Tablettes : la réactivité serait la "recette" miracle pour Intel

02 juin 2011 à 15h42
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Pourquoi l'iPad est-elle le seul vrai succès commercial enregistré dans l'univers de la tablette tactile ? En analysant ce qui déçoit sur les modèles Windows 7 ou Android, les ingénieurs d'Intel pensent avoir trouvé la réponse, qui ne se situerait pas au niveau du silicium, mais plutôt sur le plan du logiciel, mal adapté à certaines attentes bien spécifiques.

A l'origine de cette analyse, une idée toute simple : tenter de rationnaliser les retours des utilisateurs quant à leur expérience des tablettes tactiles, pour voir ensuite comment mettre à profit la technique afin de combler leurs attentes. Intel nous a présenté mercredi lors d'un briefing privé ses conclusions, en partie basées sur le constat d'échec notoire des tablettes équipées de Windows 7.

En termes de satisfaction client, il semblerait d'après les données compilées par Intel que le principal motif de déception à l'égard des tablettes tactiles autres que l'iPad porte sur la réactivité et la fluidité des appareils, même si les personnes interrogées n'en ont pas toujours conscience. Forts de ce constat, les ingénieurs d'Intel ont donc cherché à comprendre pourquoi les interfaces Windows et Android, pourtant soutenues par des composants puissants (qu'il s'agisse d'un processeur Atom en x86 pour Windows ou d'une puce de type Tegra 2 pour les appareils Android) n'offraient pas une expérience aussi agréable que celle que procure la tablette d'Apple.

Pour François Piednoel, Senior Performance Analyst chez Intel, si les utilisateurs se plaignent d'interfaces peu réactives ou manquant de fluidité, c'est tout simplement que ces dernières ne sont pas adaptées à leurs attentes. Sur un écran tactile, il importe par exemple que l'action du doigt entraine une réaction immédiate, explique l'ingénieur. Le moindre délai, même s'il est de l'ordre du dixième de seconde, peut selon lui se révéler suffisant pour que le cerveau perçoive une latence. Bien qu'à peine ressentie par l'utilisateur, celle-ci suffirait à modifier son appréciation du produit. Pour éviter cette déception, il suffirait donc de rendre les tablettes plus réactives qu'elles ne le sont aujourd'hui, ce qui ne se résume pas à intégrer des processeurs toujours plus rapides.

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Une interface parfaitement fluide, bien que complexe, exécutée sur une tablette Atom / Windows 7

Windows 7, bien que doté d'une couche logicielle dédiée à la gestion des écrans tactiles, reste par essence un système pensé pour le PC, au sein duquel les ressources ne sont pas gérées de façon à garantir une réactivité maximale. L'interprétation et le traitement d'un simple clic de souris au sein de l'interface Aero demande par exemple près de 50 millions d'instructions, explique François Piednoel, qui s'ajoutent à l'ensemble des cycles processeurs nécessaires à la maintenance du système et des processus en cours. L'opération est parfaitement indolore sur un processeur de type Core, mais les plateformes moins véloces telles que l'Atom sont susceptibles de finir par être victimes d'un effet goulet d'étranglement. Dans ce cas, l'utilisateur ne sent plus son système lui répondre littéralement « au doigt et à l'oeil » et la déception survient.

La donne est différente avec iOS, explique encore l'ingénieur, puisque le système mobilise séance tenante les ressources dont il dispose dès que l'utilisateur entame une interaction. Autrement dit, iOS stoppe instantanément les actions non indispensables au fonctionnement de l'appareil pour réserver les cycles processeur disponibles au traitement de cette interaction, avant de reprendre le cours de ses tâches. Or cette interruption n'est possible que si le système fonctionne de façon relativement fermée, sans possibilité d'être parasité par un trop grand nombre d'applications résidant en mémoire.

« Prenez une tablette Android neuve. Au début, tout fonctionne super bien est le système est parfaitement réactif. Vous vous mettez alors à acheter une application par ci, une application par là, et au fil du temps la réactivité disparait. Au bout d'un moment, vous partez rapporter votre tablette au magasin », plaisante François Piednoel. L'iPhone ou l'iPad est effectivement à l'abri de ce problème puisqu'il n'a pas à proprement parler de mode multitâche : une application est en réalité interrompue quand vous la quittez, même si son état est conservé afin que vous la retrouviez à l'identique quand vous la relancerez.

Pour étayer son propos, Intel a mis au point une interface tirant parti de ces enseignements. Le nombre d'instructions nécessaire à la prise en compte des interactions y passe de 50 millions à 15 000, notamment grâce à l'emprunt de DirectX. Au sein de ce client, la réactivité est effectivement sans faille, quels que soient les éléments manipulés (images, vidéos), alors que la tablette utilisée pour la démonstration se contente d'un processeur Atom vieux de 18 mois.

La clé du succès, dans l'univers des tablettes, résiderait donc dans une optimisation du logiciel permettant de faire que les actions de l'utilisateur soient systématiquement traitées en priorité, de façon à ne jamais le faire attendre dans ses rapports avec l'interface. Intel dit avoir déjà entrepris de faire passer ce message, cette « recette », auprès des fabricants, taïwanais notamment, et incité ces derniers à développer les outils nécessaires à l'amélioration de la réactivité de leurs tablettes. En attendant, bien sûr, que Microsoft intègre directement cette composante à ses produits, ce qui devrait être le cas avec Windows 8, dont la version tablette vient tout juste d'être dévoilée.

Alexandre Laurent

Alex, responsable des rédactions. Venu au hardware par goût pour les composants qui fument quand on les maltraite, passé depuis par tout ce qu'on peut de près ou de loin ranger dans la case high-tech,...

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Alex, responsable des rédactions. Venu au hardware par goût pour les composants qui fument quand on les maltraite, passé depuis par tout ce qu'on peut de près ou de loin ranger dans la case high-tech, que ça concerne le grand public, l'entreprise, l'informatique ou Internet. Milite pour la réhabilitation de Après que + indicatif à l'écrit comme à l'oral, grand amateur de loutres devant l'éternel, littéraire pour cause de vocation scientifique contrariée, fan de RTS qui le lui rendent bien mal.

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