Jonathan Guillemain : "faire comprendre la blockchain à tous"

27 mai 2016 à 10h02
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En amont de l'événement Blockchain Day, nous avons pu nous entretenir avec le créateur de l'événement majeur en France dédié à cette technologie. Si peu de sociétés spécialisées sont connues, le secteur est promis à un bel avenir.

Pour ceux qui ont des difficultés à comprendre ce que signifie la blockchain, une définition s'impose. La technologie se présente comme un moyen d'échange capable de sécuriser tout type de transaction, et ce, sans organe central de contrôle. Chaque « bloc » est comme un livre de comptes privé, consultable par les différents acteurs d'une transaction, et hautement sécurisé. Système de non intermédiation, la blockchain fut conçue à l'origine par des esprits voulant s'émanciper des rouages bancaires et boursiers.

Malgré la pédagogie, la technologie demeure encore floue dans l'esprit d'une grande partie du public. Un effort doit donc être fourni par les professionnels du secteur mais également les pouvoirs publics ou bien encore les médias. Pour Jonathan Guillemain entrepreneur, gérant-cofondateur de Novaway et organisateur du Blockchain Day, le travail à fournir est important. « Il s'agit d'une technologie encore récente, des amalgames sont encore faits avec le bitcoin par exemple alors que l'on parle d'une technologie beaucoup plus puissante que les monnaies virtuelles ».

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Le responsable ajoute : « Pour le moment, on parle de normes ou de termes techniques qui font peur à monsieur tout le monde. Il y a clairement un aspect underground car de nombreux points techniques ne sont pas évidents à saisir et ne sont tout simplement pas à la portée de tous ».

Pour remédier à ce vide, certains spécialistes redoublent d'ingéniosité et de pédagogie. C'est le cas par exemple de Virginie Galindo, en charge de l'innovation chez Gemalto, dont la présentation a été saluée pour sa simplicité (.pdf) lors du Shake16. La responsable a simplifié son explication en la ramenant à la notion d'échanges entre particuliers. La technologie sert ainsi à « modéliser et suivre n'importe quel type de transaction entre deux personnes ou robots ».

Un secteur qui pousse

Les entreprises n'ont pas attendu que le voile se lève sur la technologie. Que ce soit dans les domaines de la santé, de l'administration, de l'art ou pour les objets connectés, les start-up ont rapidement saisi la balle au bond. Elles posent ainsi les premiers jalons de ce que pourrait être un vaste écosystème de professionnels ayant recours à cette technologie.

Pour Jonathan Guillemain, des contenus spécifiques pourraient toutefois être proposés aux créateurs d'entreprises afin de mieux les guider. « Le secteur a encore besoin de start-up qui émergent et comprennent la puissance de la blockchain. Il manque à ce jour des tutoriels clairs sur des concepts inhérents à la technologie », précise l'entrepreneur.

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Le principe de la technologie est la décentralisation du pouvoir. Une fois celui-ci déporté, les tiers de confiance ne sont plus nécessaires.


La blockchain n'est pas uniquement l'apanage des start-up. Récemment, les pouvoirs publics s'y sont intéressés de près. Le ministre de l'Economie et des Finances Emmanuel Macron a ainsi annoncé qu'une période de tests de la technologie allait être lancée, dans l'optique d'expérimenter une utilisation financière de la blockchain.

Afin que les banques n'aient plus le monopole des prêts accordés aux PME, le ministre a souhaité profiter de ce système sécurisé et décentralisé pour inciter particuliers et entreprises à leur accorder des financements avec intérêts. Des « minibons », sortes de bons de caisse (engagements à rembourser, émis par des sociétés en échange d'un prêt sur cinq ans) permettent aux grands comptes d'utiliser les plates-formes de financement participatif pour financer de plus petites entreprises. Ces bons permettent alors de dépasser la limite de prêt de 1000 euros en matière de financement participatif.


Le fait que le pouvoir politique s'intéresse à ce mouvement est donc un bon signe. « Quand Emmanuel Macron évoque la création de minibons, on se rend compte qu'il s'agit d'une initiative qui va dans le bon sens. A cela, il faut rappeler que nous obtenons de plus en plus souvent des retours d'expérience de qualité. Des grandes marques font aussi un effort notable, comme IBM ou Microsoft. Autant d'éléments qui permettent de créer un écosystème fort », explique le créateur du salon.

Vers un futur décentralisé ?

Certes encore jeune, la technologie n'est pas moins promise à un bel avenir. De nombreux domaines sont actuellement « éligibles » à la blockchain. Il revient à présent aux entreprises de saisir la balle au bond et de comprendre les opportunités que pourrait représenter cette technologie.

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Jonathan Guillemain nous confie : « à terme, les personnes penseront différemment certains usages fonctionnels. Le public pensera davantage peer-to-peer et non plus tiers de confiance. Cela permettra de réduire certains coûts de séquestre et de faire échec au principe des tiers de confiance ».

La blockchain promet donc de mettre un coup d'accélérateur à la désintermédiation et de redonner un pouvoir de décision aux utilisateurs. Un pari patent en somme.

Technologie d'avenir ou simple effet de mode ? La rédaction de Clubic Pro penche pour la première assertion. C'est pourquoi elle est partenaire du Blockchain Day, le salon regroupant l'ensemble des professionnels du secteur. Pendant une journée, Novaway et la Cuisine du Web à Lyon organisent en partenariat avec la rédaction une série de conférences dédiées.

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Olivier Robillart

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Mêler informatique, politique et journalisme tu essaieras ! Voilà ce que m'a demandé un jour un monsieur ridé tout vert qui traînait dans un square en bas de mon immeuble. J'essaie désormais de remplir cette mission en tant que rédacteur pour Clubic. Je traite principalement de politique numérique tout comme de sécurité informatique et d’e-Business. Passionné de Star Wars, de Monster Hunter, d’Heroic Fantasy et de loisirs numériques, je collabore régulièrement à de multiples projets vidéo de la rédaction. J’ai également pris la fâcheuse habitude de distribuer aux lecteurs leur dose hebdomadaire de troll via la Clubic Week.

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