Un tiers des professionnels du rachat de crédit ont été épinglés pour publicités trompeuses par la DGCCRF, la Répression des fraudes. Ceux sanctionnés ciblaient plus particulièrement des ménages fragilisés par l'inflation.

Inflation galopante et pouvoir d'achat en berne constituent le cocktail parfait pour voir fleurir les offres de regroupement de crédits. Mais derrière les promesses alléchantes, se cache une réalité bien différente. La Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) a passé au crible les pratiques du secteur, et les résultats dévoilés lundi sont peu flatteurs pour le secteur. Entre slogans trompeurs et mentions légales escamotées, l'enquête dévoile comment la vulnérabilité des ménages endettés devient un terrain de jeu marketing douteux.
Un professionnel du rachat de crédit sur trois épinglé par la Répression des fraudes
La DGCCRF n'y est pas allée par quatre chemins en s'attaquant aux intermédiaires en opérations bancaires, ces courtiers qui font le pont entre les emprunteurs d'un côté, et les prêteurs de l'autre. Elle souhaitait vérifier la loyauté des pratiques commerciales, alors que nous sommes dans un contexte économique tendu où les cas de surendettement explosent. Le verdict est tombé comme un couperet, puisque sur les 47 professionnels passés au grill, un tiers affiche des anomalies significatives.
Parmi les six, on note six injonctions et trois procès-verbaux pour les cas les plus graves, et treize avertissements pour les pratiques limites. Les enquêteurs ont surtout scruté la manière dont ces professionnels analysent les dossiers individuels, qu'ils aboutissent ou non à un regroupement effectif. Car dans ces moments de fragilité financière, les ménages deviennent des cibles de choix pour des publicités qui frôlent l'abus de confiance.
Les professionnels du regroupement de crédit se livrent à un véritable festival de slogans aguicheurs. Parmi eux, citons « Gagnez du temps et de l'argent » par exemple, « Améliorez votre budget », ou encore cette petite perle, « le rachat de crédit est la solution qui permet de retrouver un budget léger et équilibré ». Ces formules, répandues sur flyers, réseaux sociaux et sites internet, laissent miroiter une amélioration miraculeuse de la situation financière. D'autres présentent même le regroupement comme une solution d'épargne, ou vantent carrément des taux « historiquement bas ». On peut déjà vous l'affirmer : la réalité est rarement aussi rose.
Les mentions légales obligatoires systématiquement oubliées dans les publicités
Au-delà des slogans trompeurs, les enquêteurs ont relevé d'autres anomalies graves. De nombreuses publicités passées au crible mettaient en avant la baisse des mensualités sans jamais mentionner le coût total du crédit. Un oubli qui n'en est pas un, car cette information est bien obligatoire et révèle que le regroupement augmente souvent la dette globale. Même constat pour la mention légale « Un crédit vous engage et doit être remboursé. Vérifiez vos capacités de remboursement avant de vous engager », régulièrement absente des documents.
Même scénario pour l'information sur Bloctel, ce service gratuit censé protéger contre le démarchage téléphonique. Des clauses abusives concernant les frais de recouvrement ou la rémunération des courtiers ont également été détectées. Ces omissions, loin d'être anodines, privent les consommateurs d'informations cruciales pour prendre des décisions éclairées. Les manquements ont conduit à des sanctions graduées selon leur gravité.
Les enquêteurs ont décelé une pratique particulièrement perverse, la fameuse « ligne de trésorerie ». Concrètement, les courtiers incitent leurs clients à emprunter plus que le strict nécessaire pour regrouper leurs crédits. L'argent supplémentaire ? Une « réserve disponible » présentée comme un avantage. Le piège est que cette option augmente mécaniquement l'endettement total. Pire, elle devient carrément illégale quand le courtier la rend obligatoire pour accorder le prêt.
Un point positif ressort tout de même de l'enquête de la DGCCRF. Les professionnels contrôlés maîtrisent globalement la réglementation. Ils vérifient sérieusement la capacité de remboursement des emprunteurs en analysant leurs revenus et dépenses. Les informations précontractuelles sont généralement conformes à la loi. Vous l'aurez compris, le problème réside donc principalement dans les communications marketing, pas dans le traitement des dossiers…