Test de l'iPad Pro 12,9 pouces : l'iPad qui remplace votre ordinateur ?

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L'iPad Pro, évoqué longtemps avant sa sortie, est enfin une réalité. Cet immense iPad de 12,9 pouces intègre des composants dignes, selon son constructeur, de la plupart des PC portables. Mais aussi de la Surface Pro de Microsoft, de laquelle il tente de s'approcher, avec un connecteur pour housse/clavier et un stylet, l'Apple Pencil, destiné aux dessins et annotations. Le but ? Draguer les utilisateurs professionnels et, plus largement, offrir un iPad haut de gamme, l'équivalent des MacBook Pro en version tablette. Le pari est audacieux, mais iOS a-t-il de quoi remplacer votre Mac ou PC ?


iPad Pro 9,7 pouces : Apple a lancé dans le courant du premier trimestre 2016 l'iPad Pro 9,7 pouces, une déclinaison de l'iPad Pro 12,9 pouces sortie fin 2015. Vous pouvez retrouver le test de l'iPad Pro 9,7 pouces.

Mise à jour : Ajout du vidéo test et de nos impressions sur le Smart Keyboard, et précisions sur le connecteur Lightning, l'utilisation de iOS 9 au clavier et la gestion du multitâche.


Design et ergonomie : l'iPad, en grand



À première vue, l'iPad Pro est tout simplement un iPad géant. Même design dans les grandes lignes (on verra les détails plus tard), mêmes matériaux, mêmes proportions, même prise en main... Mais taille démesurée.

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Trois pouces de plus, c'est un chiffre, mais il faut le voir pour la première fois pour se rendre compte de cette impression étrange. En fait, à côté de l'iPad Pro, l'iPad Air 2 ressemble au Mini ! Au centre, l'écran de 12,9 pouces adopte toujours un format 4/3, ce qui rend la tablette un peu plus haute qu'une Surface Pro 3. Au passage, Apple a revu (à la baisse) la qualité du traitement oléophobique de l'écran, plus difficile à nettoyer qu'un Air ou un Mini. On y arrive mais il faut forcer sur le chiffon !

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Gigantesque, l'iPad Pro n'en est pas pour autant trop épais ou trop lourd, et pas aussi lourd qu'on pourrait le craindre. Sans atteindre la finesse de l'iPad Air 2, il ne dépasse pas le Air premier du nom, et s'il s'agit clairement du plus volumineux de sa gamme, son poids de 713g (ou 723g pour la version 4G) est relativement maîtrisé. Il pèse en fait à peine plus que le tout premier iPad et ses 680g. Une belle performance qui ne le dispense pas pour autant de tout reproche. Vous avez peut-être oublié la préhension de la première tablette d'Apple, mais ce petit retour à une époque où tenir un iPad à une main était désagréable sur la durée nécessite un temps d'adaptation.

Dans ce format, la tablette d'Apple reste malgré tout la plus légère. La nouvelle Surface Pro 4 de Microsoft monte jusqu'à 766g, et la Galaxy Tab Pro 12.2 de Samsung, qui était mine de rien précurseur, pesait 744g.

Si le design ne change pas au global, les différences se situent dans les détails. La tranche gauche (en mode portrait) accueille un connecteur : le Smart Connector. Rappelant nettement celui des Surface de Microsoft, il permet d'alimenter des périphériques tels que des claviers tiers, l'aimant déjà utilisé pour la Smart Cover assurant la stabilité de la connexion.

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L'autre nouveauté concerne le son. Quatre haut-parleurs agrémentent les bords supérieur et inférieur, avec une idée originale pour la stéréo : si les quatre véhiculent les basses, les médiums et aigus ne sont diffusés que par ceux du haut, et ce quelque soit l'orientation, l'accéléromètre se chargeant de basculer le son de manière transparente pour l'utilisateur.

Apple Pencil, Smart Keyboard : un air de Surface

L'iPad Pro ne se distingue pas uniquement en tant que tablette géante, mais également par deux accessoires (vendus séparément) aux furieux airs de Microsoft Surface.

L'Apple Pencil, que la firme de Cupertino se refuse à décrire comme un stylet (merci Steve Jobs et sa fameuse phrase, qui parlait d'ailleurs de smartphones et pas de tablettes) est destiné principalement au dessin et aux annotations.

