Le Manuscrit Interdit testé et décodé

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Parmi les sources d'inspiration fréquemment utilisées par les créateurs de jeux d'aventure, la palme revient sans conteste à Jules Verne. Un outsider vient toutefois d'entrer dans l'arène, et pas des moindres, puisqu'il s'agit de Léonard de Vinci, le plus grand génie de la Renaissance, touche-à-tout de talent, artiste, inventeur et ingénieur. Développé en collaboration par cinq studios, Le Manuscrit Interdit nous plonge dans une histoire bien ficelée aux nombreuses énigmes et à l'atmosphère envoûtante dans les secrets du Château du Clos Lucé.

« Qui pense peu, se trompe beaucoup »

Bien que surfant sur la vague du succès du roman de Dan Brown, le « Da Vinci Code », The Secrets Of Da Vinci : Le Manuscrit Interdit, n'a rien à voir avec cette œuvre. Il semblait quand même logique que le génie de Léonard de Vinci inspire, un jour ou l'autre, les auteurs d'aventures tant le mystère entourant sa personne et ses oeuvres se prête parfaitement à cet exercice. Nous sommes en 1522 et Léonard de Vinci est décédé depuis trois ans maintenant. Valdo est un apprenti, jeune et ambitieux, qui vient juste d'être renvoyé par Francesco Melzi, le fidèle disciple qui a accompagné Léonard de Vinci jusqu'à sa mort. Contacté par un mystérieux commanditaire, afin de mettre la main sur un manuscrit rédigé par le Maître, il se rend donc au Manoir du Cloux (actuel Château du Clos Lucé), dernière demeure du Génie actuellement habitée par Marie Babou de la Bourdaisière, maîtresse de François Ier. Arrivé de nuit, il va explorer rapidement les lieux afin de trouver le laboratoire de Léonard.

Ce début, de nuit, n'est peut-être pas la meilleure idée qu'ont eue les concepteurs du jeu pour nous plonger dans l'aventure. En effet, il faut trouver un moyen pour pénétrer dans le bureau de Léonard de Vinci mais, dans le noir quasi absolu, cela risque de rebuter rapidement. On est surpris par ce point de départ où l'on découvre des lieux inconnus dans le noir et où il faut fouiller les moindres recoins à la recherche des premiers indices. Cela ne met pas le titre en valeur et pourtant, il mérite vraiment que l'on s'y intéresse. Disons-le tout de suite, le principal reproche que je formulerai à l'encontre de ce titre c'est l'aspect très sombre des intérieurs du manoir. L'époque veut que l'éclairage se fasse à la bougie, cela fait plus réaliste, mais tout de même, ils auraient pu prévoir une gestion de la luminosité directement dans les options du jeu.


Ce canon doit être remis en état, la forge est très utile, la chambre de Léonard recèle au moins trois énigmes

Cet aspect nuit légèrement à la jouabilité. En effet, il faut explorer le moindre recoin de chaque pièce du château à la recherche du plus petit objet, car il peut avoir une très grande importance. Le fait de ne pas le voir et de ne se rendre compte de sa présence qu'avec un peu de chance en voyant le pointeur changer de forme est assez frustrant. Il en est de même pour la compréhension de certains mécanismes. Classiquement, le pointeur change de forme pour montrer ce qu'il est possible de faire, mais souvent la délimitation entre l'action sur un élément et la possibilité de prendre cet élément est peu précise. Cela conduit à des impasses où l'on se demande bien ce que l'on a pu oublier de faire jusqu'à que l'on se rende compte qu'en déplaçant le pointeur d'un pixel l'action est différente. De plus, il est parfois possible d'utiliser un objet sur un autre alors que le pointeur n'adopte pas la forme correspondante. Mais s'arrêter à ces quelques points serait passer à côté d'un titre vraiment captivant. Je règle donc la luminosité de mon moniteur et en route pour l'aventure.

« La rigueur vient toujours à bout de l'obstacle »

Le Manuscrit Interdit n'est pas un jeu historique ou éducatif. Il se base sur la vie de Léonard, sur ses relations avec François Ier, sur ses multiples créations artistiques et inventives pour en faire une histoire romancée des plus prenante. Le château est habité par Marie Babou de la Bourdaisière et par Saturnin. Il va falloir s'attirer la sympathie de la maîtresse de François Ier afin d'accéder aux œuvres, plans et autres mécanismes les plus secrets du savant. Pour cela, quoi de plus naturel que de lui offrir des bijoux ou de lui préparer du parfum. Saturnin est l'homme à tout faire, il est mystérieux et bien bourru, mais peut s'avérer d'une aide précieuse, même si son comportement, parfois sournois, laisse à penser que lui aussi à ses petits secrets. D'autres personnages interviennent au cours de l'aventure qui s'étend sur quatorze journées.

Le jeu est divisé en chapitres, correspondant chacun à une journée. Grâce au journal, tenu au fur et à mesure de ses découvertes et rencontres, Valdo met à jour la liste de ses objectifs principaux à réaliser ainsi que ses impressions sur les personnages. L'inventaire peut contenir une centaine d'objets. Ces derniers ne peuvent pas être assemblés à partir de là. Il faudra s'aider d'une forge pour faire fondre des métaux, d'un moulin pour obtenir de la farine ou du papier, couper son bois pour avoir des planches... j'en passe et des meilleurs. Cette débrouillardise est le moyen d'obtenir des points récompensant notre ingéniosité plutôt que de céder à la facilité, comme acheter à Saturnin un objet dont on a besoin au lieu de trouver une astuce pour le fabriquer par ses propres moyens. Ces points permettent de balancer son côté angélique ou ses penchants démoniaques. Cette ingénieuse innovation autorise plusieurs approches pour un même problème. Valdo peut arriver à ses fins de plusieurs façons. Il peut opter pour une attitude complètement angélique, sans mensonge, sans vol ou bien au contraire, avoir une attitude très mauvais garçon. En fonction de ses actions et de son comportement, la balance va pencher dans un sens ou dans l'autre. Les points acquis en se débrouillant permettent de rétablir l'équilibre ou, au contraire, de favoriser un côté plus que l'autre. Ainsi, en fonction de ses choix, certaines arborescences du scénario s'ouvriront ou pas. Cela permet d'avoir quatre fins différentes et de recommencer en tentant à chaque fois une nouvelle approche.


