Live Japon : mobiles d'été, léchés et colorés

31 mai 2009 à 09h41
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35 millions: c'est le total approximatif de téléphones portables vendus au Japon l'an passé. Interrogez les industriels nippons sur ce nombre et ils le trouveront très bas. Tout est relatif. En effet, cela signifie mine de rien qu'un Japonais sur trois en gros a acheté un nouveau mobile dans les douze derniers mois. Certes, mais les années antérieures, c'était plus, 2 Nippons sur 5, 50 millions d'unités, rétorquent les fabricants. Eh oui, assurément, tenir le même rythme est une gageure quand tout le monde est déjà équipé de terminaux dernier cri et que les nouveautés fracassantes, en termes de fonctions ou services, n'ont pas déferlé au cours des derniers mois comme ce fut le cas par le passé. Qu'en sera-t-il cette année? Les ventes vont-elles remonter? Nous avons eu sinon un début de réponse à cette question du moins un indicateur en ce joli mois de mai avec la présentation des collections estivales des trois principaux opérateurs (Softbank et NTT Docomo le 19 mai, KDDI le 25).

Au total, ce sont près de cinquante tout nouveaux modèles (sans compter les variantes colorées) qui vont débarquer dans les boutiques dans les jours et semaines à venir: 19 chez Softbank, 18 chez NTT Docomo et 8 chez KDDI. Dans les trois cas, il y a du neuf, du saillant, même si aucun des appareils présentés n'apparaît "révolutionnaire".

Le patron de Softbank fut le premier à affronter les journalistes et analystes le 19 mai à 10 heures au Tokyo Kokusai Forum. Ce petit homme dégarni n'est certes pas très charismatique mais il a le sens de la réplique et le bagout qui collent à son rôle, non sans de solides convictions et un don certain de la persuasion. Du coup, il vend bien sa marchandise, aidés par des mises en scène qui facilitent le travail des photographes, même si en réalité tous les mobiles dévoilés ce jour-là sont surtout des modèles dont les performances sont bien meilleures que celles des moutures antérieures mais pas radicalement différentes ni inédites.

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Le patron Masayoshi Son a ainsi beaucoup parlé des fonctions photographiques des modèles de sa nouvelle gamme. Eté = photos de vacances. M. Son, flanqué d'une starlette devenue une des mascottes de son empire, s'est évertué à lui faire mémoriser le nombre de pixels, "10 millions, entendez-bien, 10 millions", du capteur photo qui équipe un nouveau portable à écran tactile et clavier, Aquos Shot, signé Sharp. Ce dernier est le fabricant favori de Softbank. D'ailleurs, c'est en partie grâce aux téléphones Sharp innovants et d'excellente facture que Softbank est l'opérateur qui depuis des mois recrute le plus de clients au Japon, même si le Sharp fournit aussi des terminaux différents à NTT Docomo et KDDI, ce qui lui permet d'être numéro un au Japon avec plus de 25% de parts de marché.

M. Son, fiers de ses 20 millions de clients, s'est aussi félicité d'être le premier à mettre sur le marché le téléphone étanche et à panneau photovoltaïque que le même Sharp, pionnier de la conversion de l'énergie solaire, a développé: "dix minutes à la lumière du jour = deux heures en veille et une minute de conversation". Ce "Solar Hybrid", qui aura des petites frères, va assurément faire un carton. D'autant que KDDI va aussi le proposer, en version un peu différente, également cet été. Au total, sur les 19 nouveaux modèles de Softbank, presque un tiers sont donc estampillés Sharp, avec chacun un atout bien particulier. Le Mirumo par exemple est équipé de deux écrans, celui monochrome situé sur le clapet étant constitué de cristaux liquides à mémoire (innovation) qui laissent l'image affichée sans consommer de courant, sauf lors d'un changement d'état, comme le papier électronique, et permettent ainsi de voir à tout moment en façade une des informations/fonctionnalités souhaitées (météo, podomètre, titres de une, heure, etc.).