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Le stylet (ou appelez le crayon si vous voulez) communique en Bluetooth avec l'iPad, et sa pointe intègre des capteurs capables de détecter la pression et l'inclinaison. Le design est on ne peut plus fidèle à l'idée qu'on se ferait d'un stylo made in Cupertino : blanc, parfaitement arrondi, lisse et orné d'une petite bague métallique marquée de son nom.

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Tout aussi caractéristique de l'absolutisme de Sir Jony Ive, l'Apple Pencil est totalement dénué de la moindre accroche permettant de le ranger où que ce soit sur la tablette, contrairement aux solutions, magnétiques ou pas, de Microsoft sur ses Surface Pro. On se demande même si ça n'est pas volontaire, pour ne pas donner l'impression que l'iPad Pro ne se suffit pas à lui-même.

Le stylo est lesté, ce qui lui confère d'ailleurs un poids agréable lors de l'utilisation, en plus d'éviter, en théorie, qu'il roule sous une surface pas tout à fait droite. En théorie seulement, car si vous le laissez tomber de quelques centimètres, la chute est presque certaine de l'entrainer au bord du précipice.

L'autre particularité du stylet est son embout amovible, et aimanté, qui révèle un connecteur Lightning mâle, pour la recharge. Pourquoi pas femelle ? Sans doute pour faciliter au maximum le processus. Il suffit effectivement d'ôter l'embout et de brancher le stylet sur son iPad Pro. On ne peut pas, néanmoins, s'empêcher de penser que cette recharge, bien que simple à mettre en œuvre, est particulièrement disgracieuse, en plus de comporter un risque de buter dans l'Apple Pencil.

Si vous souhaitez utiliser un câble Lightning et un chargeur secteur, un petit adaptateur femelle/femelle est fourni. Comme l'embout du Pencil, il est tellement petit et léger que vous aurez tout intérêt à le connecter à un câble, et ne jamais le retirer. Depuis l'adaptateur Lightning/Dock, on n'a pas vu d'accessoire Apple plus facile à égarer.

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Apple annonce une autonomie de 12 heures, et précise qu'une recharge de 15 secondes fournit 30 minutes supplémentaires. C'est effectivement tout ce qu'il faut pour le faire passer de 0 à 5% de « remplissage ».

Le second accessoire, le Smart Keyboard, est une couverture faisant également office de support et de clavier. Ça vous rappelle quelque chose, et c'est normal : c'est la réponse d'Apple à la Type Cover de Microsoft. L'idée est la même : combiner une couverture pour l'écran et un clavier à l'encombrement minimum. La tâche, sur un iPad Pro qui reprend exactement le design de ses prédécesseurs, est un peu plus complexe. Contrairement à Surface et son ingénieux Kickstand (la partie basse du dos qui se déplie pour faire office de béquille ajustable), l'iPad Pro n'intègre aucun mécanisme permettant de le surélever. Le Smart Keyboard doit donc faire office de clavier et de support.

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Si le clavier est bien composé de touches physiques, il évoque le Fabric Skin de Logitech. En gros, les touches sont recouvertes d'un matériau tissé qui se renfonce légèrement lorsqu'on appuie sur une touche. En fait, c'est presque l'aspect du Touch Cover aux touches tactiles légèrement apparentes, que reproduit l'accessoire d'Apple.

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Des accessoires à prix salés

C'est surtout le prix des deux accessoires qui défrise : 109 euros pour l'Apple Pencil, et 179 euros pour le Smart Keyboard, qui n'est disponible qu'en version QWERTY à l'heure où nous écrivons ces lignes. On trouvait déjà la facture salée sur les Surface ; pour la peine, on en viendrait presque à trouver Microsoft généreux !

Une alternative est disponible du côté de Logitech. Le Logi Create, sur lequel nous reviendrons spécifiquement, offre pour 150 euros un clavier/housse beaucoup plus imposant, qui fait doubler l'épaisseur et le poids de l'iPad Pro mais présente l'avantage de proposer des touches rétroéclairées, davantage de raccourcis, et une disposition AZERTY.

