En direct des USA : Start-ups de la Silicon Valley

14 avril 2007 à 11h20
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Voici, comme chaque semaine un nouveau mini-reportage en direct des Etats-Unis, réalisé grâce à notre nouveau correspondant permanent sur place : Erwan. Présent au centre de la « fameuse » Silicon Valley, Erwan nous propose de découvrir les coulisses de ce lieu incontournable pour les fanas d'informatique et de nouvelles technologies !

Les start-ups sont ce qui fait la Silicon Valley, ce qu'elle est : l'endroit de choix pour créer une entreprise innovante dans le domaine des nouvelles technologies, avec l'espoir de donner vie au nouveau Google.

Les Protagonistes

Commençons par les présentations, et listons les personnages qui peuplent ce petit monde. Notez qu'il n'y a pas de catégories strictes, que les entrepreneurs peuvent être des hackers et que les ventures capitalistes ne le sont pas dès la sortie de l'université.

Le Hacker

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Ingénieur passionné par son métier, il écrirait des logiciels même s'il n'était pas payé pour ça. Il fournit la matière grise pour produire des logiciels, et est souvent impliqué dans les décisions stratégiques de l'entreprise.

Lorsque la conjoncture est bonne (comme maintenant), les entreprises font des pieds et des mains pour attirer les ingénieurs les plus talentueux. Et pour séduire un hacker passionné, ce n'est pas toujours le salaire qui compte le plus : technologies à la mode, projet porteur et passionnant et environnement de travail agréable sont les arguments utilisés par les entreprises qui veulent recruter à un haut niveau. Google, l'entreprise la plus courtisée par les candidats, est réputée offrir un salaire inférieur à la moyenne de la région.

Il reçoit des stock-options afin de profiter de l'éventuel succès de l'entreprise. Les stock-options ne valent rien tant que l'entreprise n'est ni cotée en bourse, ni rachetée, mais si cela arrive l'employé peut acheter des actions aux prix en vigueur quand il a rejoint l'entreprise (quelques cents) et les revendre au prix du marché.

L'Entrepreneur

C'est lui qui crée la start-up, et il n'a pas forcément un profil technique. Il a des idées, une vision, et le charisme pour s'entourer de personnes qui vont partager ses rêves. C'est lui qui doit trouver le financement pour sa start-up et qui occupe la place de CEO (PDG) aux débuts de l'entreprise.

Le profil type de l'entrepreneur n'est pas forcément celui du chef d'entreprise ; créer une entreprise est une tâche bien différente de la faire tourner au jour le jour.

Le Venture Capitalist

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Le "VC" fournit les fonds nécessaires pour faire tourner l'entreprise. Cela inclut bien sûr le matériel, les bureaux mais aussi les salaires, y compris celui du (ou des) fondateur(s). En faisant appel à des VC pour financer son entreprise, le fondateur évite d'avoir à manger des nouilles tous les jours et peut se permettre de s'entourer d'ingénieurs pour mener à bien son projet.

Un bon VC est capable de reconnaître non seulement les bons projets, mais aussi les bons fondateurs. Une fois la start-up financée, le VC va suivre le projet en prenant part au conseil d'administration et peut avoir un impact important sur les décisions prises.

Comment devient-on venture capitalist ? Il y a bien sûr les VC qui se font simplement embaucher par une entreprise telle que Bessemer, financée par des banques ou autres fonds d'investissements dans un but spéculatif. Mais de nombreux venture capitalists sont des fondateurs ou employés de start-up qui ont réussi. À un événement organisé par l'Ambassade de France, j'ai eu l'occasion de croiser un ancien de Google qui y était depuis les débuts en 1998. Il a gagné des centaines de millions en stock-options, et a choisi de réinvestir cet argent dans des start-ups en fondant son entreprise de venture capital.

Financer une Start-up

La start-up commence avec une idée : un nouveau site web révolutionnaire (c'est à la mode), un logiciel qui va se répandre comme une traînée de poudre (moins courant ces jours-ci) ou même un gadget électronique.

Une fois cette idée en tête, le fondateur va généralement démarrer son projet sans fonds, dans son garage comme le dit la légende (même si dans la pratique c'est souvent le salon - pourquoi mettre son ordinateur dans son garage ?) afin d'avoir un prototype.

Une fois le prototype prêt, le fondateur va entrer en contact avec des VC pour financer son projet. Il peut soit les contacter directement, soit participer aux nombreux salons qui ont pour unique but de mettre en relation fondateurs et VC. Il va tenter de les convaincre que le projet va être profitable rapidement (en général les VC souhaitent avoir un retour sur investissement dans les 2 ans).

"Quel est votre business model ?"

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C'est la question que le fondateur va entendre à chaque fois qu'il rencontre un VC. Le business model, c'est la façon dont l'entreprise à l'intention de gagner de l'argent. Est-ce par la publicité ? Est-ce en faisant payer les utilisateurs ? En recevant de l'argent par un service tiers par un système d'affiliation ? Les business models sont nombreux, mais il est préférable d'en avoir un.

