Jouer au poker en ligne : c'est parti !

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Après un très léger retard à l'allumage, c'est cette semaine que devrait s'ouvrir officiellement en France le marché du poker en ligne. Afin de vous permettre de mieux comprendre son fonctionnement, la rédaction de Clubic a décidé de vous offrir un point de vue le plus complet possible sur le sujet.

Vous l'aurez probablement remarqué dans la recrudescence des spots publicitaires télévisés sur le sujet, la France est actuellement entrain d'ouvrir le marché des jeux d'argent et de hasard en ligne. Poussé par la commission européenne, cette libéralisation (à la française... nous reviendrons là dessus) concerne en premier lieu les paris sportifs (y compris les paris hippiques) mais aussi un jeu extrêmement populaire de nos jours, le poker.

Si les plateformes de paris en ligne sont déjà ouvertes depuis quelques semaines - un démarrage qui s'est fait pour la coupe du Monde de Football - ce n'est pas encore le cas du poker en ligne, la faute à une réclamation posée par l'état de Malte auprès de la Commission Européenne. Le décret d'application devrait cependant être publié par le gouvernement dans la semaine au journal officiel, ce qui lancera le coup d'envoi effectif de cette nouvelle offre légale (mardi 29 juin étant la date évoquée par les opérateurs).

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Une table virtuelle, des joueurs, de l'argent et des cartes, la recette du poker en ligne est simple.

Nous parlons d'offre nouvelle, car le poker en ligne n'est pas une nouveauté : des plateformes (généralement hébergées dans des paradis fiscaux) existent depuis le début des années 2000, proposant aux joueurs de tout pays de s'affronter dans diverses formes de poker, que ce soit pour des parties gratuites (sous le faux ami anglais « play money », qui ne se traduit pas en « jouer de l'argent », mais « argent factice » : on joue avec des jetons sans valeur, à l'image de billets de Monopoly) ou alors pour des sommes d'argent réelles. Tous ces sites proposent généralement une version où il n'est possible de jouer qu'avec des jetons sans valeurs, avec un nom de domaine en .net (le « vrai » site étant en .com). Ce nom de domaine est alors utilisé pour contourner les diverses législations en place afin d'effectuer de la publicité pour leurs sites de manière détournée. Si vous avez croisé l'une des (nombreuses) retransmissions télévisée de poker, vous aurez à coup sûr rencontré les logos de marques telles que PokerStars, PartyPoker ou encore Full Tilt. Et même sans, le logo de cette dernière est par exemple présent sur les Formule 1 de l'équipe Virgin Racing.

Ces sociétés ennuient cependant fortement les différents gouvernements qui, particulièrement en Europe, jouissaient jusqu'ici de monopoles d'états sur les jeux d'argents et qui pour la plupart ont complètement raté le « virage » Internet (à l'exception, peut-être, de la Suède). L'organisation d'une économie parallèle d'un montant estimé à plusieurs milliards de dollars au niveau mondial représente un manque à gagner important pour les états qui souhaitent leur part du gâteau. Outre les préoccupations bassement pécuniaires, il est souvent évoqué la volonté de luter contre les blanchiments d'argents, théoriquement possibles, mais véhément combattus (avec succès) par les (meilleurs) acteurs du milieu.

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Pour être conformes à la nouvelle loi, nombre d'opérateurs ont fermé leurs sites internationaux aux joueurs francophones.


Il y a aussi le cas assez complexe des arnaques, avec la plus classique : le cas de sites qui ferment la porte avec l'argent des joueurs (un cas malheureusement récurrent), mais aussi d'autres plus complexes comme des opérateurs malveillants qui avaient inséré sur leur serveur la possibilité pour certains joueurs de voir les cartes de leurs adversaires (les affaires dites des « super-user » d'Absolute Poker et d'Ultimate Bet). Les possibilités de réclamation en cas de problème sont également relativement limitées : sans juridiction, pas de recours en cas de litige avec un site dont les décisions sont sans appel. Cela pousse les joueurs habitués à préférer les sites installés depuis longtemps et dont les marques sont connues : c'est le seul indicatif de stabilité qui était disponible jusque là.

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C'est donc dans ce cadre un peu opaque et tumultueux qu'intervient l'arrivée d'une offre légale en France, organisée autour d'une autorité de régulation 100% française baptisée ARJEL (Autorité de Régulation des Jeux En Ligne). Nous allons dans ce dossier essayer de vous donner un point de vue complet et sans concessions sur ce qu'est le monde du poker en ligne, ses spécificités, mais aussi ses hauts et ses (nombreux) bas. Nous tenterons également d'aborder le sujet souvent épineux de l'espérance de gains, et les implications (fortes !) que la loi peut avoir pour ceux qui jouaient déjà en ligne.Si cette section ressemblera à une série de rappels pour les joueurs habitués, elle peut clarifier certaines idées auprès des joueurs occasionnels qui connaissent les règles du jeu mais qui n'en ont pas forcément assimilé toutes les subtilités. En aucun cas nous ne nous risquerions à vous apprendre à jouer, nous vous renvoyons à la page sept de notre notre article dédiée aux livres, logiciels et sites webs pour plus d'informations.

Ce que nous allons tenter de faire, c'est de vous aider à distinguer la part de chance de la part de stratégie. Un léger avertissement : afin de vous aider à comprendre le raisonnement évoqué, nous allons utiliser divers outils mathématiques (principalement, des calculs statistiques et de probabilités). Ils servent avant tout de preuves. D'un point de vue pratique, un joueur n'est pas forcément obligé de les réaliser. De multiples méthodes d'approximations et divers raccourcis existent, illustrés dans de nombreux manuels. Ne soyez donc pas intimidés par ce que vous lirez.

Un jeu de cartes ?