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Apple fournit enfin une housse silicone et une Smart Cover « classique », mais pas de Smart Case protégeant tout l'appareil. Les accessoires sont de bonne qualité, mais là encore, les tarifs font vite monter la facture. Quand une housse en silicone coûte le prix d'une Apple TV d'ancienne génération, il y a peut-être un problème.
Apple se vante, avec son iPad Pro, de performances « supérieures à 80% des PC vendus sur le marché ». Démontons d'abord cette affirmation : elle peut-être vraie, mais tout est question d'interprétation. Sachant que la majorité de ces PC sont sans doute des modèles d'entrée de gamme, les propos d'Apple ne sont probablement pas dénués d'une certaine vérité.

A9X : le nouveau fleuron des puces made in Cupertino

En tous cas, la fiche technique est de loin la plus impressionnante qu'Apple ait jamais fourni sur un appareil iOS. Comme souvent avec l'iPad, il intègre une version améliorée de sa puce du moment. C'est donc un A9X que l'on trouve à l'intérieur de la tablette, qui affiche des performances jusqu'à deux fois supérieures à celles du A8X de l'iPad Air 2, et surtout une bande passante mémoire deux fois plus élevée.

D'ailleurs, l'autre particularité réside dans la présence de 4 Go de mémoire vive, une première dans un appareil iOS, où les 2 Go commencent à peine à être la norme. L'architecture de stockage a également été revue, avec une mémoire flash deux fois plus rapide.

Et de la puissance, il en faut pour animer l'écran de l'iPad Pro. 5,6 millions de pixels à bouger, ça n'est pas rien, et là encore, c'est la définition la plus exigeante jamais gérée par iOS : avec un affichage de 2 732 x 2 048 pixels, on approche de la résolution d'un MacBook Pro 15 pouces. Toutes les technologies mobilisées sur les derniers produits d'Apple sont de la partie, et notamment celles de l'iMac 5K, dont l'iPad Pro reprend le contrôleur de temporisation « custom », et le TFT à base d'oxyde améliorant la réactivité des pixels et l'uniformité de la luminosité. La qualité de la dalle LCD est à la hauteur de ce qu'on attend du constructeur à ce prix : on ne voit tout simplement pas quoi reprocher à l'affichage, tant sur la densité de pixels que sur les angles de vision ou la colorimétrie.

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Une particularité à signaler : l'écran de l'iPad Pro est capable de basculer discrètement de 60 à 30 Hz sur des contenus fixes, afin d'économiser sur la batterie, ce qui est sans doute à l'origine de petites saccades constatées lors de l'utilisation. À l'inverse, le sous-système tactile peut passer de 120 à 240 Hz lorsqu'il détecte l'Apple Pencil plutôt que le doigt.

Batterie qui a été revue à la hausse par rapport à l'iPad Air 2... Mais qui est tout simplement adaptée à la fiche technique plus exigeante de l'appareil. En pratique, Apple cible toujours une autonomie de 10 heures, qu'on a pu constater à plusieurs reprises lors de notre utilisation.

Les options de stockage interne d'Apple ont beaucoup fait parler d'elles ces derniers temps. L'iPad Pro a la décence de ne pas commencer à 16 Go, mais alors que le modèle de base embarque 32 Go de mémoire flash pour 919 euros, la version supérieure passe directement à 128 Go pour 1 099 euros. Comme d'habitude, on peut se demander pourquoi 32 et pas 64, et la réponse est sans doute à aller chercher du côté des résultats trimestriels. Un modèle à 64 Go inciterait probablement moins d'utilisateurs à monter en gamme.

Un modèle 4G, compatible avec toutes les bandes utilisées en France, est également disponible pour 1 249 euros (128 Go uniquement). Il gère la 4G Catégorie 4 (150 Mbps théorique), alors que tous les iPad Pro intègrent une prise en charge Wi-Fi ac et Mimo.

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Détail intéressant, le connecteur Lightning de l'iPad Pro est visiblement compatible USB 3.0. Il est doté de pins en haut et en bas, là où tous les autres n'en intègrent que sur la partie basse. Le site iFixit avait également noté la présence d'un contrôleur USB 3.0 sur la carte mère de la tablette. En l'occurrence, l'usage est très limité pour le moment : le seul périphérique compatible est un nouvel adaptateur Lightning/SD commercialisé par Apple.

