Les cartes bancaires et les transactions dématérialisées sont-elles compatibles avec la protection de votre anonymat et votre vie privée ?
Le cash est en train de disparaître. Les transactions en espèces sont de moins en moins courantes, jugées moins pratiques par les consommateurs que le paiement sans contact, que ce soit par carte bancaire, smartphone ou smartwatch. Puis est arrivée la crise sanitaire avec l’épidémie de COVID-19, qui a encore accéléré le processus. Mais il faut bien se rendre compte que l’abandon de l’argent liquide soulève des problématiques importantes liées à la vie privée. Des inquiétudes sur lesquelles nous revenons ici en vous proposant plusieurs solutions.
Toutes les transactions bancaires sont tracées
Une société sans cash, c’est avant tout plus de commodités. Mais comme dans bien des domaines, ce que l’on gagne en confort et praticité, on le perd en sécurité. Les paiements en argent liquide sont le seul moyen de réaliser des achats sans laisser de trace. Autrement, les transactions sont toutes enregistrées de manière automatique informatiquement, sans que l’on puisse avoir aucun contrôle sur cette collecte d’informations.
Au premier rang de cette situation, les réseaux de banques enregistrent toutes les transactions effectuées. Ils encouragent largement l’adoption de méthodes de paiement qui puissent être tracées en proposant à leurs clients des solutions de portefeuilles numériques et de cashback.
Les banques sont au courant des montants dépensés, mais aussi de la nature des achats puisqu’elles connaissent aussi l’identité du vendeur. Ces données sont en théorie sécurisées, mais s’il y a bien quelque chose que l’on a compris au cours des dernières années en termes de cybersécurité, c’est qu’aucun système n’est intouchable. Nos informations financières sont donc sensibles à une faille de sécurité ou à une attaque.
Si ces données tombent entre les mains d’un acteur malveillant, les dégâts peuvent être considérables. Organisations criminelles, entreprises mal intentionnées, et même gouvernements et agences de renseignement peuvent les exploiter.
L’exemple de la Chine
Plusieurs exemples d’abus préoccupants ont déjà été constatés en Chine, qui est l’un des pays qui se dirige le plus rapidement vers la disparition de l’argent liquide, une tendance particulièrement forte en Asie. Dans le pays, il est même difficile de se passer des applications de paiement les plus utilisées comme Alipay et WeChat Pay. Si bien que même en France, les commerçant situés dans des zones touristiques commencent à accepter les paiements de ce type.
Problème, la Chine est en train de développer et a commencé à mettre en place un système dit de crédit social. Pour résumer, la réputation de chaque citoyen est notée en fonction de ses actions, à la manière de ce que l’on voit dans un célèbre épisode de Black Mirror. Avec ce système, les Chinois sont découragés à réaliser certains types d’achat afin de ne pas entacher leur notation. Les achats par Alipay et WeChat Pay étant tracés, les transactions en espèce représentent alors la solution la plus sécurisée pour certains types d’achat.
Ce sytème représente un nouvel outil pour la surveillance de masse de la Chine, déjà très élaborée. Ou comment donner vie au roman “1984” de George Orwell. Les activités financières d’un citoyen peuvent ainsi lui valoir une dégradation de sa cote et de se retrouver “blacklisté”, lui interdisant ainsi l’accès à des services comme le transport en avion ou en train.
Pour les défenseurs des droits, la liberté des Chinois est ainsi bafouée et ces outils sont des armes servant à s’attaquer aux dissidents politiques et aux opposants au pouvoir. Autrement dit, une menace pour la démocratie. Priver les individus de la possibilité d’effectuer des achats en argent liquide, c’est aussi se donner l’opportunité de savoir où ils se trouvent à un moment précis grâce aux données des transactions. De quoi repérer qui se trouvait juste à côté d’une manifestation par exemple.