Revenons aux bases : contrairement à ce que l'on peut penser, le poker n'est pas réellement un jeu de cartes. A l'inverse d'autres jeux (Tarot, Manille, Belotte, ou même Uno...), les décisions que l'on effectue ne portent pas sur les cartes (choisir de jouer une carte plutôt qu'une autre), mais sur les mises effectuées (tapis, appel, relance, etc...). Techniquement, le poker (dans sa variante la plus à la mode, le No Limit Texas Hold'em) se range dans la catégorie des jeux de mises : les décisions qu'un joueur doit effectuer se font au niveau du montant des mises, et du choix ou non de miser. Les cartes ne sont qu'un prétexte aux différentes mises effectuées. Si ce point peut paraitre contradictoire, il est pourtant essentiel pour comprendre ce qu'est le poker !

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Les cartes sont un prétexte aux mises. Celles qui vous sont distribuées n'entrent que très loin dans le processus de décision d'un joueur expérimenté.


Il se classe également dans la catégorie des jeux dits d'informations incomplètes. En effet, vous ne connaissez pas, par exemple, les cartes de votre adversaire. Cela diffère d'un jeu comme les échecs ou le backgammon qui sont eux des jeux d'informations complètes (vous voyez a tout moment la position des pièces de votre adversaire). Cette incertitude permet aux joueurs d'utiliser des stratégies comme le bluff, et rend plus difficile la possibilité de trouver une solution mathématique au jeu (il existe des agents d'intelligence artificielle capable de battre les meilleurs joueurs humains du monde aux échecs et au backgammon, ce n'est pas encore le cas pour le poker).

Puisque l'on est dans l'analyse, allons jusqu'au bout. D'un point de vue mathématique, le poker se classe dans la catégorie des jeux dits à somme nulle. Par là, on entend que l'argent que l'on gagne vient des joueurs adverses. A l'inverse, l'argent perdu va dans la poche de vos adversaires (pour les puristes, nous mettons pour l'instant de côté les questions de « rake » sur lesquelles nous reviendrons plus loin). Outre l'implication morale, cela aura des implications stratégiques fortes.

Hasard, probabilités

Un grand débat qui alimente les passionnés est de savoir si le poker est un jeu de hasard ou de stratégie. Avant de débattre, prenons le cas d'un jeu de hasard que nous connaissons tous : le Loto. Si certains établissent parfois des stratégies très évoluées pour espérer gagner, en pratique il n'y a pas de méthode miracle (cela se saurait, non ?). Certains vous argumenteront à coup de (pseudos) analyses statistiques que, par exemple, le numéro 9 sort moins souvent que les autres, et qu'à l'inverse le 33 sort beaucoup plus souvent. De là, selon « l'expert » à qui vous parlez, on vous dira de jouer le 9 (« il doit sortir, c'est sûr ! ») ou le 33 (« ce numéro est chaud, jouez le ! »).

Les deux ont tout faux. Tant bien même qu'un numéro soit sorti plus souvent que l'autre, les tirages de Loto sont considérés d'un point de vue mathématique comme indépendants les uns des autres. Statistiquement parlant, la combinaison sortie la semaine dernière à autant de chance sortir la semaine suivante qu'une autre combinaison de votre choix.

Certains crieront à l'hérésie, mais c'est pourtant bel et bien le cas, chaque combinaison dispose en effet d'une chance équivalente de sortir, qui ne dépend pas des tirages précédents. Tout est une question d'interprétation de la langue Française, sur les 19 millions (environ, vous nous pardonnerez les arrondis) de combinaisons possibles, une seule est sortie la semaine précédente, tandis que 19 millions ne sont pas sorties. Intuitivement on se dit donc qu'il y a plus de chance qu'une combinaison différente de celle de la semaine dernière sorte, ce qui est vrai : il y'a 19 millions de chances - 1 sur 19 millions que cette occurrence se produise.

Cela n'indique cependant rien sur laquelle des 19 millions -1 de combinaison restantes à plus de chance de sortir que les autres ! D'ailleurs, les chances de chacune d'entre elles sont équivalentes... à celles de la combinaison sortie la semaine précédente. Il est donc bien plus probable qu'une combinaison « différente » de celle de la semaine dernière sorte, puisqu'il n'y a qu'une chance sur 19 millions que cette occurrence arrive. Mais il y a également une chance sur 19 millions que sorte la combinaison 1, 2, 3, 4, 5, 6 ou 8, 15, 16, 23, 42, 4.

Alors, jeu de hasard ou de stratégie pour le poker ? Un peu des deux. Une part de chance est bel et bien présente (les cartes sont distribuées au hasard, et sont partiellement cachées) mais votre manière de jouer aura, sur le long terme, l'impact le plus important.

N'importe quel joueur régulier vous le dira, face au meilleur joueur du monde comme Phil Ivey, un joueur novice à toutes ses chances sur une seule main. Après une heure de jeu, il y a de fortes chances que Phil Ivey ait pris le dessus. Plus les heures passeront et plus ces fortes chances se traduiront en certitudes. Un joueur novice n'a, sur le long terme, qu'assez peu de chances face à un joueur professionnel. La stratégie semble donc entrer en jeu.

C'est en tout cas ce que les joueurs réguliers/professionnels pensent. Mais y a-t-il un fond de vérité derrière cela ? Ou est ce simplement une délusion, à l'image de ceux qui pensent pouvoir maitriser le hasard lorsqu'ils jouent au loto ?

Afin de tirer le vrai du faux, nous allons nous pencher sur deux concepts mathématiques particulièrement importants et qui sont à la base du poker, la variance et l'espérance mathématique.

Le concept de la variance

Si vous regardez les retransmissions télévisées de poker, vous aurez rapidement noté qu'il ne suffit pas de « bien jouer » pour gagner. Certains diront qu'il faut aussi « avoir la chance avec soi », mais les joueurs professionnels ne raisonnent pas comme cela. Pour vous expliquer pourquoi, rentrons dans les détails un instant et prenons l'exemple concret d'une main, ou deux joueurs avant le flop décident de faire tapis (miser l'intégralité de l'argent présent devant eux sur la table).

  • Le premier est un bon joueur et dispose d'une paire d'As, considéré comme la meilleure main au poker.
  • Le second est un débutant, il a devant lui la plus mauvaise main possible, un 7 et un 2 de familles différentes

(note : pour vous permettre de suivre par vous-même les résultats de cet article, nous vous indiquerons les abréviations usuelles des mains utilisées dans le logiciel PokerStove. Ici, cette main s'abrège 72o, le o indiquant « offsuit », il indique que les deux cartes sont de suite/couleur différentes).

