Navigateur préféré de plus de la moitié des internautes à l’échelle mondiale, sur smartphone comme sur ordinateur, Google Chrome se distingue clairement de la concurrence par son cycle de mises à jour rapides, ses fonctionnalités très avancées et sa propension à orienter les standards du web actuels. Malgré cette excellence apparente, sa gestion des données personnelles soulève toujours les critiques les plus acerbes, à juste titre.
- Très bonnes performances
- Simple et agréable à utiliser
- Un navigateur bien sécurisé
- Politique de confidentialité catastrophique
- Gestion de l'autoplay à revoir
Loin de passer inaperçue, la sortie de Google Chrome en 2008 a suscité un engouement présageant sa prédominance à venir dans le domaine de la navigation web. Quelques jours après son lancement officiel, on parle déjà de 1% de part de marché à l’échelle internationale. Une croissance quasiment sans écueil qui conduit le navigateur à prendre le pas sur Firefox dès novembre 2011, puis à prendre la tête du marché à partir du mois de mai 2012. Depuis lors, Chrome règne sans partage. Au 31 décembre 2021, il cumule près de 64% de pdm dans le monde, toutes plateformes confondues, loin devant Safari (19,6%), Edge (3,99%), Firefox (3,91%), ou encore Opera (2,35%).
Ce succès, Chrome le doit en premier lieu à un concours de circonstances favorables. Au moment de sa sortie, Internet Explorer domine le marché (60% d’utilisateurs en moyenne) mais essuie un nombre croissant de critiques concernant son interface vieillissante, son manque de respect des standards, ses problèmes de sécurité et ses mises à jour bien trop espacées dans le temps. Firefox, en partie porté par une communauté émotionnellement héritée de Netscape et convaincue de la nécessité d’un web libre et homogène, profite de ces couacs à répétition et se positionne comme second navigateur le plus utilisé (environ 30% d’utilisateurs). Pour Google, l’enjeu est double : prendre le virage du web 2.0, copieusement manqué par IE, tout en répondant aux exigences d’ouverture, de transparence et d’unicité du web plébiscitées par de plus en plus d’utilisateurs, au-delà des communautés open source et de développeurs.
Autre avantage en faveur de Chrome : ses conditions de création. Alors que Microsoft et Mozilla doivent composer avec des versions existantes de leur navigateur et des schémas de développement, tout reste à écrire pour Google. L’entreprise monte une équipe pour son nouveau projet, à la tête de laquelle opère Ben Goodger (ex Netscape et Firefox). Sont également associés au développement de Chrome plusieurs grands noms comme Darin Fischer (Netscape, AOL, IBM), Pamela Greene (Firefox) et Brian Ryner (Netscape, IBM). Objectif : inventer un nouveau type de navigateur moderne, rapide, basé sur le moteur de rendu HTML open source WebKit (remplacé par le fork maison Blink en 2013). Une seconde équipe basée au Danemark et menée par Lars Bak s’occupe du développement du moteur d’exécution JavaScript (V8).
Lorsque Chrome sort officiellement le 2 septembre 2008, Google publie les sources du projet sous le nom de Chromium, incluant celles de V8. Une décision astucieuse qui conquiert les publics sensibles à la philosophie open source, ainsi que les développeurs de tous horizons qui bénéficient d’une plateforme stable, rapide, respectueuse des standards du web. Les gains sont par ailleurs doubles pour Google qui profite désormais de l’expertise de la communauté open source pour améliorer constamment Chromium, et donc par extension Chrome en tant que produit distribué par l’entreprise. Les cycles de mises à jour rapides font logiquement leur apparition, corrigeant les vulnérabilités, améliorant la stabilité et dévoilant des nouveautés à un rythme effréné. Depuis la fin de l’année 2021, les mises à jour majeures (changement de numéro de version) sont déployées toutes les quatre semaines environ.

