Ça ne vous a pas échappé, les catalogues Netflix, Amazon Prime Video ou Disney+ diffèrent selon les pays. Techniquement, il est possible de contourner ces restrictions, mais cette pratique enfreint les conditions d'utilisation des plateformes et pose des questions juridiques.

Streaming : peut-on vraiment accéder aux catalogues étrangers ? ©Shutterstock
Streaming : peut-on vraiment accéder aux catalogues étrangers ? ©Shutterstock

Netflix propose 7 558 titres en France contre 8 525 en Slovaquie. Cette différence ne relève pas d'un caprice des plateformes mais d'une réalité économique et juridique complexe.

Des catalogues qui varient selon des accords de licences nationaux

Les studios et distributeurs négocient leurs contrats pays par pays. Chaque territoire dispose d'un catalogue différent selon les exclusivités déjà signées avec les chaînes télévisées nationales et les autres plateformes concurrentes. Le plus offrant remporte généralement l'exclusivité.​

La France ajoute une couche de complexité avec la chronologie des médias. Cette réglementation impose des délais stricts entre la sortie d'un film en salle et sa disponibilité en streaming. Netflix doit attendre 15 mois, Disney+ 9 mois et Amazon Prime Video 17 mois. Ces fenêtres temporelles créent des décalages importants avec d'autres régions où ces contraintes n'existent pas.​

En juillet 2024, la Slovaquie afficherait le catalogue Netflix le plus fourni au monde avec 8 525 contenus, tandis que la France en proposerait 7 558. Les États-Unis, souvent perçus comme le territoire privilégié, ne compteraient que 5 800 à 6 000 contenus.​

©Shutterstock
©Shutterstock

Un VPN suffit pour changer de catalogue

Un VPN (Virtual Private Network) chiffre la connexion Internet et masque l'adresse IP réelle de l'utilisateur. En se connectant à un serveur situé à l'étranger, l'adresse IP attribuée correspond au pays du serveur choisi. Les plateformes de streaming identifient la localisation géographique via cette adresse IP et affichent le catalogue correspondant.​

Les principaux fournisseurs comme CyberGhost, Proton VPN, ExpressVPN, NordVPN ou Surfshark commercialisent cette fonctionnalité comme un argument majeur. Leurs serveurs optimisés pour le streaming permettent d'accéder aux catalogues d'autres régions en quelques clics.​

La loi française autorise les VPN mais pas tous leurs usages

L'utilisation d'un VPN demeure parfaitement légale en France. Ces outils relèvent du droit à la confidentialité des communications et à la protection des données personnelles. Un amendement récent visant à interdire les VPN sur les réseaux sociaux a d'ailleurs été rejeté.​

Attention, la légalité de l'outil ne couvre pas tous les usages. Utiliser un VPN pour des activités illégales (piratage, trafic de substances prohibées, harcèlement) reste punissable. Le contournement des restrictions géographiques pour le streaming se situe pour sa part dans une zone juridique floue.​

Les œuvres diffusées sont protégées par des accords de licence territoriaux. Y accéder via un VPN sans autorisation constitue techniquement une infraction aux droits d'auteur. Aucune poursuite judiciaire n'a toutefois été engagée contre des particuliers pour ce type d'usage.​

©Shutterstock

Les services de streaming disent non !

Netflix a développé un système de détection des VPN et des proxys qu'il renforce régulièrement. Lorsqu'un VPN est détecté, le message affiché est : "Il semble que vous utilisiez un proxy ou un débloqueur". Les CGU de Netflix autorisent la plateforme à suspendre l'abonnement sans remboursement des utilisateurs qui contournent ces mesures de sécurité. Cette sanction n'a jamais été appliquée.​

Amazon Prime Video adopte une position similaire. Ses conditions d'utilisation précisent que "si vous violez l'une des conditions du présent Accord, les droits qui vous sont conférés prendront automatiquement fin sans préavis". La plateforme peut "révoquer immédiatement votre accès au Service et au Contenu numérique sans aucun remboursement". Là encore, aucune répression active n'a été constatée.​

Disney+ interdit également l'utilisation de moyens pour "dissimuler ou modifier votre localisation". Les tests montrent que la plateforme ne suspend pas les comptes détectés.​

Même chose chez Canal+.

Erreur chez Amazon Prime Video

Des risques limités, mais attention….

Les plateformes détectent de plus en plus efficacement les adresses IP des serveurs VPN et les placent sur liste noire. L'utilisateur reçoit alors un message d'erreur l'invitant à désactiver son VPN.​

La suspension de compte reste possible selon les CGU mais n'a jamais été appliquée. Les plateformes préfèrent conserver leurs abonnés.​

Aucune poursuite judiciaire n'a visé des particuliers pour avoir utilisé un VPN afin d'accéder à des catalogues étrangers. L'ARCOM, qui a repris les missions de Hadopi, concentre ses efforts sur les sites de streaming illégaux et l'IPTV pirate.​

Une décision de justice qui pourrait changer la donne
En juillet 2025, le Tribunal judiciaire de Paris a ordonné à cinq fournisseurs de VPN (NordVPN, ProtonVPN, CyberGhost, Surfshark et ExpressVPN) de bloquer l'accès à 203 sites diffusant illégalement des matchs sportifs. Cette décision, obtenue par Canal+ et la Ligue de Football Professionnel, élargit la responsabilité des intermédiaires techniques.​

Cette jurisprudence concerne le piratage de contenus sportifs en direct. Elle pourrait néanmoins préfigurer un durcissement de l'encadrement des VPN en France et influencer l'approche des autorités concernant d'autres usages de contournement.

Canal+ passe à l'offensive

Une zone qui reste grise pour le particulier

Accéder aux catalogues étrangers via un VPN fonctionne techniquement dans la plupart des cas. Les plateformes détectent et bloquent certaines connexions VPN, mais la pratique reste possible.

Cette solution enfreint systématiquement les conditions d'utilisation des services de streaming. Les plateformes se réservent le droit de suspendre les comptes concernés. La pratique pose également des questions en matière de respect des droits d'auteur, les œuvres étant protégées par des licences territoriales.

Les risques de sanctions demeurent faibles pour les particuliers. L'évolution de la réglementation et la décision judiciaire récente contre les fournisseurs de VPN suggèrent néanmoins un possible durcissement. Chaque utilisateur doit peser les avantages (accès à plus de contenus) et les inconvénients (violation des CGU, zone grise juridique).

Clubic vous accompagne depuis plus de 25 ans dans le choix de services tech pour vos usages au quotidien. Notre équipe d'experts vous propose des comparatifs, guides et avis VPN établis à partir de différents critères :

À découvrir
Meilleur VPN, le comparatif en décembre 2025
01 décembre 2025 à 09h07
Comparatifs services

Nos tests complets du Top 5 des VPN en 2025 :