Procès sur le prix des ebooks : Amazon à la barre

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Appelé à témoigner dans le procès qui oppose Apple à la justice américaine concernant l'affaire des prix des livres électroniques, un haut dirigeant d'Amazon a laissé entendre que la firme de Cupertino cherchait à freiner la popularité du cybermarchand. Des déclarations auxquelles ne sont pas restés insensibles les éditeurs.

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Selon Russell Grandinetti, vice-président en charge du contenu sur la plateforme Kindle, le modèle d'agence imposé par Apple auprès des éditeurs partenaires - et qui s'en sont, jusqu'à récemment bien accommodés - visait principalement à réduire le champ des possibles pour Amazon en matière de vente de livres électroniques. Une accusation portée à la firme de Cupertino durant le troisième jour du procès qui oppose Apple au DoJ.

Le haut cadre d'Amazon a expliqué que, sauf autorisation exceptionnelle, le cybermarchand n'avait pas le droit de commercialiser les versions numériques des ouvrages le même jour que leur sortie en version papier. Une manière de privilégier l'iBookstore d'Apple dans le processus de vente. Russell Grandinetti a également parlé de chantage, pointant du doigt l'éditeur MacMillan qui, en 2010, aurait menacé Amazon de retarder de 7 mois la vente d'un ouvrage en version numérique par rapport à la version papier, si le commerçant n'appliquait pas le tarif désiré par l'éditeur.

Les éditeurs ripostent

« Je crois que j'ai réagi aussi désagréablement que possible face à ce choix » a admis Grandinetti. Un aveu confirmé, paradoxalement, par un autre éditeur : David Shanks, PDG de Penguin Books, a indiqué dans son témoignage avoir eu maille à partir avec le dirigeant d'Amazon, durant une réunion portant sur les tarifs des ebooks. « Ce fut une réunion très désagréable » a commenté l'éditeur, qui a, de son côté, pointé du doigt les pratiques d'Amazon, qui tire selon lui trop les prix vers le bas, proposant certaines versions numériques à 10 dollars alors que la version papier est vendue 26 dollars. « Ils criaient et nous ont menacé » a ajouté Shanks, pour qui Amazon cherche à conserver la mainmise sur le marché du livre électronique, et accuse donc Apple de vouloir faire de même.

De son côté, Carolyn Reidy, PDG de la maison d'édition Simon & Schuster, a rajouté que l'adoption du modèle d'Apple concernant les tarifs des livres électroniques avait effectivement comme principal objectif de freiner l'attitude d'Amazon. Le commerçant aurait également été menaçant durant la phase de négociation, mais a fini par céder face à la pression des éditeurs, en acceptant le modèle imposé pour une durée de 3 ans.

« Les éditeurs nous ont mis face à un ultimatum » estime quant à lui Grandinetti. « Nous n'étions pas prêts à signer un contrat pour une durée durant laquelle nous n'étions pas convaincus que les éditeurs ne pourraient pas nous discriminer » ajoute le dirigeant d'Amazon.

Trois jours seulement après le début du procès, les langues se délient et les soupçons des observateurs se confirment petit-à-petit : Amazon a toujours été au cœur des discussions concernant cette affaire, et il a été dit à maintes reprises que la chute du modèle d'Apple serait très profitable au commerçant en ligne. Il est intéressant de noter que les éditeurs s'accordent à dire que l'adoption du contrat imposé par Apple avait pour but premier de freiner les ardeurs de la firme de Jeff Bezos. Le temps d'une audience, il semblerait que le grand méchant de l'affaire ait changé de visage, mais le procès est loin d'être terminé.
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