Test du Lenovo Moto Z : finesse et modularité contre autonomie

Stéphane Ruscher
Spécialiste informatique
28 octobre 2016 à 17h43
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Le Moto Z succède au Moto X en tant que haut de gamme de Lenovo (ex Motorola Mobility). Ultrafin, il se débarrasse, comme l'iPhone 7, de son mini-jack 3,5 mm mais gagne un connecteur associé à une série de modules à fixer au dos de l'appareil. Après le LG G5, et alors que le Project Ara de Google est tombé à l'eau, le Moto Z peut-il encore nous faire rêver avec un concept de smartphone « modulaire » (ou presque) ?

Design et ergonomie : fin et tranchant comme un Razr ?

Avant la présentation du Moto Z, Lenovo avait joué la fibre nostalgique en produisant une vidéo teaser rappelant l'ère du Motorola Razr, téléphone mobile à la finesse alors inégalée. Ça n'était pas pour annoncer un retour du flip phone, bien que Samsung se soit risqué à cette folie en Asie, mais pour vendre la finesse de son nouveau bébé.

Et fin, le Moto Z l'est : avec 5,2 mm d'épaisseur, il est difficile de faire plus svelte. La façon de parvenir à cette prouesse est simple : supprimer le connecteur mini-jack 3,5 mm. On pensait que Apple le ferait pour les mêmes raisons, mais l'iPhone 7 n'a pas bougé d'un millimètre par rapport à son prédécesseur. L'ex Motorola ne se prive pas, surtout que son précédent haut de gamme, le Moto X Style, était beaucoup plus imposant.

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D'ailleurs, le Moto Z ne conserve aucun élément de design de ses prédécesseurs. Déjà, en plus d'être fin, il est forcément moins volumineux puisqu'il passe de 5,7 à 5,5 pouces. Le dos en métal et en verre est plat, et laisse désormais apparaître une protubérance pour l'appareil photo, car on ne réduit évidemment pas la finesse d'une coque à ce point sans nécessiter davantage d'espace pour l'optique et le capteur.

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Les bords, surtout au dos, sont tranchants et pas franchement agréables, et pour cause : le dos se doit d'être parfaitement plat pour accueillir les Moto Mods, les modules optionnels du Moto Z. Ceux-ci incluent un pico projecteur, une enceinte portable JBL, une batterie externe ou encore un appareil photo à zoom optique réalisé avec Hasselblad.

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En fait, même si on peut l'utiliser nu, le Moto Z est surtout fait pour être associé soit à un de ces modules, soit à un dos proposé dans différents matériaux. Lenovo inclut une version en nylon tressé assez réussi, et il corrige effectivement les deux défauts : le côté tranchant, et la protubérance de l'APN.

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En façade, un capteur d'empreinte digitale et un logo Moto semblent allonger inutilement le rebord inférieur. Le capteur est semblable à celui du Moto G4 Plus. Et sans qu'on sache trop pourquoi, la bordure inférieure est disproportionnée, alors que l'écran est parfaitement centré sur le Moto Z Play.

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Composants : Moto s'aligne

La fiche technique du Moto Z n'a rien de surprenant : c'est celle d'à peu près tous les smartphones haut de gamme de 2016, du LG G5 au OnePlus 3 en passant par le HTC 10. On retrouve donc un processeur Qualcomm Snapdragon 820 accompagné de 4 Go de mémoire vive. Le Snapdragon 821 a vu le jour depuis, mais le 820 reste largement dans la course.

Motorola régresse sur la taille de l'écran qui passe de 5,7 à 5,5 pouces, tout en conservant une résolution d'écran de 1 440 x 2 560 pixels. Après un passage par le LCD sur les Moto X Play et X Style, Lenovo revient au Super AMOLED pour le Moto Z. Malgré les ratés de Motorola sur ses précédents usages de la technologie - on se souvient de l'écran jaune et trop saturé du Moto X 2014 - c'est un sans faute avec un taux de contraste évidemment proche de la perfection, allié à des couleurs qui nous paraissent d'une grande justesse.

Le Moto Z inclut 32 Go de stockage en standard, avec une option 64 Go en passant par le site MotoMaker. Un slot MicroSD permet d'étendre le stockage interne.

