L'IA de Google, un festin cannibale aux dépens de la presse ? Les récentes déclarations d'un cadre de l'entreprise confirment les pires craintes des éditeurs, qui voient leur contenu aspiré sans contrepartie.

Alors que les résumés générés par intelligence artificielle s'imposent en tête des résultats de recherche, une question brûle les lèvres de tous les créateurs de contenu : Google est-il en train de scier la branche sur laquelle il est assis ? En siphonnant l'information à la source pour la servir sur un plateau, le géant prive les sites de presse de leur ressource la plus vitale : le trafic.
Le double discours de Google, un piège pour les éditeurs
Il fallait oser. Lors d'un récent procès, Nick Fox, le vice-président de la recherche chez Google, a exposé sans fard la logique implacable de l'entreprise. Il a confirmé que le mécanisme de retrait proposé aux éditeurs pour empêcher l'IA d'analyser leurs contenus était largement illusoire. Refuser l'accès aux robots explorateurs de Google pour l'entraînement de ses modèles d'intelligence artificielle revient purement et simplement à demander sa désindexation du moteur de recherche. En clair : acceptez d'être pillé ou devenez invisible.
Cette proposition sonne comme un ultimatum à peine voilé. Google place les éditeurs face à un choix cornélien : soit ils continuent d'alimenter gratuitement la machine qui les rend obsolètes, soit ils renoncent à leur principale source d'audience et signent leur arrêt de mort économique. Le vernis du consentement s'écaille pour révéler un rapport de force où l'un des partenaires dicte toutes les règles, avec un sourire en coin. Le message est d'une clarté brutale : la porte est ouverte, mais le vide vous attend de l'autre côté.

Bruxelles sort la hache de guerre, la fin de la récréation ?
Ce petit jeu n'a pas échappé à la Commission européenne. Lassée de voir le trafic des sites d'information s'effondrer depuis le déploiement des aperçus par IA, elle a dégainé l'arme la plus redoutée de la Silicon Valley : une enquête antitrust en bonne et due forme. Pour Bruxelles, le cas est limpide. Google abuse de sa position dominante écrasante dans la recherche pour bâtir, à peu de frais, sa prochaine forteresse dans l'intelligence artificielle.
L'Europe ne se contente plus de belles paroles et exige des actes. L'enquête pourrait contraindre Google à séparer ses activités, en forçant l'utilisation de robots explorateurs distincts pour l'indexation et pour l'entraînement de ses modèles. Une telle mesure redonnerait aux éditeurs un véritable contrôle sur leurs créations. Plus encore, elle pourrait ouvrir la voie à une rémunération juste et équitable, transformant chaque octet d'information aspiré en juste dû. Pour Google, habitué à un buffet à volonté et gratuit, la fête pourrait bien être terminée.
Source : ZDNet