Quand il est question d'alternatives au très utilisé Chrome dans le domaine des navigateurs, outre les évidences comme Firefox ou Internet Explorer Microsoft Edge, des solutions un peu moins connues sont souvent citées. C'est notamment le cas d'Opera (qui essaye depuis plusieurs années de revivre ses heures de gloire) ou encore du solide outsider Brave. Mais il en existe une autre, encore un peu plus confidentielle et pourtant bourrée d'arguments et de spécificités qui pourraient bien séduire de nombreux internautes : Vivaldi.
- Les avantages de Chrome/Google sans les inconvénients
- Fonctionnalités très nombreuses
- Personnalisation poussée pour les power users
- Peut intimider les nouveaux venus
- Quelques petits bugs de temps en temps
- Performances (très) légèrement en retrait
Si nous avons cité Opera en introduction, ce n'est absolument pas un hasard. Lancé en 2015 et aujourd'hui disponible sur Windows, macOS, Linux et Android, Vivaldi a été fondé par Jon Stephenson von Tetzchner. Ce dernier n'est autre que le cocréateur et ancien PDG d'Opera, qui a voulu proposer une solution alternative au navigateur autrefois pionnier sur la richesse de ses propositions, avant de rejoindre le rang et de proposer peu ou prou la même chose que tous les autres.
Aujourd'hui en version 5.x, Vivaldi est basé sur Chromium, ce qui lui assure une compatibilité quasi complète avec les sites web et extensions modernes. Mais en plus de proposer énormément d'outils et d'options de personnalisation comme nous allons le voir, le navigateur a aussi une autre volonté au-delà de sa richesse : s'émanciper le maximum possible de Google et de ses services.
Que cela passe par des fonctionnalités intégrées ou des partenariats avec des tiers plus modestes et respectueux de la vie privée, Vivaldi permet aujourd'hui de faire bien plus que de simplement naviguer sur le web, et ce sans avoir recours à des géants comme Google ou Microsoft, dont la gestion des données utilisateurs est plus que critiquée aujourd'hui.
Notez que tout l'avis qui va suivre est basé sur les versions Windows et Android de Vivaldi.
Fondé par Jon Stephenson von Tetzchner, cocréateur et ex-PDG d'Opera, Vivaldi est aujourd'hui l'une des propositions les plus riches et flexibles sur le marché. Basé sur Chromium pour une compatibilité maximum avec l'Internet d'aujourd'hui, le logiciel dispose de très nombreux outils intégrés, parfois uniques (notes, synchronisation, bloqueur de publicités…) et s'adresse en grande partie aux power users via un grand nombre d'options pour personnaliser au maximum sa navigation. Orienté productivité via notamment une gestion poussée des onglets et la présence d'un panneau web personnalisable, Vivaldi peut être un peu long à configurer la première fois, mais une fois cela fait difficile de revenir à une autre solution.
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Ergonomie et prise en main de Vivaldi
Après son installation (relevons en passant qu'il est possible d'installer le logiciel de manière autonome/portable), Vivaldi propose depuis peu une fenêtre de configuration plus que bienvenue. Comme illustré ci-dessous, il est possible de choisir entre trois profils pour n'afficher que les fonctionnalités dont vous avez besoin. Il est bien évidemment possible par la suite d'afficher ou de masquer tous les outils au cas par cas, tandis qu'on appréciera l'affichage ou non à la volée des éléments cochés.
Cette phase de configuration se poursuit ensuite avec l'importation ou non de données depuis un autre navigateur, l'activation ou non du bloquage des traqueurs et des publicités, et enfin par la sélection d'un thème et du positionnement des onglets. Puisque oui, les onglets de Vivaldi peuvent être affichés en haut, comme ailleurs, mais aussi en bas, à gauche ou à droite. Nous y reviendrons. Enfin, la configuration se termine en vous proposant d'en apprendre plus (via des pages malheureusement en anglais) sur trois des nombreuses spécificités de Vivaldi : les notes, les panneaux web et l'empilement d'onglets.