Aujourd’hui, l’enthousiasme suscité par Chrome n’est plus aussi prononcé qu’à sa sortie. En cause, les pratiques non respectueuses de la vie privée des internautes sur lesquelles repose en grande partie le modèle économique de Google. Paradoxalement, les chiffres se maintiennent pour le navigateur qui détient uniformément entre 60 et 70% de pdm sur ordinateur depuis 2016. Les qualités de Chrome suffisent-elles à justifier que l’on ferme les yeux sur la collecte et l’exploitation de ses données personnelles ?
A consulter : Les meilleures alternatives à Google en 2022
Ergonomie et prise en main de Google Chrome
Si Chromium donne aujourd’hui le ton aux navigateurs les plus utilisés – exceptés Safari et Firefox –, c’est en partie parce qu’il offre un environnement de navigation stable et cohérent. En décembre 2021, on estimait à un peu plus de 73% la part d’utilisation mondiale des navigateurs basés sur le code source de Chrome, toutes plateformes confondues (79% sur desktop). Il est donc fort peu probable que les internautes soient surpris par Chrome, et c’est justement ce qui fait sa force. Chaque élément d’interface est à sa place, chaque fonction est accessible depuis le menu vers lequel on se dirigerait naturellement, chaque clic entraîne l’action à laquelle on s’attend.
Dans le détail, Chrome s’organise autour d’une fenêtre de navigation surmontée d’une barre des favoris, d’une barre de recherche et d’une barre d’onglets. Par défaut, Google est le moteur de recherche associé au navigateur, mais libre à chacune et chacun de le remplacer par un autre service de son choix, qu’il soit préenregistré par le navigateur ou qu’il faille en renseigner l’URL manuellement (Paramètres > Moteur de recherche).
Une Omnibox omnisciente
Afin de faciliter la navigation sans surcharger visuellement son interface, Chrome centralise l’ensemble des requêtes, URL et mots clés, au sein de la seule barre d’adresse. Baptisée Omnibox, cette API Chromium, reprise par d’autres navigateurs indépendants du projet tels que Firefox, permet ainsi de se passer d’un champ supplémentaire dédié au moteur de recherche. Mais au-delà de cet aspect purement pragmatique, il convient de s’attarder sur les fonctionnalités additionnelles relatives à une navigation réellement plus rapide. Car outre la fusion des moteurs de recherche et d’adresse, l’Omnibox tend avant tout vers une économie appréciable des saisies au clavier grâce à ses capacités de prédiction et d’auto-complétion. En clair, il suffit de taper les premiers caractères d’une recherche pour obtenir une liste de suggestions d’URL et de mots clés basée à la fois sur les tendances générales évaluées par Chrome et Google Search (critères d’évaluation multifactoriels comprenant la géolocalisation, les sites les plus consultés du moment, les requêtes les plus courantes, etc.), et l’historique de navigation propre à chaque internaute. Depuis quelques mois, l'Omnibox pousse la technologie encore plus loin, préchargeant les résultats qui lui semblent pertinents. L’expérience utilisateur s’en trouve fortement améliorée, tant en matière de confort que d’efficacité.

On soulignera ici deux points concernant les limites imposables à l’Omnibox. D’une part, l’outil n’est que partiellement fonctionnel en navigation privée : les prédictions sont moins pertinentes et reposent essentiellement sur l’historique tandis que l’auto-complétion n’est disponible que pour les pages web déjà visitées en mode non protégé et inscrites dans l’historique. D’autre part, il est toujours possible d’effacer manuellement des suggestions de l’Omnibox (sélection de la requête ou de l’adresse suggérée à supprimer à l’aide des flèches haut/bas, puis touche Suppr du clavier), voire de désactiver totalement la fonction (Paramètres > Services Google/Synchronisation > Autres services Google > Saisir semi-automatiquement les recherches et les URL. Pour dissocier la recherche intuitive de l’historique, Paramètres > Services Google/Synchronisation > Synchronisation > Contrôler la manière dont votre historique de navigation est utilisé… > Voir toutes les commandes relatives à l’activité > Désactiver).
On termine enfin sur les quelques paramètres supplémentaires qui font de l’Omnibox le centre névralgique des bonnes conditions de navigation, à savoir le témoin de sécurité de la connexion (symbolisé par un cadenas lorsque la connexion est sécurisée, par un panneau danger lorsqu’elle ne l’est pas. Offre des raccourcis vers les autorisations accordées/refusées au site visité et dispense des informations quant aux cookies autorisés/bloqués), le bouton de partage (lien, QR code, cast, appareils synchronisés, réseaux sociaux) et l’icône d’ajout en favoris.
La barre d’onglets, entre réussite et petits écueils
Parfaitement fonctionnelle, la barre d’onglets de Chrome s’intègre de manière harmonieuse à l’interface du navigateur et facilite l’ouverture de nouvelles pages grâce à l’icône « + », à droite du dernier onglet ouvert. La prise en charge du glisser-déposer le long de la barre autorise la réorganisation des pages ouvertes dans une même fenêtre, ainsi que le détachement des onglets dans de nouvelles fenêtres.