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M. Son a aussi passé plus de temps qu'il n'en faut à expliquer tout l'intérêt d'un terminal d'un genre nouveau qui n'est pas un téléphone mais qui sera vendu de la même façon, avec abonnement et forfait mensuel. Il s'agit d'un cadre photo à écran à cristaux liquides (LCD) doté d'une mémoire internet de Go et qui intègre un modules de télécommunications sur réseau de troisième génération (3G). Il est ainsi capable de recevoir via le réseau cellulaire des photos adressées par un téléphone portable. Pratique pour montrer rapidement et automatiquement des scènes de Paris à sa famille restée à Tokyo.
M. Son a, cette fois encore, été beaucoup moins disert pour ne pas dire muet sur l'iPhone 3G d'Apple, terminal qui était pourtant son chouchou et devait faire un malheur au Japon. Hélas, il n'en est rien. Softbank dit qu'il trouve preneur (sans citer de chiffres) mais une visite dans les magasins suggère le contraire. Et pourtant ledit iPhone est désormais donné (en échange d'un abonnement).

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Softbank a donc raté son pari et Apple a intérêt à s'activer pour lui proposer une version plus adaptée au marché japonais, car les fabricants nippons ont désormais des produits du même type (large écran tactile multipoint) mais beaucoup plus performants et en phase avec les attentes des clientèles diverses du Japon qu'ils connaissent mieux que quiconque. NTT Docomo (qui a renoncé à temps à l'iPhone) vient ainsi d'annoncer et va mettre en vente dans la foulée le T-01A de Toshiba, un terminal qui a certes quelques ressemblances avec l'iPhone mais qui dispose d'un plus grand écran (4,1 pouces contre 3,5), est encore bien plus fin (9,9 mm) et dont l'autonomie est sans commune mesure avec celle de l'iPhone lorsqu'on laisse en permanence la veille 3G (200 heures pour le Toshiba, dix fois moins avec l'iPhone en conditions réelles d'usage).
D'autres terminaux à écran tactile, parfois rotatif, et équipés en sus d'un vrai clavier ont également fait leur entrée dans le catalogue des nouveautés estivales de NTT Docomo. Exemple, le F-09 de Fujitsu ou le N-06A de NEC.

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NTT Docomo a décidé il y a quelques mois de modifier la nomenclature de son catalogue de téléphones, en les répartissant dans des catégories jugées plus facilement repérables: les simples d'emploi, les stylés, les sacrément pratiques et les richement dotés (traduction libre des termes japonais accolés à ces différents groupes).

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Parmi les 18 modèles à venir entrant dans l'une de ces catégories, celui qui a suscité le plus l'attention des journalistes est le premier Google Phone pour le marché nippon, même s'il n'apparaît finalement pas exceptionnel et a le handicap au Japon d'être fabriqué par le groupe taïwanais HTC. Le lancement de ce terminal fonctionnant grâce au système d'exploitation collectif libre Androïd ne constitue pas une surprise. NTT Docomo et Google sont en effet partenaires depuis des mois pour codévelopper des services mobiles et terminaux spécifiques. Il donne accès aux principaux services de Google en version mobile (moteur de recherche sur internet, courrier électronique Gmail, service de partage de vidéos YouTube, plate-forme de photos Picasa, cartes Google Maps, etc.). Il prendra toute sa valeur quand des applications additionnelles viendront l'enrichir de fonctionnalités plus attirantes encore. Mais comme l'iPhone il souffre de réelles lacunes: il est en effet dépourvu de nombreuses fonctions adorées des Japonais comme la télévision numérique mobile, les applications téléchargeables i-mode, le porte-monnaie électronique, etc. Il y a fort à parier que si un jour un Google Phone fait un carton au Japon il y a plus de chances pour qu'il soit de marque nippone. Le géant de l'électronique japonais Panasonic a d'ailleurs confié aux journalistes qu'il étudiait le développement de téléphones portables basés sur la plate-forme logicielle gratuite de Google. Panasonic pourrait adopter les outils de géant de l'internet yankee dans l'espoir de séduire aussi voire surtout une nouvelle clientèle à l'étranger où il est peu présent sur ce segment de produits, alors que le marché japonais des mobiles, saturé, se réduit.
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Le développement de terminaux reposant sur la plate-forme mobile de Google est jugé beaucoup moins onéreux que la conception d'appareils basés sur des technologies propres à chaque fabricant ou opérateur, comme c'est souvent le cas au Japon. Or, si les opérateurs japonais sont prêts à payer le prix de la qualité et de l'exclusivité partielle qu'ils exigent, ils n'en va pas de même pour leurs homologues étrangers. De fait l'emploi d'une plate-forme gratuite est peut-être la solution pour rendre les fabricants japonais compétitifs hors de l'archipel, à condition toutefois qu'ils apportent un plus que leurs concurrents ne sauront pas proposer et qu'ils renforcent leur marketing qui laisse pour le moment à désirer à l'étranger.