Le journal, le porte-document et l'inventaire de Valdo, tout pour réussir

Car c'est bien là un des points forts du jeu, la relative liberté offerte de mener ses investigations dans n'importe quel ordre. Outre le fait qu'il faille accomplir certains objectifs précis, rien n'empêche de résoudre d'autres énigmes entre temps. Pour cela, il existe souvent plus d'une manière d'arriver à ses fins. Dans le même esprit, certains objets utiles se retrouvent à plusieurs endroits et certains sont présents en plusieurs exemplaires. Il est dommage cependant que le nom des objets aperçus à l'écran ne soit pas affiché. Pour savoir à quel objet on a à faire, il faut bien le posséder dans son inventaire. Puisque nous en sommes à parler des innovations, il est possible de s'équiper avec divers objets. Cela permet d'accomplir certaines actions impossibles autrement. Et quoi de mieux que de porter un pourpoint seyant pour s'attirer les faveurs de la jolie Babou, ou un masque d'apiculteur pour se protéger des abeilles au risque de bien faire rigoler Saturnin et Babou si on oublie de l'enlever. Certains objets peuvent être utilisés et déplacés sur leur lieu d'exploitation sans pouvoir les avoir dans son inventaire. Par contre, comme je le disais au début de ce paragraphe, cette liberté est relative, car certains objets ou actions ne seront pas accessibles ou réalisables tant que le moment ne sera pas venu. Au fur et à mesure des journées, les lieux peuvent changer et de nouvelles possibilités s'offrent alors.

Les énigmes sont nombreuses et disséminées judicieusement avec une difficulté croissante. Valdo note consciencieusement ses découvertes dans son porte-document. Ce dernier est source d'énigmes également. En plus de servir à comprendre le fonctionnement des machines de Léonard, il permet de compléter ses inventions et cache parfois lui aussi quelques mystères. C'est toute cette richesse qui fait que l'on cherche à s'investir et à progresser encore et encore pour percer les nombreux mystères que le génie de la Renaissance a placés dans le manoir et ses environs.

« Plus on connaît, plus on aime »

Mais ce n'est pas uniquement grâce à sa jouabilité très agréable que ce titre nous a convaincus. Les lieux visités sont très détaillés et on a parfois l'impression de jouer dans un tableau peint par l'artiste. La vision à 360° rend parfaitement bien les environnements et quelques petites animations agréables de-ci de-là viennent égayer le paysage. Chaque lieu a été modélisé avec le plus grand soin, en collaboration avec les propriétaires actuels, et le résultat est véritablement à la hauteur de nos espérances (Damien a même reconnu les lieux pour y être déjà allé). Le Château regorge des œuvres de Léonard et nombre de ses tableaux sont à découvrir, de « La Dame à l'Hermine » à « St Jean Baptiste » en passant par « La Joconde » qui fait l'objet d'une énigme à part entière. Il est dommage, qu'en cliquant sur une de ces œuvres elle ne s'affiche pas en plein écran. Au lieu de ça, un simple bandeau nous donne le nom du tableau et sa date de création.


Une très grande attention a été portée au rendu de la dernière demeure de Léonard De Vinci

De nombreuses cinématiques ou écrans fixes, joliment dessinés, viennent à point nommé pour représenter nos actions ou découvertes et c'est lors de certaines de ces scènes, sous forme de FlashBack, que l'on peut voir Léonard de Vinci, avant sa mort, expliquer ses pensées et ses idées. Le tout donne du rythme à un genre qui se veut plutôt calme. Les personnages sont très détaillés avec quelques animations sympathiques. Le petit reproche à faire serait au niveau de la synchronisation labiale, mais ce serait vraiment pour chipoter un peu. Chaque lieu bénéficie d'un environnement sonore soigné, très agréable et adapté. Quelques thèmes musicaux se font entendre de temps en temps. Ils interviennent pour souligner certains événements et sont assez agréables. Les dialogues, entièrement en français, sont correctement doublés et pas caricaturaux. Ces derniers se présentent sous la forme de choix multiples dans la plus grande tradition pour ce style de jeu.

Conclusion

The Secrets Of Da Vinci : Le Manuscrit Interdit est véritablement captivant. Une fois franchis le cap de la première nuit et l'aspect sombre des intérieurs du Manoir du Cloux, on se retrouve embarqué dans une histoire incroyable aux multiples possibilités. L'ambiance qui se dégage des lieux visités, les mystères des œuvres de Léonard, le double jeu des personnages rencontrés ainsi que le nôtre, soit ange soit démon, rendent le titre envoûtant. La relative liberté dans les actions et la résolution des énigmes est un plus indéniable. On se prend à réfléchir aux énigmes en dehors de ses parties et on revient rapidement avec l'envie farouche d'en découdre fermement.

The Secrets Of Da Vinci : Le Manuscrit Interdit

8

Les plus

  • Ambiance et atmosphère captivantes
  • Difficulté progressive
  • Relative liberté d'action
  • Notion de bien et de mal à considérer

Les moins

  • Des intérieurs plutôt sombres
  • Quelques imprécisions du pointeur
  • Pas de description des objets en jeu

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Réalisation8

Prise en main8

Durée de vie8



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