La justice française a ordonné le blocage du site Japscan et de ses sous-domaines. Ce site francophone très populaire diffusait gratuitement des milliers de mangas traduits illégalement. Le Syndicat national de l'édition (SNE) salue une décision attendue.

- La justice française a ordonné le blocage de Japscan, un site pirate diffusant illégalement 13 000 mangas, pour 18 mois.
- Les éditeurs, soutenus par le SNE, voient cette décision comme une victoire contre le piratage menaçant le marché.
- Malgré le blocage, les éditeurs craignent des sites miroirs et demandent des mesures plus rapides pour les contrer.
La justice française a tranché après plusieurs années de combat judiciaire. Le tribunal judiciaire de Paris a ordonné le blocage du site Japscan le 23 juillet 2025. Cette plateforme permettait l’accès gratuit à près de 13 000 mangas et autres bandes dessinées, sans l’autorisation des ayants droit. L’ordonnance tape aussi sur les sous-domaines de Japscan. Ce blocage doit durer dix-huit mois.
Les fournisseurs d’accès à Internet, comme Orange, Free ou Bouygues Telecom, doivent empêcher l’accès au site. Pour les éditeurs français, cette décision constitue une victoire importante dans la lutte contre le piratage, qui fragilise le secteur du manga.
Les éditeurs avaient identifié Japscan comme une source massive de piratage
Pendant des années, Japscan a proposé l’accès libre à un catalogue de près de 13 000 titres, mangas en tête, mais aussi manhwas, manhuas, comics ou bandes dessinées. En moyenne, plus de 690 000 visiteurs uniques par mois se rendaient sur le site depuis la France, selon les chiffres partagés par le Syndicat national de l’édition (SNE). Ce volume de consultation a fini par alerter les éditeurs, déjà confrontés à une baisse sensible du marché.
L’affaire a été portée en justice par le SNE, appuyé par neuf éditeurs de mangas implantés en France : Casterman, Crunchyroll, Delcourt, Glénat, Kana, Ki-oon, Kurokawa, Panini et Pika. Le tribunal judiciaire de Paris leur a donné raison ce 23 juillet. Les fournisseurs d’accès à Internet sont désormais contraints d’empêcher l’accès au site japscan.lol ainsi qu’à tous ses sous-domaines. La mesure doit rester en vigueur pendant dix-huit mois.
Selon les termes du jugement, les opérateurs — Bouygues Telecom, Free, SFR, SFR Fibre et Orange — devront « mettre en œuvre ou faire mettre en œuvre toutes mesures propres à empêcher l’accès » au site. Cette décision judiciaire ne concerne pas les utilisateurs directement, mais s’applique à l’infrastructure, en amont.
Le piratage s’intensifie alors que les ventes de mangas reculent
Du côté du SNE, cette décision est considérée comme un jalon important dans une stratégie engagée de longue date contre les sites de diffusion illégale. L’organisation avait déjà engagé une procédure contre Z-Library, également condamnée. Cette nouvelle action renforce sa campagne de fond contre les plateformes qui diffusent des contenus sans autorisation.
La situation préoccupe particulièrement le secteur du manga. Après plusieurs années de croissance rapide, les ventes ont reculé. Nos confrères du Monde Pixels précisent que d’après le cabinet GfK, le chiffre d’affaires du manga a baissé de 13 % en 2023, puis de 4 % l’année suivante. Le SNE y voit un lien direct avec la montée en puissance du piratage. En 2024, le recul atteint -9,3 % en volume pour le seul segment éditorial manga.
Une étude réalisée par Mangas.io en 2025 montre que 83 % des lecteurs de mangas fréquentent régulièrement des sites pirates. Un chiffre difficile à ignorer pour les éditeurs, qui cherchent à préserver leurs marges tout en continuant d’investir dans l’offre légale.
Pour Benoît Pollet, président du groupe manga du SNE, « tous les éditeurs du groupe s’associent de manière inédite à une action judiciaire pour faire front contre le piratage et ont l’ambition de contribuer collectivement à toutes les initiatives qui permettront de sensibiliser les 7 millions de lecteurs de manga à ces pratiques illégales ».
Les éditeurs veulent renforcer leurs moyens d'action contre les sites miroirs
Si le blocage de Japscan constitue un signal fort, les éditeurs redoutent une reprise rapide du trafic via des sites miroirs ou des domaines alternatifs. Ce type de contournement est fréquent, notamment avec les plateformes hébergées à l’étranger. Dans son communiqué, le SNE demande à pouvoir recourir à l’ARCOM pour étendre plus rapidement les blocages, sans devoir relancer une procédure à chaque fois.
Concrètement, il s’agirait d’adapter l’article L.331-27 du Code de la propriété intellectuelle. Cet article permet déjà aux titulaires de droits d’étendre une décision judiciaire à d’autres adresses liées à un site donné, mais pas aux syndicats professionnels comme le SNE. Un réexamen est réclamé pour combler ce vide juridique.
Les éditeurs rappellent aussi que l’offre légale s’est fortement développée ces dernières années. De nombreuses plateformes proposent aujourd’hui des mangas numériques traduits rapidement et disponibles à l’achat ou à la lecture à l’abonnement. Pour eux, le piratage compromet non seulement la rémunération des auteurs, mais fragilise toute la chaîne du livre, des maisons d’édition jusqu’aux librairies.
« Le piratage de livres porte atteinte à la rémunération des créateurs. Il constitue une menace pour l’ensemble de l’écosystème du livre, notamment des libraires, et nuit à la diversité culturelle », résume le communiqué du SNE.
- Accessible sur de nombreuses plateformes
- Le plus gros catalogue d'animation japonaise en SVOD
- Un service simple d'accès