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L'utilitaire PokerStove permet de simuler les situations que l'on rencontre, des plus simples aux plus complexes.


Intuitivement, on peut se dire que la paire d'As est obligée de gagner (remporter le pot), la meilleure main contre la moins bonne, il ne devrait pas y avoir de match ! Les mathématiques (comme souvent, ces traitres !) ne sont pas tout à fait d'accord avec la logique intuitive. Dans ce cas précis, les chances de gagner de chacune des mains sont respectivement de :
  • Pair d'As (AA) : 88.2%
  • 7/2 dépareillés (72o) : 11.8%

Les joueurs novices auront tendance à interpréter ces chiffres en se disant que le chiffre le plus fort doit systématiquement gagner. Le joueur habitué comprendra qu'un peu moins de neuf fois sur dix, il est censé gagner. Et qu'un peu plus d'une fois sur dix, il est censé perdre cette main.

Admettons maintenant que, manque de chance pour notre « bon » joueur, sa paire d'As perde ce pot. Par un hasard incroyable, au cours de sa session de jeu contre le joueur novice, cette même exacte situation se présente de nouveau. Le joueur novice qui commence à comprendre le rôle des probabilités se dit qu'après avoir gagné le premier pot, il doit quasi assurément perdre le second. « Il faut bien que la chance s'égalise ». Manque de chance pour le bon joueur, il perd de nouveau ce pot.

Cette même situation se représente une troisième, et une quatrième fois. Et à chaque fois, le joueur novice continue de gagner avec la plus mauvaise main. « Incroyable chance » pensera le débutant. Le bon joueur, s'il commencera peut être à être agacé, trouvera cela malheureusement normal.

Revenons à nos Lotos...

Le bon joueur a compris qu'ici, tout comme avec un tirage du loto, le tirage des cartes est indépendant d'un coup sur l'autre. Ce n'est pas parce qu'il a perdu quatre fois de suite dans une situation ou il était mathématiquement favori (censé gagner neuf fois sur dix) qu'il gagnera la cinquième fois. Ou la sixième. Le joueur novice à t'il cependant tort de croire que « la chance s'égalise au bout d'un moment » ?

La Française des Jeux, sur son propre site, propose un « palmares » des boules. Dans ce tableau, préfacé comme par excuse d'un « N'oubliez jamais que le hasard ne se contrôle pas », on vous indique tout de même la fréquence de sortie de chaque numéro après 273 tirages.

Pour simplifier nous allons nous concentrer sur le second tableau qui concerne le tirage de ce qu'ils appellent le « numéro chance » (tirage d'une boule parmi dix), on remarquera que si théoriquement chaque boule devrait avoir un pourcentage de sortie équivalent (10 boules, donc 10%), en pratique les écarts vont de 8.06% à 12.45%.

Nous avons utilisé l'historique de ces tirages pour vous proposer un petit tableau qui compare la fréquence de sortie (en pourcentage) de chaque boule après 10, 20, 40, 80, 160, et 273 tirages. Regardez ci-dessous :
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Mettons de côté les trois lignes du dessous. Pour les lignes du dessus, chacune représente une boule (de 1 à 10). Chaque colonne représente le nombre de tirages considéré (10,20... 273). Si l'on lit l'intersection entre 5 et 40, on lit que la boule 5 est sortie dans 10% des tirages, sur 40 tirages.

En dessous nous indiquons les pourcentages minimum et maximum dans chaque cas. Après 10 tirages, certaines boules ne sont jamais sorties, tandis que d'autres sont sorties 3 fois. Comme vous pouvez le voir, au fur et à mesure que les tirages se succèdent, les minimum ont tendance à augmenter, tandis que les maximum eux baissent au fur et à mesure. Encore mieux, les mathématiques disposent d'un outil magique qui permet de calculer la « dispersion » de chacune des boules par rapport à la moyenne. Cet outil s'appelle l'écart type (STDEV). Comme vous pouvez le voir, la dispersion diminue très fortement au fur et à mesure que l'on rajoute des tirages.

Notre joueur débutant n'avait donc pas totalement tort. Effectivement, oui, la chance tend à s'égaliser, mais pas forcément pour une question de justice cosmique ou de karma. Plus l'on multiplie les occurrences d'un événement aléatoire et plus l'on constatera sur le long terme que des choix de probabilités identiques obtiendront des chances de tirages proches.

Comment comprendre cela ? Après dix tirages de pile ou face, ce n'est pas parce que le côté pile est tombé 8 fois que le côté face tombera de nouveau. De la même manière, après un million de tirages, il n'est toujours pas possible de prédire de quel côté tombera la pièce la million-et-unième fois, en se basant sur le million de tirages précédent (c'est l'erreur formulée par nos « experts » de la page précédente).

En pratique dans le poker ?

Si l'on ramène cela au poker, on commence à comprendre le calme incroyable de notre bon joueur face à sa déferlante de malchance. Il ne cherche pas à contrôler le hasard, c'est impossible, il n'hurle pas non plus contre son manque apparent de chance. Il sait par contre que, s'il continue à effectuer en permanence de bonnes décisions (où ses probabilités de gagner sont bonnes, c'était le cas précédent), sur le long terme, il sera gagnant. Mieux, le joueur va prendre en compte cette variance et ses effets dans sa manière de gérer son « budget » pour tenter d'en limiter les effets.

Reste à savoir ce qu'est une bonne décision... Mais là encore, les mathématiques ne sont jamais loin !Si l'on dit que l'espoir fait vivre, c'est surtout le concept de l'espérance mathématique qui fait vivre les joueurs de poker professionnels. Comme nous l'avons vu sur la page précédente, un joueur, même s'il est malchanceux sur le court terme lorsqu'il effectue de bonnes décisions, se verra récompensé sur le long terme au fur et à mesure que ses décisions s'accumulent.

La définition de ce qui est une bonne ou une mauvaise décision fait tout l'intérêt - et la complexité - du poker.

