D’un côté, le modèle, de l’autre, l’alternative. Avec ses 2 milliards d’internautes actifs par mois, Google Chrome gagne la palme du navigateur web le plus utilisé dans le monde devant Firefox ou Microsoft Edge. Pourtant, Brave et ses 50 millions d’adeptes n’ont pas à rougir du projet qu’ils portent, plus transparent et respectueux des données personnelles.
Les navigateurs web comparés ici intègrent tous deux notre comparatif des meilleurs navigateurs web. Pour autant, chacun possède atouts et lacunes, détaillés dans notre avis sur Google Chrome et notre test de Brave, et sur lesquels nous revenons ici de manière croisée. Un duel opposant David contre Goliath, élaboré en vue de vous offrir les clés qui vous permettront de choisir le navigateur Internet le mieux adapté à vos exigences de fonctionnalités, de performances et de protection de la vie privée.
- Respect et protection de la vie privée
- Interface et ergonomie soignée
- Le plus rapide du marché
- Très bonnes performances
- Simple et agréable à utiliser
- Un navigateur bien sécurisé
Brave vs Chrome - La philosophie
Lorsqu’il sort en 2008, Chrome bouleverse un marché détenu par une concurrence réduite à celle de Microsoft Internet Explorer et Mozilla Firefox et aux prises avec les évolutions rapides des usages en ligne. Le navigateur Web gratuit (licence propriétaire) se révèle rapide, stable, sécurisé, respectueux des standards, compatible avec les sites et pages web existantes. L’objectif est sans équivoque : conquérir et unifier le web.
Depuis, Google Chrome n’a cessé d’étendre son influence, tant sur desktop (Microsoft Windows, macOS, Linux) que sur mobile (Android et iOS). Aujourd’hui, il demeure le navigateur Internet le plus utilisé dans le monde et dicte en partie les standards du web (libération des sources H.264, mort de Flash, etc.). Au fil de son expansion, il s’est doté d’un ensemble de services intégrés (Gmail, Drive, YouTube, Search, Traduction, etc.), lui permettant d’harmoniser une expérience de navigation augmentée.
Brave est déployé auprès du grand public dès 2016 sur Microsoft Windows, OS X (puis macOS), Linux, Android et iOS. A l'instar de l'équipe de Firefox, celle de ce browser milite pour une expérience web réellement respectueuse de la vie privée des utilisateurs et utilisatrices. D’abord construit sur Muon, le projet open source (licence MPL 2.0) migre vers Chromium fin 2018. L’objectif est triple : se concentrer sur le développement d’options dédiées à la protection et à la confidentialité des données personnelles, profiter de la maintenance active gérée par les équipes Chromium, séduire un public habitué à Chrome, mais concerné par les enjeux de confidentialité, notamment face aux publicités en ligne et leurs trackers.

Depuis son lancement, le navigateur s’est enrichi de fonctionnalités manquant à Chrome et tend à proposer de plus en plus de services annexes (News, Talk, Search, Ads, etc.) visant à s’affranchir de l’hégémonie Google.
Brave vs Chrome - Les fonctionnalités principales
Google Chrome et Brave partagent de nombreuses fonctions intégrées à Chromium. Parmi les incontournables, on peut citer l’Omnibox (fusion du moteur de recherche et des requêtes URL dans la barre d’adresse), la gestion affinée des onglets (réorganisation sur la barre, déplacement d’une fenêtre à une autre, regroupement par couleur et thème), la prise en charge des extensions publiées dans le Chrome Web Store ou encore le gestionnaire de mots de passe et de connexion automatique.
Déléguer le développement de sa structure aux équipes de Chromium permet à Brave de dégager des moyens humains et financiers réinvestis dans le déploiement de fonctionnalités maison. Au moteur de recherche de Google, Google Search, activé par défaut dans Chrome, Brave oppose son propre moteur de recherche, Brave Search, reposant sur un index de requêtes indépendant et une hiérarchie transparente des résultats. La plateforme de visioconférence Google Meet (chiffrement des données en transit, gratuit pour 500 participants) trouve son alternative avec Brave Talk (conversations chiffrées de bout en bout, gratuit jusqu’à 4 participants, accès premium au-delà). Côté actualités, Brave News se présente comme le pendant neutre de Google Actualités.


Chrome et Brave gèrent la synchronisation des données, bien que les modalités diffèrent d’un navigateur à l’autre. Chez Chrome, on crée un compte utilisateur (adresse mail et mot de passe) auquel on se connecte depuis n’importe quel appareil équipé du navigateur de Google. Chez Brave, on retrouve ses paramètres et données de navigation grâce à l’établissement d’une chaîne de synchronisation, sans passer par la création d’un compte en ligne (phrase de passe unique et confidentielle, aléatoirement générée par le navigateur).