Et si vous pensez qu’une telle chose ne pourrait jamais arriver dans nos sociétés occidentales, rappelons l’affaire de l’Operation Choke Point, une initiative lancée par le département de la justice américaine qui a servi à geler les avoirs d’entreprises légitimes jugées politiquement défavorables sous couvert de la lutte contre la fraude et le blanchiment d’argent.
Et les cryptomonnaies dans tout ça ?
Si le cash disparaît, il existe bien une alternative de paiement numérique qui ne peut pas être tracée : les cryptomonnaies (comme le bitcoin). Basée sur le principe de la blockchain, toutes les transactions sont chiffrées et transitent par un réseau indépendant et décentralisé. Mais il ne faut pas s’attendre à ce qu’elles nous sauvent du retrait de l’argent liquide, et ce pour plusieurs raisons.
Utilisées pour la spéculation plus que pour les échanges, la volatilité des cryptomonnaies en fait des solutions bien trop instables pour nos économies. D’ailleurs, de nombreux commerçants refusent ce moyen de paiement pour cette raison. Une possibilité serait de les indexer sur d’autres monnaies considérées comme stables : l’euro, le dollar américain, le yen… C’était l’idée de Facebook avec sa Libra, gérée par un consortium de multinationales. Ou comment privatiser la monnaie et la donner aux mains des géants qui dirigent déjà le monde. Pour la confiance, on repassera.
Et le projet a de toute manières été enterré par les gouvernements du monde entier, qui se sont fermement opposés à une telle initiative visant à laisser le secteur privé s’emparer de la monnaie à une telle échelle. C’est un autre obstacle à l’essor des cryptomonnaies indépendantes : les états vont tout faire pour les freiner, craignant qu’elles ne facilitent le blanchiment d’argent ou la corruption, ce qu’on reproche déjà à l’argent liquide.
S’il est loin d’être sûr que les cryptomonnaies ne s’imposent vraiment, la technologie de blockchain sur laquelle elles reposent devrait se démocratiser dans le secteur bancaire avec l’émergence de la fintech. Mais cela ne résout qu’une partie du problème. L’adoption de la blockchain pour sécuriser les échanges devrait certes empêcher le vol de données par des tiers, mais les établissements bancaires gérant ces solutions auront toujours accès aux informations, qui peuvent alors être exploitées pour leurs propres fins ou fournies aux gouvernements sur demande.
Les VPN, une première barrière de protection
Échapper à la surveillance de masse dans nos sociétés actuelles est déjà un véritable défi, celui-ci devrait encore se complexifier avec la disparition à venir des paiements en espèce. Mais certaines pratiques permettent tout de même de contribuer à se protéger. Parmi elles, l’utilisation d’un VPN lors de la navigation web et des achats.
L’activation d’un service de réseau privé virtuel de qualité peut, si les bonnes précautions sont prises à côté, permettre de cacher et sécuriser les informations liées au trafic web. Les données sont chiffrées et l’adresse IP dissimulée, de quoi brouiller les pistes en donnant le moins de renseignements possibles à des tiers sur vos actions en ligne. Dans le cas de paiements, cela concerne notamment le tunnel d’achat, le chemin que vous avez suivi avant de passer commande.
Bien entendu, il faut savoir bien choisir son VPN, tous ne garantissent pas une protection efficace des données. Optez pour un service qui exploite les meilleurs standards de chiffrement, comme la technologie Advanced Encryption Standard avec clés 256 bits (AES-256). Assurez-vous aussi que le VPN que vous comptez utiliser adopte une stricte politique de non conservation des logs (journaux, ou historique de navigation) et de non divulgation des données, même sur demande des gouvernements et agences de renseignement.
Quand cela est possible, la combinaison d'un VPN comme NordVPN et blockchain (via la cryptomonnaie par exemple) est une bonne solution pour effectuer des achats de manière sûre, sans craindre de pouvoir être espionné. Cela impose par contre de changer ses habitudes. Mais il faut de toute manière bien s'adapter à ces nouvelles règles et restrictions, le monde évolue qu’on le veuille ou non.

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