Dans sa configuration « usine », l'interface et l'ergonomie de Vivaldi ne devraient pas trop bousculer les internautes, même en ayant choisi « Complète » lors de la configuration initiale. De base, ouvrir un nouvel onglet débouchera sur le Speed Dial, bien connu notamment des utilisateurs d'Opera, une sorte de page de favoris personnalisable et très visuelle. Plusieurs zones de recherches - au moteur modifiable -, à commencer par la classique barre d'URL, permettent d'explorer le web, tandis que bien des fonctionnalités classiques ou un peu moins sont accessibles à un ou plusieurs endroits, notamment dans la colonne sur la gauche (historique, notes, téléchargements, signets, agenda, email…etc.).
Bien d'autres boutons explicites permettent également d'accéder à la plupart des outils de Vivaldi sans avoir à ouvrir un menu (horloge, liste de lecture, capture d'écran, juxtaposition d'onglets, pause d'Internet, synchronisation…etc.). Les paramètres sont accessibles au choix via la roue crantée en bas à gauche ou depuis le menu déroulant en haut à gauche.

Les nombreuses options de Vivaldi y sont plutôt bien organisées et une recherche est également présente. Bref, même sans retoucher le moindre élément, à « l'ouverture de la boîte » Vivaldi est parfaitement utilisable et clair. Relevons en passant que le suivi du navigateur est solide depuis son lancement, les mises à jour majeures et mineures s'enchaînant régulièrement, tandis qu'elles peuvent désormais se télécharger et s'installer automatiquement.
Les fonctionnalités et spécificités de Vivaldi
Pas le temps de tergiverser. Si nous voulons couvrir tout ou presque ce que propose Vivaldi, plongeons immédiatement. Restons pour commencer dans les options. Si vous êtes un power user et souhaitez régler le navigateur jusque dans ses moindres rouages, vous aurez probablement besoin d'un après-midi complet. Non pas parce que cela est compliqué, mais parce que les possibilités sont très nombreuses.


Comme vous pourrez le constater sur les captures ci-dessus et dessous, même les options « basiques », comme la réaction, les options d'affichage ou même l'emplacement exact de presque tous les élements du navigateur (boutons, Speed Dial, barre d'URL, menus et entrées des menus, onglets…), vont loin. C'est notamment le cas pour les onglets, véritable argument de Vivaldi, notamment pour ceux qui souhaitent une productivité décuplée. Plusieurs modes permettent de les empiler selon ses goûts (de manière compacte, sur deux niveaux ou en accordéon), ou encore d'en afficher le contenu côte à côte dans une même fenêtre (horizontalement, verticalement ou en mosaïque). Notons qu'il est également possible de régler un rafraichissement périodique des onglets.



Autre gros morceau : les commandes rapides. D'une pression d'une touche de clavier, cet outil ouvre tout simplement une fenêtre de recherche universelle permettant de trouver rapidement un élément parmi ses onglets, signets, notes, historiques et bien d'autres endroits, ou encore des commandes issues de n'importe où dans le navigateur. Des options permettent d'ailleurs de sélectionner ce qui doit ou non apparaître dans ces commandes rapides.

La gestion des thèmes est également riche, avec support par exemple de la couleur des sites visités, de la planification ou encore des systèmes Chroma Razer ou Philips Hue. Impossible aussi de ne pas mentionner les panneaux. Dans ces colonnes il est non seulement possible d'afficher les systèmes de notes (notamment compatible Markdown) et de traduction (propulsé par Lingvanex et capable de traduire une page entière ou une portion sélectionnée, à la main ou automatiquement) intégrés au navigateur, mais aussi les sites web et services de son choix (comme des messageries instantanées, par exemple).


C'est également là que l'on retrouve les systèmes de contacts, d'agenda (compatible CalDAV, Google…etc.), de courrier (IMAP ou POP3) et de flux RSS/ATOM, fonctionnels mais toujours à l'état de bêta au moment où sont rédigées ces lignes. Vous l'aurez compris, Vivaldi se veut un navigateur tout-en-un qui permet non seulement de n'avoir presque aucune extension à installer, mais même de se passer de logiciels à côté.


