteur en chef adjoint.
Publié le 09 octobre 2008 à 13h21
Hier, Opera Software a annoncé la sortie de la version 9.6 de leur navigateur. Afin de promouvoir cette nouvelle version et de sensibiliser les Français aux standards du web, l'équipe norvégienne sillonne les campus des grandes villes de l'Hexagone. A cette occasion Clubic s'est entretenu avec Johan Borg, vice-président du département des produits pour le grand public, Charles McCathieNevile, chargé du respect des standards W3C et Dieu Anh Le Vu, assistante Marketing.

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Charles McCathieNevile et Johan Borg


Clubic.com : Lorsque l'on voit les autres navigateurs intégrer les fonctionnalités que vous avez inventées, telles que la navigation par onglets, la navigation web gestuelle ou le Speed Dial, vous répondez généralement être plutôt flattés qu'outragés. Mais les développeurs de ces autres navigateurs vous demandent-il la permission de reprendre telle ou telle fonctionnalité ?

Johan Borg : Non, pour être franc il n'y a aucune communication. Quoiqu'en y repensant, c'est arrivé une fois et c'est Microsoft qui nous a téléphoné à propos d'une fonctionnalité mineure, ils voulaient s'assurer que cela ne nous dérangeait pas ».

Charles McCathieNeville : Nous communiquons discrètement avec les équipes des autres navigateurs principalement en ce qui concerne les failles de sécurité. C'est sans doute le plus important. Si jamais on découvre que quelque chose ne va pas alors on les prévient ».

On dit souvent qu'Opera est le navigateur le plus rapide. En revanche quels sont les points négatifs que vous recevez le plus fréquemment de la part de vos utilisateurs ?

CM : Que ce n'est pas super populaire ! (rires).

JB : C'est une bonne question, certains souhaiteraient changer les boutons ou certains éléments de l'interface. La demande qui revient le plus souvent, c'est la possibilité d'avoir des extensions comme Firefox.

CM : Mais en fait, on intègre des outils similaires directement dans le navigateur. Par exemple, Dragonfly est l'équivalent de Firebug et UserJS est le GreaseMonkey d'Opera.

JB : Généralement ces critiques tournent autour des points forts de nos concurrents, et notamment le fait qu'Opera ne soit pas open source.

Justement, à ce sujet, pourquoi avoir décidé ne pas ouvrir votre code source aux développeurs ?

JB : Pour faire comme Netscape, non je crois pas ! (rires).

CM : On n'a pas la motivation d'être open source. On ne veut pas perdre de temps.

JB : On ne veut pas dire du mal de l'open source, mais Firefox n'est qu'une couche sur le code de Netscape. Finalement, le plus intéressant dans ce système, c'est l'interface graphique à laquelle les utilisateurs peuvent collaborer avec les thèmes ou les extensions.

CM : Et puis notre modèle permet de payer les développeurs.

Dans la version 9.6 d'Opera vous avez travaillé sur Opera Link, la fonctionnalité de synchronisation des données. Pourrait-on envisager une synchronisation sur les serveurs d'Opéra avec des services web pour proposer quelque chose de similaire à MobileMe d'Apple ?

JB : Opera Link est environnement de développement sur lequel on peut rajouter plusieurs fonctionnalités. Cela peut donc être envisageable.

CM : Nous allons à notre rythme et nous faisons ce qu'il faut pour que l'outil soit utilisable. Nous avons encore beaucoup de travail sur Opera link. Nous ne souhaitons pas copier intégralement MobileMe mais effectivement nous allons dans cette direction.

Opera est très attaché à l'optimisation du web, comment réagissez-vous face à des applications web 2.0 faisant usage du JavaScript, parfois à outrance ?

CM : Et bien nous essayons d'alléger la page en intégrant directement dans le navigateur des éléments de l'interface de programmation de ces services web. Par exemple, une simple fonctionnalité tel qu'un menu déroulant peut faire plusieurs dizaines de lignes de code et nous réduisons tout cela à une ou deux lignes dans le moteur d'Opera. Au final, l'affichage de la page est plus rapide et la consommation de mémoire vive est globalement réduite. Aussi, nous essayons de sensibiliser les gens aux standards du web.