Les onglets en eux-mêmes affichent une taille raisonnable permettant de visualiser facilement les favicons des sites visités et de lire sans effort les titres des pages web ouvertes, à condition de s’astreindre à une dizaine d’affichages simultanés. Passée cette limite symbolique, il devient plus difficile, pour ne pas dire impossible, de s’y retrouver rapidement. Les onglets rétrécissent à mesure que la barre en accueille de nouveaux, jusqu’à ne plus pouvoir distinguer clairement ni le contenu des pages ouvertes ni l’affichage actif. Un problème d’ergonomie que le mode sombre amplifie, alors que la différence de couleur entre l’onglet actif et les autres se révèle moins tranchée qu’en mode clair. On peut éventuellement tenter de jouer avec les variations de couleurs proposées par d’autres thèmes, voire opter pour un thème personnalisé (Paramètres > Personnaliser votre profil Chrome > Couleur de thème). Malgré tout, le navigateur ne propose rien de bien contrasté. Il est par ailleurs dommage que le module de personnalisation approfondie du thème ne permette pas de sélectionner manuellement une couleur dominante et une couleur secondaire issues de camaïeux différents.

Comme sur la plupart des navigateurs actuels, les onglets de Chrome sont sandboxés. Introduite par Google dès les prémices du projet Chromium, cette technologie permet d’isoler les onglets et les processus liés, qu’ils soient ouverts dans une même fenêtre ou dans plusieurs fenêtres différentes. Une fonctionnalité essentielle garantissant une meilleure stabilité du navigateur, les plantages n’affectant que les onglets concernés, et non le navigateur dans son ensemble.
Compatibilité, stabilité : qui dicte les standards ?
De façon générale, l’ergonomie de Chrome passe par sa très bonne stabilité. Une qualité que lui confèrent les moyens financiers de Google et le support actif induit par la communauté Chromium (une mise à jour majeure toutes les quatre semaines, pour rappel). En marge de sa stabilité, le navigateur jouit d’une compatibilité à toute épreuve puisque la majorité des développeurs de sites web se basent sur Chrome pour créer et tester leurs projets, nombre d’utilisateurs le plus élevé oblige.
On voit ici très clairement se dessiner le cercle vertueux dans lequel s’inscrit Chrome depuis une bonne dizaine d’années : plus Google entretient son navigateur, plus il attire les internautes, plus les développeurs s’en servent comme support de test pour leurs sites, plus les utilisateurs se tournent vers Chrome pour profiter d’une expérience web fluide et rapide, plus Google génère de profits et a intérêt à garantir la maintenance active de Chrome, et ainsi de suite.
Aujourd’hui, on pourrait même avancer que Chrome dicte les standards du web. À titre d’exemple, en janvier 2011, il est annoncé que Chrome cessera bientôt de prendre en charge le H.264, alors propriété de Cisco, au sein de son lecteur HTML5. En 2013, Cisco capitule, libère les sources du codec et indique qu’elle prendra en charge tous les frais engendrés par le changement de licence. La fin de Flash, plus récemment, est également imputable à l’arrêt de la prise en charge du format par le navigateur.
Ces petits riens qui changent tout…
À l’usage, Chrome dévoile de nombreux autres atouts qui en font définitivement un navigateur agréable à utiliser, très accessibles aux utilisatrices et utilisateurs peu expérimentés. On pense notamment à la barre des téléchargements qui s’affiche automatiquement en bas de la fenêtre de navigation, et permet d’accéder sans clics redondants aux fichiers récupérés en ligne – à titre de comparaison, Firefox regroupe les téléchargements dans une boîte de dialogue cachée derrière une icône, à droite de la barre d’adresse.

On peut également mentionner les icônes de raccourcis épinglées à droite de l’Omnibox, permettant de gérer les éventuelles extensions installées, de configurer ou de changer de compte utilisateur en un clic, ou encore d’accéder à l’ensemble des paramètres et réglages du navigateur.
Enfin, la personnalisation de la page d’accueil achève de convaincre les internautes en quête d’optimisations poussées à l’extrême, alors qu’il est possible d’y ajouter automatiquement des raccourcis vers les sites les plus consultés, ou d’épingler manuellement les raccourcis vers ses sites et pages web préférés.
Les fonctionnalités de Google Chrome
Chrome ne se contente pas d’être simple et agréable à utiliser, il dispose également d’un éventail de fonctionnalités parfois très avancées lui permettant de répondre aux besoins les plus spécifiques de ses utilisateurs et utilisatrices.
Un compte pour les gouverner tous
Le compte Google s’impose sans conteste comme l’une des fonctionnalités principales du navigateur. Bien que non obligatoire, il participe à une expérience de navigation plus aboutie, d’autant plus si l’on utilise Chrome sur des ordinateurs, tablettes et smartphones différents.
Outre une meilleure personnalisation des résultats de recherche évoquée plus haut, la synchronisation des données utilisateur permet notamment de retrouver ses favoris, ses saisies automatiques enregistrées (mots de passe, adresses, cartes de paiement) et ses onglets actuellement ouverts sur ses autres appareils. L’objectif étant, pour Chrome, d’offrir à ses internautes la possibilité de poursuivre une session de navigation sur un autre support que celui sur lequel elle a commencé, et ce de la manière la plus fluide et uniforme possible. De ce point de vue, le compte Google est une réussite.