Une petite déception pour finir sur la fiche technique : si l'iPad Pro intègre un capteur d'empreinte digitale TouchID, il ne s'agit pas de la dernière version embarquée sur l'iPhone 6S, à la reconnaissance quasi instantanée.

Le meilleur iPad, ou seulement le plus grand ?

L'iPad Pro est avant tout... Un iPad. Malgré sa dénomination « pro », sa compatibilité avec des housses clavier et l'Apple Pencil, qu'on abordera plus loin, c'est une tablette pensée pour tout ce qu'on pouvait déjà faire avec un iPad : jouer, lire ou regarder des films. Ça n'est pas pour rien que l'App Store met en avant toute une section jeux optimisés pour l'iPad Pro, ou que la firme de Cupertino s'enorgueillit de la fidélité du son et de l'image d'un Avengers : Age of Ultron. Certes, les professionnels font des pauses comme les autres, mais tout comme le MacBook Pro attire également le grand public, l'iPad Pro peut aussi tout simplement intéresser un utilisateur à la recherche de la meilleure tablette.

Tenez le différemment !

Disons que c'est dans tous les cas la plus grande - encore un peu plus que la Surface pro 4 en fait - et ça a ses avantages comme ses inconvénients. Le problème le plus évident est la taille et le poids. On a dit qu'il est certes contenu, il n'en reste pas moins que l'iPad Pro ne peut plus s'utiliser de la même manière qu'un iPad Air (ne parlons pas du Mini). Les dimensions proscrivent l'usage prolongé à une main, et y compris à deux, ça n'est pas la panacée. Pour les jeux ayant recours à des contrôles virtuels dans les coins de l'écran notamment, c'est gênant. Pour ce type d'usage, malgré les performances supérieures, malgré le plus grand écran, l'iPad le plus confortable demeure le Air 2.


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En fait, comme le premier iPad, que Steve Jobs avait présenté en partie assis confortablement dans un fauteuil en cuir, l'iPad Pro est surtout agréable à utiliser posé sur une surface ou les genoux, ou tenu dans le creux du bras, dans tous les cas en prenant appui sur quelque chose pour alléger son poids. Certains l'ont comparé à un beau livre qu'on consulte sur une table, d'autres même à un ordinateur de bureau qu'on utiliserait exclusivement avec un support (on en reparle plus loin).

Un des usages les plus convaincants qu'on lui a trouvé est la consultation de pages web en mode portrait. L'écran est assez large dans ce sens pour afficher en pleine taille des sites responsive, tout en bénéficiant d'une belle hauteur pour le contenu.

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À l'inverse, la lecture vidéo demeure un problème en raison du format 4/3. Pour la quasi-totalité des contenus produits (les films évidemment, mais aussi les séries), on se heurte, comme sur le premier iPad, à un choix douloureux entre d'énormes bandes noires et une image recadrée. Et c'est dommage car effectivement, un iPad posé sur une Smart Cover, avec son magnifique écran 12 pouces et ses hauts parleurs stéréo de très bonne qualité (pour une tablette) pourrait être l'écran parfait pour une session Netflix improvisée.

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Les jeux ne souffrent pas de ce problème : ils sont tous faits pour l'affichage 4/3, et là encore, l'écran est devenu suffisamment grand pour poser l'iPad sur une table, sortir un pad Bluetooth pour iOS, et se lancer un petit Ocean Horn ou tout autre jeu compatible manette. Les performances sont évidemment au top, mais il faut dire que pour l'instant, peu de jeux sont optimisés pour le grand écran de l'iPad Pro : la plupart sont mis à l'échelle. Sur les jeux, ça passe plutôt bien, contrairement aux apps non mises à jour qui apparaissent complètement démesurées et floues. On commence à voir certains jeux mis à jour, comme Oceanhorn, justement, ou le magnifique Monument Valley. Et là, quel bonheur !

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La disparité de l'expérience est la même, à l'heure où nous écrivons ces lignes, pour les apps de lecture de comics, et c'est bien dommage car là encore, le format de l'écran est parfaitement adapté. À l'inverse, à moins de lire en double page (et en mode paysage), la consultation de livres électroniques est asssez particulière. Le Seigneur des Anneaux sur une page A4, c'est un peu déroutant !