Nous avons vu précédemment un exemple simple, deux joueurs qui choisissent de faire tapis. Dans ce cas, seule la probabilité que gagne chacune des mains (visibles) comptait. Il est cependant possible d'estimer (de manière approximative, cela serait trop simple !) à tout moment si un coup semble bon ou non, grâce au concept de l'espérance mathématique.

Nous vous avons indiqué que le poker est un jeu de mises, rajoutons donc cette problématique !

Vous disposez d'un As et d'un Roi de cœur en main (AhKh). Un seul adversaire reste en jeu contre vous, nous sommes au « tournant » (turn en anglais) : la 4ème carte de communauté vient d'être distribuée. Les cartes communes sont :

  • Valet de cœur, 8 de cœur, 7 de carreau, 3 de trèfle. (Jh8h7d3c)


A ce moment précis, sans aucune information supplémentaire sur la main de votre adversaire, vos chances de gagner sont d'environ 57.2%. Il ne reste qu'une carte de communauté à venir, le pot comporte 150 jetons. Votre adversaire mise alors 50 jetons. Devez-vous, oui ou non, suivre (appeler sa mise de 50 jetons) ?

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La main en question sous PokerStove.


Pour simplifier notre démonstration, nous allons dire que vous estimez que votre adversaire est un joueur solide, capable de battre une simple paire. Si un As ou un Roi tombe sur la rivière (la cinquième carte commune), vous pensez qu'il est très peu probable que vous puissiez gagner. Par contre, si la cinquième carte est de la famille des cœurs, vous estimez que vous disposerez sans conteste possible de la meilleure main (pour les puristes, nous mettons de côté le cas où une paire apparaitrait à la rivière).

Un joueur habitué sait que chaque famille dispose de 13 cartes dans un jeu de 52 cartes. Il reste neuf cœurs parmi les 46 cartes que vous ne connaissez pas dans le paquet (les deux de votre adversaire, qui contiennent peut être des cœurs et les 44 qui n'ont pas été distribuées). Vous avez donc environ 19.5% de chance d'obtenir le cœur qu'il vous manque.

Une méthode pour estimer si un coup est profitable est de comparer ce pourcentage estimé à l'éventuel retour sur investissement que vous pourrez effectuer. Vous devez ici investir 50 pour gagner les 150 originellement dans le pot (l'argent misé les tours précédents), ainsi que les 50 que votre adversaire vient juste d'ajouter. Le ratio est donc de 4 contre 1, ou de 20% (et non 25, attention !). Pour être rentable, cela signifie que nous devons remporter ce coup au minimum une fois sur cinq.

Avec seulement 19.5% de chances estimées de gagner, appeler la mise de votre adversaire représente un coup dont l'espérance mathématique (Expected Value/EV en anglais) est (légèrement) négative.

Par contre, si votre adversaire avait misé seulement 30 jetons au lieu de 50, il ne vous aurait été nécessaire que d'avoir raison dans votre décision qu'une fois sur sept (14.2%). Dans ce cas, l'espérance mathématique d'un appel aurait été positive.

On retiendra donc le rôle fondamental du montant des mises. Il n'est pas le fruit du hasard. En choisissant savamment le montant de ses mises, un joueur peut forcer ses adversaires à effectuer de mauvaises décisions. Notez également que si ces décisions purement mathématiques semblent un peu machinales, elles peuvent au contraire s'augmenter d'informations supplémentaires que vous aurez récoltées en jouant précédemment avec votre adversaire.

Une solution purement mathématique ?

Notre insistance sur les mathématiques font que certains se poseront la question : est-il possible de trouver une solution purement mathématique au poker ? Théoriquement, oui, mais pas forcément celle que l'on croit.
Nous avons expliqué préalablement que le poker était un jeu à somme nulle. Dès lors, selon la théorie formulée par John Nash, il existe une stratégie idéale dite d'équilibre. L'exemple le plus simple de ce concept est celui de la guerre froide. Durant cette période, l'URSS et les Etats Unis disposaient d'un arsenal nucléaire suffisant pour se détruire mutuellement. Si l'un des deux blocs lançait une offensive contre l'autre, celui-ci répliquerait automatiquement, ce que l'on appelait l'équilibre de la terreur. Dès lors, de manière rationnelle, il n'était bénéfique à personne de lancer d'attaque. Il y avait donc une situation d'équilibre.

Un tel équilibre existe pour les jeux à somme nulle, il s'agit d'une stratégie utilisée par chaque joueur que l'on peut considérer comme optimale dans le sens où, si l'un des joueurs venait à dévier de l'équilibre, il perdrait de l'argent. Le côté insidieux du système tient du fait que si l'on dispose de plus de deux joueurs, il peut arriver qu'une mauvaise décision du joueur A soit non seulement à son détriment, mais aussi à celui du joueur B, et donc au profit du joueur C !

Si certains livres vous expliqueront dans quels cas (ils sont rares) utiliser une telle stratégie (et comment la mémoriser), notez qu'il n'est pas toujours possible de la calculer, tout simplement pour des raisons techniques ! La complexité mathématique du problème réclamerait des ressources processeur et mémoire non disponibles aujourd'hui. De plus, comme nous l'indiquions, un équilibre implique que l'on pense que chaque joueur effectue des décisions rationnelles, ce qui est loin d'être le cas. En clair, à défaut d'être idéale lorsqu'elle est calculable, une stratégie dite d'équilibre sera bien souvent inférieure à une stratégie dite d'exploitation. Pour plus de détails sur le sujet, nous vous renvoyons à la section livre de notre article.

Qu'est ce que le poker, donc ?

Il est temps de sortir notre tête des mathématiques pour résumer ce que nous avons vu jusqu'ici :
- le poker n'est pas un jeu de cartes, mais un jeu de mises organisé autour de cartes
- le poker est un jeu à somme nulle : l'argent change de mains entre les joueurs qui jouent les uns contre les autres
- la chance existe dans le poker et il n'est pas possible de l'annuler. En effectuant cependant en permanence de bonnes décisions, un joueur peut maximiser ses chances de gagner sur le long terme
- les effets de la chance doivent être pris en compte dans votre manière de gérer votre argent. Vous devez prévoir qu'il est possible (et cela vous arrivera) de perdre vos mises plusieurs fois de suite alors que vous aviez effectué des décisions correctes

Peut-on gagner au poker ?