Le compte utilisateur se donne également pour objectif de lier entre eux les services Google (Gmail, Maps, Agenda, Drive, YouTube, etc.). Ici, l’intention est louable. Il est, par exemple, bien pratique de créer automatiquement un rappel dans son calendrier à partir d’une invitation reçue par mail, ou encore de synchroniser ses tâches Tasks et ses notes Keep avec son Drive.
On ne va toutefois pas se mentir : la technologie a beau se révéler particulièrement pratique, elle implique le recoupement massif d’informations personnelles permettant de dresser un profil utilisateur précis et monnayable. Ce rappel peut sembler une évidence au regard de la synchronisation inter-services Google, mais il s’applique aussi à la synchronisation de son compte avec des services et plateformes tierces (connexion à des sites et applications à l’aide de son compte Google plutôt que de créer manuellement un identifiant et un mot de passe). Dans ce second cas, le croisement de données est plus critique puisqu’il permet ouvertement à Google de suivre de près l’activité de ses utilisatrices et utilisateurs en dehors de son écosystème, mais également aux plateformes tierces d’accéder à certains contenus et informations du compte Google.
Il faut enfin préciser que Chrome sait gérer plusieurs comptes et profils à la fois. Basculer d’un compte à un autre se fait en deux clics, permettant à plusieurs utilisateurs et utilisatrices de synchroniser leurs données sur un même appareil, sans risque d’interférer avec les informations et l'affichage personnalisé des uns et des autres.

Cap sur la productivité
- Des onglets mieux organisés
La productivité n’est pas l’apanage des entreprises, et Google l’a bien compris. Outre ses services spécifiquement destinés à un usage professionnel ou semi-professionnel, l’entreprise intègre à Chrome une série de fonctionnalités pensées pour perfectionner les conditions de navigation de manière générale, qu’il s’agisse de se départir des clics inutiles, d’améliorer la clarté de fenêtres surchargées, d’endiguer les ralentissements, de se passer d’applications tierces pour lire certains contenus, ou encore d’optimiser les options de partage.
Depuis peu, le navigateur prend en charge le regroupement des onglets. L’option n’est pas aussi complète que sur Vivaldi, mais se montre toutefois assez efficace dans l’organisation des onglets par sites, catégories, thèmes, etc. Chaque groupe peut être personnalisé à l’aide d’un nom et d’une couleur, et déplacé d’un bloc dans une nouvelle fenêtre. Afin de libérer de l’espace sur la barre d’onglets, Chrome permet de réduire les différents groupes créés derrière une pastille de couleur.

Ne manque plus à la fonctionnalité qu’un mode d’affichage des onglets groupés sous forme de piles, comme ce que peut proposer Vivaldi, ce qui faciliterait grandement la navigation au sein des groupes les plus fournis en pages web. On regrette par là même qu’il ne soit pas possible de trier automatiquement les contenus d’un groupe par domaines, ainsi que l’absence de détecteur de doublons. Il n’est enfin pas permis de sauvegarder un groupe en vue de le restituer sur un autre appareil ou lors d’une prochaine session de navigation.
Concernant l’utilisation des ressources, on sait que Chrome se contente de donner la priorité à l’onglet actif, laissant les onglets en arrière-plan consommer de la RAM, bien que non consultés. Bonne surprise, cependant : le navigateur a récemment introduit la mise en pause des onglets placés dans des groupes réduits. Une économie de mémoire considérable pour qui a l’habitude d’ouvrir des dizaines et des dizaines d’onglets sans jamais les refermer.
- Des fenêtres mieux gérées
Celles et ceux cumulant un nombre déraisonnable de fenêtres en plus d’une barre d’onglets surchargée apprécient également la récente possibilité de renommer ses fenêtres. Une fonction idéale permettant de trier les pages ouvertes par catégories bien distinctes (pro, perso, divertissement, etc.).