Dans les remarques d'ordre général, si l'expérience utilisateur est globalement fluide, on a noté des petites saccades de temps à autre, qu'on attribue notamment à la bascule en 30 Hz. Ça n'est pas gênant, mais on l'a remarqué occasionnellement.

L'iPad Pro est-il Pro ?

L'intérêt de l'iPad Pro n'est heureusement pas limité à faire exactement ce qu'on faisait avec un iPad « traditionnel » en plus grand et en plus lourd. Exécutant iOS 9, il est l'iPad pour lequel étaient pensées les nouvelles possibilités de multitâche de la dernière version du système. On pouvait évidemment déjà en profiter sur iPad Air 2, et même sur le récent iPad Mini 4. Dans les deux cas, on peut tout de même admettre que l'écran était trop étriqué pour que ces nouveautés soient confortables.

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Pour rappel, iOS 9 introduit trois nouvelles possibilités d'exécuter deux apps simultanément. La première, la plus basique, permet de faire coulisser un panneau latéral d'une app (Mail, client Twitter, contacts...) pendant que la principale est mise en pause. C'est disponible sur tous les iPad et franchement à peine plus pratique que de lancer le gestionnaire d'apps récentes et de basculer vers l'une d'entre elles.

Sur les iPad disposant de plus de 2 Go de mémoire vive, et donc sur iPad Pro qui en a le double, on peut étendre un peu plus ce bandeau, qui devient une « vraie » app que l'on peut utiliser simultanément, et redimensionner en largeur. On reconnaît évidemment là une fonctionnalité nettement inspirée de Windows 8, avec quelques limitations.
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Tout d'abord, elle nécessite des applications compatibles avec les Size Classes introduites par iOS 8. Pensées initialement pour l'écran de l'iPhone 6 Plus, ces classes sont utilisées pour adapter l'affichage, justement à une moitié d'écran ou un bandeau. À l'heure où nous avons écrit ce test, leur compatibilité était variable. On peut saluer la réactivité de Microsoft qui propose sa suite Office (mais pas OneNote !) en version mobile, pas anodin alors que l'iPad Pro vient directement concurrencer sa Surface Pro 4. Adobe, Evernote ou de nombreux développeurs indépendants sont déjà de la partie, mais Google n'a adapté aucune de ses apps, tandis que Facebook a mis à jour son Messenger, mais pas son app principale.

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D'autres limitations concernent plus directement l'implémentation de la fonctionnalité : on peut ainsi créer un bandeau à droite, mais pas à gauche, et il est impossible d'intervertir deux apps, ou d'avoir un aperçu des apps déjà combinées. On aimerait aussi pouvoir sauvegarder ses configurations pour les ressortir en un tap.

Mais surtout, deux apps côte à côte, ça donne forcément envie de faire du glisser/déposer entre elles, et c'est tout aussi impossible, tout comme l'ouverture de deux fenêtres de la même app, empêchant l'utilisateur de jongler entre 2 fenêtres de Safari ou 2 documents Word sur le même écran.

La dernière fonctionnalité est liée aux apps vidéo : on peut réduire la fenêtre en un mode Picture in Picture, et travailler tout en regardant une vidéo en tâche de fond. C'est chouette, d'autant plus que la taille de l'écran de l'iPad Pro s'y prête là encore tout particulièrement, puisqu'on peut afficher une fenêtre de bonne taille tout en travaillant de manière confortable.

Le problème, c'est que le mode est limité aux apps utilisant le lecteur vidéo standard, comme l'app Videos ou Safari. Et lesquelles font cavalier seul ? Netflix et YouTube, ce qui amoindrit malheureusement l'intérêt de la fonction de manière considérable, en attendant d'éventuelles mises à jour. Idem pour les tutoriels vidéo de Lynda.com qui se prêteraient pourtant bien à un usage multitâche.

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La saisie au clavier, virtuel ou physique évolue également. L'iPad Pro intègre un clavier bénéficiant d'une rangée de chiffres. On retrouve aussi des raccourcis de copier/coller ou d'annulation qu'on appréciait déjà sur l'iPhone 6 Plus en mode paysage. La rangée supplémentaire pourrait être un vrai plus si, pour imiter à la perfection un clavier français, elle ne s'imposait pas la même limitation : la nécessité de passer par la touche MAJ pour saisir les chiffres. En fait, il faut prendre le pli de l'utliser comme un vrai clavier.