Un smartphone à la Mods

Le Moto Z se distingue par ses Moto Mods. On nous a déjà vendu le concept du smartphone « semi modulaire » avec le LG G5, et on ne peut pas dire qu'on ait été pleinement convaincu. L'approche du Moto Z est un peu plus semblable au feu Project Ara, avec des modules qui se connectent au dos du smartphone, alignés par des aimants. C'est pratique et stable, en tous cas avec les trois accessoires que nous avons testés : la batterie Incipio Offgrid Power Pack, l'enceinte portable JBL Soundboost et le pico projecteur Instashare signé Moto.

Le Moto Z n'est pas un chameau en matière d'autonomie, limité par sa finesse. D'où l'intérêt d'embarquer une batterie qui s'intègre très bien au smartphone sans que la prise de poids et d'épaisseur soit trop gênante. Si vous achetez un Moto Z, on vous recommande de l'ajouter directement dans le panier. Vous trouverez évidemment des batteries portables moins chères, mais celle-ci a l'avantage de l'intégration.

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Le JBL Soundboost part d'une belle idée, et son design, qui inclut une béquille, est une réussite. La qualité du son laisse en revanche à désirer. C'est une enceinte portable bas de gamme, et la distorsion s'invite trop rapidement à notre goût. Disons que ça dépend des usages : pour écouter un podcast ou s'envoyer un épisode de série sur un coin de la cuisine, ça passe.

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On s'attendait vraiment au pire avec le projecteur Instashare, et on est agréablement surpris par cet accessoire : ce dernier ne fera pas de miracle à une grande distance du mur, mais il nous a tout de même permis de regarder un film Netflix dans une petite pièce dans des conditions correctes. Là encore, il ne faut pas en attendre plus qu'un gadget qui dépanne. Le problème vient essentiellement du prix : 349 euros pour le Insta-Share Projector, 98,99 euros pour l'enceinte JBL... Ça fait cher le module !

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Un Android toujours pur

Lenovo a conservé ce qui fait tout l'intérêt de la gamme Moto : un Android « pur », très peu voire pas du tout d'applications doublons et des mises à jour rapides. Le Moto Z sort sous Android 6.0.1, mais une mise à jour vers Nougat est déjà prévue pour le dernier trimestre 2016 (pas encore disponible à l'heure où nous écrivons ce test).

Et c'est effectivement une version d'Android dénuée de toute personnalisation inutile que l'on retrouve avec plaisir. Aucune application ne fait doublon, et Lenovo a même supprimé l'app Galerie de Motorola au profit du seul Google Photos. On aime Material Design dans sa forme originale, et le Moto Z fournit une expérience utilisateur d'une fluidité à peu près irréprochable, associée à un écran d'une lisibilité extrême. Rien à redire !

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Il y a, en fait, quelques personnalisations, mais elles sont pertinentes : le Moto Screen, qui affiche des notifications écran et éteint au passage de la main, est toujours aussi agréable, surtout lorsqu'il est associé à un écran Super AMOLED dont les noirs n'allument pas les pixels.

Hello Moto, Goodbye Jack

Deux points sont malgré tout source d'une légère frustration. Le capteur d'empreinte est fiable et relativement réactif, mais son placement en dessous de l'écran, qui affiche les touches tactiles Android standard, prête à confusion : on a vite fait de le prendre pour un bouton de retour à l'accueil, ce qu'il n'est pas. Pire : il fait office de bouton de verrouillage, et on aura donc facilement tendance à verrouiller son téléphone au lieu de revenir sur le launcher.

L'autre pierre d'achoppement, c'est évidemment l'absence de mini-jack. Comme Apple, Lenovo fournit l'adaptateur dans la boite, et il est d'ailleurs assez long, bien plus que celui de l'iPhone 7. Le problème subsiste : comment recharger son téléphone dans le train tout en écoutant de la musique ? Le seul moyen est de passer par le Incipio Offgrid Powerpack.

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D'ailleurs, le choix de livrer le Moto Z avec un chargeur secteur dont le cable USB-C n'est pas amovible est très malheureux, à l'heure où les câbles USB-C ne sont pas encore légion dans les foyers.