- Des liens de partage plus précis
Le contenu des pages lui-même profite depuis quelque temps de fonctionnalités d’amélioration. C’est notamment le cas des outils de partage qui s’enrichissent d’une option « Copier le lien vers le texte en surbrillance ». En d’autres termes, il est désormais possible de créer des balises hypertextes renvoyant vers un paragraphe ou une phrase spécifique sur une page web partagée.

- À lire plus tard
La liste de lecture accessible à droite de la barre des favoris, sur PC, propose d’enregistrer en un clic des onglets dont on souhaite consulter le contenu ultérieurement. Cette liste se synchronise sur tous les appareils connectés à un même compte Google, permettant aux internautes de consulter n’importe quelle page sauvegardée sur smartphone (Paramètres > Favoris > Liste de lecture) comme sur ordinateur.

- Un lecteur PDF intégré
C’est une option qui peut sembler anodine mais qui répond à un besoin clairement identifié. Alors que le format PDF reste privilégié pour le partage de documents (mise en page préservée, interopérabilité), les solutions de lecture natives aux systèmes mobiles et desktop sont encore rares. Un manque que comble efficacement Chrome avec son lecteur de PDF intégré, capable d’ouvrir des documents fraîchement téléchargés dans un nouvel onglet, et offrant quelques fonctions basiques mais essentielles (navigation rapide, outil de rotation, affichage des annotations, option d’impression).
Sus aux trous de mémoire
- Des mots de passe complexes et sécurisés
On ne le répètera jamais assez : il est impératif de protéger ses différents comptes utilisateur à l’aide de mots de passe complexes, différents et renouvelés régulièrement. Chrome embarque un gestionnaire de mots de passe compétents, proposant la sauvegarde automatique des identifiants en local ou dans le compte Google. Dans ce dernier cas, les mots de passe stockés sont synchronisés sur l’ensemble des appareils auxquels les internautes sont connectés via leur compte.
Chrome propose également la connexion automatique aux sites enregistrés dans le gestionnaire de mots de passe, sans que les utilisateurs et utilisatrices aient besoin de renseigner manuellement leurs identifiants.

Bon à savoir : Chrome permet de désactiver l’enregistrement et/ou la connexion automatiques. À terme, il sera également possible de sauvegarder manuellement des identifiants.
Le gestionnaire de mots de passe entend par ailleurs renforcer la sécurité des données des internautes grâce à son générateur intégré. Lors de la création d’un compte sur une plateforme tierce ou d’un changement de mot de passe, Chrome suggère des chaînes de caractères complexes (majuscules, minuscules, chiffres, caractères spéciaux) et uniques que l’on sauvegarde dans le gestionnaire en un clic. On précise également que ce gestionnaire embarque quelques options avancées de vérification, détectant automatiquement les mots de passe utilisés plusieurs fois et envoyant des alertes en cas de compromission d’identifiants à la suite de fuites de données avérées.

- Paiements rapides
Outre les mots de passe, Chrome peut sauvegarder les informations de paiement relatives à une carte bancaire. À l’instar des mots de passe, il est possible de stocker ces données en local, ou de les synchroniser avec son compte Google (Google Pay). Afin d’éviter l’utilisation frauduleuse des CB enregistrées, Chrome exige systématiquement la saisie manuelle de leur cryptogramme (trois chiffres). Une manière de confirmer l’identité du propriétaire.
- Un carnet d’adresses bien rempli
Il est enfin possible de sauvegarder une ou plusieurs adresses de manière à remplir des formulaires de coordonnées en deux clics. Ces adresses sont accessibles et modifiables depuis les paramètres de saisie automatique. En plus des nom, prénom et adresse, il y est possible de renseigner son adresse email et son numéro de téléphone. L’option est fonctionnelle, mais l’on regrette qu’il ne soit pas possible de renommer ses différentes adresses de manière à sélectionner facilement celles que l’on souhaite transmettre à telle ou telle plateforme.
Une gestion des médias à deux vitesses
Chrome propose une gestion média relativement simple, mais efficace. Le navigateur détecte les vidéos et musiques jouées dans les onglets inactifs et dispose de contrôles de lectures élémentaires (pause, reprise, précédent, suivant, mode PiP), accessibles à droite de la barre d’adresse.

Le mode PiP (Picture in Picture) permet de visionner des vidéos au sein d’une fenêtre réduite tout en poursuivant sa navigation sur d’autres sites ou son travail sur d’autres applications. Libre à chacun et chacune de déplacer le mini lecteur n’importe où sur l’écran (moniteurs secondaires compris), et de réduire la fenêtre du navigateur sans interrompre la vidéo PiP.