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Dans l'ensemble, le nouveau dispositif apporte malgré tout un confort supplémentaire, mais encore faut-il qu'il soit disponible. Le clavier étant lié aux API utilisées dans les applications, toutes les apps pas encore optimisées pour l'iPad Pro affichent une version grotesque de l'ancien clavier, beaucoup trop volumineuse pour le grand écran, et qui cohabite très mal également avec l'usage d'un clavier physique : il nous est arrivé fréquemment que les touches virtuelles disparaissent, mais que leur espace reste vide !

iOS 9 améliore également la prise en charge des claviers physiques, et là encore la réponse apparaît désormais en deux mots : le Smart Keyboard. Les apps optimisées pour les claviers physiques permettent d'effectuer des raccourcis, dont la liste, est accessible depuis un appui prolongé sur la touche Cmd à l'intérieur de l'app. La fenêtre affiche une liste contextualisée selon l'endroit de l'app où on l'appelle.

La plupart des applications systèmes de l'iPad prennent déjà en charge ces nouvelles fonctionnalités : Calendrier, Plans, Rappels, Notes, Safari ou encore Mail peuvent ainsi être utilisées à peu près comme on l'attendrait, avec des raccourcis de mise en forme, d'ouverture ou de fermeture d'onglets, d'affichage de différentes vues... Apple a poussé le vice jusqu'à inclure un « vrai » Cmd+Tab, calqué sur celui du Mac, qui vient compléter l'interface traditionnelle de navigation dans les apps précédentes.

Ces raccourcis rendent l'usage assez plaisant, mais il n'élimine pas la nécessité de jongler entre le clavier et l'écran pour effectuer des sélections ou naviguer dans un document. Sans aller jusqu'à un support de la souris ou d'un trackpad (Quoique, pourquoi pas ? Android et Windows en mode tablette le permettent bien !), il manque notamment une forme de navigation dans l'interface d'une app via les touches fléchées, ce qu'on s'attendrait à trouver par exemple dans les pop-up de création de rendez vous dans le calendrier.

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Le Smart Keyboard à l'usage : améliorations et frustrations

Parlons en, justement, de ce fameux clavier / couverture. L'accessoire a un avantage : son poids et son encombrement. Il n'ajoute que 340 g aux 726 g de notre iPad Pro 4G. C'est tout de même légèrement supérieur au surpoids d'une Type Cover pour Surface Pro, qui est juste sous la barre des 300 g, mais nettement moins que l'encombrant (et très fonctionnel) Logi Create.

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En revanche, là où Surface (surtout en version Pro) a gagné une grande flexibilité en matière d'orientation de son Kickstand au fil des versions, le Smart Keyboard, tout comme le Logi Create d'ailleurs, ne propose qu'un angle d'intégration, un peu moins vertical que celui du clavier de Logitech, il manque toutefois une position plus confortable pour le dessin au stylet. On peut replier le clavier dans l'autre sens pour visionner une vidéo par exemple, mais pas le surélever légèrement comme on le ferait avec une Smart Cover « classique ».

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La frappe est déroutante au premier abord : la course très réduite rappelle le clavier du MacBook 12 pouces. On envisage mal de saisir un roman avec, et on est clairement en dessous de la frappe du Logi Create ou de la Type Cover 4 de Microsoft. Pour un utilisateur qui recherche un encombrement réduit à tout prix, il s'agit néanmoins d'un assez bon compromis.

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Le clavier souffre d'autres oublis, inhérents au peu de place disponible pour les touches. La rangée de raccourcis (lecture, luminosité, recherche...), si pratique de l'accessoire de Logitech, manque ici, et le clavier n'intègre même pas un bouton Home déporté. On déplore aussi l'absence de rétroéclairage.

Le principal défaut du Smart Keyboard, qui sera vraisemblablement corrigé sans la moindre date à se mettre sous la dent, c'est son absence totale de localisation.

Jusqu'à une annonce éventuelle de versions internationales, le clavier est disponible uniquement en anglais américain, et si on peut heureusement taper à l'aveuglette comme si on utilisait un clavier AZERTY via la gestion des langues, l'usage devient forcément fastidieux lorsqu'on cherche le moindre caractère spécial pas trop évident. Essayez de trouver l'arobase dans cette disposition, bon courage.

