Comparatif liseuses électroniques : 8 modèles en test

22 avril 2011 à 11h50
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Sommaire
Ils sont à la littérature ce que les baladeurs MP3 sont à la musique, nous voulons bien sûr parler des liseuses électroniques. Aussi appelés e-reader, ces appareils proposent une approche de la lecture en phase avec l'air du temps. Le marché s'est-il développé ? Comment les liseuses vivent elles l'essor des tablettes ? Autant de questions auxquelles nous tenterons de répondre dans ce dossier.

Mise à jour du 06 juin 2012 : le Kindle Touch, version tactile du Kindle 4, entre dans notre comparatif !

Mise à jour du 07 décembre 2011 : la nouvelle liseuse étiquetée Fnac, la Kobo rejoint aujourd'hui notre comparatif, qui en compte désormais huit !

Mise à jour du 27 octobre 2011 : nous complétons notre dossier avec le test du Kindle 4.0, la liseuse phare d'Amazon enfin traduite et adaptée au marché français ! Soit une septième liseuse, venant se confronter au Kindle 3G, Fnacbook, Cybook Orizon et Opus de Bookeen et Reader PRS-650 et PRS-350 de Sony.

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Une liseuse, kézako ? Pour faire simple, il s'agit d'un appareil autonome doté d'un écran, d'une capacité de stockage et de boutons de navigation, le tout animé par un système d'exploitation basique. Leur rôle principal : afficher du texte, les modèles plus évolués pouvant aussi allez sur le Web et lire de la musique et des photos. Leur intérêt : pouvoir contenir des milliers de livres électroniques dans un gabarit plus ou moins de « tablette de chocolat ».

Ces appareils possèdent une spécificité bien particulière : la technologie d'affichage à l'encre électronique (technologies E-Ink ou SiPix, selon les marques). Il s'agit à quelques détails près du même principe qui était utilisé à l'époque sur les ardoises magiques. Le système présente de multiples avantages. Déjà, l'encre électronique ne nécessite pas de rétro-éclairage. Le fond est plus ou moins blanc, l'écriture plus ou moins noire (souvent 16 nuances de gris aujourd'hui), et c'est la lumière ambiante qui va créer le contraste. Pour lire dans le noir, il faut donc une source d'éclairage externe, comme avec un vrai livre. Cette absence de rétro-éclairage entraine trois conséquences : la lecture ne fatigue pas, l'écran est très fin et sa consommation électrique est quasi négligeable. En fait le livre électronique ne tire sur la batterie que lors des variations d'affichage (changement de page, affichage d'un menu contextuel, navigation, etc...). Il en résulte une autonomie impressionnante, exprimée d'ailleurs en pages tournées, oscillant entre 6 800 et 10 000 pages avec une charge.

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Le même reader éteint puis allumé avec une lumière ambiante variable


Parmi les modèles testés lors de la première publication de ce comparatif, en janvier 2010, seul le Bookeen Cybook Opus est encore d'actualité. Soit les autres modèles ont été remplacé (et nous testons les remplaçants ici), soit ils sont tombés en désuétude (comme le Foxit eSlick). Ce qui fait donc 8 modèles au total avec la Kobo by Fnac, le Kindle 4.0 ajouté le 27 octobre 2011, les 5 références ajoutées le 22 avril 2011 et l'Opus.

Etat des lieux de l'offre

Une liseuse, pourquoi pas, mais encore faut-il lui donner du contenu à afficher ! En janvier 2010, nous constations que l'offre commençait à s'étoffer, mais qu'on restait encore loin de l'exhaustivité proposée dans l'univers du papier. Eh bien les lignes ont un peu bougé depuis. Il y a bien sûr toujours la même source de contenu gratuit, disponible dans suffisamment de formats pour pouvoir être compatible avec toutes les liseuses. Sont concernés les ouvrages classiques tombés dans le domaine public, mais également quelques auteurs contemporains ayant décidé de laisser leurs écrits libres de droits (en utilisation privée) ou encore des auto-publications.

On citera par exemple :


Mais il y a surtout plus de sites (revendeurs) qui se sont lancés dans l'aventure du payant et avec un contenu qui s'est étoffé, grâce à des éditeurs moins frileux. Hadrien Gardeur, co-fondateur de Feedbooks.com, nous précise d'ailleurs qu'un hub baptisé Dilicom, réseau reliant distributeurs et libraires, a été mis en place récemment. Cette nouvelle plateforme de mutualisation des moyens et des services devrait faciliter l'entrée sur le marché de l'ebook à de nombreux acteurs.

Le site www.ebouquin.fr répertorie une bonne vingtaine de sites à cette adresse. Le contenu est en français et en anglais, payant, mais aussi gratuit.