Les contrôles média rapides s’arrêtent là, alors que Chrome ne bloque pas par défaut la lecture automatique des onglets ouverts. Même constat concernant l’impossibilité de mettre en sourdine des onglets en cliquant simplement sur l’icône haut-parleur associée. Autrefois configurables via les flags (chrome://flags), ces réglages ont depuis été évincés des options expérimentales de Chrome, sans jamais intégrer les fonctionnalités officielles du navigateur. Pour bloquer la lecture automatique des vidéos, il faudra donc passer par une extension tierce comme AutoplayStopper. Concernant la mise en sourdine des pages ouvertes, un clic droit sur l’onglet bruyant > Couper le son du site devrait suffire résoudre le problème. Pour définitivement couper le son d’un domaine spécifique, il faudra cliquer sur le cadenas, à gauche de l’adresse, et désactiver le son automatique.
Accessibilité : peut mieux faire
En matière d’accessibilité, Chrome fait quelques efforts appréciables, mais pas suffisants. La fonction de sous-titres instantanés ne s’applique qu’aux contenus audio et vidéo en anglais, et l’on déplore l’absence de synthèse vocale native.
Il est en revanche possible d’activer la mise en surbrillance d’objets pointés par la souris, d’autoriser la navigation au clavier (raccourci F7), d’obtenir des descriptions d’images (sur les lecteurs d’écran uniquement, en braille ou en commentaire audio), et de personnaliser l’affichage des sous-titres instantanés (couleur, opacité, taille, police, effets, arrière-plan, etc.).
Vite toujours plus vite
Que l’on soit contraint de naviguer au clavier, ou simplement adepte d’une navigation accélérée, Chrome prend en charge de nombreux raccourcis clavier évitant de passer par de trop nombreux menus et sous-menus avant de mettre le doigt sur la fonctionnalité recherchée. À cet effet, Clubic a dressé une liste des raccourcis clavier indispensables pour Chrome.
Quand il n’y en a plus, il y en a encore
Il est évident que la liste des fonctionnalités présentées dans cet article n’est pas exhaustive. À force d’utilisation, les internautes finiront par identifier les options indispensables qui conviennent à leurs habitudes de navigation, voire à en découvrir de nouvelles.
Si toutefois certaines fonctions indispensables venaient à manquer, la prise en charge des extensions par Chrome devrait répondre à la plupart des exigences. Regroupés dans le Chrome Web Store, ces presque 200 000 plugins permettent aussi bien d’enrichir le navigateur d’options manquantes (productivité, sécurité, accessibilité, utilitaires, etc.) que de le personnaliser de façon plus approfondie (thèmes). Il y a évidemment à boire et à manger, toutes les extensions n’étant pas utiles, fonctionnelles et/ou sécurisées. Il convient donc de faire soi-même le tri en se référant, par exemple, aux avis laissés par d’autres internautes sur les pages de téléchargement des dites extensions.

Les extensions téléchargées sont accessibles via l’icône représentant une pièce de puzzle, à droite de la barre d’adresse. Les plugins les plus utilisés peuvent être épinglés à gauche de l’icône. Il est enfin possible de désactiver temporairement n’importe quel module (Paramètre > Plus d’outils > Extensions), ou de le supprimer du navigateur. La suppression d’une extension entraîne automatiquement la révocation des autorisations accordées par l’utilisateur ou l’utilisatrice.
Sécurité et vie privée du navigateur
Comme tout projet développé par des êtres humains, Chrome compte quelques affaires de vulnérabilités et failles de sécurité à son actif. Néanmoins, son cycle de mises à jour rapide ainsi que les mises à niveau silencieuses et automatiques garantissent assez solidement la sécurité des sessions web de ses utilisateurs et utilisatrices. Le navigateur participe par ailleurs régulièrement à des concours de chasse aux bugs et aux vulnérabilités comme Pwn2Own qui lui permettent de corriger rapidement des failles passées sous le radar.
Parmi les autres moyens mis en œuvre par Google pour assurer la protection des données de ses internautes vis-à-vis d’éventuelles menaces extérieures, on peut citer diverses technologies intégrées à l’architecture même du navigateur, à commencer par l’isolation des sites. On l’a vu précédemment, Chrome charge le contenu des onglets dans des conteneurs isolés (sandbox), de manière à éviter les crashs généraux lorsqu’un seul onglet plante. Depuis la version 62 du navigateur (2018), ce procédé est officiellement repris et appliqué aux sites web, permettant à Chrome d’isoler les données provenant d’un même nom de domaine et de les exécuter dans un processus dédié. En d’autres termes, aucun site web ne doit pouvoir accéder aux informations reçues (identifiants de comptes utilisateur saisis par l’internaute, par exemple) et contenus dispensés par d’autres noms de domaine chargés au même moment dans le navigateur.