Brave travaille également sur des outils absents de Chrome, à l’image de son programme de récompenses (Brave Rewards), repensant une distribution plus équitable des revenus issus de la publicité tout en renforçant la sécurité et la confidentialité des données personnelles. Le navigateur Internet dispose de son portefeuille de cryptomonnaies (stockage des BAT, multichain, compatible MetaMask, Trezor et Ledger) et dispose d’un accès au réseau Tor en navigation privée, sasn avoir à télécharger d'extensions. Sur Android et iOS, utilisateurs et utilisatrices profitent d’une protection « Pare-feu + VPN » (accès premium, couvre l’ensemble de l’appareil).
Brave vs Chrome - Les performances
Selon les dires de Brave, le navigateur serait deux fois plus rapide que Chrome pour charger les pages des sites web web sur desktop, et jusqu’à huit fois plus efficace sur mobile. Les vérifications menées à l’aide de WebPageTest tendent en réalité à démontrer que les deux navigateurs se valent en matière de chargement visuel complet sur desktop (1,9 sec. en moyenne pour Brave, 2 sec. pour Chrome). En revanche, la durée totale de chargement d’une page et de tous ses composants (scripts) est deux fois plus longue chez Brave que chez Chrome. Même constat sur mobile. Toutefois, l’activation des outils anti-tracking et de blocages de scripts intégrés à Brave permet d’accélérer le chargement visuel (ressenti) et complet (réel) des pages web des sites consultée.




Chrome et Brave jouent également des coudes sur le terrain de leurs performances générales. Les mesures relevées à l’aide de Basemark et Jetstream mettent en avant des résultats très légèrement meilleurs chez Brave. Les valeurs Speedometer offrent, quant à elles, un infime avantage à Chrome. En clair, les deux navigateurs sont aussi rapides.



Pour différencier Chrome et Brave, il faudra plutôt chercher du côté de la consommation des ressources. Un rapide coup d’œil au gestionnaire des tâches démontre une utilisation des processeurs (CPU et GPU) équivalente chez les deux navigateurs. Brave se montre cependant plus économe en mémoire RAM.

Brave vs Chrome - La sécurité
La sécurité générale de Brave et Chrome repose en grande partie sur la maintenance active de Chromium. Les deux navigateurs Internet profitent donc de mises à jour majeures toutes les quatre semaines et déploient régulièrement leurs propres correctifs de bugs et de vulnérabilités.


Passées ces considérations structurelles, les approches sécuritaires envisagées par Chrome et Brave divergent au regard de la gestion des données personnelles.
Ce n’est un secret pour personne, le modèle économique de Google repose à plus de 80% sur les revenus publicitaires générés par la collecte et le traitement d’informations précises (géolocalisation, détermination des centres d’intérêt des utilisateurs et utilisatrices à partir de leurs activités en ligne). Ces données transmises par les différents services de l’entreprise (Chrome, mais également Gmail, YouTube, Drive ou encore Search) permettent ensuite à Google de revendre des espaces de publicités ciblées aux annonceurs (régies Google Ads et Google AdSense).
Le modèle économique de Brave repose également sur la publicité, mais se révèle bien moins intrusif pour l’internaute. Par défaut, le navigateur bloque les bannières et autres espaces de publicités en ligne, mais offre à tous et toutes la possibilité d’activer l’affichage d’annonces personnalisées à partir de données utilisateur anonymisées (régie Brave Ads). Outre des publicités jugées plus discrètes (fréquence maîtrisée, notifications push, fond d’écran du nouvel onglet, flux Brave News) et plus pertinentes, ce modèle s’attache à redistribuer plus équitablement les revenus générés à raison de 70% pour les internautes, 30% pour Brave (versements mensuels en BAT).

En plus de son bloqueur de publicités intégré, Brave regroupe une série d’outils sophistiqués contre les trackers au sein du module Brave Shields. En deux clics, les utilisateurs et utilisatrices peuvent bloquer les cookies internes et tiers, le fingerprinting, les scripts et forcer la mise à niveau HTTPS automatique sur les sites visités. En comparaison, Google ne propose ni bloqueur de publicités ni bloqueur de fingerprinting. Configurer correctement le bloqueur de trackers nécessite de farfouiller dans les paramètres de sécurité et de confidentialité du navigateur.
Alors, Brave ou Chrome ?
Chrome bénéficie de son ancienneté ainsi que de moyens humains et financiers importants qui lui permettent de façonner les usages web. D’un point de vue structurel, d’abord, alors que Chromium sert de base à de nombreux concurrents qui profitent de performances et de fonctionnalités développées en externe. Mais également au regard de l’écosystème construit par Google au cours des quinze dernières années. Difficile, alors, de migrer vers les services annexes de Brave quand ceux de Chrome sont aujourd’hui profondément ancrés dans les usages quotidiens d’une grande majorité d'utilisateurs et d'utilisatrices.
Pourtant, si Brave ne peut, aujourd’hui, rivaliser sur le terrain de l’expérience de navigation pluridisciplinaire, il s’affirme dans un domaine sciemment laissé de côté par Chrome : le respect effectif de la confidentialité. Ses outils anti trackers activés par défaut et son programme Brave Rewards délaissent certes l’expérience personnalisée proposée par Chrome, mais dévoilent une forme de philanthropie (vie privée, partage des revenus publicitaires, possibilité de rémunérer soi-même des sites web grâce aux BAT cumulés) à laquelle sont sensibles les internautes concernés par les enjeux d’anonymat en ligne et de décentralisation du web.
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