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A signaler toujours chez NTT Docomo le téléphone exclusif "Nerv keitai" Evengelion 20, un terminal exclusif fabriqué par Sharp et dont le design matériel et logiciel est inspiré de l'oeuvre animée de Hideaki Anno, Shinseiki Evengelion dont la renommée n'est plus à faire, ni à Tokyo ni ailleurs.

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En exploitant des images et personnages cultes, NTT Docomo applique une stratégie que Sotbank avait déjà employée avec un téléphone Gundam, du nom des incontournable robots adorés des mecs japonais, et ce dans le but de s'attirer les faveur des jeunes adultes. Ces derniers sont d'ailleurs aussi les cibles préférées de KDDI, lequel a remis l'accent cette saison sur ce qui a fait son succès initial: le design et les contenus multimédias foisonnants et faciles d'accès.

Du coup, sa prestation le 25 mai a été moins décevante que les deux ou trois précédentes au cours desquelles le deuxième opérateur nippon en nombre d'abonnés (30 millions environ) apparaissait vraiment en panne. Cette fois, il a présenté de jolis appareils, dont un baptisé Biblio (conçu par Toshiba) spécialement conçu pour la lecture plus confortable de livres numérisés et l'accès à la nouvelle librairie d'ouvrages numérisées simultanément ouverte. Certes, la littérature pour mobile est déjà très importante au Japon et il existe de très nombreux sites spécialisés présentant une bibliothèque d'une vingtaine de milliers de titres, mais KDDI a sans doute raison de lancer le sien et d'y aggréger des contenus car il s'est bâti une solide réputation de bon gérant de fond de commerce en ligne avec sa boutique de musiques et vidéos Lismo pour portables et PC. Autre nouveauté intéressante, un mobile camescope haute-définition, créé par Hitachi, et qui porte le même nom de gamme "Woo" que ses TV et autres produits audiovisuels de salon. A signaler d'ailleurs que Sharp fait de même avec sa marque Aquos et Sony avec la sienne, Bravia, un moyen pour que la renommée de leurs appareils vedettes se reporte sur leurs mobiles.

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KDDI a aussi enrichi sa gamme de terminaux et services Sportio (avec des fonctionnalités spéciales pour suivre ses performances de coureur ou cycliste). Le groupe, reconnaissable à son identité visuelle orange sous la marque AU qui tranche sur le rouge criard de NTT Docomo et le sobre blanc de Softbank, retrouve quelques couleurs ces dernières semaines après avoir traversé pendant plusieurs mois un sérieux passage à vide qui s'est imméditament traduit par un maigre recrutement de nouveaux clients et quelques départs. KDDI a repris du poil de la bête en jouant sur le design léché et signé des téléphones à défaut de pouvoir techniquement réellement innover, puisque sa technologie 3G CDMA 1X EvDo semble à bout de souffle. D'ici deux ans, il devrait avoir construit une toute nouvelle infrastructure 3,9G, basée sur la norme LTE ou Super 3G que NTT Docomo sera le premier à proposer à ses abonnés dès l'année prochaine. Le débit descendant des données sera alors de l'ordre de 100 megabits par seconde (Mbit/s), l'équivalent de celui d'un accès à internet fixe par fibre optique (FTTH). Voilà qui permettra de relancer assurément les ventes de nouveaux terminaux décoiffants dans un pays où environ 90% des quelque 112 millions abonnés à une offre mobile ont déjà souscrit aux services de troisième génération.

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