Bien qu’une telle politique de sécurité ait été introduite de longue date avec la Same Origin Policy (règle relative à l’origine identique : deux pages web issues de domaines différents ne peuvent communiquer dans le navigateur), l’isolation des sites – aujourd’hui activée par défaut – verrouille encore davantage les passerelles ouvertes par des vulnérabilités de type XSS (injection de code et de scripts), ou toutes autres failles sensibles à l’exécution de code arbitraire. On insiste également sur le fait que cette protection vise par là même à enrayer l’exploitation de failles en dehors de Chrome, notamment lorsque la vulnérabilité concerne un composant matériel du PC ou du smartphone (le souvenir de Spectre et Meltdown est encore vif), et non un élément logiciel pour lequel on déploie bien plus facilement des patchs correctifs.
Cette couche de sécurité supplémentaire a néanmoins un prix puisque l’isolation des sites tend à lourdement impacter les ressources du PC. Selon Google, la technologie augmente d’environ 10% l’utilisation de la mémoire par Chrome.
Toujours au regard de la sécurité du navigateur, on peut relever deux points discutables, à commencer par le manque d’option anti-minage de cryptomonnaie. Il faudra ici se contenter de télécharger des extensions tierces sur le Chrome Web Store comme minerBlock ou NoMiner. À titre de comparaison, Firefox, Brave, Opera et Edge intègrent des bloqueurs de scripts de minage.
Second sujet à controverse : l’absence de mot de passe maître pour le gestionnaire de mots de passe. Il s’agit là d’un débat aussi ancien que Chrome, mais sur lequel Google n’a jamais transigé. Aujourd’hui, le gestionnaire est protégé par les outils de verrouillage propres à chaque appareil, code PIN, biométrie, mot de passe de session utilisateur, reconnaissance faciale. En théorie, cette forme de vérification devrait être plus sécurisée dans la mesure où il faut techniquement être propriétaire de l’appareil pour accéder aux mots de passe stockés dans le gestionnaire de Chrome. Un mot de passe maître, quant à lui, peut toujours être piraté et exploité à distance, quel que soit le support matériel utilisé. Suivant la stratégie du navigateur, et en imaginant le pire des scénarios, il faudrait donc que l’appareil soit dérobé et que le voleur connaisse les codes de déverrouillage du smartphone ou du PC pour accéder aux informations confidentielles. La méthode mise au point par Google n’est toutefois pas infaillible puisqu’il suffit d’oublier de se déconnecter de son compte Google sur un appareil tiers pour que son propriétaire puisse accéder aux contenus du gestionnaire à l’aide de ses propres codes d’accès.

On peut toutefois peut conclure sur le très bon niveau de sécurité générale de Chrome que les extensions tierces et des habitudes d’utilisations réfléchies peuvent encore renforcer.
Big browser is still watching
Le vrai danger vient finalement de l’intérieur plus que de l’extérieur. Le réel problème que pose Chrome concerne son non-respect de la vie privée des internautes, et ce même en mode incognito. On le sait, malgré les quelques offres payantes de services essentiellement destinés à des usages professionnels, le modèle économique de Google reste fondé sur les revenus publicitaires (62 milliards de dollars de chiffre d’affaires rien qu'au second trimestre 2021), les données personnelles constituant une monnaie d’échange précieuse. La stratégie est d’autant plus agressive que Google jouit aussi bien de la popularité de son navigateur que de celle d’autres plateformes intégrées à l’écosystème de l’entreprise. On pense à Gmail (client mail le plus utilisé en 2021 avec 36,5% de pdm), Drive (35,38% de pdm, loin devant Dropbox et OneDrive), YouTube, Maps, Search, Photos, et bien d’autres encore. Il est d’ailleurs aujourd’hui courant de recourir quotidiennement à deux, voire plus, de ces services. Comme évoquée plus haut, cette concentration de services capables de s’intégrer les uns aux autres comporte son lot d’avantages en matière de productivité et d’ergonomie. Il faut néanmoins insister sur le fait que les informations collectées par chacune de ces entités sont évidemment coupées et recoupées pour permettre à un fournisseur unique, Google, de dresser un profil d’utilisateur ou d’utilisatrice toujours plus précis, et donc bien plus lucratif.
On ajoute également que Chrome ne bloque pas par défaut les cookies tiers, ni les traqueurs de réseaux sociaux, autorisant les sites web visités à collecter et revendre aux annonceurs certaines données privées relatives à l’identité et aux comportements en ligne des internautes (adresse IP, coordonnées, pages visitées, liens cliqués). Une fois titulaires de ces informations, les annonceurs peuvent cibler leurs publicités.

