Philippe Batreau, ISOC France : "On ne peut pas parler de 'crise grave', mais de troubles"

14 mars 2008 à 15h10
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Le chapitre français de l'Internet Society France (ISOC France), membre de l'ISOC WorldWide, un des acteurs de la gouvernance Internet au côté de l'ICANN (Internet Corporation for Assigned Names and Numbers), est en proie à des conflits internes. Philippe Batreau, trésorier démissionnaire de l'ISOC France, s'explique.

AB - Philippe Batreau, bonjour. Le chapitre français de l'Internet Society, association loi de 1901 membre de l'ISOC Worldwide, traverserait « une crise grave ». Est-ce que vous confirmez ?

PB - Bonjour. On ne peut pas parler de « crise grave », mais de troubles oui.

AB - Le conseil d'administration actuel de l'ISOC France a qualifié la cellule de crise créée récemment (ISOC France Refondation) « d'initiative isolée menée par un petit groupe d'individus ». Quel est votre point de vue sur le sujet ?

C'est bien le cas, je partage cette analyse. Déjà, une partie des signataires ont déclaré ne pas avoir donné leur accord formel, dont Bruno Oudet, fondateur du chapitre français. Ces méthodes en disent long sur les initiateurs de cette attaque et sur leurs méthodes. Il faut voir dans les arguments avancés autant de prétextes que de raisons.

AB - Critique vis-à-vis du « manque d'information sur le fonctionnement financier de l'association », I'SOC France Refondation a tout de même fait bouger les choses : le conseil d'administration s'est réuni le 10 mars 2008 et, le lendemain, vous avez annoncé démissionner du poste de trésorier de l'ISOC dans un e-mail transmis aux adhérents. Pour quelles raisons avez vous démissionné et dans quelles conditions ?

PB - Des dysfonctionnements ont été pointés et ils sont réels. Il est vrai que les rapports financiers n'ont pas été présentés en temps et en heure. Comme je l'ai indiqué aux adhérents, j'assume ma pleine part de responsabilité de trésorier. J'ai donc présenté ma démission de trésorier au conseil d'administration qui l'a accepté. Mis en cause personnellement par une petite poignée d'individus, je ne souhaite pas persister à être un sujet d'attaque quand s'ouvre une brèche contre le chapitre français, chapitre qui a des échéances importantes à préparer. Les rapports moraux et financiers seront présentés à l'assemblée générale dans les mois à venir et tout rentrera dans l'ordre.

Sans pour autant vouloir minimiser l'affaire, il faut replacer ces éléments dans le contexte d'une association de bénévoles qui n'a pas forcément suivi tout le formalisme qu'implique la stricte application des statuts. La réforme engagée des statuts de l'ISOC France doit permettre, quand ils seront adoptés, de dégager les moyens financiers et humains d'une gestion associative irréprochable et professionnelle. C'est précisément, et bizarrement, ce contre quoi s'élève le petit groupe d'attaquants qualifiant dans leur billet la réforme engagée « d'étrange ». Leur « refondation » privilégie le statu quo.

La refondation de l'ISOC France que j'appelle de mes vœux est celle que prévoient les statuts en préparation, statuts à la rédaction desquels j'ai participé et que j'attends depuis longtemps. La volonté de permettre aux personnes morales, associations, entreprises ou collectivités publiques, d'être membres à part entière de l'association - ainsi que le prévoit le projet - ne date pas d'aujourd'hui et a déjà rencontré par le passé des oppositions.

A titre personnel, j'appelle les acteurs de l'Internet et toute personne de bonne volonté se sentant concernée par la gouvernance de l'Internet, en accord avec la devise « Internet pour tous et par tous », à rejoindre l'ISOC France, dès maintenant.

En tant que chapitre français de l'Internet Society, nous avons une responsabilité particulière dans le paysage Internet français. L'ISOC France doit notamment faire entendre sa voix quand c'est nécessaire sur les sujets qui nous préoccupent. Nous l'avons fait pour la loi DADVSI (droit d'auteur et droits voisins dans la société de l'information) et nous nous apprêtons à le faire concernant le projet de loi de lutte contre le piratage, dès que nous l'aurons analysé. Notre association doit également être l'un des interlocuteurs privilégiés des pouvoirs publics en matière de gouvernance de l'Internet, dès lors que se met en place une politique de concertation en ce domaine.

AB - Ces tensions internes ne risquent-elles pas de limiter la portée de la voix française dans la gouvernance de l'Internet ?

PB - Il faut dédramatiser la situation. Il est en effet regrettable qu'une telle publicité soit faite au moment où se prépare la semaine mondiale de l'Internet, à partir du 20 juin 2008, au moment où Paris s'apprête à être la capitale de l'Internet. Ce ne sera bientôt plus qu'un mauvais souvenir tant les différentes parties prenantes sont attachées à faire de cette semaine un évènement réussi qui, en France et en Europe, permettra de promouvoir et de traiter des enjeux de la gouvernance de l'Internet.

AB - Philippe Batreau, je vous remercie.
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