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Site ebouquin.fr


La source quasi incontournable en France reste la Fnac, qui s'est engouffrée en toute logique dans le secteur au point de sortir sa propre liseuse, le FnacBook, aujourd'hui remplacée par le Kobo by Fnac : la contre-attaque au Kindle 4 d'Amazon. Certes il y a toujours un réel décalage entre les sorties papier et celles numériques : si vous recherchez la nouveauté, préférez le premier support. Mais ce décalage est moins important qu'à la première parution de notre comparatif. Et pour certaines œuvres, les sorties sont simultanées. La Fnac revendique 200 000 titres, forte de son partenariat avec Kobo.com, et annonce une croissance de 5 à 10 % par mois du nombre d'ouvrages. Aujourd'hui, il faudra également compter avec Amazon.fr qui se lance dans l'aventure avec son Kindle 4.0 franco-français et une librairie de plus de 45 000 titres !

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Section livres électroniques de la Fnac


Feedbooks.com est l'autre grande librairie électronique du Web français, avec 60 000 titres au catalogue, tous au format ePub, le plus adapté pour la lecture de livres électroniques. Suivie de près par Numilog avec un peu plus de 50 000 livres.

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Les sites feedbooks.com et Numilog.com


L'écosystème des ebooks

Depuis le 25 janvier 2010, l'environnement dans lequel évoluent les ebooks a un peu changé. D'abord, un format s'est largement démocratisé, pour le gratuit comme le payant : l'ePub. Ce qui ne marque pas pour autant la disparition des autres formats, comme l'AZW chez Amazon ou le PRC pour Mobipocket. Mais on constate globalement une certaine harmonisation des formats.

En revanche, les livres payants sont toujours (sauf rares exceptions) protégés par des DRM, comme la musique vendue en ligne. Pour l'ePub, c'est le DRM Adobe Digital Editions qu'on retrouve la plupart du temps. Ce qui signifie qu'il faudra :

  • veiller avant à la compatibilité de votre matériel avec la protection utilisée (un AZW ne peut être lu que par le Kindle d'Amazon, les DRM Mobipocket et Adobe ne peuvent pas cohabiter sur un même appareil...)
  • utiliser un logiciel approprié pour transférer l'œuvre protégée sur votre livre électronique (Adobe Digital Editions pour les ePub et PDF, Mobipocket Reader Desktop pour les PRC, etc...)
  • faire avec les limitations imposées par l'éditeur (nombre de transferts, d'ordinateurs, d'appareils synchronisés...)

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Maintenant, deux jours après notre première publication, Steve Jobs annonçait l'iPad. La tablette s'apprêtait alors à prendre son envol (sortie le 28 mai 2010) dans sa version la plus aboutie encore à ce jour : beaucoup imitée, mais il faut bien le dire jamais égalée. Alors certes, la tablette d'Apple et ses meilleures concurrentes ne tiennent pas dans une poche comme certaines liseuses, elles sont plus coûteuses, disposent d'autonomies inférieures et n'égalent pas l'encre électronique en matière de confort visuel. Mais elles sont beaucoup plus polyvalentes (remplacement d'un ordinateur portable), permettent de lire dans le noir et donnent accès à un contenu plus riche (magazines, BD, livres animés pour enfants...).

Une étude Ipsos Media CT réalisée lors du Salon du livre qui s'est tenu à Paris du 18 au 21 mars 2011 révèle que la tablette est clairement le périphérique qui a le plus les faveurs des amateurs d'ebooks. En effet, quand 28 % des lecteurs préfèrent la tablette, ils ne sont que 15 % à privilégier la liseuse !

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La Galaxy Tab 10.1 de Samsung

Conclusion

Faut-il craquer pour une liseuse ? Avec le recul que nous avons pu prendre depuis la première édition de notre comparatif, il y a près de deux ans, nous commençons à voir des produits plus aboutis. Produits qui remplissent leur mission initiale, à savoir permettre la lecture de texte sans la fatigue visuelle d'un écran rétro-éclairé. Certes les évolutions sont assez lentes et timides, mais la plupart des liseuses qui sortent aujourd'hui affichent une réactivité suffisante pour être confortables. Et on en voit de plus en plus qui se lient avec des distributeurs pour proposer un store intégré afin de s'approvisionner facilement en contenu, sans passer par un ordinateur : Kindle 4 et Amazon, Kobo et Fnac, Cybook Odyssey et Virgin... Il reste toutefois une bonne marge de progrès pour arriver à la liseuse parfaite, notamment sur la qualité des écrans à encre électronique, où les taux de contraste et la netteté d'affichage peuvent encore clairement être améliorés. Et pourquoi pas développer du capacitif multipoint sur les modèles déjà tactiles ? Des liseuses testées celles qui s'en sortent le mieux sont la Kobo by Fnac, le Reader de Sony et les Kindle Touch, 4.0 et 3G d'Amazon, notamment sur la qualité d'affichage.