On peut éventuellement tenter de limiter les dégâts en passant par la désactivation manuelle des fonctionnalités de pistage. Une tâche plus qu’ardue, souvent décourageante, dans la mesure où Chrome dissémine ces différents réglages dans plusieurs catégories et sous-catégories des paramètres du navigateur. En clair : armez-vous de patience et faites preuve de ténacité pour venir à bout d’une configuration par défaut catastrophique au regard de la confidentialité.
Benchmarks et utilisation ressources
Les benchmarks réalisés pour cet avis ont été effectués sur un PC portable (Asus VivoBook, AMD Ryzen 7 3700U, 8 Go de RAM, HDD 500 Go, Windows 11). Tous les navigateurs testés l’ont été dans leur dernière version, à savoir Chrome 97, Firefox 96, Edge 97, Opera 82, Vivaldi 5 et Brave 1.34. Pour ne pas biaiser les résultats, toutes les applications du PC ont été fermées, excepté le navigateur testé.
Les performances des navigateurs ont été testées trois fois pour chaque service utilisé (Basemark, JetStream et Speedometer) afin de s’assurer de la cohérence des scores obtenus. Les mesures relevées ont ensuite été rapportées à une moyenne. Pour chaque service de benchmark, plus le score est élevé, plus le navigateur est rapide.
Il faut enfin comprendre que les scores obtenus sont propres à la machine qui effectue les tests. L’intérêt de ces mesures réside dans la comparaison des résultats obtenus pour plusieurs navigateurs évalués dans les mêmes conditions matérielles et logicielles.
Basemark Web 3.0 : performances liées à l’utilisation des applications web répondant aux standards W3C

Jetstream 2.0 : performances liées aux traitements JavaScript et WebAssembly

Speedometer 2.0 : performances liées à la réactivité des web apps à partir d’interactions utilisateur simulées

Pour chaque benchmark, Chrome talonne Edge sans jamais parvenir à lui souffler la première place. À l’usage, le très faible écart de résultats entre les deux navigateurs s’avère toutefois insignifiant. L’expérience utilisateur est fluide, rapide, stable. En comparaison des autres navigateurs testés, on peut sans conteste statuer sur les excellentes performances de Chrome.
Côté utilisation des ressources, c’est une autre histoire. Chrome a beau être très performant, il pêche par ses exigences en mémoire vive, et ce dès le premier onglet ouvert. Depuis la version 89 déployée en mars 2021, le navigateur est censé ménager les ressources du PC. On constate malgré tout une utilisation plus intensive de la RAM chez Chrome que chez la concurrence.
L’avis de la rédac
Il est évident que Google Chrome fait partie des navigateurs les plus puissants et les plus performants du marché actuel. Sa modernité, son ergonomie pensée pour les publics peu expérimentés ou avertis, ses fonctionnalités essentielles comme plus spécifiques, sa maîtrise quasi parfaite des questions de sécurité, ses performances de haute voltige en font une solution de choix pour qui souhaite parcourir le web dans un environnement rapide, fluide et stable.
Chrome tire également sa force de son statut de produit Google et des moyens financiers associés qui garantissent son développement actif et souvent sans heurts. Optimisé pour les services développés par l’entreprise (Gmail, Drive, YouTube ou encore Agenda), il jouit également de la synchronisation des configurations et habitudes de navigation grâce au compte Google. L’expérience utilisateur suit son cours sans écueil, quel que soit le support mobile ou desktop utilisé.
Toutefois, l’idéal vire au cauchemar dès lors que l’on se penche sur la question des données privées. La collecte et la commercialisation d’informations personnelles orchestrées par Chrome – et par extension Google – ne sont plus un secret pour personne, mais une piqûre de rappel ne peut pas faire de mal. S’il n’est pas possible de lutter de manière équitable contre les méthodes de Google, on peut à tout le moins tenter de minimiser la fuite de ses données personnelles en paramétrant manuellement l’ensemble des options relatives à la confidentialité. On ne vous cache pas qu’il en existe beaucoup, réparties dans des menus et sous-menus parfois bien cachés, et qu’il faudra faire preuve de rigueur et de méthodologie pour venir à bout de l’ensemble des réglages.
Autrement, Brave, également basé sur Chromium et affichant des performances louables, ou Firefox, dont la réputation en matière de confidentialité n’est plus à faire mais aux performances nettement moins impressionnantes, devraient satisfaire votre quête de respect de la vie privée dans l’immédiat comme dans la durée.
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