Les serveurs de l'Assemblée nationale n'arrivent plus à suivre. Une pétition contre la loi Duplomb cartonne avec plus de 200 000 signatures en huit jours.

- Une pétition contre la loi Duplomb, initiée par Éléonore Pattery, a explosé avec 438 799 signatures, causant des problèmes techniques sur la plateforme parlementaire.
- La loi Duplomb réintroduit l'acétamipride, un pesticide controversé, suscitant des critiques pour ses impacts environnementaux et sanitaires.
- Les réseaux sociaux amplifient la mobilisation, et la pétition pourrait bientôt atteindre 500 000 signatures, déclenchant un débat parlementaire.
Depuis le 10 juillet, c'est l'embouteillage sur la plateforme des pétitions parlementaires. C'est une étudiante en Master QSE et RSE,(Qualité, Sécurité, Environnement / Responsabilité Sociétale des Entreprises), Éléonore Pattery, 23 ans, qui a mis le feu aux poudres avec sa pétition contre la loi Duplomb. Son texte demande l'abrogation pure et simple de cette loi qui réautorise un pesticide controversé.
La pétition affiche 438 799 signatures au moment où nous écrivons ces lignes. Les 100 000 dernières signatures ont été récoltées en seulement trois jours. Du jamais vu sur cette plateforme habituellement calme.
Quand les serveurs parlementaires rendent les armes
Les infrastructures techniques de l'Assemblée pataugent. Temps de chargement interminables, pages qui plantent, utilisateurs qui n'arrivent pas à se connecter. La plateforme n'avait tout simplement pas été conçue pour encaisser un tel déluge de connexions simultanées.
La barre des 500 000 signatures se rapproche rapidement. La conférence des présidents de l'Assemblée nationale peut alors décider d'organiser un débat en séance publique selon le règlement parlementaire. « La Loi Duplomb est une aberration scientifique, éthique, environnementale et sanitaire », écrit la jeune femme dans sa pétition. Elle n'y va pas par quatre chemins : « Cette loi est un acte dangereux. Pour les travailleurs, les habitants, les écosystèmes, les services écosystémiques, et pour l'humanité tout entière ».
Sur LinkedIn, Eléonore Pattery tient à préciser qu'elle n'est « affiliée à aucun parti ». Cette neutralité politique lui donne peut-être plus de crédibilité auprès du grand public.

L'acétamipride, ce pesticide qui fait polémique
La loi Duplomb réintroduit l'acétamipride sous certaines conditions. Ce pesticide de la famille des néonicotinoïdes était banni en France mais reste légal au niveau européen. Le 8 juillet, le Parlement a voté sa réintroduction sous certaines conditions via la loi Duplomb.
Pour ses détracteurs, c'est un retour en arrière inacceptable. L'étudiante mobilise tout un arsenal scientifique : rapport Brundtland, évaluations du GIEC, études de l'OMS, travaux de l'INRAE et de Santé Publique France. Tous ces documents alertent depuis des années sur les dangers des pesticides.
Elle pousse même le raisonnement jusqu'au terrain constitutionnel. L'article L110-1 du Code de l'environnement et la Charte de l'environnement de 2005 garantissent pourtant le droit à « un environnement équilibré et respectueux de la santé ». La loi Duplomb violerait-elle ces principes fondamentaux ?
Les députés de gauche ont saisi le Conseil constitutionnel dès le 11 juillet. Ils estiment le texte incompatible avec la protection de l'environnement et la santé publique. Maintenant, c'est la rue numérique qui prend le relais.
La viralité de cette pétition surprend même les habitués de la politique. La pétition ne devrait plus tarder d'atteindre ce seuil de 500 000. Les réseaux sociaux alimentent continuellement la plateforme officielle en nouveaux signataires.