Richard COLLIN -Trivium : un entrepreneur de la connaissance

05 mars 2001 à 00h00
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Richard COLLIN administrateur et consultant chez Trivium nous présente son approche de la gestion des connaissances : incarnée, partagée, compétitive.

AB - Monsieur Collin bonjour, pouvez-vous me présenter votre parcours et la société Trivium ?

RC - Bonjour. Après une carrière de senior manager, je crée au début des années 1990 et dirige le Neurope Lab centre européen de recherche consacré à la connaissance. Ces cinq dernières années j'ai été co-gérant puis directeur général exécutif de Trivium.

Je travaille dorénavant comme administrateur pour Trivium, suis actionnaire et membre du conseil d'administration. Par ailleurs, j'occupe la fonction de Executive partner chez Eelscom (e-learning) en tant que spécialiste de la gestion des connaissances et de la stratégie du changement auprès des sociétés industrielles et de services. Je suis également correspondant et animateur pour l'Europe du Intellectual Capital Management Group (ICMG).

Fondateur du KM Forum et responsable de cette thématique pour les éditions Eyrolles, j'ai étudié à l'ESME et à l'IAE de Grenoble. J'ai également obtenu un DESS en sciences sociales à la Sorbonne et étudié aux Etats-Unis.

Michel AUTHIER est le Président de Trivium, société française d'édition de logiciels. Son créneau ? Les outils de gestion de la connaissance et de l'information. Trivium a notamment créé Gingo, instrument de gestion, de valorisation, de capitalisation de la connaissance et du capital intellectuel des entreprises. Trivium a également développé Umap, explorateur d'informations volumineuses sur Internet.

L'objectif de Trivium : valoriser le capital humain dans une organisation, l'entreprise en l'occurrence.

AB - Quel est le thème du KM forum édition 2001 ?

RC - Le KM forum des 25 et 26 septembre prochains au Palais des Congrès à Paris présentera les meilleures pratiques mondiales du Knowledge Management.

AB - Quelle est votre définition de la gestion des connaissances ?

RC - Je peux vous dire que l'approche traditionnelle de la gestion des connaissances est beaucoup trop «mécaniste». La connaissance n'est pas un objet. La connaissance a un objet.

Le KM (knowledge management) correspond à des méthodes, outils, visions et perspectives. Ces variables sont associées à la gestion et à la valorisation du capital intellectuel de l'entreprise. Nous sommes évidemment dans une logique «business». Pour gagner il faut avoir quelque chose de différent, un plus. La gestion des connaissances est l'arme absolue de la compétitivité : de l'information et du capital humain.

La France a une histoire ancrée dans la gestion du savoir, une forte culture scientifique (école de l'intelligence artificielle, école documentaire, aérospatiale, etc.) Ce pays a une tradition de formalisation, d'accumulation, d'institutionnalisation des connaissances. Or, le véritable enjeu n'est pas là, il est dans l'exploitation même des connaissances.

Il n'existe de connaissance qu'incarnée, humaine. La connaissance c'est l'autre. Le partage des connaissances est primordial afin que «tout le monde réinvente la roue»... J'ajouterai que le rapport à la connaissance n'est pas un rapport d'expertise, mais une mise en perspective de l'information en performance et en contexte : partage encore une fois.

AB - Avez-vous une idée du niveau d'investissement dans le capital immatériel en France ?

RC - Cet investissement concerne-t-il les 157 milliards de Francs qui auraient été dépensés dans le KM l'an dernier ou, par exemple, le départ en séminaire de mes employés pour le Mont-Blanc ?

Des milliards sont dépensés dans le capital immatériel, mal dépensés...

AB - Qu'en est-il concrètement de la gestion des connaissances aujourd'hui ?

RC - Comment faire du KM ? Soit nous fabriquons des outils (infrastructures des connaissances) ou nous nous concentrons sur la chaîne de l'immatériel (individus). La gestion des compétences est du partage plus que de la précision. Le centre en est l'individu, plus que le processus.

AB - La gestion des connaissances a pris une nouvelle dimension avec Internet, votre société en ressent les effets ?

Les produits Trivium, See-k notamment, reçoivent bon accueil dans l'entreprise. Les SSII, cabinets de conseil et autres départements de recherche et développement, savent que pour être compétitif il faut être fort et discipliné sur le plan de la logique intellectuelle, essentielle à la dynamique de l'entreprise.

En général, si les entrepreneurs prennent conscience de l'importance du KM grâce au boum des nouvelles technologies de l'information, la mise en place d'une stratégie de gestion des connaissances n'est pas systématique.



AB - Peut-on parler de retour sur investissement pour une entreprise qui aurait misé sur du capital immatériel ?

RC - Parlons de retour sur actif. Le capital immatériel devrait être pris en compte dans le bilan de l'entreprise. Colonne actif. Je devrais pouvoir passer 60% de la masse salariale de mon entreprise dans mon bilan. Pour l'anecdote, vous savez peut-être que Philip Morris inclut la marque Marlboro au sien.

AB - Peut-on mesurer le capital immatériel ? Une entreprise qui se positionne sur ce secteur a-t-elle une obligation de résultat ?

RC - On ne peut pas réfléchir aux fondamentaux de l'économie de la gestion des connaissances comme pour l'économie marchande. Nous sommes passés du couple énergie/matière au couple information/communication. Ce dernier n'est pas un espace de transaction. L'axe central de cet espace c'est l'individu, fondamental de la nouvelle économie.

Bref, le corpus conceptuel et théorique n'existe pas, nous n'avons toujours pas les moyens de le mesurer. Mais certains essaient de le faire, moi y compris. Une action doit être menée en ce sens.

AB - En matière de gestion des connaissances pensez-vous que la France soit en retard par rapport aux Etats-Unis ? Le KM est-il plus un concept ici qu'une réalité ?

RC - Il se passe beaucoup de choses aux Etats-Unis en la matière, c'est vrai. Je pense aux travaux de Pat SULLIVAN par exemple. Le nombre de responsables KM est plus important Outre-Atlantique proportionnellement. Mais aux Etats-Unis le traitement documentaire est considéré comme de la gestion des connaissances, ce qui n'est pas le cas. De toute façon en Amérique du nord comme en Europe le KM devient une nécessité, tout le monde s'y met, la compétition est grande.

AB - Souhaitez-vous ajouter un commentaire pour conclure ?

RC - L'Europe, la France en particulier, a un rôle à jouer dans la gestion des connaissances. Notamment dans son approche du lien social, vers une mobilisation, des changements de rôles et l'évolution des aptitudes individuelles. Chacun doit devenir un entrepreneur de la connaissance.

Monsieur COLLIN, je vous remercie.
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