Apple Pencil : gadget ou vrai atout ?

L'Apple Pencil est cher, et lui aussi difficile à trouver. En revanche, l'accessoire est beaucoup plus convaincant. Lors de notre usage de la tablette, il nous a semblé remplir son contrat avec tout de même quelques bémols selon les applications utilisées. Si l'app Notes d'Apple ou Photoshop Sketch d'Adobe offrent une bonne réactivité, on a observé des lags perceptibles dans ProCreate, une app de peinture plus lourde.

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D'une manière générale, on est assez séduit par les possibilités du stylet, qui paraît notamment gérer assez bien l'inclinaison pour créer des crayonnés, et les retours des plus artistes d'entre nous étaient plutôt positifs, que ce soit pour le dessin pur et dur que pour l'écriture.

Est-ce que ça mérite de dépenser 109 euros supplémentaires ? La question se pose, d'autant plus qu'il ne permet pas de travailler directement dans des logiciels reconnus, iOS oblige. Les applications fournies notamment par Adobe promettent des ponts intéressants avec leur suite « classique », mais dans l'état actuel des choses, l'iPad Pro reste surtout un moyen de commencer un travail sur la tablette, pour le finir sur les versions complètes - et desktop - de Photoshop ou Illustrator.

Performances

La puce A9X promettait d'envoyer du lourd, et c'est clairement le cas en pratique, sur sa partie CPU comme GPU. Les scores obtenus sur Geekbench sont plus proches d'un Ultrabook que d'une tablette, et on obtient en simple cœur l'équivalent du rendu multi-cœur de l'an dernier, comme la Galaxy Tab S 10.5 ou la Nexus 9 de HTC/Google.

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Sur des tests 3D, le résultat se passe de commentaires. Les performances en OpenGL ES 3.0 sont largement supérieures à celles de l'iPad Air 2. Avec le test Manhattan de GFXBench, on obtient 30 FPS de plus, alors que le Air 2 dépassait déjà largement les meilleures tablettes Android comme la Sony Xperia Z4 Tablet.

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Qui peut le plus peut le moins, et évidemment, on retrouve un écart conséquent sur un bench plus ancien en OpenGL ES 2.0 tel que 3D Mark IceStorm. Sur ce test, on peut en revanche faire entrer une Surface Pro 3, qui dans sa version Core i5 était encore loin devant. La partie graphique du A9X a donc encore un peu de chemin à faire.

Benchmark : 522-5520


Dans tous les cas, il est surtout frustrant de devoir se contenter, pour l'instant, de ces résultats théoriques, les jeux ou applications exploitant pleinement la puissance du A9X étant rarissimes. Il y a de la marge, même si certains usages donnent déjà un aperçu des possibilités offertes. On se surprend notamment de la facilité avec laquelle on monte des vidéos 4K, issues d'un iPhone 6S, avec iMovie sur iPad. Le logiciel de montage grand public d'Apple est certes très basique, et gère au maximum 2 pistes, ainsi que des titres et transitions. Néanmoins, le montage se fait avec une fluidité impeccable, et si l'exportation 4K n'est pas des plus rapides - à peu près la durée de notre vidéo lors de nos tests - elle ne semble pas faire chauffer le processeur outre mesure. On se prend à imaginer des jeux taquinant les consoles, ou des équivalents tablettes de Final Cut Pro, Logic et autres... Mais ceux-ci n'existent pas encore, et on reste pour le moment avec des promesses.

Autonomie

Apple, en matière d'autonomie, n'aime pas les surprises, bonnes ou mauvaises. Un iPad, quel qu'il soit, promet 10 heures. Et c'est à peu près ce que nous avons obtenu au cours d'une semaine d'utilisation, avec des variations sur les usages. Généralement, un iPad Pro retiré de son chargeur vers 9h était bon pour le retrouver vers 22h ou 23h, avec un usage mélangeant surf, Twitter, lecture vidéo et quelques jeux. C'est ce qu'on attend d'une tablette haut de gamme. On ne va pas cacher qu'on aimerait qu'un iPad Pro tienne encore plus longtemps qu'un iPad Air 2, comme l'iPhone « Plus » par rapport à son petit frère. Dans tous les cas, la tablette évite les mauvaises surprises et reste fidèle à sa très bonne réputation sur ce point.

