Tristan Labaume, Greenvision : "l'excès d'étiquettes 'green' est affligeant"

17 septembre 2009 à 09h52
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Tristan Labaume est le fondateur de Greenvision, une société Française d'optimisation énergétique accréditée par l'Union européenne dans le cadre du « code de conduite des centres de données ». Dans cet entretien, il revient sur les missions de sa société, sur le « green washing » et sur les problématiques engendrées par les plans de reprise d'activité (PRA).

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MD - Tristan Labaume, bonjour. Comment décrivez-vous l'activité de votre entreprise?

TL - Greenvision est une société de conseil dont l'objectif est d'aider les entreprises à mesurer et optimiser la consommation énergétique de leur parc informatique. Nous les orientons dans le choix du matériel, afin d'optimiser son rendement énergétique. La virtualisation (NDLR : le fait de faire cohabiter plusieurs systèmes virtuels sur un seul et même serveur physique) est, par exemple, un point important de la modernisation des infrastructures informatiques. C'est une technique légitime qui, bien que bénéficiant d'une force marketing non négligeable, apporte une réelle souplesse. Mais nous leur prodiguons également des conseils aussi simples et efficaces que le fait d'expliquer aux salariés qu'il est important d'éteindre leur poste de travail lorsqu'ils ne l'utilisent pas.

MD - En quoi le service rendu par Greenvision se différencie-t-il de ceux rendus par Bull, IBM et la plupart des acteurs du marché des centres de données?

TL - Nous sommes indépendants. A la différence des constructeurs, comme ceux que vous nommez, nous ne vendons pas de matériel. Nous apportons à nos clients une vision globale du marché, en fonction de leurs besoins. Et, surtout, nous optimisons le matériel existant. Greenvision a une fonction de conseil au niveau des usages et des choix matériel. Deux autres sociétés ont été labellisées par l'Union européenne, mais elles construisent elles-mêmes les salles informatiques.

MD - Le fait que vous soyez « indépendant » est-il réellement un élément de différenciation?

TL - Beaucoup d'entreprises affichent le tampon « green », mais tout dépend de l'environnement de production. C'est parfois même affligeant, il y en a partout. Souvent les constructeurs mentionnent un pourcentage de diminution des consommations électriques sans préciser d'unités de mesure kilowatt-heure. De plus, ces mesures sont souvent effectuées dans des conditions de laboratoire et non sur le terrain. Par exemple, certains commutateurs réseau sont désactivés lorsqu'ils ne sont pas utilisés, ils consomment donc « moins », mais ce n'est pas logique qu'ils ne soit pas utilisés. D'autres parts, beaucoup d'acteurs mettent l'accent sur le PUE ou power usage efficiencie (l'efficience énergétique), à savoir « combien d'infrastructures tierces  » pour faire fonctionner le matériel informatique. Ce qui ne suffit pas. Pour un watt utilisé par un processeur, il faut, en général, un watt pour le refroidir. En France, la moyenne de ce ratio est plutôt de 2 ou 3. Au mieux, il est de 1,9.

MD - Les plans de reprise d'activité imposent une redondance du matériel. Est-ce un élément clé de l'inefficacité énergétique des centres de données?

TL - On ne peut pas le dire comme çà. On voudrait souvent remplacer dix petits serveurs par un gros. Mais ce que souhaitent certaines entreprises, c'est éviter de « mettre tous leurs œufs dans le même panier ». La redondance, le fait de dupliquer le système d'information, est nécessaire dans certains cas afin d'assurer la continuité du service et une certaine autonomie. L'architecture électrique sous la forme n+1 est rare. Elle assure une disponibilité trop faible, de l'ordre d'une seule panne. L'architecture n+n est plus fréquente. On préfèrera donc doubler le nombre d'ondulateurs, de générateurs... nécessaires. Par exemple, pour 1000 m2 de serveurs il faudra, en général, au moins 1500 m2 de salle technique. De toute façon, il n'y a pas quarante critères géographiques pour installer un centre de données : il faut un point de présence réseau multiopérateurs (redondance oblige) et un point d'alimentation énergétique fiable et plus ou moins puissant.

MD - Quelle est, en watts, la consommation électrique moyenne d'un serveur?

TL - C'est difficile à dire, tout dépend du taux d'utilisation CPU (processeur de calcul par unité). Mais une fourchette raisonnable serait de 100 à 4000 watts.

MD - Est-il possible, aujourd'hui, de réduire de 50% la consommation énergétique d'un centre de données?

TL - À isopérimètre, oui. C'est à dire pour la même performance. Mais il faudra certainement changer de matériel, ce qui risque de coûter cher.

MD - Tristan Labaume, merci.
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