Nintendo : sanction exemplaire pour l'hébergeur de ces pirates à la cour d'appel de Paris

18 avril 2023 à 17h45
7
© Nintendo
© Nintendo

La cour d'appel de Paris vient de confirmer que la société DSTORAGE, qui exploite le site 1fichier.com, a engagé sa responsabilité civile en ne bloquant pas l'accès aux versions pirates des jeux Nintendo, tel que cela avait été exigé en 2021 à la suite d'une plainte de l'éditeur japonais.

Nintendo obtient donc une nouvelle fois gain de cause près de deux ans après le rendu du premier verdict, qui indiquait que l'éditeur n'avait pas à obtenir une décision de justice préalable pour faire retirer les fichiers piratés.

Nintendo contre DSTORAGE, épisode 2

La cour d'appel de Paris, qui a pris en charge le dossier opposant Nintendo à DSTORAGE, a confirmé le jugement du 25 mai 2021 qui indiquait que la société exploitant 1fichier.com était civilement responsable de ne pas avoir retiré aux utilisateurs l'accès aux fichiers illicites contenant des copies piratées des jeux Nintendo.

Les juges ont également confirmé le fait que Nintendo n'était pas tenu d'obtenir une décision de justice pour demander au service d'hébergement partagé de retirer les fichiers, ni de fournir des informations liées au droit d'auteur ou de marque qui ne sont pas exigées par la loi. Par conséquent, DSTORAGE a été condamné à verser 443 750 euros à Nintendo au titre de dommages et intérêts, et de rembourser les 25 000 euros de frais de justice engagés par l'éditeur. DSTORAGE a encore la possibilité de se pourvoir en cassation pour contester cette seconde décision en exploitant un éventuel vice de procédure ou une mauvaise application de la loi dans le jugement rendu.

© Nintendo
© Nintendo

Une décision importante pour l'industrie

Les détenteurs de droit luttent depuis des années contre les fournisseurs d'hébergement partagé, dont les services sont parfois utilisés pour distribuer illégalement des contenus protégés. Ces mêmes fournisseurs se défendent généralement en indiquant qu'ils ne sont pas responsables de ce que les gens ajoutent à leur espace de stockage en ligne, mais la justice française vient une nouvelle fois de mettre à mal cette ligne de défense.

En confirmant la condamnation de DSTORAGE, la justice indique à tous les fournisseurs que leur responsabilité est engagée lorsque du contenu illégal est disponible par l'intermédiaire de leur service et que rien n'est fait pour le supprimer. De son côté, Nintendo se réjouit :

« Nintendo se réjouit de la décision de la cour d'appel de Paris, car elle envoie à nouveau le message clair qu'en refusant de supprimer ou de retirer l'accès à des copies non autorisées de jeux vidéo malgré une notification préalable, les services d'hébergement […] sont responsable en vertu de la loi française et doivent supprimer ou bloquer l'accès à ces contenus […]. Le verdict […] est important, non seulement pour Nintendo, mais également pour l'ensemble de l'industrie du jeu. »

Nintendo devrait avoir fort à faire dans les prochaines semaines avec la sortie de The Legend of Zelda : Tears of the Kingdom, qui ne manquera pas d'être dans le viseur des pirates.

Source : GamesIndustry

Mallory Delicourt

Historien finalement tombé dans le jeu vidéo, je me passionne pour ces deux domaines ainsi que pour l'espace, les sciences en général, la technologie et le sport. Streameur en pointillé, j'ai tellemen...

Lire d'autres articles

Historien finalement tombé dans le jeu vidéo, je me passionne pour ces deux domaines ainsi que pour l'espace, les sciences en général, la technologie et le sport. Streameur en pointillé, j'ai tellement de jeux à faire que j'ai dû créer un tableur. Rédacteur newseur depuis 6 ans, j'aime faire vivre l'actualité aux lecteurs.

Lire d'autres articles
Vous êtes un utilisateur de Google Actualités ou de WhatsApp ? Suivez-nous pour ne rien rater de l'actu tech !
google-news

A découvrir en vidéo

Rejoignez la communauté Clubic S'inscrire

Rejoignez la communauté des passionnés de nouvelles technologies. Venez partager votre passion et débattre de l’actualité avec nos membres qui s’entraident et partagent leur expertise quotidiennement.

