Observateur d'une intelligence artificielle qui affame le marché des composants, le célèbre patron d'OVHcloud, Octave Klaba, alerte sur une hausse des tarifs du cloud de 5 à 10% à venir d'ici mi-2026.

La demande en IA fait exploser les prix des composants serveurs, ce qui va avoir une incidence sur ceux du cloud. © Ehan's_stock / Shutterstock
La demande en IA fait exploser les prix des composants serveurs, ce qui va avoir une incidence sur ceux du cloud. © Ehan's_stock / Shutterstock

Sur LinkedIn, Octave Klaba n'y est pas allé avec le dos de la cuillère ce week-end. « Dans environ 6 mois, le prix des RAM et disques NVME vont augmenter… de beaucoup », a-t-il écrit. Le cofondateur et désormais président et directeur général d'OVHcloud, premier hébergeur français, dégaine une prédiction qui va faire grincer des dents les directions informatiques, mais qui prend tout son sens au vu de l'évolution du marché et de ses technologies. Vous êtes prévenus : entre avril et septembre 2026, vos factures cloud risquent d'exploser.

OVHcloud prévoit des serveurs jusqu'à 35% plus chers d'ici fin 2026

Que se passe-t-il exactement ? Pour Octave Klava, c'est une ruée sans précédent. Il l'explique assez frontalement : « toutes les capacités mondiales de production basculent vers les mémoires très rentables qui sont utilisées dans les GPUs ». Les fabricants de puces réallouent massivement leurs chaînes de production vers ces composants ultra-lucratifs destinés aux serveurs d'intelligence artificielle. Le résultat mécanique, c'est que la production de RAM et de stockage NVMe classique, moins rentable, diminue et diminue vite.

Les données du cabinet TrendForce sont assez révélatrices. Depuis septembre 2025, le prix des puces DDR4 a grimpé de 158% et celui des DDR5 de 307%. Une envolée spectaculaire qui a poussé Samsung à répliquer immédiatement avec des augmentations de 60% sur certaines gammes. Et ce n'est qu'un début selon les spécialistes du secteur qui anticipent une raréfaction durable.

Chez OVHcloud, les calculs sont déjà faits. Le même serveur qui sortira des usines en décembre 2026 coûtera entre 15 et 35% plus cher qu'un modèle identique assemblé fin 2025. Une inflation vertigineuse qui va forcément se répercuter sur les clients finaux, qu'ils soient des start-up ou des multinationales. Personne ne sera épargné par cette vague.

Vos factures cloud pourraient augmenter de 10% dès le printemps prochain

« Le prix de certains produits cloud va augmenter d'environ 5 à 10% entre avril et septembre 2026 », estime Octave Klaba dans son message. Avec une réserve importante : « Ce sont les estimations basées sur les informations dont on dispose en novembre 2025. Cela peut s'accélérer ». Autrement dit, si la demande en IA continue de s'emballer, ces prévisions pourraient rapidement devenir optimistes.

Les géants du cloud tentent bien de jouer la montre. Beaucoup stockent massivement des composants dès maintenant, en espérant bénéficier des tarifs actuels pour tenir six à douze mois sans augmenter leurs grilles tarifaires. Mais cette stratégie de gestion défensive a ses limites, car elle crée déjà des tensions supplémentaires sur un marché tendu, accélérant paradoxalement la hausse des prix dès décembre 2025.

Certains rêvent d'un grand retour vers les serveurs physiques en entreprise. La fameuse « repatriation » dont parlent les analystes. Pourtant, les experts ne misent pas sur un exode massif. Le cloud reste trop ancré dans les architectures modernes pour qu'on l'abandonne à cause d'une inflation, même salée. Les DSI devront simplement composer avec cette nouvelle réalité économique et ajuster leurs budgets IT en conséquence.