Stockage en ligne : le service OneDrive bouleversera-t-il le marché ?

Guillaume Belfiore
Par Guillaume Belfiore, Rédacteur en chef adjoint.
Publié le 05 novembre 2014 à 08h12
Le secteur du stockage en ligne est-il en train d'évoluer ? Les récentes annonces formulées par Microsoft concernant OneDrive risquent en tout cas de bouleverser le marché.

Depuis le début des années 2000, les services de stockage en ligne ont considérablement changé. Plusieurs acteurs se sont lancés sur ce marché ; certains ont réussi à s'imposer, d'autres au contraire ont dû fermer leurs portes. Dans tous les cas, ils sont passés par de nombreuses évolutions. Alors qu'en 2000 Yahoo! proposait 30 Mo d'espace gratuit sur son Briefcase, OneDrive en offre aujourd'hui 500 fois plus.

01C2000007730505-photo-onedrive.jpg


Pourtant, Microsoft a longtemps cherché la bonne stratégie à adopter. Après avoir racheté FolderShare en 2005, la multinationale a dévoilé Windows Live Folder puis Live Mesh et Windows Live Sync. Puis, Microsoft a décidé de rassembler ces fonctionnalités pour arriver à Windows Live Mesh. SkyDrive formait par la suite le cœur de l'offre de la société en matière de stockage en ligne avant d'opter finalement pour OneDrive sous la menace d'une action en justice. Cette dénomination est-elle la bonne ? En tout cas, la stratégie semble avoir été trouvée.

Lorsque la société Dropbox s'est lancée sur le marché en 2008, elle s'est d'emblée positionnée comme la nouvelle référence en matière de stockage en ligne mais surtout en ce qui concerne la synchronisation transparente des données entre plusieurs machines. Malgré les efforts de la concurrence, tant sur le plan technique que tarifaire, pendant des années Dropbox n'a pas eu besoin de toucher à ses offres premium. Même Google, dont le fameux GDrive était attendu depuis des années, n'a pas réellement fait mieux que Dropbox. Même Apple, après les déboires de son iDisk, a vainement tenté de finaliser un rachat de Dropbox à 800 millions de dollars. Interrogé par nos soins en décembre 2012 Aditya Agarwal, vice-président de l'ingénierie de la société, affirmait alors : « Nous restons compétitifs en construisant un produit de meilleur qualité. Et je pense que les gens sont prêts à payer plus chers pour cela. ».

01F4000007730507-photo-dropbox.jpg


Reste que la concurrence a fait son bout de chemin et la synchronisation offerte par Microsoft, Google ou Box est désormais au même niveau que Dropbox, voire, dans le cas de OneDrive, plus poussée au sein de l'explorateur de fichiers de Windows 8.1. Google, Box et Microsoft ont alors entrepris de casser davantage les prix de leurs offres et, la qualité n'étant sans doute plus un argument décisif pour Dropbox, la société s'est finalement résignée à suivre le marché.

Mais non contente d'opter simplement pour une stratégie agressive, Microsoft semble vouloir définitivement enterrer ses concurrents. En annonçant un stockage « illimité » pour les détenteurs d'une souscription à Office 365, la firme de Redmond a tout bonnement cassé ce marché jusqu'alors centré uniquement sur la quantité d'espace mise à disposition auprès des internautes. Moyennant 7 euros par mois pour Office 365 Personnel, l'internaute dispose non seulement de cet espace sur OneDrive (10 To plus exactement), mais aussi des applications Office et de 60 minutes de communication par mois sur Skype vers les lignes fixes. Pour 3 euros supplémentaires, cette offre pourra être étendue à 5 personnes.

A l'image de ses efforts sur le secteur professionnel avec Windows Azure face à Amazon et Google, Microsoft souhaite dominer le marché du grand public. A cet égard, le PDG Satya Nadella ne fait finalement que poursuivre ou accélérer la stratégie mise en place par Steve Ballmer.

Et aujourd'hui, la donne a bel et bien changé et l'on pourrait s'interroger sur le devenir des concurrents de Microsoft. Certes, les aficionados de Google affirmeront que la société opère plusieurs interactions entre ses applications Web et son Drive, mais qu'en est-il de Dropbox, quelle est donc sa valeur ajoutée - mise à part, allez, sa présence auprès d'une poignée de Linuxiens désormais dépourvus d'Ubuntu One. Pour faire face à la situation et tenter d'obtenir un maximum de visibilité, Dropbox multiplie les partenariats, tantôt avec les constructeurs de smartphones et plus récemment sur les tablettes et les PC. Il faut dire que OneDrive est aujourd'hui directement intégré au sein de Windows 8.1...

012C000007730497-photo-dropbox-office.jpg
012C000007730499-photo-dropbox-office.jpg


Le service OneDrive constituera-t-il bientôt un nouvel objet d'abus de position dominante ? Pour éviter ce type de problème, la firme de Nadella multiplie elle aussi les partenariats. Hier soir, l'équipe de Dropbox a annoncé via son blog qu'il sera bientôt possible d'éditer des fichiers Office directement depuis son application mobile et de récupérer, éditer et partager les documents de Dropbox depuis Office. Précédemment, c'est Box qui avait suivi une stratégie similaire. Ironiquement, ce sont donc les applications du géant du logiciel qui donnent sens à Dropbox. Reste que ces dernières étant désormais disponibles sous la forme de diverses souscriptions à Office 365... les entreprises ou les consommateurs auront vite fait leurs calculs sur les tarifs proposés.

Plus globalement, la position actuelle de Microsoft risque aussi de faire l'ombre à une multitude de prestataires, qu'il s'agisse de SugarSync, Hubic, Mozy, Carbonite, Crashplan ou Bitcasa pour ne citer que les plus populaires, voire mettre à mal leur modèle économique.



Guillaume Belfiore
Rédacteur en chef adjoint
Vous êtes un utilisateur de Google Actualités ou de WhatsApp ?
Suivez-nous pour ne rien rater de l'actu tech !
Commentaires (0)
Rejoignez la communauté Clubic
Rejoignez la communauté des passionnés de nouvelles technologies. Venez partager votre passion et débattre de l’actualité avec nos membres qui s’entraident et partagent leur expertise quotidiennement.
Abonnez-vous à notre newsletter !

Recevez un résumé quotidien de l'actu technologique.

Désinscrivez-vous via le lien de désinscription présent sur nos newsletters ou écrivez à : [email protected]. en savoir plus sur le traitement de données personnelles