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La Kobo by Fnac, le Kindle 4.0 et le Sony Reader PRS-650


L'arrivée d'Amazon sur le marché français, avec son Kindle 4, a commencé à faire bouger les lignes. Depuis la Fnac a dévoilé sa nouvelle liseuse en s'alliant à Kobo (et enterré le Fnacbook) et Cybook a décidé de fonctionner avec le store de Virgin. Il faudra voir quelle sera la réaction de Sony. Le Kindle 4 est un bon modèle d'entrée de gamme, mais on préférera opter pour la version Touch, désormais disponible en France, même si elle est un peu plus lourde... et plus chère !

Par ailleurs, s'il y a eu des efforts de faits sur le choix du contenu, sur la façon d'y accéder (Wi-Fi, parfois 3G...) et sur l'harmonisation des formats, il faut encore déplorer des prix de vente excessifs pour la plupart des œuvres récentes. Avec toujours et encore cette même problématique des DRM vous posant des limites à l'utilisation d'un bien légalement acheté. En l'état actuel, si on se base sur les prix Fnac, le choix du livre numérique ne permet d'économiser que 15 à 30 % sur le prix du papier. C'est toujours ça de gagné mais pour un support dématérialisé, qui plus est assorti de DRM, c'est beaucoup trop cher !

Le support de développement du livre électronique à l'avenir se fera peut-être plus avec des dispositifs comme les tablettes ou les smartphones, plus polyvalents et utiles. En effet, dans une époque où la convergence numérique n'est plus une tendance, mais une manière de concevoir acquise, la liseuse qui ne fait qu'afficher du texte et propose à l'occasion d'autres fonctions douteuses n'a guère de chances de survie. Surtout que les ebooks sont avant tout lus par un public jeune, que la liseuse ne risque pas d'émoustiller. Notez d'ailleurs que les applications pour tablettes et smartphones ne manquent pas (iBook, Stanza, Aldiko eBook Reader...), y compris des applications développées par les revendeurs comme Kobo ou Kindle, pour iOS et Android.

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Les applications Kobo et Kindle pour iOS


Quid de l'iPad ?

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L'iPad, une liseuse de luxe ? Il faut bien reconnaître que l'expérience utilisateur est d'un confort sans commune mesure avec ce que proposent les livres à encre électronique. Avec iBooks en particulier, la navigation d'une page à l'autre se fait de la façon la plus fluide qui soit, avec au passage des effets d'animation qui régalent les pupilles. Les fonctions d'annotation, de surlignage, de signet ou de recherche offrent une instinctivité enfantine. Et les choix de police et de taille d'écriture, du mode sépia et de la luminosité de l'écran (pour moins fatiguer les yeux) finissent de mettre à l'aise le lecteur. Sur des PDF, on zoome à deux doigts ou on double tape l'écran pour ajuster le texte : que du bonheur ! Et que dire des livres interactifs, des BD (via l'application AVE! Comics par exemple), des magazines... Dommage que le dictionnaire soit en anglais uniquement !

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Choix des polices, mode sépia et dictionnaire sur une page avec annotation, surlignage et signet


Maintenant, tout n'est pas rose... Si l'iBooks Store est plutôt bien ficelé, avec entre autres une mise en avant appréciable des ouvrages gratuits, il reste loin de la librairie de rêve. D'une le catalogue Apple se limite aux éditions Hachette et aux ouvrages distribués par Immatériel, et de deux même sur les livres gratuits Apple appose ses propres DRM maison, différents de ceux d'Adobe qu'on trouve partout. Le circuit est donc une fois de plus totalement fermé. Rien ne vous empêche de copier-coller des ouvrages gratuits sans DRM sur votre iPad (via iTunes), mais il faudra alors vous contenter des fichiers ePub et PDF, les deux seuls à être reconnus par l'application iBooks. Certes avec d'autres applications comme Stanza (et son logiciel Stanza Desktop), on parvient à transférer d'autres formats de fichiers (HTML, TXT, PDB, RTF...). Mais le résultat n'est pas fiable à 100 %.

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Page d'accueil du store, classement des livres, bibliothèque de l'Pad et page de téléchargement de Stanza


Restent les problèmes du poids de l'objet, de l'autonomie (par rapport aux liseuses traditionnelles), des reflets d'écran mais surtout de la fatigue visuelle (en diurne et plus encore en nocturne). Bien qu'étonnamment confortable pour un écran rétro-éclairé, la lecture sur iPad procure davantage de fatigue qu'avec de l'encre électronique et une bonne lampe de chevet. Et bien sûr, la question du prix, même s'il est clair qu'on ne va pas acheter un iPad juste pour lire des livres...

La dernière enquête Ipsos MediaCT réalisée sur le sujet se conclut par une série de questions sur l'avenir du livre électronique, et le moins que l'on puisse dire, c'est que les réponses ne sont pas très optimistes. 89 % des sondés sont persuadés que le papier restera toujours le principal support du livre. Les deux tiers pensent également qu'un livre numérique n'est ni plus pratique ni plus confortable à lire qu'un livre papier. Enfin, 72 % des gens interrogés ne pensent pas que le livre numérique incitera davantage à la lecture...
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