Microsoft donne une nouvelle mission à Edge for Business, qui passe du simple navigateur de travail à la pièce maîtresse entre agents d’IA, applications métier et sécurité des données.

Depuis plusieurs mois, Microsoft présente Edge for Business comme son navigateur de référence pour les environnements professionnels, avec séparation claire entre usages perso et pro et intégration serrée à Microsoft 365. Avec Copilot Mode, le multi-onglet « intelligent » et un nouveau jeu d’outils de protection des données, l’éditeur commence à en faire l’endroit où Copilot, les agents et les applications métier se croisent vraiment, tout en rassurant les équipes sécurité qui voient d’un mauvais œil les assistants connectés à tout et n’importe quoi.
Les nouveautés annoncées durant l'Ignite 2025 restent pour l’instant cantonnées à des préversions, mais la direction prise ne laisse guère de doute. Edge for Business glisse progressivement vers un rôle de navigateur agentique, pensé pour laisser les IA travailler dans le navigateur sans dérouler le tapis rouge aux fuites de données et aux configurations ingérables.
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Un navigateur qui commence vraiment à travailler pour vous
C’est donc officiel, Copilot dans Edge n’est plus seulement une zone de texte qui résume la page en cours. Avec Copilot Mode, en préversion, Microsoft teste un mode où Edge for Business devient un endroit où l’on peut confier de vraies tâches à une IA, dans un périmètre que l’entreprise contrôle finement.
La pièce centrale, c’est Agent Mode. Une fois Copilot Mode activé par les équipes IT, les administrateurs et administratrices choisissent les sites sur lesquels l’agent a le droit d’agir. Edge peut lui déléguer des séquences un peu pénibles à exécuter à la main, parcourir un portail interne, remplir des formulaires, récupérer des informations, préparer un compte rendu. Le navigateur affiche des repères visuels quand l’agent prend la main, et la personne devant l’écran peut couper court à tout moment. Microsoft conseille d’ailleurs de commencer avec une poignée de sites approuvés, histoire de voir comment tout cela se comporte avant d’élargir le champ d’action.
Évidemment, Agent Mode ne vit pas dans une bulle et est censé respecter les politiques de sécurité et de protection des données existantes. Il ne vient pas piocher dans le portefeuille intégré d’Edge, n’accède pas aux mots de passe ou aux moyens de paiement enregistrés, et doit explicitement demander l’autorisation pour toute opération jugée critique.
Nouveaux onglets et historique plus intelligents
Copilot Mode s’invite aussi sur la page de nouvel onglet avec une interface mêlant désormais recherche, chat et accès aux documents. Ici, les suggestions de prompts personnalisés, les fichiers récents et le contexte de travail remontent directement dans Edge de manière à faire de la page d’accueil du navigateur un point de départ pour lancer un agent, préparer un document ou récupérer des informations, sans jongler entre plusieurs applications. Daily Briefing ajoute par-dessus un récap de la journée, avec réunions, tâches et priorités du moment, en s’appuyant sur Microsoft Graph et sur les onglets ouverts. En clair, Edge n’est plus seulement une fenêtre sur le web, il s’immisce dans l’organisation de la journée pour mettre en avant ce qui mérite votre attention, du document à terminer au rendez-vous à préparer.
À côté de Copilot Mode, Edge for Business gagne une série de fonctions qui exploitent mieux le contexte de navigation. Le raisonnement multi-onglets permet de poser une question et d’obtenir une réponse fondée sur l’ensemble des onglets ouverts, qu’il s’agisse de pages internes ou de ressources en ligne. Plus besoin de passer d’un onglet à l’autre pour recouper plusieurs sources, l’agent se charge de faire le lien et de produire une synthèse cohérente.
L’historique du navigateur devient lui aussi plus intelligent. Edge peut retrouver une page consultée au cours des trois derniers mois à partir d’une description en langage naturel, sans exiger un titre exact ou une URL. On peut demander ce fameux article sur un rapport de sécurité lu « il y a deux semaines, avec un graphique sur les attaques par ransomware », et laisser Copilot fouiller l’historique indexé. Même logique sur la vidéo, alors qu’Edge for Business devrait être capable de générer des résumés de contenus YouTube et de répondre à des questions sur la vidéo en cours de lecture.
Toutes ces capacités sont pour l’instant accessibles en préversion privée, avec une disponibilité plus large annoncée pour février.
Un environnement mieux maîtrisé pour les équipes IT
L’autre facette des annonces autour d’Edge for Business concerne moins les fonctions visibles que le cadre dans lequel elles s’exécutent. Si Microsoft veut faire du navigateur la porte d’entrée des agents, elle doit aussi rassurer les équipes qui jonglent avec des environnements hybrides, des prestataires externes et des politiques de conformité de plus en plus strictes.
Le premier volet de ce chantier concerne la gestion des appareils qui n’appartiennent pas à l’entreprise, mais qui accèdent pourtant à ses ressources. Edge for Business s’appuyait déjà sur Intune Mobile Application Management pour les usages de type Bring Your Own Device, mais Microsoft étend désormais cette logique aux appareils gérés par des tiers, par exemple des agences ou des prestataires. Concrètement, l’IT peut définir un profil géré Edge for Business sur une machine administrée par une autre organisation, avec un espace contrôlé pour la navigation professionnelle. Les fichiers téléchargés transitent alors vers un OneDrive professionnel plutôt que sur le disque local, et des restrictions de copier-coller empêchent les données de s’échapper hors du périmètre défini afin d’éviter que des données sensibles n’atterrissent dans un document personnel ou une application non approuvée. Ce dispositif est annoncé en préversion pour le début 2026.
Microsoft s’attaque aussi aux fuites involontaires avec le duo filigrane + presse-papiers protégé. Sans grande surprise, le filigrane ajoute une surimpression sur les pages et documents marqués comme sensibles, en s’appuyant sur les politiques de classification et de prévention des fuites déjà en place, histoire de rappeler visuellement que le contenu à l’écran doit être manipulé avec prudence. Le presse-papiers protégé permet de définir un périmètre de confiance entre applications web gérées, où le copier-coller reste fluide, tout en bloquant les tentatives de sortie vers l’extérieur avec un avertissement clair côté utilisateur. Ces deux fonctions sont déjà proposées en préversion.
Sur la gestion quotidienne, Microsoft cherche à alléger un peu le travail des administrateurs et administratrices. Le service de gestion d’Edge dans le centre d’administration Microsoft 365 prend désormais en charge les politiques multi-plateforme. Les mêmes règles peuvent s’appliquer au navigateur sur Windows, macOS, iOS et Android, sans multiplier les consoles ni les configurations spécifiques à chaque OS. Dans la même veine, le mode Enterprise Preview permet de pousser des versions Beta d’Edge directement à l’intérieur de la version Stable, sans installer un binaire séparé. Les équipes IT peuvent choisir quels groupes d’utilisateurs serviront de pilotes, autoriser ou non un retour à la version stable si quelque chose casse, et récupérer des retours sans enrayer la production.
Enfin, Edge for Business doit aussi mieux encadrer les extensions, souvent installées un peu en roue libre sur les postes. Le navigateur proposera un inventaire centralisé des modules présents sur le parc, avec le nombre d’utilisateurs et les demandes pour les plugins bloqués. Cette visibilité renforcée sur les extensions doit là aussi arriver en préversion début 2026.
Bref, si vous ne l’aviez pas encore compris, Edge for Business est en train de devenir à la fois la vitrine des fonctions d’IA appliquées au navigateur et un point de contrôle stratégique pour la sécurité des données. Il n’y a plus qu’à.
Source : Microsoft