Il en reste un peu, je vous le mets ? Pour synchroniser tout cela et plus encore, Vivaldi intègre un système de compte maison qui permet de retrouver toutes ses données et paramètres (ou une partie) d'une machine à l'autre, y compris avec sa version Android. Celle-ci reprend d'ailleurs une bonne majorité des fonctionnalités desktop. Il est également possible de retrouver un onglet ouvert sur desktop sur Android, et inversement.
Le browser peut également faire office de créateur et de gestionnaire de mots de passe des sites visités. Il manque malheureusement la possibilité d'enregistrer des cartes bancaires en dehors de la version Android, tandis qu'un mot de passe maître pourrait être plus sécurisé que l'actuel mot de passe de session réclamé. Vivaldi propose aussi de nombreuses options liées à la vie privée, que nous allons davantage évoquer plus bas.

Comme si cela ne suffisait pas, Vivaldi intègre également un mode lecture paramétrable, une liste de lecture pour se passer de Pocket et compagnie, un lecteur PDF, une horloge (notamment compatible avec la technique Pomodoro), un outil de capture d'écran (de la page entière ou d'une zone précise), un système permettant de réaliser des actions à la volée sur une page qui pourront notamment aider les développeurs (filtres de couleurs, floutage, débugage du CSS, mise en évidence d'éléments…), un système de QR code pour rapidement partager un site web, ou encore un bouton permettant de « mettre Internet en pause » pour souffler un peu et masquer les contenus de la fenêtre.


Bien entendu, les éléments basiques telles que les favoris, les téléchargements ou encore l'historique de navigation fonctionnent comme ailleurs, mais souvent avec des réglages et un affichage plus poussés des informations. Nul doute qu'un utilisateur lambda n'aura pas besoin de tout ce que propose Vivaldi, mais les plus exigeants y trouveront difficilement des manquements. L'ajout d'un service VPN intégré serait cependant apprécié, de même que quelques outils pour lutter concrètement contre les NFT et le minage de cryptomonnaies, d'autant que Vivaldi s'est récemment positionné contre ces dernières. Chromium oblige, un gestionnaire des tâches est également présent pour régler des soucis ou économiser des ressources.

Évoquons d'ailleurs pour finir sur les fonctionnalités la possibilité d'utiliser, de créer et de personnaliser de nombreux moyens pour réaliser des actions rapidement, toujours dans une optique de booster la productivité et l'efficacité. Cela peut passer par des raccourcis claviers, des gestes de souris ou encore des chaînes de commandes (des scripts, en somme). Un clic droit sur presque tous les élements du navigateur vous proposera également un nombre d'options et de possibilités inégalé chez la concurrence.
En guise d'exemple concret, vous pouvez par exemple créer une nouvelle entrée dans le menu principal (et la placer où vous voulez dans ce menu et lui associer également un raccourci clavier) qui, d'un seul clic/pression de touche ouvrira les 3 pages web nécessaires à votre travail, tout en les réarrangeant côte à côte de manière optimisée dans le navigateur. Imbattable en terme d'efficacité.



Sécurité et vie privée de Vivaldi
Nous le disions précédemment, Vivaldi se fait un point d'honneur à s'émanciper au maximum de Google et de toute entité qui serait nuisible à la vie privée des utilisateurs. Cela passe déjà basiquement par la présence d'un mode de navigation privé, par l'outil de traduction déjà évoqué plus haut, et par la possibilité d'utiliser un autre moteur de recherche que Google (Bing étant aujourd'hui sélectionné par défaut, mais sont aussi proposés Yahoo!, DuckDuckGo, Ecosia ou encore Startpage). Le bloqueur de publicité et de tracking intégré, permettant d'ailleurs d'ajouter des listes et des exceptions, est lui aussi un élément crucial qui permet de se passer d'extensions. Comme en atteste la capture ci-dessous, à l'instar des autres onglets des paramètres, la gestion de la vie privée se veut fine dans Vivaldi, y compris au niveau des permissions.

Mais ce n'est pas tout. En se positionnant fortement contre la technologie FLoC de Google ou encore les cookies, en proposant par exemple de bloquer nativement les pop-ups des sites qui affichent ou cachent ces fenêtres de consentement, le browser tente au maximum d'apporter sécurité et sérénité aux utilisateurs. C'est également pour cela que l'autocomplétion dans les moteurs de recherche ou la barre d'adresse est désactivée par défaut dans Vivaldi afin d'éviter de fournir trop d'informations. Les développeurs souhaitant malgré tout laisser le choix aux utilisateurs de personnaliser comme ils l'entendent leur expérience, tous les choix de base de Vivaldi peuvent être inversés.

