Pour apporter la recherche visuelle à Firefox, Mozilla a choisi Google Lens. Un choix pragmatique qui en dit long sur la difficulté du navigateur à s’émanciper de son rival.

La recherche visuelle débarque (enfin !) dans Firefox. Le navigateur open source permet désormais d’interroger le web à partir d’une image grâce à… Google Lens. Une intégration qui pourrait passer pour un banal enrichissement fonctionnel, mais qui raconte aussi autre chose. Face à Chrome, qui monopolise toujours plus des deux tiers du marché, l’éditeur n’a plus les moyens de jouer la rupture totale. Pour continuer à séduire et à exister, Mozilla doit composer avec Google, y compris lorsqu’il s’agit de ses propres innovations.
Google Lens s’invite dans Firefox
La recherche visuelle devrait progressivement faire son apparition dans le menu contextuel de Firefox, sur ordinateur. En effectuant un clic droit sur n’importe quelle image, les utilisateurs et utilisatrices verront apparaître « Rechercher une image avec Google Lens ». Sans grande surprise, l’outil doit permettre de retrouver des produits similaires pour faire du shopping, d’identifier des lieux ou des objets, de copier et traduire du texte intégré à une photo, ou simplement d’explorer le web à partir d’une image.
Mozilla a confirmé que le déploiement sera mondial, mais limité pour l’instant aux versions desktop configurées avec Google comme moteur de recherche par défaut. Comme d’habitude, la fondation a également encouragé les utilisateurs et utilisatrices à signaler d’éventuels dysfonctionnements et à partager leur ressenti sur l’ergonomie, afin d’ajuster l’emplacement de l’option et d’explorer d’autres points d’accès possibles, comme la barre d’adresse ou la page d’un nouvel onglet.

Un cordon toujours difficile à couper
Présentée comme un simple bonus pour l’internaute, l’arrivée de Lens dans Firefox renvoie en réalité à un problème que Mozilla traîne depuis des années. Malgré ses tentatives pour diversifier ses revenus avec des abonnements comme Mozilla VPN, Pocket Premium, Relay Plus ou Monitor, la fondation dépend toujours presque entièrement de l’accord qui fait de Google le moteur de recherche par défaut. Pour rappel, en 2023, ce contrat représentait encore près de 85 % de son chiffre d’affaires.
Le sujet avait refait surface au printemps, au moment même où le Département de la Justice américain envisageait d’interdire ce type de partenariats pour limiter l’influence de Google sur la recherche en ligne. Mozilla s’était alors rangée derrière son principal concurrent, expliquant qu’un arrêt brutal de ce financement compromettrait le développement de Gecko, son moteur de rendu, l’un des derniers à ne pas être basé sur Chromium, et, avec lui, une part essentielle de la diversité technique du web.
Une dépendance qui dépasse toutefois la seule question des revenus. Totalisant près de 70 % de parts de marché, Chrome fixe aujourd’hui l’essentiel des standards du web. Les développeurs conçoivent et testent d’abord pour Blink, adoptent les API soutenues par Google et veillent à ce que leurs sites fonctionnent parfaitement dans son écosystème. Avec un peu plus de 2 % d’adeptes seulement, Firefox n’a plus vraiment la capacité d’infléchir ces choix et doit s’adapter pour rester compatible avec un web qui se construit ailleurs.
Dans ces conditions, l’adoption de services comme Google Lens par Firefox n’a rien d’un pari audacieux : c’est surtout une façon de ne pas décrocher face aux usages que le leader impose.
Source : Mozilla
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