Live Japon : des robots et des hommes robotisés

09 novembre 2013 à 17h28
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Le Japon et les robots. C'est une longue histoire qui durera longtemps encore. Parce qu'il est le premier pays fabricant et utilisateur de robots, l'archipel se considère comme l'Empire de la robotique. Et si, comme d'aucuns ne manqueront sûrement pas de le rappeler, il n'avait pas d'automates à envoyer à la centrale ravagée de Fukushima, ce n'est pas parce qu'il manque de technologies, mais parce que, plus grave, il avait stoppé la conception d'engins pour les sites nucléaires, jugeant pour ainsi dire impossible un accident du calibre de Tchernobyl sur son sol.

C'était une erreur, c'est certain. Ce point étant clarifié, il n'en reste pas moins que les fabricants nippons de robots, industriels essentiellement, continuent de nous étonner avec des créatures de plus en plus rapides, intelligentes et précises. Et puis, davantage encore que pour les robots androïdes dont on parle beaucoup mais que l'on voit peu, les Japonais utilisent de plus en plus ces technologies robotiques afin de développer des exosquelettes et appareils pour accompagner les hommes dans la vie quotidienne, notamment pour soutenir les personnes âgées.


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Lors de l'Exposition internationale de Robots cette semaine à Tokyo, les bras manipulateurs de Fanuc, Yaskawa, Kawasaki, Denso, ou encore Nachi, Mitsubishi Electric et Yamaha, se sont bien démenés pour montrer aux très nombreux visiteurs leurs étonnantes capacités: célérité, précision, force. On se surprend a régarder plusieurs minutes, ébahi, le gigantesque engin de manutention pour usine d'automobiles (entre autres) conçu par Fanuc. La bête, de plusieurs mètres de haut, peut lever et remuer avec agilité une pièce de 1,35 tonne.

Plus loin sont alignés d'autres automates, qui lui ressemblent, mais en version beaucoup plus petite. Les uns trient à une célérité proprement saisissante des gâteaux qui défilent désordonnés en repérant leur forme et couleur et en les posant correctement dans des boîtes circulant en parallèle.


Ailleurs, un duo imperturbable bosse: le premier attrape à toute vitesse des petits dominos en vrac sur un tapis roulant, les places en ligne parfaite côte à côte par lots de six en un tournemain, le suivant les prend d'un coup avec sa sextuple ventouse et les met dans une boîte. Pour faire la même chose, deux hommes ne suffiraient pas... et deviendraient fous. Telle est la force des robots industriels: ils sont rapides, dociles et increvables.


D'autres, des gros aussi ceux-là, s'affairent à 6 autour d'une carrosserie de voiture en cours de fabrication, concentré chacun sur sa tâche. Et, avantage supplémentaire, ils ne discutent pas.



« Dernièrement, les robots industriels effectuent de plus en plus souvent des tâches ensemble, comme le font des ouvriers en usine », confirme Osamu Komiyaji, représentant de la société de robots industriels Yaskawa. « Il y a deux conditions pour que des automates puissent travailler en équipe : qu'ils soient suffisamment proches les uns des autres et qu'ils puissent bouger ensemble sans se cogner », explique-t-il.

Or, les technologies récentes de micro-moteurs et autres composants permettent de créer des robots qui ont des tailles plus adaptées aux tâches à effectuer d'une part et qui perçoivent l'environnement dans lequel ils se trouvent d'autre part, grâce à des « senseurs divers », dont des caméras. Ce sont elles qui, associées à des programmes conçus spécialement, permettent ainsi de reconnaître des formes et couleur et de distinguer ainsi les objets à saisir.




Par exemple, sur ces images, les boules jaunes et blanches sont distinguées et classées dans des compartiments séparés en bout de course. Il est aussi de plus en plus fréquent que la tâche finale d'inspection et de contrôle de qualité soit aussi effectuée par des automates dotés d'une vision tridimensionnelle et parfois même de caméras dans les mains en plus de celles de la tête.


« Les processeurs des ordinateurs calculent aussi plus vite et la réactivité des parties mécaniques est meilleure, ce qui rend les robots plus alertes et évite les collisions », précise encore M. Komiyaji. Un robot n'est en outre plus obligé de cesser tout mouvement par sécurité chaque fois qu'un homme est dans les parages: les deux peuvent s'observer mutuellement et travailler ensemble sans se gêner.