Avant de parler du cas très spécifique du poker en ligne à la française, parlons déjà du poker en imaginant le cas idéal ou vous jouiez simplement entre amis. Dans un jeu à somme nulle, l'argent change de mains entre les joueurs. Cela à plusieurs implications :
  • La quantité d'argent cumulée entre les joueurs reste constante.
  • Les meilleurs joueurs (ou les plus chanceux) gagnent l'argent des joueurs les moins bons (ou les moins chanceux).
  • Il y a forcément des gagnants et des perdants.


En ce qui s'agit du poker en ligne, gagner est plus complexe, car il ne s'agit plus réellement d'un jeu à somme nulle. En effet, les opérateurs qui proposent des jeux de poker ne le font pas gracieusement. Ils effectuent diverses formes de prélèvement. Par exemple, si vous participez à un tournoi à un euro et dix cent, vous verrez très souvent le prix des droits d'entrée marqués de cette sorte : 1.00 + 0.10. Cela indique que tous les joueurs contribuent 1 euro aux sommes qui seront redistribuées aux joueurs gagnants. Les dix centimes additionnels sont prélevés par le casino au titre de leurs frais de fonctionnement. Un type de prélèvement identique existe également sur les mains jouées hors des tournois (type « cash ») : une ponction est effectuée sur les pots. On parle en anglais de « rake ».

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Le titre de la fenêtre parle de tournoi à 5 dollars, sur lequel s'ajoutent 50 centimes de rake (10% sont classiques à ce niveau de jeu, il baisse avec l'augmentation du prix des tournois).


Globalement, gagner au poker en ligne devient d'un coup plus complexe. Il faut non seulement être meilleur que ses adversaires, mais en prime avoir un rendement qui soit supérieur à celui des prélèvements effectués par l'opérateur (entre 5 et 10% environ selon le type de jeu).

Combien de gagnants ?

Les sites de poker en ligne ne communiquent pas réellement sur le pourcentage de leurs joueurs qui arrivent à gagner de l'argent en jouant. Il ne faudrait pas casser le rêve. Cependant par des moyens détournés, certains ont tout de même réussi à proposer quelques statistiques sur le sujet. Cela se fait par le biais de sites qui pratiquent le data-mining. Ces sites (par exemple Poker Table Ratings) observent en permanence les mains jouées sur les tables des opérateurs en ligne. Une pratique qui n'est pas trop appréciée par le monde du poker en général, mais passons un instant sur cela.

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S'il est possible de jouer de petites sommes, certains joueurs mettent sur la table de petites fortunes...


De ces statistiques, il ressort qu'un peu moins de 20% des joueurs sont gagnants, un chiffre assez réduit qui augmente à un peu plus de 30% parmi les joueurs réguliers. Est-ce si dur de gagner ? Oui et non, nous parlons ici de joueurs gagnants, qui sont à la fois meilleurs que leurs adversaires mais avec un rendement supérieur à celui des prélèvement (rake) de l'opérateur.

Il existe cependant une catégorie intermédiaire, difficilement quantifiable, de joueurs qui arrivent à gagner malgré le rake. Les sites en ligne proposent généralement des programmes de fidélité qui ont pour but de redistribuer une partie des fonds qu'ils collectent à leurs joueurs les plus réguliers. Ces programmes ne sont pas forcément aussi rentables pour tout le monde, tant la redistribution peut être liée au volume de jeu engendré. Elle est également parfois optionnelle : si les joueurs ne la réclament pas, il n'y ont pas le droit. Différentes offres de redistribution existent, la plus classique est celle du « rakeback ».

Rakeback

Le concept est diaboliquement simple, le site vous rend, de manière directe ou indirecte, une partie de votre rake. Ce modèle économique passe souvent par un tiers. Des sites dédiés au rakeback ont pour but de « ramener » des joueurs vers les sites. En échange, l'opérateur reverse au site en question un pourcentage du rake généré par ses membres. Le site de rakeback prend sa commission, et redistribue le reste à ses membres. Il s'agit généralement d'un pourcentage fixe qui peut varier selon les sites entre 30 et 50%. Cette formule est généralement privilégiée par les sites les plus petits, qui sous traitent ainsi une partie de leur marketing. Une exception notable étant Full Tilt (n°2 du secteur) qui utilise également ce système.

Les bonus

D'autres sites préfèrent gérer leurs redistributions par eux-mêmes. Divers formats existent, il peut s'agir de bonus donnés après qu'un certain volume de jeu soit atteint. Cela peut prendre place par exemple par un système de points collectés par le joueur qui peuvent être échangés contre de l'argent. En théorie, la suppression d'un intermédiaire permet une redistribution plus généreuse, mais à l'inverse certains sites auront tendance à récompenser plus fortement les joueurs générant le plus de rake (parce qu'ils jouent plus en volume, ou qu'ils jouent pour des sommes d'argent plus élevées). PokerStars fait partie des sites qui utilisent ce système de bonus.

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Les opérateurs peuvent également offrir des voyages ou des entrées dans des tournois comme les World Series Of Poker (note technique, nous sommes sur Clubic après tout, le site de Patrick Bruel, WINAMAX, utilise la plateforme Adobe AIR).


Du fait que ces bonus soient variables et (parfois) optionnels, il est assez dur d'estimer la proportion complète des joueurs qui sont bénéficiaires par le simple truchement des bonus. Il est probable qu'une majorité des joueurs qui soient réellement gagnants, le soient par le fait de ces bonus cependant.

Tout ceci cependant concerne l'ancien poker en ligne. Qu'en est il du poker en ligne à la française tel que régulé par l'ARJEL ?

Les spécificités du poker en ligne français

Si les lois qui ont promulgué le lancement du poker en France ont été votées en avril, il reste malgré tout pas mal d'incertitudes sur les différents changements qui vont être opérés. Il y a deux raisons à cela, tout d'abord les textes de loi sont assez complexes à lire. De part le procédé constitutionnel, le texte a été amendé maintes fois pour arriver à la version définitive que l'on peut trouver ici.