Quelles sont vos relations avec le consortium W3C ?

CM : Et bien en fait je faisais partie de cet organisme avant. Nous sommes deux ou trois chez Opera à venir de ce milieu.

Si Opera n'existait pas, quel navigateur utiliseriez-vous ?

CM : Il faudrait l'inventer ! (rires). J'ai essayé plusieurs navigateurs par le passé et si j'utilise Opera aujourd'hui c'est parce qu'il me donnait la possibilité de bloquer les publicités ! Je pense que j'utiliserais Omniweb.

JB : Moi, ça serait Flock, juste parce qu'il est beau.(rires)

Parlons un peu d'Opera Mobile. Lorsque je surfe sur mon téléphone, vous compressez les pages web sur votre serveur pour me les renvoyer plus rapidement. Pourrions-nous imaginer qu'un jour Opera y intègre des publicités côté serveur ?

JB : Techniquement, c'est tout à fait possible à réaliser.

CM : Nous n'intégrerions de la publicité que si cela porte un intérêt pour l'utilisateur.

JB : Pour cela il faudrait être sûr de bien cibler l'utilisateur. Les publicités contextuelles de Google dans les résultats du moteur de recherche, par exemple, ne sont pas toutes pertinentes.

Microsoft travaille sur Internet Explorer Mobile 6, Google a levé le voile sur Chrome Light pour Android et Mozilla prépare son navigateur mobile Fennec. Tout cela ne vous fait-il pas peur?

JB : Internet Explorer Mobile 6? Ca fait quoi... 7 ans qu'ils travaillent dessus ?! (rires)

CM : Pour Opera Mobile, nous avons inventé un affichage qui s'adapte à l'écran. Mais nous avons encore beaucoup de choses à faire. Le logiciel peut être encore largement amélioré.

JB : Nous vendons Opera Mobile aux opérateurs et aux fabricants de téléphones. Ce modèle est particulièrement développé au Japon. Cela fait dix ans que nous sommes sur le marché du téléphone portable. Je pense qu'il sera plus difficile pour Mozilla de pénétrer sur ce secteur.

Et Chrome Light n'est-il pas une nouvelle menace pour Opera Mobile?

CM : Non, ca ne nous fait pas peur. Au contraire, cela développe l'esprit de compétition. Pour reprendre le proverbe d'un de mes collègues sud-africains : le matin, dans le désert, la gazelle se lève et sait qu'elle devra courir pour ne pas être mangée par le lion. Mais le lion sait aussi qu'il devra courir pour chasser la gazelle et ne pas mourir de faim. Au final, l'important pour tout le monde, c'est de courir et d'aller de l'avant !

Pensez-vous développer pour la plateforme Android ou l'iPhone?

JB : Le marché de l'iPhone n'est pas très intéressant notamment parce qu'Apple bloque le développement. En revanche, pour Android, il faut voir ce que ça va donner. Si cela devient populaire alors effectivement, cela peut être intéressant.

Pensez-vous qu'il soit pertinent d'intégrer de nouvelles technologies web dans Opera Mobile comme Flash ou Silverlight?

CM : J'aimerais bien que Flash disparaisse, le web est mieux sans Flash! (rires). Flash complique la vie du développeur web. Aujourd'hui il est possible de remplacer Flash en utilisant les standards du web.

JB : Par ailleurs, ce serait plus simple si Flash ne nécessitait pas l'installation d'un plug-in.

Et après Opera 9.6?

JB : Il y aura Opera 10! (rires)

CM : Oui, nous travaillons actuellement sur Opera 10.

Pas de version 9.7 donc?

JB : Mmmm on ne sait pas encore. Opera 9.6 est une version intermédiaire.

CM : En fait, Opera 10 ne devrait pas trop tarder et sortira plutôt dans quelques mois que dans quelques années.

Merci

Il est possible de télécharger la version finale d'Opera 9.60 pour Windows, Mac et Linux depuis la logithèque de Clubic.
Guillaume Belfiore
Rédacteur en chef adjoint
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