Si OpenAI pourrait bientôt entrer en bourse, l'entreprise de Sam Altman connaît des démêlés judiciaires avec plusieurs médias importants. Selon les chercheurs du Tow Center for Digital Journalism, Atlas, le nouveau navigateur IA de la société, semble fuir systématiquement certaines portions du Web.

Comment les navigateurs IA détournent le Web pour éviter certains sites web
Comment les navigateurs IA détournent le Web pour éviter certains sites web

À l'instar des autres navigateurs IA, Atlas intègre des capacités d'agent autonome permettant de naviguer sur Internet sans intervention humaine, exactement comme une personne lambda utilisant un navigateur classique. Mais cette autonomie a quand même été bien programmée en amont : le navigateur évite délibérément certains contenus, probablement pour des raisons juridiques.

Le navigateur choisit ses propres sources

Les chercheurs ont découvert un schéma bien spécifique. Atlas refuse systématiquement d'accéder aux contenus du New York Times. Le média a lancé des actions en justice à l'encontre d'OpenAI en 2023. Même chose pour PCMag, dont le groupe Ziff Davis a engagé des poursuites en avril 2024. Si le navigateur peut bien évidemment retourner ces pages, il n'effectuera aucune manipulation, comme, par exemple, des résumés. Il y a donc certaines portions du Web qui ne sont pas passées au crible par OpenAI. De son côté, le navigateur Comet de Perplexity, lui, n'affiche aucune retenue.

Le problème, c'est qu'Atlas ne dit jamais à l'internaute qu'il n'est pas en mesure d'accéder au contenu même de la page demandée. Lorsque l'utilisateur souhaite par exemple le résumé d'un article de PC Mag, Atlas trouve simplement une autre façon de satisfaire la requête. Le navigateur ne reconstruit pas seulement un résumé à partir de sources secondaires. Il agrège les tweets évoquant l'article, les versions syndiquées du contenu, les citations dispersées sur d'autres sites et la couverture connexe trouvée ailleurs sur le Web.

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Selon les chercheurs, le comportement du navigateur est différent lorsqu'on lui demande de résumer un article du New York Times. Atlas change de tactique. Il fournit un résumé basé sur la même couverture réalisée par The Guardian, le Washington Post, Reuters ou l'Associated Press. Trois de ces sources disposent d'accords de licence avec OpenAI.

D'un côté, Atlas trouve le moyen de contourner la restriction mise en place par l'éditeur en s'appuyant discrètement sur d'autres sources, de l'autre, OpenAI évite les frictions juridiques. Mais ce que l'on retient aussi, c'est qu'Atlas réinterprète la requête initiale de l'internaute. Et si l'une de ces sources secondaires choisie par le navigateur contenait une fake news ou tout simplement une erreur ?

Les techniques mises en place par les navigateurs IA posent globalement des problèmes à de nombreux éditeurs. D'une part, contrairement aux robots d'indexation classiques qui s'identifient clairement auprès des sites web, les agents IA intégrés dans Atlas et Comet se comportent exactement comme un utilisateur lambda naviguant avec Chrome. Les logs serveur ne font donc aucune distinction entre un visiteur humain et ces intelligences artificielles. Impossible, donc, de les bloquer. D'autre part, les navigateurs IA sont capables de passer outre les paywalls mis en place côté client pour accéder à l'intégralité du contenu HTML d'un article. C'est le cas des modules utilisés par National Geographic ou le MIT Technology Review. Les éditeurs souhaitant protéger leurs contenus devront alors mettre en place un module côté serveur nécessitant une connexion de l'internaute avant de lui retourner l'article.

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