Cependant, une partie des dispositions est également incluse dans les textes produits par l'autorité de régulation (l'ARJEL) créée par le texte de loi. Le site de l'ARJEL est (plus ou moins) disponible, mais le contenu technique se trouve sur un site temporaire. Nous n'allons pas faire le tour des dispositions techniques imposées par l'ARJEL, mais sachez qu'elles sont assez complètes. Dans le lot, il y a l'obligation de livrer le code source de son application cliente (mais pas serveur, allez comprendre), ainsi que de transmettre l'intégralité des mains jouées par les joueurs (cartes incluses).

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Nouveaux ou anciens, les sites se préparent tous à l'ouverture (ici Everest, Chili, Sajoo).


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En plus de sociétés déjà implantés à l'étranger, on retrouve sur le marché des groupes de casino physique, mais aussi des opérateurs qui disposaient d'exclusivité jusque là en France (Betclic, Partouche, PMU)


En attendant le décrêt d'application qui devrait être publié au journal officiel dans la journée de mardi (et qui lui aussi finalisera les derniers détails), il est difficile d'avoir des certitudes sur l'application concrète de tout cela. Voici tout de même, sous réserve, ce que nous en avons retenu.

Une taxe imposée

Une taxe (rake) est prélevée. Elle est de 2% sur les mains jouées en « cash game », et également de 2% sur les droits d'entrée de tournois (10% de cette taxe participe au financement de la Securité Sociale). Qu'est ce que cela va changer en pratique pour les joueurs ? C'est le point le plus flou, les différents opérateurs imposaient déjà des rake de 5 et 10% en général dans ces situations. Prendront-ils sur leurs marges pour continuer de proposer les mêmes tarifs, ou ces taxes seront-elles simplement ajoutées ? Il faudra attendre de voir en pratique ce que les sites proposeront au cas par cas.

Jeu entre français uniquement ?

Les premières versions du texte imposaient que les jeux d'argents ne se fassent qu'entre français (ou plus précisément, résidents sur le territoire). Ce n'est cependant pas le cas du texte définitif. La commission des finances à fait supprimer cette mention.

Article 12
- Suppression de la mention de séjour ou de résidence en France pour les modalités et d'inscription sur le site de l'opérateur agréé (Rapporteur)


Qu'en est il alors ? Il y a plusieurs choses qui se mélangent. D'abord, tous les sites qui souhaitent désormais proposer des jeux en France doivent demander une licence auprès de l'autorité de régulation (l'ARJEL). Pour pouvoir obtenir la licence, les sites doivent fermer tous les comptes de leurs joueurs déclarés comme français. Si vous êtes joueurs, vous avez probablement reçu un message de ce type :

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Email type envoyé par Pokerstars à ses joueurs déclarés comme résidents en France.


Qui plus est, il est interdit aux opérateurs de transférer directement votre « ancien » compte sur le nouveau site. En tout cas, tel qu'il est écrit, le texte ne requiert pour les joueurs désireux de venir jouer sur les sites agrées par le gouvernement français que de disposer d'un compte dans l'espace européen pour déposer et retirer son argent. Il est à la charge des opérateurs de vérifier l'authenticité des informations. En théorie donc, des joueurs d'autres pays pourront venir jouer sur ces sites. Le feront-ils ? Tout dépend des tarifs de « rake » proposés, mais l'on notera que le client « français » d'opérateurs historiques comme PokerStars est toujours multilingue.

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Les sites proposent toujours l'inscription aux joueurs étrangers. PartyPoker devrait par contre réviser sa liste de "départements".


Obligation de jouer sur les sites ARJEL

Là encore, la loi prend ce concept en contrepied. Elle punit l'organisation de jeux en ligne proposés à des résidents français par des opérateurs. Elle confère également à l'ARJEL la possibilité d'interdire l'accès pour les résidents en France aux sites qui ne seraient pas sous licence. Par quel biais ? Tout ceci n'est pas précisé, mais il est probable que cela se fasse à terme par le biais du « filtrage » Internet proposé par la loi Loppsi. Chouette.

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Full Tilt, qui ne dispose pas encore de la licence française (dossier en cours auprès de l'ARJEL), a tout de même interdit les dépots d'argents aux nouveaux joueurs Français pour être conforme à la loi.


Si des pénalités sont prévues pour les opérateurs qui proposeraient de tels jeux « illégaux », il n'est rien prévu contre les joueurs qui tenteraient de s'affranchir de ces dispositions. Cependant, pour les sites qui proposeront une version française, un joueur français ne pourra plus s'inscrire sur la version internationale avec un lieu de résidence français. La simple utilisation d'un VPN ne suffira pas à contourner ces restrictions. Et pour ceux qui espéreraient que l'Europe leur vienne en aide, vous pouvez oublier. Des précédents existent au Portugal et tout récemment aux Pays Bas. Les pays membres de la commission sont autorisés à bannir l'accès aux sites de jeux qu'ils souhaitent pour des raisons de « santé publique ».

L'ARJEL effectue également une mission d'éducation, déjà commencée avec des sites comme http://onvateplumer.com/.

Rakeback, bonus

C'est un point de contention pour beaucoup de joueurs réguliers. Comme nous l'avons vu, une grande proportion de joueurs sont gagnants de par l'existence de ces redistributions de rake. S'il est bien prévu de limiter la redistribution à 5%, cette mention ne concerne que les jeux de paris. Pour les jeux de cercle (dont fait partie le poker) il ne semble pas y avoir de restriction. Les programmes de fidélité des opérateurs ne sont cependant pas encore annoncés, il faudra attendre de les voir en pratique pour estimer de la rentabilité, ou non, de jouer sur les sites ARJEL.

Utilisation des portes monnaies électroniques ?

Là encore il y a un petit flou. De nombreux joueurs utilisaient des sites comme Neteller ou Moneybookers pour approvisionner leurs comptes de jeu en argent. Que dit le texte de loi ?

