Microsoft dévoile Premonition, un système de détection des menaces microbiennes à grande échelle

29 septembre 2020 à 10h31
8
© Pixabay
© Pixabay

Et si l'on pouvait anticiper les épidémies comme on prévoit la météo ? C'est l'idée qu'avance Microsoft dans un communiqué, annonçant un système baptisé Premonition.

Celui-ci devra « prédire la distribution et l’évolution des microbes, des virus et des animaux porteurs de maladies dans le biome terrestre et la vie qui nous entoure ».

Des prévisions « plus que jamais nécessaires »

Le géant de l'informatique souhaite reprendre le principe des systèmes actuellement utilisés pour les prévisions météorologiques. Celles-ci s'appuient sur des stations disposées un peu partout sur la planète et sur des supercalculateurs capables d'en tirer des informations utiles et compréhensibles.

Microsoft souhaite donc mettre en place un nouveau réseau de capteurs, mais cette fois capable de prédire le risque d'épidémie. Selon elle, ces types de réseaux sont « plus que jamais nécessaires pour protéger notre santé et la santé de nos économies et de nos sociétés ».

Le fonctionnement de Premonition

Microsoft détaille sur son blog le fonctionnement de son système de prédiction, qui repose sur la surveillance d'arthropodes, et en particulier des moustiques. Ceux-ci véhiculent un grand nombre de maladies, comme le paludisme, la dengue ou le virus Zika.

Bien qu'ils ne fassent que transporter les agents infectieux, les virus seraient ainsi responsables de plus 600 millions de maladies humaines chaque année. Microsoft déclare « qu'ils se nourrissent également de nombreuses espèces d’animaux et rencontrent d’autres agents pathogènes qu’ils ne transmettent pas ». Entre 60% et 75% des maladies infectieuses émergentes auraient ainsi pour origine un passage de l'animal à l'homme, la Covid-19 n'étant qu'un exemple.

Microsoft a donc développé des « pièges robotiques intelligents », des appareils capables de piéger, mais également d'identifier et de caractériser en quelques millisecondes les espèces de moustiques qui les survolent. Ils doivent ainsi fournir des données en temps réel, permettant ensuite de réaliser une « carte météorologique » du biome, selon les termes de Microsoft.

Cette carte sera réalisée en utilisant la puissance de calcul d'un Cloud spécifique et dépendant de Microsoft Azure. Baptisée Microsoft Premonition Cloud, il doit être rendu disponible dans les prochaines semaines.

Pour anticiper les épidémies, Microsoft travaille également sur un autre axe, celui des génomes. L'équipe analyse ceux des moustiques capturés à la recherche d'éventuels agents infectieux, repérant ainsi le signal avant-coureur d'une épidémie. À l'heure actuelle, Premonition aurait déjà analysé plus de 80 trillions de paires de bases de matériel génomique.

Pour Ethan Jackson, le directeur principal de Microsoft Premonition, « ces signaux pourraient nous aider à détecter les menaces potentielles plus tôt, à réagir plus rapidement et à développer de nouvelles interventions avant que les flambées ne se produisent ».

Un projet né après Ebola

Au-delà des maladies, le réseau permettrait d'anticiper l'arrivée de nouvelles populations de moustiques dans une région. Douglas Norris, entomologiste et professeur de microbiologie moléculaire et d’immunologie à l’Université Johns Hopkins, se dit enthousiaste, déclarant : « Imaginez si vous aviez un système de prévision qui montre que de nombreux moustiques vont arriver dans quelques jours, en se basant sur toutes ces données. Vous pourriez alors vous protéger et les vaporiser avant qu'ils ne piquent, évitant de grosses proliférations de moustiques qui pourraient ensuite entraîner la transmission de maladies ».

Selon l'expert, c'est là une approche « plus saine pour les humains et pour l'environnement ». Mais elle est également plus intéressante sur le plan économique, la crise de la Covid-19 ayant souligné les limites budgétaires des départements de santé publique du monde entier.

Le projet de Microsoft n'est toutefois pas né avec la pandémie du nouveau coronavirus. L'enseigne a commencé à y réfléchir en 2014, suite à l'épidémie d'Ebola, et a débuté ses essais en 2016, suite à l'épidémie du virus Zika. À l'époque, une dizaine de robots avait été déployée, celle-ci devant aider à déterminer la localisation des moustiques vecteurs de maladie.

Aujourd'hui, le projet développé dans le comté de Harris, au Texas, a mûri. Pour Ethan Jackson, la prochaine étape consiste à être en mesure de prévoir « où et quand la prochaine menace pourrait émerger, non pas dans les 24 heures, mais disons, dans un mois. Et pour ce faire, nous refactoriserons, repenserons les modèles épidémiologiques ».

Sources : Microsoft, TechCrunch

Benoît Théry

Je veux tout savoir, et même le reste. Je me passionne pour le digital painting, la 3D, la plongée, l'artisanat, les fêtes médiévales... Du coup, j'ai toujours des apprentissages sur le feu. Actuellem...

Lire d'autres articles

Je veux tout savoir, et même le reste. Je me passionne pour le digital painting, la 3D, la plongée, l'artisanat, les fêtes médiévales... Du coup, j'ai toujours des apprentissages sur le feu. Actuellement, j'apprends à sourire sur mes photos de profil.

Lire d'autres articles
Vous êtes un utilisateur de Google Actualités ou de WhatsApp ? Suivez-nous pour ne rien rater de l'actu tech !
google-news

A découvrir en vidéo

Rejoignez la communauté Clubic S'inscrire

Rejoignez la communauté des passionnés de nouvelles technologies. Venez partager votre passion et débattre de l’actualité avec nos membres qui s’entraident et partagent leur expertise quotidiennement.

S'inscrire

Commentaires (8)

Alexol
Autant l’intention est louable, mais parlons philosophie.<br /> Plus on arrive à sauver des humains sur terre, à les nourrir, à les faire vivre longtemps, plus on sera nombreux, plus on aura du mal à vivre ensemble. On le voit déjà avec le «&nbsp;Overshoot Day&nbsp;».<br /> A force de trop en faire pour nous, sans plus de ressources, sans plus de surface (donc colonisation de l’espace), on ne s’en sortira pas, du moins sur le long terme. On finira par avoir des guerres d’appropriations de ressources…
garce_imore
c’est la V0.1 de rehoboam ?
Pronimo
C’est pas faute d’avoir déjà anticiper dans de nombreux écrits et revus scientifiques. L’humanité paye seulement le prix de son avidité.
LeToi
Va falloir bien surveiller la Chine
cirdan
Pauvres animaux, ils ont vraiment besoin de ce genre de truc.<br /> Avec tout ce qu’on leur fait déjà subir, maintenant on va encore plus les montrer du doigt et les accuser d’être la source de tous nos problèmes.<br /> Quelle bonne excuse pour les éradiquer encore plus alors que notre empiétement sur leurs habitats naturels est bien plus problématique pour notre propre santé.
jeanlucesi
Monsieur Gates ne perd pas son temps ni son argent.
max_971
S’il faisait un labo nanoscopique qui récupère l’air ambiant, trie les virus et bactéries, les identifie et suit leur propagation sur la planète, ce serait top.<br /> On aura toujours des épidémies.<br /> J’espère qu’on n’aura pas L’EPIDEMIE qui se propage vite et qui tue quasi instantanément.
sandalfo
Google également, avec les recherches de symptômes, peut détecter et surveiller la propagation des épidémies.
Voir tous les messages sur le forum
Haut de page

Sur le même sujet