S'inscrire

Commentaires (7)

arthur6703
« sanction exemplaire pour ces pirates français »<br /> Il y a rien qui va dans votre titre.<br /> La société en question n’a rien piraté, elle héberge des fichiers. Elle n’est donc pas plus « pirate » que Microsoft, Google, Amazon qui sont eux aussi des hébergeurs de fichiers via leurs services respectifs.<br /> La sanction n’est pas forcément exemplaire puisque le montant a déjà été divisé par 2 par rapport à la condamnation initiale. Et ils semblent qu’ils peuvent à nouveau faire appel d’après l’article que vous citez.<br />
darkkanga
Bonjour,<br /> Cela reste exceptionnel car c’est un site de partage de fichier qui est condamné et pas les personnes qui auraient mis les fichiers en partage. De plus il ne reste que le pourvoir en cassation qui je crois ne regarde pas le jugement en soi mais si il y a vice de procédure, non respect de la loi
Droz
Mais ils n’ont pas voulu enlever les fichiers, c’est pour ça qu’ils sont condamnés.<br /> Microsoft, Google ou Amazon ne laissent pas les fichiers pirates signalés.<br /> Par contre c’est vrais que l’amande est très faible pour ce genre de sociétés.
ar-s
Étrange qu’ils n’aient pas viré les fichiers signalés.
xXInfernoXx
ils en suppriment beaucoup pour info, et de nommer sous des noms de code les fichiers rends la tâche très difficile pour les détecter que de simplement utiliser le noms du jeu.<br /> maintenant es-ce que 1fichier va couler ? difficile à dire
Murphy-Law
+1 avec arthur6703 : 1fichier n’est pas le pirate, mais c’est l’utilisateur, qui n’est pas forcément français d’ailleurs… titre à changer.<br /> Par contre, en lisant cette phrase de l’article : " l’éditeur n’avait pas à obtenir une décision de justice préalable pour faire retirer les fichiers piratés", je suis perplexe : comment un hébergeur, en supposant de sa bonne foi, peut être absolument sûr qu’un fichier binaire est le piratage d’un jeu Nintendo, à part grâce à son nom ?<br /> Je sais bien que pour des fichiers de films ou des musiques, on peut peut « les voir » ou « les entendre », et d’ailleurs des jugements vont dans ce sens, en argumentant du « caractère manifestement illicite » du fichier (https://www.quantic-avocats.com/2021/06/18/condamnation-hebergeur/). Youtube utilise des algorithmes qui permettent de faire cela automatiquement et de supprimer les contenus « manifestement » illicites (avec parfois des bugs !).<br /> J’ai aussi lu un article disant : « L’alinéa 1er de l’article 6 de la directive européenne sur la protection juridique des programmes d’ordinateur dispose que : « Le fait d’importer, de posséder ou de prendre en charge une copie illicite d’un programme d’ordinateur en sachant ou en ayant de bonnes raisons de croire qu’il s’agit effectivement d’une copie illicite constitue une infraction aux droits exclusifs de l’auteur sur ce programme. » »<br /> « en ayant de bonnes raisons de croire » : l’hébergeur de fichiers doit-il croire sur parole Nintendo ?<br /> En effet, pour un dump binaire d’un jeu Nintendo, comment est-ce possible pour l’hébergeur de savoir que c’est VRAIMENT un jeu pirate ? Comment Nintendo peut-il prouver que le contenu lui appartient ? Les binaires des jeux Nintendo ne sont pas directement mis à disposition par Nintendo, et il faut des moyens particuliers pour les extraire, contrairement à des jeux au format « iso » ou à des logiciels au format « exe ». C’est d’ailleurs la même histoire quand on fait des dumps mémoire de jeux vidéos.<br /> Nintendo ne peut pas prouver dans ce cas que le fichier binaire hébergé est une copie conforme octet-par-octet d’un de leurs jeux.<br /> C’est pour cela que, dans le cas des fichiers de dump Nintendo, cette phrase " l’éditeur n’avait pas à obtenir une décision de justice préalable pour faire retirer les fichiers piratés" m’interpelle : ne faut-il pas dans ce cas une expertise extérieure pour vraiment établir le statut « pirate » du fichier, et cela ne devrait-il pas être supervisé par un juge ?<br /> Si vous avez des réponses, merci de votre retour !
pecore
« Un pourvoi » ou « se pourvoir » mais pour le reste, oui tu as raison, cela ne concerne que le respect des textes de loi et de la procédure judiciaire.<br /> A cela je rajouterai que ce n’est pas suspensif de la décision d’appel, ce qui veut dire que même s’ils se pourvoient en cassation, ils devrons préalablement payer les dommages et intérêts et les frais de justice à Nintendo.
darkkanga
Bonjour,<br /> Merci pour ces précisions et la correction de l’erreur. Donc si je comprends, 1fichier à perdu cette bataille.
pecore
Oui et en plus la décision risque de faire jurisprudence. Alors ils ont perdu cette bataille et aussi toutes les autres à venir sur le même thème, en tous cas en France.
Voir tous les messages sur le forum
  • Indépendance
  • Transparence
  • Expertise

L'équipe Clubic sélectionne et teste des centaines de produits qui répondent aux usages les plus courants, avec le meilleur rapport qualité / prix possible.

Haut de page

Sur le même sujet