Les avoirs du joueur auprès de l'opérateur ne peuvent être reversés que sur un seul compte de paiement ouvert par le joueur auprès d'un prestataire de services de paiement établi dans un Etat membre de la Communauté européenne ou un Etat partie à l'accord sur l'Espace économique européen ayant conclu avec la France une convention contenant une clause d'assistance administrative en vue de lutter contre la fraude et l'évasion fiscales. Le joueur communique à l'opérateur les références de ce compte de paiement lors de l'ouverture de son compte joueur. Le reversement de ces avoirs ne peut être réalisé que par virement vers ce compte de paiement.


A première vue, les deux services susmentionnés rentreraient dans la catégorie des « services de paiement établi dans un Etat membre de la Communauté européenne ou un Etat partie à l'accord sur l'Espace économique européen ayant conclu avec la France une convention contenant une clause d'assistance administrative en vue de lutter contre la fraude et l'évasion fiscales », même s'il faudra attendre la fin de la journée pour en être certain à 100%.

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Certains sites comme BWin réclament à l'inscription un numéro de compte, d'ou un doute qui subsiste par rapport aux prestataires de paiments tiers.


Résumé

Autant être honnêtes, si tout n'est pas parfait dans cette ouverture, les dégâts semblent, à première vue, un peu moins importants que ce que les joueurs réguliers auraient pu craindre avec les toutes premières versions des textes qui ont circulé.

L'un des plus gros problèmes que rencontreront les joueurs en pratique semble tout de même être la réduction drastique du nombre de joueurs. En créant un marché se cantonnant (principalement) aux joueurs français, beaucoup de joueurs craignent de ne pas pouvoir trouver suffisamment de jeux (les joueurs réguliers jouent sur de multiples tables en parrallèles pour maximiser leurs gains par heure) et, pour ceux dont c'était le cas, ne plus pouvoir « vivre » du poker. De la même manière, il faudra probablement beaucoup de temps avant de retrouver un équivalent aux tournois comme le « Sunday Million » de PokerStars qui garantit sur son site international, une fois par semaine, un pool de gains d'un million de dollars.

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Les sites permettent (de manière plus ou moins permissives) de jouer en simultanée sur un grand nombre de tables.


Rappelons également une autre inconnue, celle des impôts. En théorie, les gains de jeux d'argents et de hasard ne rentrent pas dans le calcul de l'impôt sur le revenu. A condition que le jeu ne devienne pas, selon les termes de l'administration fiscale, « votre activité principale et rétribuée », auquel cas vous deviendriez un joueur professionnel, et donc imposable sur vos gains. Sachant que l'ARJEL garde des traces de tous vos gains, et de toutes vos connexions sur les sites, ces données seront-elles transmises à l'administration fiscale ? Quel sera le seuil à partir duquel un joueur est considéré comme joueur professionnel ? C'est l'inconnue la plus totale, autant le dire.Pour apprendre à jouer et progresser, de nombreux livres, logiciels et sites web existent. Si jouer au poker peut sembler simple, le sujet peut devenir rapidement complexe quand on souhaite jouer au plus haut niveau. Voici quelques unes de nos recommandations.

Les livres

De très nombreux livres existent sur le sujet du poker, et il n'existe pas de manuel universel ou adapté à tout le monde. Voici tout de même trois recommandations de livres reconnus par les joueurs pour leurs qualités :
  • Doyle Brunson's Super System 2 - Doyle Brunson : Ecrit par l'une des figures emblématique du Poker, ce livre est considéré par beaucoup comme le « manuel » de référence sur le Texas Hold'Em.

  • Harrington on Hold'Em / Harrington on Cash Games - Dan Harrington, Bill Robertie : Deux series de livres dédiées respectivement aux tournois et aux jeux “cash” par l'un des meilleurs joueurs. Bien que didactiques, ces manuels ont un niveau assez avancé.

  • Kill Elky - Lee Nelson, Tysen Streib, Steven Heston : Connu sous le nom de « Kill Everyone » dans sa version anglaise, ce livre propose des explications des concepts les plus avancés en matière de tournois. Des commentaires de Bertrand Grospellier - considéré comme le meilleur joueur de tournois français, et un des tous meilleurs au monde - apportent des contrepoints très intéressants.

Les logiciels

De nombreux logiciels sont disponibles sur le sujet du poker. On les classera dans diverses catégories, leur but est cependant de vous aider à progresser.
  • PokerStove : Il s'agit d'une calculatrice adaptée au poker. Elle vous permet de connaitre le pourcentage de chance d'une main par rapport à une autre, mais aussi d'effectuer des calculs plus complexes qui comparent des selections multiples de mains les unes contre les autres.

  • PokerTracker / : Ces deux logiciels concurrents vous permettent de stocker la totalité des mains jouées à l'intérieur d'une base de données. En plus de vous permettre de traquer finement vos gains, de multiples outils sont présents pour vous aider à améliorer votre jeu par le biais de statistiques. En prime, ces deux logiciels intègrent également un « HUD », ils vous affichent pour chacun des joueurs autour de votre table un certain nombre de statistiques (pourcentages de mains jouées avant le flop, etc). Assez chers, ces deux logiciels concurrents sont cependant quasi indispensables tant ils apportent un avantage net à qui sait les utiliser. Ils reposent tout deux sur la base de donnée open source PostgreSQL, un disque dur rapide (ou un SSD) est amplement conseillé pour obtenir des performances décentes.

  • Poker Academy Pro : Un logiciel assez unique qui permet d'apprendre à jouer au poker en jouant contre des intelligences artificielles. Développé par des étudiants de l'Université d'Alberta, ce logiciel garde une valeur d'apprentissage intéressante, particulièrement pour les joueurs de tables « limit », le challenge en mode « no-limit » étant un peu moins élevé pour les joueurs déjà aguerris.

  • : Ce logiciel est dédié au calcul des situations de fin de partie dans les tournois. Il s'agit d'un outil avancé qui permet d'apprendre les concepts d'espérance mathématique et d'équilibre de Nash.


Notez enfin que, selon les sites, l'utilisation de ces logiciels n'est pas forcément autorisée pendant le jeu, mais uniquement entre vos sessions. Chaque site en ligne dispose de règles différentes sur le sujet, et il faudra attendre de voir celles des sites ARJEL pour savoir s'ils sont autorisés en cours de jeu.