Notre avis

Depuis la sortie de l'Apple Watch en avril dernier, Apple multiplie les paris. Après la montre, le MacBook 12 pouces et la dernière Apple TV, l'iPad Pro est un produit dont l'intérêt réside sans doute davantage dans son potentiel que dans ce qu'il est capable d'offrir aujourd'hui.

Dire que la tablette haut de gamme d'Apple en a sous le pied est un euphémisme. Entre les performances de la puce A9X et les possibilités offertes par un écran enfin assez large pour taquiner celui d'un PC ou d'un Mac, l'iPad Pro jette les bases d'une nouvelle phase pour iOS. On a souvent évoqué le moment où l'OS mobile d'Apple pourrait commencer à prendre le pas sur OS X, et si on n'en est encore pas là, pour la première fois, les affirmations sur les composants « dignes d'un ordinateur » ne sont plus à prendre à la légère comme un simple discours marketing.

En attendant la réalisation de ce potentiel, l'iPad Pro est surtout un grand et puissant iPad. Sa taille le dessert parfois : certaines activités, notamment les jeux nécessitant une prise en main de la tablette à bout de bras, en souffrent. D'autres comme la lecture ou le visionnage de vidéos, bénéficient évidemment de la diagonale supérieure.

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Les fonctionnalités multitâche introduites dans iOS 9 prennent également tout leur sens, alors qu'on les trouvait jusqu'ici un peu à l'étroit sur iPad Air 2 ou Mini 4. Les applications qui les prennent en charge, tout comme celles qui exploitent la puissance des composants, sont néanmoins encore rares. Et surtout, les accessoires qui permettent réellement d'envisager l'iPad Pro comme plus qu'une simple tablette sont difficilement disponibles, et beaucoup trop onéreux. 109 euros pour l'Apple Pencil, 179 euros pour le clavier Smart Keyboard, c'est énorme.

L'iPad Pro est-il, lui, trop cher ? Son prix se place dans la continuité de la gamme : directement en dessous, on trouve l'iPad Air 2 128 Go/4G, beaucoup plus portable, mais moins « capable », à 825 euros (retomber à 32 Go est d'ailleurs un peu rude). Comparer son prix à quoique ce soit d'autre qu'une Surface Pro 4 est assez compliqué, et de ce point de vue, il est assez compétitif à 919 euros en entrée de gamme quand Surface Pro 4 démarre à 999 euros avec certes plus de stockage interne, mais 4 Go de mémoire vive dans les deux cas, et un processeur Core M du côté de Microsoft, auquel la puce A9X de l'iPad Pro n'a sans doute pas grand-chose à envier.

Microsoft creuse l'écart par rapport à la version intermédiaire de l'iPad Pro en embarquant un Core i5 pour le même prix (1 099 Euros), et évidemment l'avantage de tourner avec un OS complet, permettant d'utiliser des applications professionnelles desktop existantes, alors que le stylet est fourni. Surface Pro 4 est un PC hybride, l'iPad Pro demeure un iPad.

Et c'est sur ce point que votre choix se fera. Si vous cherchez le meilleur compromis, à l'heure actuelle, entre un portable et une tablette, l'iPad Pro n'est probablement pas fait pour vous si vous dépendez d'applications comme Photoshop, Illustrator ou les versions desktop de Microsoft Office. En revanche, et à condition de parier sur un avenir fourni en apps l'exploitant pleinement, c'est une tablette surpuissante qui devient un outil prometteur pour ceux qui préfèrent travailler dans le cadre plus verrouillé, mais parfois plus simple et agréable, d'un OS mobile.

Apple iPad Pro

7

Les plus

  • Performances inégalées sur tablette ARM
  • Très bel écran
  • Du multitâche enfin confortable sur iPad
  • Apple Pencil : un joli coup d'essai

Les moins

  • Prix des accessoires beaucoup trop élevé
  • Le grand format pose quelques problèmes
  • Encore très peu d'apps qui exploitent son potentiel

Finition9

Ergonomie7

Autonomie8

Performances9

Rapport qualité/prix7



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