Le business model n'est pas absolument nécessaire pour recevoir un financement, mais après l'éclatement de la bulle Internet de la fin des années 90 les ventures capitalists se font plus prudents. Un proverbe dans la Vallée dit qu'il est plus difficile de rendre un service populaire que de trouver un business model pour un service déjà populaire.

Un exemple typique d'entreprise qui s'est lancée sans business model est Google : leur objectif était simplement de faire le meilleur moteur de recherche, sans se soucier de gagner de l'argent. Ils ont trouvé un moyen de gagner de l'argent plus tard, en introduisant leur système AdWords, qui fournit automatiquement des publicités correspondant à la recherche effectuée.

Il ne faut pas oublier non plus ce moyen de réussir sa start-up : se faire racheter par un géant tel que Google ou !. C'est généralement une bonne opération financière, citons ainsi YouTube qui s'est fait racheter par Google avant même d'avoir à trouver un business model.

Premier round, deuxième round, troisième round, KO !

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Souvent, une start-up arrive à court de fonds avant de devenir rentable. Quand un projet est jeune (au premier round de financement), les ventures capitalists ne mettent pas tout l'argent nécessaire : ils donnent de quoi démarrer, "pour voir ce que ça donne" et décider plus tard si on continue ou pas.

C'est le moment de faire un deuxième round de financement. Parfois un fondateur peut vouloir faire un deuxième round de financements alors qu'il reste encore suffisamment d'argent dans les caisses, si cela semble nécessaire pour agrandir l'équipe. À ce moment, le venture capitalists déjà impliqués peuvent rajouter de l'argent, et d'autres peuvent rejoindre le conseil d'administration.

Les moments où l'argent commence à manquer sont critiques dans la vie d'une start-up : il faut convaincre les VC de continuer à alimenter le projet, les convaincre que leur investissement en vaudra la peine. Sinon, les VC peuvent décider que l'entreprise doit réduire son équipe ou même fermer.

Lorsqu'une start-up "meurt", ce qui est chose courante puisque le principe est de prendre beaucoup de risques pour avoir quelques chances de gagner énormément d'argent, ce n'est pas une tragédie. Le fondateur a juste à trouver un nouveau projet (ou un job). Il a perçu un salaire pendant tout le temps de l'aventure, sans jamais avoir à prendre de crédit à son nom. Les employés aussi ont juste à trouver un autre travail, ce qui se fait généralement sans difficulté dans la région.

Les seuls à perdre dans l'histoire sont les ventures capitalists. Ils ne sont pourtant pas à plaindre, puisque généralement le succès d'une autre start-up qu'ils financent permettra de couvrir les pertes sur celle-ci - ainsi que sur 5 ou 6 autres start-up ayant échoué. D'ailleurs, à écouter les ventures capitalists, il y a suffisamment de start-up qui réussissent (et qui réussissent de manière spectaculaire) pour qui le métier de "capital-risqueur" ne soit après tout pas si risqué que cela.

Monter une Start-up sans Venture Capitalists

Cet article ne serait pas complet sans mentionner cette grande différence entre la bulle des années 90 et aujourd'hui : on peut réussir sans recevoir l'aide de venture capitalists. C'est du à plusieurs facteurs:

  • Plus besoin de publicité : alors que les start-ups du siècle dernier brûlaient leur argent en réclame, aujourd'hui grâce à l'ampleur qu'a pris Internet, aux blogs, avec le bon produit on peut se faire connaître sans dépenser un centime en publicité.

  • Réduction des coûts d'infrastructure : une connexion Internet à haut débit n'est pas chère, un hébergement non plus, on peut facilement monter un serveur avec quelques dizaines de dollars par mois.

  • Réduction des coûts de développement : avec les outils récents, un bon ingénieur peut monter en quelques mois un service web qui aurait nécessité plusieurs années/hommes il y a dix ans.

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Il vous faut quand même vivre sans salaire le temps que votre entreprise devienne rentable. Mais cela fait une grande différence, puisque sans VC vous restez propriétaire de l'entreprise et en gardez le contrôle. Une autre différence (de taille), est que si vous n'avez pas besoin de VC, vous n'avez pas forcément besoin de la Silicon Valley pour démarrer ; vous pouvez le faire de n'importe où dans le monde.

Tout dépend du but : les ventures capitalists cherchent les très gros profits, ils vont souvent vous encourager à grossir dans l'espoir de devenir le prochain Google plutôt que de commencer par assurer ses arrières. La plupart des ventures capitalists ne travaillent pas en dessous des 10 millions de dollars pour commencer une entreprise. Un fondateur qui souhaite grossir à sa vitesse aura plutôt intérêt à se passer de leurs services.
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