Sites web

Les sites web sur le poker sont extrêmement nombreux. Outre les sites d'actualités, on retrouve également beaucoup de forums. Le plus connu d'entre tous est « Two plus two ». Forum anglais tenu par un éditeur de livres sur le jeu et les paris, ce forum est généralement à la pointe sur tous les sujets liés de près ou de loin au poker. Les amateurs de troll trouveront leurs maitres dans la section « NVG » du forum. Une partie française est également disponible, bien que peu fréquentée. D'autres communautés purement françaises existent également, nous vous laisserons les découvrir par vous-même.

Vous trouverez enfin un grand nombre de sites qui vous proposent de vous « former » au poker par le biais de vidéos. On retrouve des sites comme Deuces Cracked, Leggo Poker, ou Blue Fire Poker. S'il est possible d'y apprendre beaucoup de choses, nous devons adresser tout de même un avertissement, regarder passivement une vidéo ne vous permettra pas de faire progresser comme par magie votre jeu. Avant d'investir dans un abonnement, assurez vous d'être prêts à y consacrer le temps nécessaire.Il est temps de clore ce dossier un peu original pour Clubic. Nous terminerons par quelques remarques, recommandations ainsi que des avertissements afin que vous n'ayez pas de mauvaises surprises.

Tout d'abord nous avons mis totalement de côté l'aspect « moral » du poker. Le but du jeu reste de prendre l'argent de votre adversaire, ce que chacun jugera à sa façon. Posez-vous la question avant de jouer de savoir si vous êtes prêts à le faire.

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Selon les opérateurs, on parle d'agent fictif, factice, ou de mode virtuel


La plupart des sites vous proposeront de jouer avec de l'argent factice (le faux ami « play money »). S'il s'agit d'un bon moyen de voir à quoi ressemble le jeu, attention ! Le poker diffère très fortement lorsque l'on joue sans enjeu. Tysen Streib (co-auteur du livre Kill Elky) que nous avons consulté pour la réalisation de ce dossier a accepté de nous donner son point de vue sur le sujet :

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Quelque chose que je suggère toujours aux joueurs qui souhaitent démarrer dans le poker en ligne est de ne pas abuser des tables d'argent factice car l'on y prend de mauvaises habitudes, particulièrement dures à défaire par la suite. Si vous n'avez jamais touché au poker en ligne, vous pouvez jouer par exemple pendant une heure sur ces tables d'argent factice afin de prendre en main le logiciel et ses contrôles. Après une heure, stoppez. Il est beaucoup plus intéressant de jouer - ne serait-ce pour quelques centimes - sur des tables d'argent réel que sur des tables d'argent factices. Sur ces dernières, les joueurs n'ont aucun intérêt à jouer correctement et auront tendance à appeler tout et n'importe quoi. Il est impossible d'y jouer un vrai jeu de poker. Heureusement, l'un des avantages du poker en ligne est qu'il est possible d'y jouer pour des mises très faibles, littéralement quelques centimes.
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Les adversaires que vous y rencontrerez prendront le jeu beaucoup plus au sérieux, et vous pourrez ainsi progresser.


Enfin, quelque soit votre objectif (jouer pour le plaisir, ou dans l'espoir d'en tirer un revenu), n'oubliez pas que les jeux d'argents (comme beaucoup d'autres choses) peuvent provoquer une addiction et des modifications du comportement (irritabilité, exclusion, etc). Il est extrêmement important de se fixer des limites, aussi bien en termes de temps que d'argent. Vous trouverez, aussi bien dans les livres que nous avons mentionnés, qu'en ligne, des conseils sur la manière d'appréhender vos sessions de jeux. Le site de l'ARJEL, lorsqu'il sera ouvert, devrait proposer également une information complète sur le sujet. Notez que s'il ne vous est pas possible de vous contrôler, il est possible de demander à s'exclure des tables de jeux.

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Lors de votre inscription, les sites vous demanderont de fixer des limites maximales de dépense pour vous aider à y voir plus clair.


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De part l'aspect chance que nous avons expliqué, le poker peut être un jeu particulièrement frustrant. Même en jouant « correctement », il vous arrivera de perdre. Il est donc nécessaire de compenser ce facteur chance en jouant à des tables adaptées à votre budget. En plus des conseils formulés par Tysen Streib plus haut (jouez sur les tables les moins chères pour commencer), nous vous conseillons de disposer d'au moins 50 (100 si vous débutez) fois la mise de départ si vous vous intéressez aux jeux en tournoi. En clair, si vous disposez de 100 euros de budget poker sur votre compte en ligne, ne jouez pas de tournois à plus de 2 euros (ou 1 euro encore une fois si vous débutez). Si vos résultats sont bons, vous pourrez augmenter progressivement votre mise tout en gardant en tête la règle de 50 fois le prix d'une entrée. Si vous passez sous ce seuil, n'hésitez pas à revenir à des tables moins chères. De la même manière pour les tables « cash », un seuil de 30 (à 50 si vous débutez) fois le « buyin » (l'argent que vous placez sur la table pour jouer) de la table est conseillé.

Ces règles sembleront un peu strictes pour les joueurs habitués, mais elles permettront aux débutants de pouvoir apprendre tranquillement, tout en leur permettant d'encaisser les effets de la variance que nous vous avons expliqué plus tôt.

Nous espérons par cet article original vous avoir donné un aperçu de ce monde assez spécial qu'est le poker en ligne et l'avoir un peu démystifié. Nous reviendrons d'ici quelques jours sur les offres proposées par les différents opérateurs agrées par l'ARJEL. En attendant, voici la liste des sites « autorisés » officiellement, nous avons indiqué entre parenthèse le nom de la société comme indiqué par le décret de l'ARJEL. Certains opérateurs appartenaient auparavant à un réseau de site, nous l'indiquons lorsque c'est le cas.
Les marques qui étaient déjà présentes sur le marché (triées en fonction du traffic de leurs versions internationales, relevé sur le site Poker Scout) :

Les nouveaux entrants (Ordre alphabétique de leurs sociétés):
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