De plus en plus aussi, les robots industriels prennent une forme proche de celle de l'homme, du moins de la partie supérieure de son corps: buste, bras et tête. C'est que c'est sans doute le meilleur moyen pour que les tâches soient effectuées de façon rationnelle, plus rapidement.


Certaines entreprises, comme Robotiq, sont spécialisées dans les seules mains de ces robots, qui ressemblent elle aussi parfois à celles de l'homme (telle la HandHIRO de Nihonbunary). Les travaux de force ou répétitifs sont confiés aux robots, les tâches plus créatives restant du ressort de l'humain, mais « de plus en plus, la distance de sécurité entre les hommes et les robots va diminuer », assure M. Komiyaji.

Ce spécialiste ne croit pas si bien dire. Il suffit en effet de se rendre au laboratoire Koba pour s'en convaincre: son robot est une armature qui vient se fixer sur l'homme pour décupler ses forces. Les exosquelettes ou combinaisons de soutien sont en effet un des domaines d'investigation très prisés des Japonais, qu'il s'agisse d'aider les travailleurs ou les personnes à domicile. Et il y en avait au moins une demi-douzaine de différents types exposés au salon, dont le plus connu, HAL, qu'on ne présente plus, mais aussi de plus expérimentaux. Certains sont particulièrement pensés pour les travailleurs dans les champs ou autre activité où le dos, les reins, les bras sont longtemps sollicités.

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Dans le registre domestique, on ne compte plus les robots de compagnie, du bébé phoque Paro au potiron Kabochan, en passant par des chatons, qu'ils se contentent de réagir à des caresses ou aillent jusqu'à répondre à des commandes vocales (comme « allume la télé ») ou rappeler l'heure des médicaments.

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Le « Mimamori Robot » de VRTC, qui ressemble à un lampadaire, peut quant à lui effectuer une surveillance de toute la maison ou d'un centre de soins, et alerter qui de droit si besoin. Un autre, pensé par Fuji, sert à aider une personne invalide à se lever d'un fauteuil ou de son lit.

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De plus en plus de robots sont aussi faits pour aider les personnes âgées à se débrouiller seules et à se déplacer chez elles ou à l'extérieur. LifeRobotics a mis au point un bras articulé qui peut donner à boire à un vieillard invalide, lui allumer la télé ou effectuer diverses autres actions.

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Terapio d'Adtex, lui, va encore plus loin, puisqu'il est un véritable assistant de médecin dans un hôpital. Ce robot à roulette est en fait un ordinateur ambulant qui permet de consulter et saisir les données médicales du patient, qui transporte les objets nécessaires pour les soins ainsi que les instruments de mesure de base (thermomètre, tensiomètre, etc.). A noter que Panasonic vient de son côté de commercialiser un autre robot d'hôpital, Hospi, qui peut se promener seul dans l'établissement et par exemple apporter au bon moment aux infirmières les médicaments d'un patient.

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Funai a pensé à un déambulateur électronique qui assiste le déplacement de façon intelligente (empêchant par exemple une chute dans les pentes) et est localisable via internet. Il devrait être commercialisé en 2014. MeeMo de Vector, est lui déjà prêt et proposé à 980 000 yens (7 500 euros). Il s'agit d'un robot accompagnateur de personnes âgées capable de suivre son « maître » (et de porter ses commissions par exemple) et d'alerter les services d'urgence en cas de détection d'un quelconque problème.



La société Doog a pour sa part imaginé des petits robots suiveurs pas seulement pour les personnes âgées mais pour divers usages. En forme de paniers sur roulettes, tels des canetons suivant maman cane, ils ne lachent pas leur propriétaire d'une semelle: pratique aussi pour rapporter les courses ! Et en arrivant à la maison, il n'y a qu'à confier les ingrédients à un bras-robot cuisinier et mettre les épluchures de légumes dans la « Gomibako Robot », poubelle mobile imaginée par des étudiants du laboratoire icd-lab. Elle vient d'elle-même à la rencontre des humains qu'elle suppose porteurs de déchets à jeter !

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Ce qui est remarquable aussi dans cette exposition de robot, c'est la présence des laboratoires universitaires, avec des étudiants qui ont parfois des idées surprenantes. Certains travaillent par exemple sur les technologies de suivi « visuel » des objets (tracking), Sur ces images, la caméra bouge de sorte que la balle de ping pong en mouvement très rapide soit toujours au milieu de l'image. A n'en point douter, cette technologie trouvera des applications non seulement dans la robotique mais aussi dans le domaine de la réalisation publicitaire ou cinématographique.

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