Photo

Que ce soit sous la gouverne de Google ou de Lenovo, Moto(rola) n'a jamais réussi à nous convaincre en matière de photo. Au mieux, le constructeur parvient à un niveau correct : c'est le cas du récent Moto G4 Plus, par exemple. Le Moto Z est un smartphone haut de gamme, et on peut au moins s'attendre à ce qu'il surpasse un terminal commercialisé à 299 euros. Et pourtant, il déçoit, se situant même sensiblement en dessous.

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Le problème ne vient peut-être pas tant du capteur lui-même que du traitement réalisé a posteriori sur les images. Un lissage des textures donne presque un aspect « aquarelle » aux photos lorsqu'on les affiche en taille réelle. En pratique, on pourra utiliser les images sur les réseaux sociaux, mais le rendu est clairement inférieur à la plupart des smartphones dans la même catégorie.

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En faible luminosité, le bruit est encore plus prononcé, et les images deviennent difficilement exploitables tant le lissage est extrême. Mais surtout, on ne comprend pas pourquoi le Moto G4 Plus et le Moto Z Play sont tous deux équipés d'un APN obtenant des photos aux détails plus précis.

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Performances

Equipé d'un processeur Snapdragon 820, le même qui anime le LG G5, le OnePlus 3 et le HTC 10, le Moto Z est tout aussi performant et réactif. En usage quotidien, rien à redire sur la fluidité et la réactivité du téléphone.

Sur les jeux, même constat : c'est fluide, même sur des jeux récents comme Riptide GP Renegade, dont seul le mode Ultra met un peu à mal les performances. Le Snapdragon 820 a déjà montré ses muscles sur la partie graphique, ce qu'on peut vérifier avec 3D Mark ou GFXBench. La puce de Qualcomm rivalise avec l'Exynos 7890 du Galaxy S7 Edge.


Sur la partie processeur, les performances multi-cœurs sont un peu en retrait par rapport à des processeurs octo-cœurs comme celui du Galaxy S7 ou du Huawei P9, mais le Moto Z se défend bien sur une seule unité, tout en affichant des résultats légèrement inférieurs à ceux mesurés sur le OnePlus 3 ou le HTC 10. Motorola a-t-il bridé son processeur en raison de la finesse ?

Benchmark : 600-5980


Benchmark : 600-5982


Autonomie

Le principal compromis de la finesse du téléphone réside dans la capacité de la batterie, limitée ici à 2 600 mAh. C'est donc sans surprise qu'on retrouve une autonomie qui ne dépasse jamais la journée d'utilisation. Le test PCMark épuise le smartphone en un peu plus de 5 heures, un résultat comparable à celui d'un Galaxy S6, et nettement inférieur aux meilleurs haut de gamme de 2016.

Notre avis

Le Moto Z est un smartphone réussi, mais frustrant. La démarche de l'ex Motorola demeure toujours aussi sympathique : proposer un smartphone personnalisable à l'achat, et intégrant une version « pure » de Android, dénuée de fonctionnalités inutiles et d'applications doublons, avec la promesse de mises à jour rapides.

Si le concept des modules Moto Mods n'a rien de bien nouveau, on préfère leur implémentation à celle de LG sur le G5. On peine en revanche à être convaincu par la qualité, inégale, de ceux que nous avons pu tester. Un pico projecteur sympathique mais énergivore, une enceinte au design bien pensé mais au son trop distordu... Le plus réussi est finalement le plus classique : la batterie externe Incipio, qui renforce un des points faible du smartphone, à savoir son autonomie.

Car le choix de la finesse à tout prix, quitte à supprimer le connecteur mini-jack 3,5 mm a également un coût en matière de capacité de la batterie. Sur ce point, comme sur l'appareil photo dont la qualité n'est pas remarquable du tout, il nous rappelle trop les défauts (et les qualités !) du Moto X 2014 : un smartphone indéniablement séduisant, mais souffrant de limitations regrettables sur un segment haut de gamme. Si bien qu'on lui préfèrera presque un Moto Z Play moins puissant et plus volumineux, mais finalement plus équilibré.

Lenovo Moto Z

7

Les plus

  • ROM propre et dénuée de doublons
  • Très bien fini
  • Très bel écran AMOLED
  • Système de modules bien pensé

Les moins

  • Les modules laissent à désirer en pratique
  • Autonomie correcte sans plus
  • Absence de mini-jack contraignante
  • Appareil photo moyen

Finition9

Ergonomie8

Autonomie7

Puissance8

Photo6



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