Le ton est mesuré, mais la décision est ferme. En annonçant qu’il n’investira plus un centime en Suisse tant que le flou sur la surveillance persistera, le PDG de Proton donne corps aux menaces qu’il proférait depuis plusieurs mois.

- Proton suspend ses investissements en Suisse, préoccupé par les nouvelles règles de surveillance des télécommunications.
- L'entreprise investit 100 millions de francs suisses en Allemagne et Norvège, cherchant un cadre juridique stable.
- Proton vise à devenir un leader européen de l'IA, avec un assistant IA chiffré, Lumo, sans collecte de données.
Longtemps perçue comme un bastion de la confidentialité, la Suisse s’est imposée, dès les débuts d’Internet, comme un repaire tout trouvé pour les entreprises attachées à la protection des données privées. Avec son cadre juridique stable, sa neutralité politique affirmée et une tradition de non-ingérence, elle offrait des conditions idéales pour des projets comme Proton, Threema, Infomaniak ou Nym. Mais cette posture, que beaucoup pensaient acquise, s’est nettement fragilisée ces derniers mois.
Début 2025, le Conseil fédéral a lancé une consultation publique sur la révision de deux ordonnances encadrant la surveillance des télécommunications. Sous couvert de moderniser un cadre jugé dépassé, le projet introduit de nouvelles obligations pour les fournisseurs de services numériques, y compris les services VPN et de messagerie chiffrée. En fonction de leur statut, ils pourraient être contraints de lever certains chiffrements, d’identifier rapidement leurs utilisateurs, et de coopérer en temps réel avec les autorités – le tout, sans passer par une nouvelle loi, donc sans référendum.
De l’alerte au retrait : Proton passe à l’acte
Au printemps dernier, plusieurs voix s’étaient déjà élevées pour dénoncer ce virage réglementaire jugé préoccupant. Le cofondateur de NymVPN, Alexis Roussel, pointait une attaque déguisée contre les métadonnées et un risque de contournement démocratique. .
Andy Yen n’en était pas non plus à son premier coup de semonce. Dans une interview publiée début avril par Der Bund, il déclarait déjà que sa société quitterait la Suisse si la réforme était adoptée. Une menace qu’il a confirmée mettre à exécution lors d’un entretien accordé au Temps ce 23 juillet, expliquant que Proton ne comptait pas attendre le verdict législatif pour agir. Faute de garanties immédiates, l’entreprise a décidé de geler sans délai ses investissements dans le pays, et engage 100 millions de francs suisses dans la construction de centres de données… en Allemagne et en Norvège.
Pour Yen, tant que la Suisse ne clarifiera pas sa position sur la surveillance des infrastructures stratégiques, il est hors de question pour Proton d’y héberger son service d’IA, Lumo. « Si ce projet de loi devait passer, les services proposés par Proton en Suisse seraient moins privés que ceux de Google en Suisse ». Ambiance.

L’Europe comme refuge… et levier stratégique
Ce choix d’implantation n’a rien d’un simple compromis technique, et il en dit long sur le nouveau rapport de force qui s’installe entre les États et les entreprises tech « privacy first ». En misant sur l’Allemagne et la Norvège, Proton adresse un message on ne peut plus clair à la Confédération : malgré ses défauts, l’Union européenne est aujourd’hui perçue comme plus fiable que la Suisse sur les questions de confidentialité, et plus apte à garantir la stabilité juridique nécessaire à des projets sensibles.
Mais surtout, le calendrier ne permet pas d’attendre. « Le rythme politique est souvent lent. Mais celui de l’IA, avec une concurrence mondiale effrénée, est tout autre. Il faut aller vite, sinon on se retrouve hors jeu », résume Andy Yen dans les colonnes du Temps. Car pendant que la Suisse débat, l’Europe a déjà passé la seconde. Quinze AI factories ont été annoncées, vingt milliards d’euros vont être mobilisés sur un an, et les grandes plateformes se disputent déjà les ressources. « Si je ne commence pas à construire maintenant, je risque dans six mois de ne plus trouver ni les personnes ni les équipements nécessaires », prévient-il.
Proton ne cache d’ailleurs pas son ambition de devenir « le concurrent européen de Google » dans le domaine de l’IA. Lumo, son futur assistant, sera chiffré de bout en bout, sans collecte de données ni conservation des historiques. Une approche qui tranche nette avec celle du « capitalisme de surveillance » fustigé par Andy Yen.
Bref, pour l’entreprise, l’UE fait à la fois figure de marché, de partenaire et de refuge stratégique. Et si soutien financier il doit y avoir, il ne viendra probablement pas de Berne.
Loin des yeux, mais pas encore loin du cœur
Évidemment, ce repli partiel n’est pas encore un exil total ni définitif. Le siège de Proton reste à Genève, la majorité des 500 salariés aussi. Mais la décision est structurante : on ne construit pas une IA souveraine sur un sol jugé juridiquement instable, surtout avec les incertitudes qui pèsent sur les futures obligations de surveillance en Suisse et les tensions croissantes entre vie privée et logique sécuritaire.
Dans les faits, les 100 premiers millions de francs suisses sont déjà engagés en Europe, et « la décision est irréversible », affirme Andy Yen, tout en laissant la porte entrouverte. Il reste encore 900 millions à investir d’ici la fin de la décennie, que le PDG de Proton espère pouvoir réinjecter à Genève… si les conditions s’éclaircissent.
Source : Le Temps
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- thumb_upAvantage : le plus sécurisé
Proton VPN constitue l'un des fournisseurs VPN qui a le plus évolué au cours des derniers mois. Affichant de l'une des plus belles interfaces du marché, Proton VPN intègre désormais un accélérateur de VPN qui augmente jusqu'à 400 % les vitesses de connexion. Réputé pour son haut niveau de sécurité et de confidentialité, ce service, qui s'adressait essentiellement aux journalistes et aux dissidents par le passé, possède aujourd'hui tous les atouts pour séduire le grand public.
- Le plus haut niveau de sécurité
- Interface moderne et intuitive
- Serveurs dédiés au streaming/P2P
- Protocole Stealth (fonctionne en Russie)
- Vitesse de connexion optimisée
- Pas de possibilité d'ajouter rapidement des serveurs en favoris