Les mises à jour de fonctionnalités du browser sont espacées mais régulières, tandis que les équipes sont également réactives pour aider en cas de problème (quelques rares sites se comportent encore des fois étrangement avec Vivaldi, par exemple) et fournir de plus petits patchs quand une vulnérabilité de Chromium est rapportée.
Benchmarks et utilisation ressources
Avant d'attaquer la partie benchmarks de cet avis, rappelons une évidence : chaque navigateur se comportera différemment en fonction du site visité et de nombreuses autres conditions. Les valeurs ci-dessous ont donc surtout une valeur indicative de comparaison et sont propres à la machine de test.
Nos tests ont été effectués sur un PC portable (Asus VivoBook, AMD Ryzen 7 3700U, 8 Go de RAM, HDD 500 Go, Windows 11) en utilisant les dernières versions des principaux navigateurs du marché au moment de la rédaction de ces lignes : Chrome 97, Firefox 96, Edge 97, Opera 82, Vivaldi 5 et Brave 1.34. Seul le navigateur testé était ouvert sur le PC au moment des mesures pour éviter toute nuisance.
Nos tests sur Basemark, JetStream et Speedometer ont été réalisés 3 fois afin de réaliser une moyenne cohérente. Pour chaque benchmark, plus le score est élevé, plus le navigateur est rapide.
Basemark Web 3.0 : performances liées à l’utilisation des applications web répondant aux standards W3C

Jetstream 2.0 : performances liées aux traitements JavaScript et WebAssembly

Speedometer 2.0 : performances liées à la réactivité des web apps à partir d’interactions utilisateur simulées

Difficile de le nier : Vivaldi n'est pas le browser le plus rapide du quartier. Jamais dernier mais aussi rarement dans le trio de tête, le navigateur a beau être basé comme Chrome sur Chromium, le logiciel paye assez logiquement les nombreuses cordes à son arc. Cependant, dans la pratique d'une utilisation quotidienne, seuls les plus pressés et pointilleux pourront véritablement trouver quelques lenteurs à Vivaldi. La plupart des utilisateurs ne verront probablement que très peu de différences dans l'exécution des pages web avec les autres navigateurs.
Concernant la consommation de ressources système, dans les grandes lignes, sur une même page web témoin et sans extensions installées, Microsoft Edge et Firefox consomment plus de RAM que Vivaldi, tandis que Chrome se montre le moins gourmand du lot (sur le processeur ou l'utilisation disque dur c'est en revanche une autre histoire, mais là n'est pas la question). Notons que Vivaldi permet de mettre des onglets ouverts en hibernation pour consommer moins de ressources, et que lancer le navigateur avec sa précédente session ouverte met automatiquement les onglets dans cet état.
En somme, Vivaldi a encore un peu de travail d'optimisation à faire s'il veut un jour se tenir sur le podium, mais en l'état la proposition est tout à fait assez performante pour le commun des mortels.
L'avis de la rédac
Essayer Vivaldi (et éventuellement prendre le temps de le configurer et de le personnaliser pour réaliser efficacement le moindre de ses désirs), c'est l'adopter. A moins bien sûr d'être adepte d'interfaces davantage minimalistes. Difficile aujourd'hui de revenir à un autre navigateur tant la solution s'avère complète et efficace. En omettant quelques rares bugs qui sont de moins en moins d'actualité, le logiciel est aujourd'hui pleinement compatible avec le web moderne et permet d'en éviter de nombreux travers : publicités, tracking et collection abusive des données de vie privée.
Certes peut-être encore un peu intimidant pour les néophytes malgré la possibilité de masquer toutes les fonctionnalités superflues, et un brin plus lourd que la concurrence, Vivaldi est indéniablement la solution de choix pour les power users ou les internautes à la recherche d'une productivité dopée. Sa gestion poussée des onglets, des fenêtres, des raccourcis, ses très nombreux outils intégrés ou encore sa miriades d'options en font aujourd'hui le navigateur le plus riche et intéressant sur le marché.
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