Atlassian met la main sur The Browser Company, éditeur d’Arc et de Dia, pour bâtir un navigateur taillé pour les « travailleurs du savoir », avec IA embarquée, sécurité et gouvernance au niveau entreprise. Pour les fidèles d’Arc, la perspective est moins sombre qu’hier : Arc et Arc Search continuent d’exister, tandis que les meilleures idées d’Arc alimentent Dia, sous l’impulsion d’un acquéreur déjà conquis par ces approches.

- Atlassian acquiert The Browser Company pour 610 millions de dollars afin de développer un navigateur axé sur le travail.
- Dia, le nouveau navigateur, intégrera des fonctionnalités d'IA et de sécurité, tout en continuant à soutenir Arc et Arc Search.
- L'objectif est de créer un navigateur qui facilite la gestion des tâches et améliore l'expérience utilisateur en entreprise.
Le deal s’élève à 610 millions de dollars et sera financé en cash par Atlassian, sans impact financier matériel anticipé en 2026–2027, signe d’un pari de moyen terme plutôt que d’un coup financier à court terme. La vision affichée est sans ambiguïté : « un navigateur pour le travail » qui contextualise les onglets, connecte les tâches et met l’IA au cœur de l’action, au-delà d’un simple affichage de pages. Ce recentrage consacre Dia, lancé cette année autour d’un triptyque chat-skills-mémoire, et fait suite à l’arrêt l’an dernier du développement d’Arc au profit de ce cap IA.

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Un rachat très ciblé
Atlassian rachète The Browser Company dans une transaction au comptant d’environ 610 millions de dollars, avec une clôture visée au T2 de son exercice fiscal 2026, sous réserve des approbations habituelles. Dans sa communication, le groupe pointe la limite des navigateurs généralistes « conçus pour parcourir » et non pour « faire », et promet un navigateur qui « aide à faire » dans un contexte de SaaS omniprésent et de montée en puissance de l’IA. Cette philosophie ancre Dia comme vecteur d’actions contextualisées : onglets enrichis, compétences d’IA, mémoire de travail personnelle et politiques de sécurité intégrées.
Avec plus de 300 000 clients et plus de 80% du Fortune 500, Atlassian apporte une distribution qu’aucun éditeur de browser émergent ne peut égaler, un atout décisif pour imposer Dia en entreprise. L’éditeur met en avant 2,3 millions d’utilisateurs mensuels actifs de ses capacités IA, en forte croissance, de quoi accélérer l’industrialisation d’un navigateur assisté par IA qui s’insère nativement dans Jira, Confluence ou Trello. Le message est clair : l’IA doit relier les points entre applications, onglets et tâches, plutôt que d’être cantonnée à des chats isolés.
Atlassian insiste sur une lacune du marché : bien que 85% des workflows d’entreprise se déroulent dans un browser, moins de 10% des organisations ont adopté un navigateur sécurisé, d’où l’intégration de la conformité et des contrôles admin à tous les étages de Dia. Le positionnement vise autant les DSI que les équipes métiers : faire du navigateur un plan de contrôle sécurisé, conscient du contexte de travail, plutôt qu’un simple conteneur d’onglets. L’ambition s’inscrit dans le temps long, avec un impact financier non significatif annoncé pour 2026–2027, ce qui cadre avec une montée en charge progressive.
Arc, Dia et la communauté
L’année 2024 a marqué l’arrêt du développement d’Arc, roadmap en berne et pivot assumé vers Dia, un pari qui a surpris une base d’utilisateurs fidèle constituée autour d’Arc. Dia se présente comme un browser IA « pour tous » articulé autour du chat, de skills et d’une mémoire de travail, avec l’objectif de transformer les onglets en surfaces d’action plutôt qu’en simples pages. L’acquisition acte que « le prix » du passage à l’échelle, en distribution et en exigences entreprise, se paye mieux adossé à un acteur possédant ventes, confiance et maillage client.
Côté utilisateurs, un signal important : Arc et Arc Search « vont continuer d’exister », même si la priorité produit affichée reste Dia et son intégration au travail des équipes. Josh Miller a indiqué vouloir apporter « le meilleur d’Arc » à Dia, une ligne qui entretient l’espoir de voir les concepts d’Arc irriguer le browser pour le travail, sans promettre un retour à l’ancienne feuille de route. Sur le terrain, cela signifie plutôt des transferts d’idées et d’ergonomie qu’un redémarrage pur et simple d’Arc 2.0.
Le patron d’Atlassian est un utilisateur historique d’Arc et n’a pas caché son intérêt de longue date pour les approches de The Browser Company, un facteur d’alignement stratégique au-delà de la simple transaction. Atlassian figurait déjà parmi les soutiens de l’éditeur new-yorkais, ce qui éclaire la cohérence du rapprochement et la confiance portée à l’équipe fondatrice. Le message du côté d’Atlassian comme de The Browser Company : continuer à « faire de Dia le navigateur de travail », maintenant avec les moyens de déployer plus vite et plus large.
Ce que cela change concrètement
Attendre des passerelles profondes avec Jira, Confluence et Trello est raisonnable : Atlassian évoque des onglets « enrichis de contexte » et des capacités d’IA capables de connecter les points entre applis, onglets et tâches. À terme, un ticket Jira, un document Confluence ou une carte Trello pourraient être manipulés directement depuis Dia, avec une IA qui connaît l’état du travail et propose l’action suivante. L’objectif est de réduire la friction des allers-retours entre SaaS et de faire du navigateur une couche d’orchestration.
Le chantier sécurité n’est pas accessoire : Atlassian promet conformité et contrôles d’administration « intégrés », un prérequis pour le déploiement en grandes entreprises où les navigateurs « grand public » butent souvent. La donnée d’adoption des navigateurs sécurisés, encore sous les 10%, illustre un espace de différenciation par les politiques, l’authentification et la gestion fine des données. Si Dia concrétise ces promesses, l’adoption pourrait s’appuyer sur la base installée d’Atlassian et ses usages IA déjà massifs.
La clôture est visée au T2 de l’exercice fiscal 2026 d’Atlassian, avec une absence d’impact financier matériel anticipé sur 2026–2027, ce qui suggère un déploiement progressif plutôt qu’un big bang. The Browser Company doit continuer à opérer « de manière indépendante » sous Atlassian, tout en accélérant l’embauche et la cadence de livraison autour de Dia. Du côté des utilisateurs, le court terme rime avec stabilité d’Arc/Arc Search, tandis que Dia devrait concentrer les nouveautés et l’intégration systémique au travail d’équipe.
Ce rachat pourrait consacrer une nouvelle catégorie : un navigateur-plateforme pour le travail, piloté par l’IA, sécurisé et conscient du contexte, avec la distribution d’Atlassian comme accélérateur. Les points à surveiller : les premiers chantiers concrets d’intégration avec Jira/Confluence/Trello, la feuille de route sécurité/admin, et la façon dont les meilleures idées d’Arc transiteront vers Dia sans diluer l’ergonomie qui a fait sa réputation. En filigrane, un pari désormais assumé à l’échelle : faire du navigateur non plus un simple conteneur d’onglets, mais l’interface principale du travail numérique.